De l'Enfer au Paradis. Les lagons de Californie furent, à partir des années 1850, des lieux infernaux pour les baleines grises, massacrées avec leurs nourrissons par les baleiniers. Voir pour le détail les activités de Charles Melville Scammon dans "L'impossibilité d'une île" mis en ligne le 14 décembre 2020.
https://europe-tigre.over-blog.com/2020/12/l-impossibilite-d-une-ile.html
Dans une fureur exaltée par le désespoir, elles infligèrent à leurs agresseurs des pertes plus importantes que celles subies lors de la défaite de ceux-ci contre les cachalots dans la Première Guerre du Pacifique (5 avril 1820-26 janvier 1862) (voir pour le détail mon livre sur le sujet paru l'an dernier).
https://europe-tigre.over-blog.com/2020/06/premiere-vague.html
Mistaking a calf for an adult whale frequently resulted in loss of life as well as reputation. After interviewing Captain J. L. Eddy, a veteran of lagoon whaling, a correspondent of the Wilmington, Delaware, Journal reported: “Woe to the boats if they kill the young one first. The mother rushes at them with the utmost fury and stoves them in with her flukes. Such is the female devil; and Captain Eddy says as many men are lost in catching them as in all the other whaling grounds put together.”
L'étroitesse et le peu de profondeur des lagons amenaient les baleines à se confronter systématiquement à leurs adversaires, des façons à la fois les plus résolues, méthodiques et imaginatives. On trouvait de nombreuses tombes dans les cimetières des ports baleiniers de Nouvelle Angleterre avec en épitaphe "Killed While Lagoon Whaling". Des pêcheurs particulièrement expérimentés finissaient eux-mêmes par perdre courage. L'un d'entre eux indiquait au Capitaine Simmons de New Bedford qu'il était payé pour aller pêcher la baleine, pas pour se battre contre des hyènes tâchetées géantes dans une mare aux canards.... Et il précisait que dans ces lagons de Basse Californie, il n'avait pas à faire à des baleines, mais à un croisement entre un serpent de mer et un alligator...
La réputation de combattantes des mères était telle que certains allaient jusqu'à raconter (notamment pour décourager d'éventuels compétiteurs) que celles ci poursuivaient SUR TERRE les baleinières qui avaient accosté en catastrophe et qu'il ne restait plus aux fuyards qu'à grimper aux arbres... The more fearless—or reckless—among them who did hunt during the mudholc season sought to discourage possible competitors by embellishing tales of the gray’s known ferocity. One captain invariably sailed into Honolulu with a stove boat prominently displayed on his main deck. Once ashore, with a few lots of rum under his belt, the captain would recount how one of his novice harpouners had darted a calf by mistake. The mother promptly charged, and the nervous occupants of the boat, including the captain, barely managed to beach the craft on the lagoon shore. But still they were not safe. The distraught harpoonist shouted, “Cap’n, the old whale is after us still,” and ran into the desert. “I then told all hands,” declared the grinning captain, “to climb trees.”
https://www.americanheritage.com/scene-slaughter-was-exceedingly-picturesque
Un chant de marin datant de 1855 a même comme thème la demande de l'équipage à son capitaine de quitter les lagons et des adversaires "wild and ugly" et de rejoindre les mers arctiques pour chasser les grandes baleines franches boréales...
Whaling Song « Wild and Ugly ». This « Song to Captain S.D. Oliver » was written somewhere in the Pacific in 1855 aboard the New Bedford whaleship « Leonidas » commanded by Samuel D. Oliver. The Whaleship, in low latitudes, is hunting gray whales, feisty and obstreperous, and the song is a plea to go « northwards » after the docile and bluberry Arctic Bowhead Whale.
Chorus :
All these whales are wild and ugly
All those that we see
O Captain will you go to that ocean
Go where the Bowheads be
Aujourd'hui, il existe un lagon peu connu où vivent saisonnièrement (avant leur migration le long des côtes occidentales d'Amérique du Nord jusqu'en Colombie Britannique) 2000 mères et nourrissons, qui entretiennent spontanément et à leur initiative les relations les plus amicales avec les êtres humains...
La canadienne Shari Bondy, que ces animaux avaient sauvé de la noyade dans les eaux canadiennes alors qu'elle était âgée de 20 ans, a découvert par la suite ce lagon "Mulege" en Basse Californie...
Voir le détail dans l'article de Leigh Thelmadatter mis en ligne hier sur le site du Mexico News Daily.
https://mexiconewsdaily.com/mexicolife/canadian-followed-whales-to-baja-after-they-saved-her/