15 novembre 2009
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UN COMBAT POUR LA NATURE SAUVAGE ET LA DIGNITE HUMAINE
Voici un témoignage sur un drame « ordinaire » des enjeux autour de la Nature russe. J’avais écrit sur ce blog, le 14 Octobre dernier, sur l’ampleur et les implications de la destruction de la forêt boréale russe.
Les informations ci-après éclairent les comportements des destructeurs, et la nécessité d’une forte mobilisation de l’opinion publique internationale, et des Chancelleries.
Zov Tigra, parc national russe, a besoin du soutien de la Communauté internationale.
Zov Tigra ("L'appel du tigre") a été créé en 2007 avec un seul but : protéger des espèces menacées, notamment le Tigre de l'Amour. C'est un parc qui se trouve dans l'extrême orient russe, et il était le premier dans son genre.
Pendant des années, un groupes d'environnementalistes enthousiastes s'est battu pour sa création, en rapport avec une urgente nécessité (le tigre a pratiquement disparu du territoire russe, et malgré les campagnes du WWF, le combat est loin d'être gagné).
Celà fait plus de deux ans que le parc existe mais son travail n'a toujours pas pu avancer, et en grande partie du fait du gouvernement local. Et maintenant il se trouve assiégé par la police malfaisante de la région.
Voici l'histoire en bref.
Le parc est une zone protégée, interdite à toute activité, seule la permission du bureau central peut y donner l'accès. Tout type de véhicule y est strictement interdit. Des barrages pour empêcher l'accès des véhicules ont été construits dès le début. Et les animaux vivant dans le parc sont sacrés. La chasse est interdite.
Le mois dernier, lors du tour de parc réglementaire habituel, les inspecteurs du parc tombent sur un groupe de gens qui n'ont pas d'autorisation. Les inspecteurs commencent à dresser acte de l'infraction, quand les individus sortent des menottes, et il s'avère qu'ils appartiennent à la police locale.
Ils confisquent les cartouches des inspecteurs qui se trouvaient dans le camion de ceux – ci , les menacent , les battent, endommagent des bras (l'un des inspecteurs a été hospitalisé).
Le parc a porté plainte.
Pendant ce temps, la police locale a immobilisé le véhicule du parc (comment faire le travail désormais sur des milliers et des milliers d'hectares?) Les barrages empêchant l'accès des véhicules non autorisés ont été cassés.
Après dépôt croisé de plaintes, il y a eu perquisition, sans présentation de mandat (évidemment, les employés n’ont pas exigé sa présentation par crainte de conséquences potentielles immédiates) du domicile des inspecteurs du parc, ceux ci étant enfermés dans une salle sans possibilité de voir ce qui se passe.
Puis c'est l'escalade.
Le 28 Octobre, 8 hommes armés arrivent dans le bureau central du parc, empêchent les employés de sortir ou d'entrer dans les pièces qu'ils commencent à perquisitionner aussi.
L'avocate qui est arrivée aussi après un appel d'urgence de la part du directeur du parc, leur indique que ce qu'ils font est totalement illégal, en leur précisant en quoi sur le plan juridique.
Quand elle est sortie pour passer un coup de fil, le responsable de l'opération a dit: "Si elle ne ferme pas sa gueule, j'appelle mes "garçons"!"
La perquisition s'achève à 5h du matin sans que les gens du parc puissent rentrer chez eux.
Des documents importants ont été "saisis", dont certains concernant le territoire du parc, son fonctionnement, ainsi que les informations personnelles concernant les employés du parc, l'ordinateur du comptable (quel rapport avec les soi - disant "actes de résistance aux forces de l'ordre" dont le parc a été accusé?).
Et le Directeur du parc a été qualifié de "Chef de l'Organisation criminelle".
En fait, cet homme, membre de ma famille, se battait depuis 20 ans pour la création de ce parc, il était une des rares personnes qui n'ont pas cédé à la pression du gouvernement local et s'est activement opposé à la coupe illégale des forêts de l'Extrême Orient, bois précieux, espèces rares officiellement protégées.
C'est un vrai militant qui ne cède surtout pas aux attaques brutales de la mafia forestière ou du gouvernement corrompu. Maintenant, cette même police "routière" (!?) (qu'est ce que la police routière a à voir avec les dossiers criminels, sinon le fait que les individus ayant violé le territoire du parc étaient des petits chefs locaux).
La situation est désormais très tendue, et la crainte est palpable chez les travailleurs du parc.
Le parc envoie des pétitions partout en région et au niveau national. On essaie de sensibiliser l'opinion publique partout dans le pays. Au début de ce mois, le ministère des ressources naturels de la Fédération de Russie a réagi à la perquisition du bureau central (les responsables du parc ont reçu un fax en ce sens de la part du ministère que leur plainte avait été envoyée au procureur général. D’un côté, la perquisition a donc été déclarée illégale, mais personne n’a été déclaré responsable des faits.
Le principal initiateur de ces faits de brigandage a signé l’interdiction qui lui est faite de quitter la localité, mais, comme c’est souvent le cas, il est à craindre qu’il s’en sorte en toute impunité. L’enquête est pour l’instant en cours.
Aujourd’hui, il s’agit d’attirer l'attention des gens dans le monde entier sur l'impunité et la violation de la loi de personnes censés la protéger et la faire appliquer :
des gens qui oublient leur devoir parce qu'ils appartiennent aux cercles de pouvoir, corrompus et achetés eux mêmes par la mafia locale, et qui prennent le parc pour un terrain de chasse privée.
D'ailleurs, le parc est entouré, de tous côtés, de sociétés de chasse, et ce sont des petits et grands dirigeants de la région qui viennent chasser dans les alentours comme sur le territoire du parc lui - même.
Les touristes qui viennent visiter ces magnifiques endroits classés Trésor National sont parfois menacés des balles des chasseurs...
En tout état de cause, les gens de Zov Tigra sont profondément convaincus que l'expression de l'indignation et de la colère des français pourra forcer le gouvernement russe à prendre des décisions claires et franches contre la violation des droits des parcs nationaux à exercer leur travail.
Car ce cas n'est malheureusement qu'un exemple parmi d'autres.