En latin, "Pan Thera" signifie littéralement: "La bête des bêtes" / "L'animal absolu"
UN LEOPARD EN ECLAIREUR
L'année 2011 pourrait bien marquer le début d'un retour du léopard en Eurasie occidentale, comme me l'a fait savoir Antoine Nochy le 2 Janvier.
Le "Project Persian leopard" iranien, engagé depuis 2005, s'est ramifié et approfondi. Il donne d'ores et déjà des résultats encourageants et ouvre
des perspectives prometteuses, les protocoles pour la sauvegarde de l'animal à l'état sauvage englobant les dimensions écologique, sociale et juridique (voir le détail des travaux les plus récents de Mohammad Farhadinia et son équipe dans Cats News 53, pages 36 -
38). Or, l'Iran est le pays qui héberge la majorité de ces animaux aujourd'hui. Il y a désormais (au moins) autant de léopards en Iran que de tigres en Inde.
De plus, un groupe de discussion s'est réuni à Tbilissi à propos des léopards du Caucase. Aux côtés de Mohammad Farhadinia, et du Co Président du Cat Specialist Group, le suisse Urs Breitenmoser, deux naturalistes géorgiens, un russe, un arménien et un azéri ont évoqué la situation des léopards dans leurs pays respectifs et les plans visant à soutenir et renforcer leurs populations.
La Turquie était également présente, représentée par Can Bilkin de l'association METU, et Ozgun Emre Can, de Doga Dernegi. Ce dernier a échangé avec moi ces dernières semaines pour étudier la faisabilité d'une candidature de la Turquie pour l'organisation du prochain Sommet international sur le Tigre en Décembre prochain.
Il est vraisemblable, selon eux, que des noyaux familiaux de léopards vivent aujourd'hui en Turquie orientale(détail dans Cats News 53, pages 39 - 40).
Le dernier rapport sur le sujet (Ozgun Emre Can et Yildirai Lise 2004, issu d'une enquête sur le terrain au début des années 2000), concluait au
contraire que cette présence était très douteuse, tout comme celle de tigres turcs .
LE DERNIER TIGRE DES MARAIS A LE VOLUME D'UN LEOPARD
La réussite d'une réimplantation du léopard dans des espaces sauvages d'Europe et d'Asie occidentale, parties inclusives de leur distribution historique, ouvrirait la voie à celle du tigre, autre membre de la faune de ces régions à l'époque historique, qui vivait surtout dans les zones marécageuses de la steppe boisée d'Europe orientale et celles d'Asie occidentale et centrale.
L'enjeu est d'autant
plus important qu'il est à peu près certain désormais que le projet russo iranien de réintroduction de tigres au Sud de la Caspienne ne pourra pas se concrétiser, l'un des deux animaux importés
étant décédé au parc d'Eram.
Le tigre serait mort des suites d'une maladie transmise par le virus de l'immunodéficience féline (FIV), a annoncé à l'agence de presse Isna Hooshang Ziaee, conseiller auprès de l'Organisation iranienne pour la protection de l'environnement. Il ignore quand l'animal est exactement décédé (probablement le 30 Décembre), mais à ce jour, six autres bêtes du zoo seraient atteintes du virus, un tigre du Bengale et cinq lions. Des animaux qui se seraient tous nourris d'ânes malades.
Mais le discours du directeur du parc d'Eram, Amir Elhami, est tout autre. Ce dernier affirme en effet que le tigre était déjà atteint du FIV lorsqu'il est arrivé au zoo en avril dernier. Et d'assurer qu'il était le seul animal malade du parc.
L'Iran avait pour projet de réintroduire le tigre de Sibérie dans les montagnes du Mazanderan, une province bordant la Caspienne d'où il a disparu il y a cinquante ans environ. Le pays avait échangé deux léopards persans contre un couple de tigres. Des léopards qui doivent être introduits dans la région de Sotchi, sur la mer Noire.
En tout état de cause "in the past few months we didn't see any act for preparation of a reintroduction site for these animals" (Arash Ghoddousi, pers.com.)
Pour les persophones, see Mehr News
http://www.mehrnews.com/fa/newsdetail.aspx?NewsID=1221297
et la video sur You Tube de la nouvelle dans le journal national de la télévision irannienne
http://www.youtube.com/watch?v=FjBieWmDHtQ
De nombreux articles en anglais de différentes agences de presse ou journaux en ligne ont relayé l'information du 2 au 4 janvier. Ils sont accessibles en tapant
"dead siberian tiger in Tehran".
Aujourd'hui, le dernier tigre des marais vit dans
les mangroves des Sundarbans (10 000 km2, dont 6000 au Bengla Desh et 4000 en Inde). C'est le plus petit tigre au monde. Avec une moyenne d'un peu plus de 76kgs, il a le volume d'un grand
léopard. Le Bengla Desh en a fait son emblême nationale. Les braconniers risquent jusqu'à 12 ans de prison, ce qui constitue une des législations les plus sévères au monde. Il reste peut être 300
individus dans le pays.
De Penjikent à Samarkand
Le léopard peut donc "tracer la route" pour le tigre. Comme la Panthère de Penjikent.
A la poursuite d'une panthère, des chasseurs de Penjikent (actuel Tadjikistan) durent parcourir une distance considérable. Ils se retrouvèrent dans l'actuel Ouzbekistan où ils fondèrent Samarkand. La ville, siècle après siècle, s'orna de monuments superbes, les madrasas. L'une d'elle, Chir Dor ("aux lions") a son immense porte décorée de deux tigres immenses, poursuivant des biches blanches, à l'aube.
A 300kms de là, à Boukhara, la chasse trouve son épilogue : la madrasa Divan Beghi est ornée de deux Simorghs en vol, emportant leurs proies dans leurs serres, au Zénith.
Le Simorgh est un oiseau géant de la mythologie iranienne, apparenté au Phoenix chinois, père du Dragon et du Tigre. Il est parfois muni de quatre pattes. Son équivalent slave, le Simargl, est souvent représenté avec une tête de félin (J-P Arrignon 2003, La Russie médiévale, page 136).
LE PHOENIX RENAÎT TOUJOURS DE SES CENDRES.
