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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 10:55

DE COPENHAGUE A NAGOYA

 

Nous sommes les hommes creux, empaillés.

The Hollow Men, T.S. Elliot.

 

Une niche écologique ne reste jamais vide.

 

Le "succès historique" du sommet de la biodiversité à Nagoya (non ratifié par les USA) n'est qu'un monument d'hypocrisie de plus, à l'image de beaucoup de ses prédécesseurs, du sommet de Copenhague sur le climat (fin 2009) à celui de Bali sur "la protection du tigre" (juillet 2010). Voici des extraits de l'article consacré à ce sujet par le journaliste et écrivain écologiste George Monbiot dans le quotidien londonien "The Guardian" il y a quelques jours et intitulé "Nagoya, une sombre farce", à deux semaines du Sommet des chefs d'Etat pour l'Avenir du Tigre Sauvage à St Petersbourg, déjà repoussé et délocalisé à deux reprises.

 

"Les pays unissent leurs forces pour sauver la vie sur la planète", indique The Independent.

C'est un moment historique, un tournant, le sursaut moral tant attendu, surenchérit le reste de la presse. L'accord conclu la semaine dernière au Japon pour protéger les espèces et les lieux sauvages de la planète a été unanimement salué comme un grand succès.

Il y a pourtant un problème : aucun des journalistes auteurs de ces commentaires n'a réellement vu cette déclaration.

Approuvé vendredi 29 octobre, le texte n'a toujours pas été rendu public.  J'ai harcelé des gens de grands organismes sur trois continents pour m'en procurer une copie, en vain. Pour moi, c'est du jamais vu. Tous les accords internationaux que j'ai couverts jusqu'à présent ont toujours été publiés immédiatement après leur approbation.

 

En fait, tout indique que nous avons été dupés. La proposition de texte, adoptée il y a un mois ne contenait aucune règle contraignante et rien au cours du Sommet n'est venu démentir cela.

Seuls cinq chefs d'état et de gouvernement étaient présents (en l'occurence ceux du Gabon, de la Guinée - Bissau, du Yemen, ainsi que le Prince Albert de Monaco, le cinquième n'ayant pas été mentionné). 

Je suis frappé de voir combien les gouvernements semblent déterminés à protéger moins les merveilles de notre planète que le système dévastateur qui les engloutit.

Celà arrange les gouvernements de nous laisser ravager la planète. L'expansion continue des activités économiques humaines dans la biosphère permet aux Etats de détourner l'attention des problèmes de distribution et de justice sociale : la promesse d'une croissance perpétuelle calme nos angoisses et notre colère face à l'augmentation des inégalités.

Le programme d'étude Economics of Ecosystems and Biodiversity a tenté de mettre un prix sur les ecosysystèmes que nous détruisons, montrant que le bénéfice de la protection surpasse largement celui de la destruction.

Par exemple, une étude menée en Thaïlande montre que la conversion d'un hectare de mangrove en élevages de crevettes rapporte 1220 dollars par an mais en coûte 12400 à cause des dommages infligés aux commutés, aux pêcheries et au programme de protection des côtes*.

Si le Sommet de Nagoya avait eu pour objectif de sauver les banques ou les compagnies aériennes, les gouvernements auraient envoyé leurs plus hauts représentants, mais dès lors qu'il s'agit de parler de la destruction de notre planète, ils envoient les préposés au ménage et repoussent les décisions difficiles d'une nouvelle dizaine d'années.

C'est pourquoi je reconnais l'utilité de cet exercice de chiffrage.

 Par quel autre moyen pourrait - on amener les couards aveugles qui nous servent de dirigeants à prendre ce problème au sérieux?"

 

*Le bilan chiffré pour l'URSS de la destruction des milieux alluviaux d'Asie centrale et leur remplacement par la culture industrielle du coton au cours du XXème siècle,  serait assurément TRES utile et éclairant pour les "décideurs" actuels tels que Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine (Russie), Nursultan Nazarbaïev (Kazakstan), et bien sûr Hu Jin Tao, dont plus de la moitié du territoire sous son contrôle politique direct correspond à la partie orientale de l'Asie centrale historique.  

 

Il n'est pas de chemin sans Honneur ni Courage, qui sont deux niches écologiques comme les autres.

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