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13 décembre 2014 6 13 /12 /décembre /2014 07:21

DIKOE POLE, POUR LES GRANDS ANIMAUX SAUVAGES ET CONTRE LE DEREGLEMENT CLIMATIQUE : le Dragon Vert en route vers l'Ouest.

Comme il était prévisible, le Sommet de Lima n'a pas su engager de politique réaliste en matière climatique (voir sur ce blog "Oubli sans absinthe" du 30 Novembre). Seul point véritablement positif mais tragiquement insuffisant, des plantations d'arbres sur une superficie totale de 20 millions d'hectares devraient être effectuées dans 7 pays d'Amérique latine (dont le Brésil ne fait pas partie!).

L'ESSENTIEL EST AILLEURS (UNE FOIS DE PLUS). Depuis deux mois, Sergeï Zimov et son fils Nikolaï, initiateurs de la steppe à mammouths de la station Cherskii en République de Sakha (Yakoutie, extrême - orient russe), ont ouvert un nouvel espace dans la région de Tula, à 250 kms au sud de Moscou, DIKOE POLE. A cette occasion, S.Zimov a mis en ligne un "Wild Field Manifesto", du plus haut intérêt à mon sens, à retrouver, en version anglaise, et en version russe, sur le site du "Pleistocene Park".

SUR LE PLAN CLIMATIQUE. J'échange avec les Zimov depuis 2010. L'an dernier, je leur avais fait parvenir une version russe de "Tigres, retour de la croissance" (doc PDF d'Avril 2013, VF téléchargeable à partir de la page d'accueil de mon site "4 continents pour les tigres"), où je mettais notamment en avant les opportunités potentielles qui s'ouvraient désormais pour des ongulés et leurs prédateurs dans la "Gloubinka" (page 9 du document), immense espace de campagne de la Russie centrale en dépeuplement spectaculaire. Sergeï Zimov estime que cela concerne plusieurs dizaines de millions d'hectares, et que le basculement de terres cultivées en prairie, progressivement jardinée par les ongulés, augmenteraient significativement l'efficacité du sol à capturer et retenir le CO2. Une nouvelle Grande Prairie, comparable à celle ayant existé en Amérique du Nord du 16ème au 19ème siècle, est donc peut être sur le point de voir le jour en Russie. Le "dragon vert " est à nouveau en route pour l'Europe, après l'Asie centrale... Car un paysage évolue potentiellement assez vite. Par exemple, les marais géants de Vassiougan, sur la rive gauche de l'Ob, nés il y a moins de 10 000 ans, n'ont cessé de s'étendre depuis lors, avec une très nette accélération du processus au cours de ces derniers siècles. Ainsi, ils occupaient moins de 15 000 km2 au début du 16ème siècle, et 53 000 aujourd'hui, abritant 800 000 lacs et offrant leurs sources à 22 rivières... De plus, dans les zones septentrionales de l'extrême orient russe, la fragilisation du permafrost par le réchauffement climatique global nécessite également une forte présence d'animaux sauvages qui, dans un rapport fin d'équilibration des différentes essences végétales, favorisent celles les mieux à mêmes de fixer le carbone et donc d'éviter un effondrement de l'écosystème. La prairie froide retient 3 fois plus le CO2 que la forêt... Sur les connections entre climat et grands acteurs de la faune sauvage, voir aussi "Du saumon, de l'abeille et du loup" par Antoine Nochy et Jean Jacques Blanchon, dans la Billebaude n° 5 du 11 décembre.

SUR LE PLAN CIVILISATIONNEL. A la fin du dernier épisode glaciaire, les zones prairiales sont bien plus importantes que les zones forestières. Elles "produisent" 1,6 milliard de tonnes d'ongulés, régulés par des prédateurs 100 fois moins nombreux. Chose évidente qui l'est encore plus quand on la rappelle, l'ensemble du système fonctionne à l'énergie solaire, sur des bases stables et durables. En effet, les prédateurs sont avant tout des protecteurs d'une merveilleuse efficience, non seulement parce qu'ils préservent les herbivores des épidémies, mais d'abord et avant tout parce qu'ils FONT TERRITOIRE, qu'ils ORGANISENT LEUR "CHEZ SOI" en responsabilité : les tigres, léopards, loups rouges et gris de la steppe utilisent 99% de leur temps actif à défendre leur territoire contre d'autres prédateurs, et du même coup PROTEGENT ses habitants de la manière la plus efficace. Les communautés humaines, au sein de cet assemblage écologique, consomment essentiellement des bulbes racinaires et des restes d'animaux morts. Par ailleurs, leurs caractéristiques physiologiques et comportementales leur permettent de digérer une PLUS LARGE GAMME de végétaux que les ongulés, et leur permettent d'accéder PLUS FACILEMENT que les carnivores à la moelle des os épais.

REVOLUTION ET DICTATURE DU PROLETARIAT. Zimov explique clairement, quand la démographie et le comportement des hommes évolue, la rupture totale avec le passé : ces "damnés de la Terre", désormais nouveaux "maîtres", ne le sont pas en réalité : ils NE SONT PAS des prédateurs, parce qu'ils NE SAVENT PAS faire territoire, et ne s'en sentent en aucune façon responsables (ce qui impliquera ultérieurement une version particulièrement perverse, dans sa réalité et son contenu, du "droit de propriété...). Les prédateurs sont exterminés, de même que la plupart des ongulés, et la prairie elle même, à l'exception de certaines essences végétales et animales "favorisées" à outrance pour consommation. C'est La destruction du Monde Ancien : "Du Passé, faisons table rase..." L'auteur souligne à quel point, concernant les grands prédateurs en Europe, l 'éradication du lion dès l'Antiquité, puis celle du tigre et du guépard au Moyen - Âge, constituèrent de funestes aberrations... Le bilan actuel de cette politique (en regard à celle de la fin de l'ère paléolithique, décrite plus haut) consiste en une "production" d'ongulés domestiques sur des bases instables et non durables de déminéralisation radicales des sols, alors même qu'elle est DEUX FOIS PLUS FAIBLE que celle des ongulés sauvages de jadis...

EN CONCLUSION PERSONNELLE : je ne saurai trop insister sur l'importance de l'évolution des représentations, et la dynamique qui facilite celle - ci. Comment se sentir, en effet, vraiment responsable, si ce n'est dans l'appropriation authentique d'un "chez soi" à travers la Révélation de la Beauté (où l'Esthétique permet l'Ethique, où Nietzsche rejoint Dostoïevski) ? Réhabiller et soigner concrètement le Monde est UN PREALABLE à son réenchantement, protéger et renforcer sa diversité, c'est dépasser la lobotomie civilisationnelle que nous nous sommes infligée en profanant la Terre Mère. Au Moyen - Âge, les Slaves orientaux avaient intégré à leur mythologie le Tigre, et même, en toute première place, une forme survivante de rhinocéros laineux (Elasmotherium / "Edinor"), dans la prairie entre Dniepr et Volga, auquel ils attribuaient toutes les vertus cardinales. Ils savaient que "Behemoth" est le plus sûr résoluteur...

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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 08:28

ERE MODERNE : CRIMES SANS CHÂTIMENTS

XVIIIème siècle : rhytines. J'avais déjà évoqué le massacre des rhytines de Steller des îles Bering entre 1741 et 1768, qui avaient abouti à leur extinction officielle (voir sur ce blog : "Un tigre peut féconder l'Océan" du 21 avril dernier, et "Le crépuscule des vaches de mer" par Fabrice Genevois, eds. Le Guetteur 2012). Eu égard à la typologie des victimes combinée à celle des agressions qu'elles subirent, un sentiment d'indépassable dans l'horreur s'imposait irrésistiblement à l'âme.

XXème siècle : tigres, baleines à bosse sédentaires et requins pélerins. De fait, les années 50 et 60 semblent avoir connu un au delà en la matière. Les tigres de Chine du Sud furent exterminés au cours des années 50 (entre 4000 et 10 000 tués) dans le cadre de la lutte contre les animaux "nuisibles", obstacles au développement de l'agriculture si cher à Mao et si brillamment réussi (effondrement de la production et des dizaines de millions de morts de faim). Il s'agit là de l'exact symétrique du sort des tigres de la Caspienne quelques décennies plus tôt, détruits pour les mêmes motifs (au moins 10 000 morts, certains brûlés vifs dans l'incendie des roselières) et avec des résultats semblables (tiers du peuple kazhak détruit, région empoisonnée pour des siècles).

Sur mer, en 1965 et 1966, des baleiniers soviétiques détruisirent une population extrêmement rare de baleines à bosse très différentes des autres, isolées de leurs congénères depuis 70 000 ans, et sédentaires, qui vivaient en mer d'Oman. Voir Science Daily du 3 décembre : "Arabian sea humpback whales isolated for 70 000 years (WCS) et PlosOne 2014 9 (12) : Pomilla (C) et collaborateurs : " The world's most isolated whale population ? Humpback whales of the Arabian Sea". 242 animaux furent abattus, dont 39 femelles enceintes, ce qui a eu un impact dévastateur sur ces populations peu nombreuses. De même, le sort des rhytines a été vraisemblablement scellé lors des années 1745 (164 morts) et 1747 (250). Aujourd'hui, les populations relictuelles de ces extraordinaires cétacés sédentaires ne comptent probablement pas plus que quelques dizaines d'individus dans le nord de l'Océan indien.

Mais le pic évolutif de la modernité réifiante et profanatrice semble avoir été atteint par les canadiens, à l'endroit des requins pèlerins de Colombie Britannique. Ces doux géants, qui abîmaient, à leur corps défendant, les filets des pêcheurs, subirent l'ire de ceux - ci (comme les requins baleines du Gujarat avant 2004). Consommateurs de plancton, ils étaient qualifiés de "monstres dévoreurs de saumons". Ils furent classés dans la liste officielle des "vermines destructrices" en 1949, aux côtés de l'ours noir, du phoque et du lion de mer, du harle bièvre et du martin pêcheur. Un plan gouvernemental d'éradication de l'animal fut mis en place, qui atteint pleinement ses objectifs. Après des débuts incertains, les massacres prirent un rythme de croisière soutenus entre 1955 et 1969, jusqu'à extinction complète des populations. Le navire "Comox post" fut muni à cette occasion d'une lame verticale géante à sa proue. De cette façon, les victimes somnolant entre deux eaux (comportement habituel chez cette espèce) étaient tranchées en deux quand le navire leur fonçait dessus, dans une dimension éminemment ludique qui n'échappa à personne, et qui fit les Unes admiratives et enthousiastes de la presse locale, notamment le Vancouver Sun et le Victoria Times en 1955, et le Popular Mechanics en novembre 1956. Celà évoque, et à plus vaste échelle, les naumachies de l'antiquité romaine (reconstitutions de batailles navales au sein du Colisée) qui pouvaient parfois se combiner au combat contre des animaux aquatiques, en particulier des morses (dans Anne Bernet, Les gladiateurs, eds. Perrin 2002, page 255). Qui plus est, cette même presse lança des appels aux citoyens à participer à l'extermination par tous moyens pour en assurer le plein succès définitif. Source : The slaughter of B.C's gentle giants, Scott Wallace et Brian Gisborne, eds Transmontanus, 15 septembre 2006. Par les mêmes, "How B.C. killed all the sharks, hysteria and knifelike ram helped us slaughter the benign basking giants. TheTyee.ca, décembre 2006. Entre 1996 et 2008, 4 de ces animaux ont été aperçus près de côtes de Colombie Britannique, dont un seul au XXIème siècle. En Décembre 2008, le gouvernement d'Ottawa a refusé le classement du requin pélerin comme espèce protégée. Il l'a finalement accepté en février 2010, une stratégie de reconstitution des populations a été finalisée fin juillet 2011.Les spécialistes considèrent que rien de véritablement substantiel ne pourra être obtenu avant 200 ans dans le "meilleur" des cas - tranquillité totale, pas de bouleversement climatique, etc... -)

SORTIE DU TUNNEL, TAXON ET OPERATION LAZARE, REALITE AUGMENTEE.

Dans une réflexion croisée sur la modernité, Rudyard Kipling, dans sa nouvelle "Le phoque blanc", mentionne "le tunnel des vaches de mer" où un groupe de rhytines survivantes se sont réfugiées à l'abri des hommes puis Etienne de France, en 2012, dans son film "Tale of a Sea Cow" met en scène "la réapparition des rhytines au Groënland"). Après les initiatives de reconstitution des grands félins (déjà engagées : tigres en Sibérie puis Asie centrale, à venir : lions en Afrique du Nord à partir de la souche indienne -"Marée montante" sur ce blog, 10 juillet dernier -", la solidification d'une vitrine sauvage du Pacifique Nord, voie royale d'un accouchement civilisationnel de sortie simultanée de l'ère moderne et de la période Holocène implique la reconstitution progressive des rhytines à l'Est (voir "Un tigre peut féconder l'Océan" sur ce blog le 21 avril dernier) et des requins pélerins à l'Ouest. Toute extinction n'a pas forcément de caractère définitif, la reconstruction en cours du tigre de la Caspienne à partir du tigre de l'Amour n'étant qu'un exemple à l'appui de cette thèse parmi beaucoup d'autres. On peut citer les"taxons Lazare", familles, genres ou espèces présumées éteintes et resurgissant après des décennies, siècles, ou millions d'années (voir, chez les mammifères, l'exemple extraordinaire du "kha - nyou", laonastes aenigmamus, le "coelacanthe des rongeurs")... Et les saumons de l'Idaho, 1400 aujourd'hui, ne comptaient plus officiellement en 1992, qu'un seul individu : "lonesome Larry"...

Se souvenir des belles choses, pour rejoindre ce lointain passé qui est DEVANT nous, relié par la boucle de la tradition. Et AGIR en conséquence ("Le tigre ne chante pas sa tigritude. Il agit". Wole Soyinka).

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 11:32

Le gouvernement du Madhya Pradesh a décidé l'introduction dans la réserve de Kuno (district de Sheopur) de lions issus du centre de reproduction d'Hyderabad, plutôt que d'attendre l'arrivée hypothétique et controversée des lions de Gir. Audace? Imprudence? Irresponsabilité? (Le braconnage et "la culture du fusil" sont puissants et profondément implantés dans la région, à l'inverse de celle de Gir, et y a t-il eu des protocoles d' apprentissage à la vie sauvage?) A suivre. Source : P. Naveen. No sign of Gir transfer, MP seeks to shift zoo lions to Kuno. Times of India, ce jour.

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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 08:25

AZOV : LE BERCEAU DES SLAVES...ET DU TIGRE EUROPEEN

La région du Donbass, théâtre de l'actuel conflit entre l'Armée ukrainienne et les forces des républiques populaires de Donetsk et Louhansk, n'est pas majoritairement constitué, loin s'en faut, du paysage industriel post soviétique imaginé par un public européen ignorant et influencé par les choix des médias audiovisuels occidentaux. Les espaces naturels y sont immenses, et abritent une biodiversité prodigieuse qui influence le manteau écologique de toute l'Europe.

Historiquement, les régions côtières de la mer d'Azov (Russie occidentale, Donbass, Crimée ) sont à la fois le berceau des slaves et celui du tigre européen ("dniepro - volgaïque"). Le Donbass fait partie des légendaires "Terres sauvages" ainsi nommées entre autres par les polonais à partir du XVIème siécle... Voir le détail dans le document PDF "Tigres : fin de crise, retour à la croissance" (pages 6 à 8, + bibliographie et filmographie liées) téléchargeable à partir de mon site : 4 continents pour les tigres

http://www.avenir-tigres.com

La région est aussi d'une exceptionnelle richesse patrimoniale (paléontologique, archéologique et architecturale).

Concernant la steppe à proprement parler, cet habitat ne peut se maintenir que sous sa forme primordiale. Certaines espèces typiques des roselières eurasiennes ne sont présentes que dans les régions de Donetsk et Louhansk, comme trois sortes de tulipes particulièrement rares, des pivoines,des daphnés (dans un canyon de la vallée du Kalmious), et une douzaine de graminées différentes. Un tiers de tous les végétaux et animaux classés comme menacés sont des espèces de la steppe. Leur maintien dans le Donbass est déterminant pour leur survie dans toute l'Europe. Source : Hanna Trehoub. La steppe, cette inconnue. Article publié le 11 septembre dernier dans Oukraïnsky Tydjen, traduction française dans Courrier International n° 1257 paru hier 4 décembre, pages 50 - 51.

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2 décembre 2014 2 02 /12 /décembre /2014 11:05

Les lions gujaratis resteront probablement classés officiellement en danger, les dernières années n'ayant pas permis d'augmenter leur nombre de façon significative. Estimés à 411 lors du dernier recensement (2011), ils ne seront vraisemblablement pas plus de 500 lors de celui de l'an prochain. Source : Himanshu Kaushik, TNN, hier. Asiatic lion may continue to be in endangered category.

Après un brainstorming intense ces dernières années, il est temps que les réorientations d'ores et déjà conçues entrent dans les faits pour donner un coup de pouce significatif à l'animal, qui a son rôle à jouer dans le sous continent, mais aussi en Asie centrale et même en Afrique du Nord (voir "Marée montante" publié sur ce blog le 10 juillet).

Les tigres, quant à eux, montrent une fois de plus leur aptitude à "s'en sortir par eux mêmes. Les échanges génétiques sont beaucoup plus importants que prévus par les scientifiques en dépit d'un habitat fragmenté (G.S. Mundu, Telegraph (Kolkata), hier. Good News in Tiger gene Swap), et il est désormais plus que probable, comme je l'avais, par ailleurs, indiqué plusieurs fois depuis un an et demie,que les résultats du recensement de l'an prochain indiqueront une nette hausse des effectifs, pouvant même amener localement à de nouvelles précautions relationnelles concernant les communautés humaines partageant le même territoire (TCA Sharad Raghavan, dans LiveMint, ce jour : Tiger, tiger, burning bright).

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30 novembre 2014 7 30 /11 /novembre /2014 08:22

(POUR LA ENIEME FOIS) : LA TERRE SECRETE LE CIEL, LES GRANDS ORGANISMES REGULENT LE CLIMAT.

J'ai donné,fréquemment des exemples ou des références attestant ce fait (voir par exemple mon document PDF "Terre et mer" du printemps dernier, téléchargeable à partir de la page d'accueil de mon site "4 continents pour les tigres". Citons aussi le cas emblématique des thons rouges, et bornons nous aux populations de l'Atlantique Est (côtes européennes) : une gestion modérée de cette espèce a permis à celle ci, depuis le "point bas" de 2008 , de quadrupler sa biomasse. Les décisions récentes d'augmenter les quotas de 20% par an pendant 3 ans sont donc plus que stupides sur les plans économique et climatique, car leur simple maintien aurait permis une nouvelle multiplication par 10 des effectifs d'ici 2022... Voir aussi, ce soir sur la 5 à 20h40 "Quand le thon nous met en boîte"...

Et de ce point de vue,la Conférence de Paris (Décembre 2015) se présente mal, car l'oubli (qui plus est, l'absinthe semble ne rien avoir à l'affaire...) de ce facteur essentiel dans tous les discours officiels a quelque chose de vertigineux. C'est le vide le plus abyssal (on pense aux hommes creux ("The hollow men") de T.S. Eliot).

Le Discours de François Hollande, lors de la conférence environnementale du 27 Novembre ("Le 21ème siècle doit être celui de l'hygiène chimique") est archétypal de ce point de vue : il s'agit de réduire les émissions de CO2 sans dire un mot des agressions "mécaniques" infiniment plus graves que subit l'Organisme planétaire, et donc sans intégrer le moins du monde qu'un renforcement de celui -ci constitue sa meilleure protection...

Demain, s'ouvrira à Lima, pour 12 jours, l'ultime Conférence Internationale de Préparation au Sommet de fin 2015. Qu'attendre, à cette occasion, d'Ollanta Humala, Président du Pérou, dont la surexploitation du sous sol semble devenue l'alpha et l'omega de la politique, alors même que son arrivée au pouvoir en 2011 semblait augurer du meilleur ? Et la faune marine de la côte Pacifique,d'une importance cruciale pour toute la région, sera t-elle intégrée, en vigueur et centralité, dans la réflexion globale? En tout cas, le document résolutionnaire tout aussi creux que le discours de F. Hollande, que présentera dans ce cadre le Parlement péruvien le 8 décembre prochain, n'en dit strictement rien et se contente de généralités fumeuses sans le moindre intérêt.

Le pape François, qui a souhaité chaleureusement le plein succès au président péruvien, travaille à une encyclique sur le rapport de l'Homme à la Nature, qu'il doit présenter au premier semestre 2015, et qui peut jouer un rôle positif, dans l'approche originale d'une forme de pensée que beaucoup d'hommes ont oublié.

A ce jour, le seul Sommet environnemental ayant eu des conséquences heureuses reste celui de St Petersbourg sur le tigre, qui s'était tenu du 21 au 24 Novembre 2010.

La reconstitution d'un bouclier végétalo - animal protecteur est une question de survie pour l'Humanité, au même titre que l'armure spirituelle mentionnée par Igor Chafarevitch (dans "Russophobie", 1993, traduit par Alexandre Volsky, eds. Chapitre douze SER., voir aussi "Le Rouge et le Blanc", le blog de Pierre - Olivier Combelles). Les deux sont d'ailleurs intimement liées, tant il est facile de sécrèter celle - là à partir de celui -ci.

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29 novembre 2014 6 29 /11 /novembre /2014 09:52

LA CHASSE AU CHAT DE MER EST POUR BIENTÔT

Le phoque du Baïkal, un des plus petits pinnipèdes au monde,, appelé aussi "chat de mer" et qui ne vit que dans ce lac, va vraisemblablement subir des prélèvements annuels de plusieurs milliers d'individus. Mis à mal lors de la katastroïka des années 90, ses populations se sont largement reconstituées depuis lors. L'équilibre du Lac repose notamment sur les interactions entre pêcheurs, phoques, omouls et coméphores. Les communautés humaines riveraines du lac pêchent l'omoul, un corégone (salmonidé) qualifié localement de "pain du Baïkal" pour sa très grande abondance.. Cet animal subit toutefois de très fortes fluctuations, notamment à partir des années 60 et plus encore au cours des années 90. Les coméphores, petits poissons du groupe des gobies, peuvent concurrencer l'omoul. Sans intérêt commercial pour les pêcheurs, ils sont en outre très difficiles à capturer, car ils ne s'organisent pas en bancs et vivent à grande profondeur. Or, si l'omoul est la proie préférentielle des hommes, le coméphore est celle du chat de mer. Quand ce dernier est en difficulté, les coméphores tendent à devenir dominants, et se compter en milliards d'individus. Ils deviennent alors les vertébrés non marins les plus prospères au monde, mais menacent l'épanouissement des omouls. Un minimum de 50 000 chats de mer est nécessaire pour contenir les coméphores. Aujourd'hui, les pinnipèdes sont environ 120 000, avec une augmentation annuelle des populations de 25%. Le risque de rupture d'équilibre intervient donc en sens inverse à celui de la fin du siècle dernier. Il est donc envisagé de lancer une chasse commerciale concernant 5 à 6000 individus par an, essentiellement au bénéfice des pêcheurs bouriates. Par ailleurs, le chat de mer peut être occasionnellement victime,du virus canin qui affecte également le tigre de l'Amour (voir sur ce blog "Authentique menace" du 7 novembre dernier). Source : Derek Lambie & Anna Liesowska, dans le Siberian Times d'hier. "Siberian seals could be used for food delicacy amid population crisis".. .

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28 novembre 2014 5 28 /11 /novembre /2014 10:22

L'ALLEE DES BALEINES BIENTÔT REFERENCE CULTURELLE POUR LES RUSSES

Cet article peut être considéré comme une suite logique à "La lance de la Nation" publiée sur ce blog le 30 septembre dernier. "L'Allée des Baleines" est un site de la péninsule de Chukotka, dans l'extrême - orient russe, où ont été disposés, principalement au cours des XIV ème et XVème siècles, des mâchoires, des cränes et d'autres os de grandes baleines franches. Désormais inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, il peut devenir assez vite l'équivalent russe du Stonehenge anglais ou des pyramides égyptiennes. Comme le constate la grande presse américaine (New York Times, Los angeles times), la Chukotka constitue le symétrique écologique de l'Alaska.

Dans le processus de refondation civilisationnelle que connaît la Russie depuis le lancement de l'opération Amba en 1995 (voir le détail dans le document PDF "Terre et Mer" de Mars dernier, téléchargeable à partir de la page d'accueil de mon site "4 continents pour les tigres"), il s'agit d'un paramètre supplémentaire après le Sommet du Tigre de St Petersbourg (Novembre 2010) et les conséquences de celui - ci.

Le site fut "découvert" par des archéologues soviétiques en 1976, qui publièrent leurs observations de façon très circonstanciée en 1984 (M. Chlenov & I. Krupnik : Whale Alley. A site on the Chukchi Peninsula, Siberia). Puis Jean Malaurie, en août et septembre 1990, dirigea une expédition franco -russe près du Cap Chaplino, où il put admirer à son tour ce qu'il appela la "Delphes de l'Arctique" (voir "Hummocks" T2, 1999, eds. Plon, coll. Terre Humaine, pages 391 - 430, puis "L"Allée des Baleines", eds. Fayard, coll. Mille et une nuits, 2003). Ce site de l'île d'Yttigran aurait été aménagé comme centre idéologique et religieux d'une puissante union politico - militaire des Inuits d'Asie septentrionale, à la suite d'un mini âge glaciaire et une crise de subsistance. Celle - ci aurait impliqué guerres et migrations en mer des Tchouktches et en mer de Béring. Les Inuits, dont les communautés ne comptaient pas plus d'une cinquantaine de personnes, chassaient surtout le morse avant le VIIIème siècle. Par la suite, ils durent se réorienter vers la chasse à la baleine franche, nécessitant des groupes de chasseurs de 30 à 60 personnes et donc des alliances mutualistes entre communautés. Voir le détail dans l'article richement illustré de Evgeniy Basov & Derek Lambie, dans le Siberian Times de ce jour. "Welcome to Siberia's answer to Stonehenge or the Pyramids".

E.Basov, photographe et coauteur de l'article, habite lui même au Nord de la Péninsule, à Anadyr, ville nichée au fond du golfe du même nom dont le cap Navarin constitue la pointe sud. C'est à proximité de ce cap qu' au début des années 1960, des scientifiques russes pensent avoir observé quelques rhytines de Steller, animaux géants officiellement éteints depuis la deuxième moitié du XVIIIème siècle (Berzin A.A., Thikomirov C.A., Troïnin V.I. 1963. Priroda 8, 73 - 75). Dans "Steller's sea cows: past, present and future" (document PDF daté du 16 avril dernier), je m'interrogeai, notamment, sur la possibilité de l'existence ancienne d'une "Allée des Rhytines"... (voir aussi "Un tigre peut féconder l'Océan", publié sur ce blog le 21 avril dernier).

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27 novembre 2014 4 27 /11 /novembre /2014 08:46

25 - 27 Novembre, VLADIVOSTOK. Conférence sur les dynamiques de dispersion des population de mammifères et oiseaux, organisée par plusieurs grandes organisations axées sur la géographie du Pacifique Nord. Dans ce cadre, une cinquantaine de scientifiques russes, coréens et japonais présentent une contribution sur les dynamiques d'expansion et de dispersion du tigre de l'Amour, et les formules les plus appropriées pour faciliter, renforcer et pérenniser ces dynamiques.

Actualisation 28 Novembre. A l'issue de cet atelier de travail où 12 rapports sur le tigre de l'Amour ont été présentés et discutés, il a été convenu qu'après la publication des résultats du recensement des populations de 2015, une grande Conférence sera spécialement consacrée aux grands félins en danger, comme ce fut le cas en Novembre 2010 à St Pétersbourg.

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15 novembre 2014 6 15 /11 /novembre /2014 15:03

COMPLETION DU PAYSAGE ANIMAL : AEROSTREAM

La prospérité des saumons détermine (c'est peu de le dire ) la richesse du milieu qu'ils occupent, particulièrement sur les façades continentales asiatique et américaine du Pacifique Nord. Sans eux, la forêt côtière de Colombie Britannique (Canada occidental), qui abrite notamment l'ours kermode (un "ours noir" de couleur blanche) n'existerait pas.

Plus à l'Ouest, la situation est analogue pour la région russe du Primorye (Province maritime) qui abrite plusieurs centaines de tigres de l'Amour. Cette zone héberge les plus gros saumons au monde (Hucho taïmen) que les tigres pêchent volontiers. Nicolas Baîkov avait déjà noté ce fait au début du siècle dernier, et l'avait même dessiné. Quelques décennies plus tôt, Smirnov avait observé un comportement semblable de tigres d'Asie centrale pêchant des carpes sauvages (sazan) dans le Syr Daria. Il avait été frappé par le plaisir évident des prédateurs lors de cette activité.

Plus au Nord, le Kamtchatka et l'Alaska sécrètent aussi des pêcheurs géants, les plus grands ours bruns de la planète. De même, concernant les prédateurs aériens des saumons, les pygargues à tête blanche alaskiens sont les plus massifs d'Amérique (les femelles peuvent y dépasser 7kgs) et celles des pygargues de Steller du Kamtchatka dépassent même 9kgs.

Le grand oiseau pêcheur du Primorye est le plus grand hibou du monde, le kétoupa de Blakiston. Légèrement plus volumineux que le Grand Duc eurasien, il pêche truites, saumons, poissons - chats et brochets. Il peut capturer des proies 2 à 3 fois plus lourdes que lui : juché sur une basse branche à fleur d'eau, il laisse une de ses pattes immergée puis se saisit de sa proie et la tire sur la berge, sans jamais avoir à la soulever. Cet animal est aussi rare que le tigre de l'Amour. Le "cercle vertueux du saumon" est une dynamique de prospérité en cascade ; le Primorye héberge les 4 plus grands Stringidés au Monde : kétoupa de Blakiston et grand duc eurasien, chouette lapone et chouette harfang...

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  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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