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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 07:59
AU COEUR DES TENEBRES
A partir de la deuxième moitié du 19ème siècle , l'Eurasie est entrée dans un cercle maudit. Saisi d'une folie suicidaire, le continent s'est infligé continûment d'affreuses blessures qui ont failli lui coûter la vie.
 Les outrages infligés à la Nature Sauvage ont coïncidé  avec l'asservissement des êtres humains à des "impératifs" antinomiques de leurs nécessités sociales vitales, puis leur avilissement et leur dégénerescence en une plèbe consumériste, incarnation la plus ostentatoire de la barbarie.

DETRUIRE LA BEAUTE
Une destruction  efficace et durable de "l'adversaire" passe toujours, dans les pratiques politico religieuses  des hommes, aussi loin que l'on remonte dans l'Histoire, par la profanation de ce qu'il est le plus sacré à ses yeux. Détruire la Nature revient à stériliser la matrice la plus apte à secréter de l'Humain dans le sens qualitatif du terme et s'interdire toute possibilité de rédemption ultérieure.
En détruisant les tigres, les hommes profanaient la BEAUTE elle - même, comme entité idéelle indispensable à leur survie spirituelle et morale. Ils se sont condamnés eux - mêmes au désespoir.

LA MORT INDUSTRIELLE
De 1875 à 1945, le massacre programmé et systématique des tigres sur la totalité de leur aire de distribution est conduit en lien avec la destruction des cultures traditionnelles asiatiques et le suicide de la civilisation européenne.
En Corée, on détruit les tigres à la dynamite. En Asie centrale, on les éventre à la baïonnette.
En extrême orient russe, l'avancée du transsibérien sonne le glas des grands félins. Le naturaliste Nicolas Baïkov est convaincu d'assister à leur extinction définitive.
En Inde, les anglais présentent l'extermination des grands fauves comme une opération militaro humanitaire: il s'agit de libérer un peuple de la tyrannie d'un prédateur assoiffé de sang. Si nous n'étions pas là, disent -ils, les tigres seraient les maîtres de la Terre.
A l'inverse, en Asie centrale, l'objectif proclamé est uniquement économique : détruire le "tigre des roselières" (voir le paragraphe qui lui est consacré sur la page publiée le 28 mars) n'est qu'un préalable à l'incendie des roselières elles - mêmes (à partir des années 30, coïncidant avec la mort d'1,5 million de kazaks détruits par une famine artificielle) puis leur transformation en champs de coton, processus qui débouchera sur la fin de la civilisation pastorale, la mort de la Mer d'Aral et la chute des populations riveraines dans la misère et le désespoir. On s'attaque à un animal discret, élusif, qui n'a en aucune façon la dimension sacrale de ses congénères d'Asie orientale ou méridionale: il n'attaque ni l'homme ni son bétail, ne feule pas, son pelage est terne et les contrastes y sont peu ou pas marqués. Dès le début du XXème siècle, certains chasseurs mandatés par l'armée du Tsar peuvent s'enorgueillir de posséder des dizaines de dépouilles chacun. Pour les mêmes motifs, les léopards de la région subissent un sort semblable,  ainsi que les loups en Chine occidentale. Comme en Sibérie, le chemin de fer est la voie royale assurant la mort misérable des uns et le malheur des autres : transcaspien (arrivée à Tachkent en 1898), transaralien (1906), ligne Türkab, qui relie l'Asie centrale à la Sibérie (1930). On arase ainsi, notamment, une mosaïque de grands prédateurs unique au monde : 7 félins (tigre, léopard, guépard, once, lynx, caracal et même lion), 5 canidés (loup gris, loup rouge (dhole), chacal, renard roux, renard corsac), 3 mustélidés (blaireau, glouton, ratel), 2 ours (ours brun et ours à collier) et 1 hyène (hyène rayée).
Qui plus est, on plaçait sous le vocable "tigre de la Caspienne" des animaux à l'apparence et au comportement fort différents, vivant aussi bien dans les montagnes du Caucase, que dans les steppes, roselières et montagnes d'Asie centrale, les plateaux de Sibérie occidentale et les forêts subtropicales de Chine centrale. En 2003, cet animal est officiellement classé dans la liste des espèces "éteintes" par l'UICN.


REMONTER VERS LA LUMIERE
En 1988, 18 intellectuels ouzbeks créent le mouvement nationaliste Birlik: "Préservation des richesses naturelles, matérielles et spirituelles".
En 2004 (4 Août), le journal turc Turkish Daily News présente comme possible la survie de tigres en  Turquie orientale, dans les  zones de combat avec le PKK. Ces rumeurs courent toujours à l'heure actuelle (Arash Ghoddousi, communication personnelle).
La même année, le géographe Xavier de Planhol, dans son ouvrage encyclopédique "Le paysage animal", précise (page 826) que "L'Asie centrale, y compris dans les secteurs de domination chinoise, est pour la grande faune un espace potentiellement très prometteur".
En Août 2007, j'ai publié mon site "4 continents pour les tigres", avec une page consacrée à la nécessaire "résurrection des tigres occidentaux".
En 2008, Janvier : publication dans la Lettre de la SECAS (association du Jardin des plantes liée au Museum d'Histoire Naturelle) de mon article : "Un tigre européen oublié".
Novembre : Publication dans la même revue, de mon article : "Europe, Russie, Etats - Unis et leurs grands félins captifs: la croisée des chemins".
Décembre: publication sur mon site d'un important document PDF "Europe et grands félins".
En 2009, 11 Janvier : ouverture du présent blog.
14 Janvier : publication sur le site PlosOne d'un travail essentiel d'une équipe de l'université d'Oxford, montrant que tigre de Sibérie et de la Caspienne appartiennent à la même lignée génétique. Les tigres de Sibérie actuels sont en fait des tigres de la Caspienne qui ont essaimé vers l'Est au cours de la période historique. Certains des membres de l'équipe expriment dans la presse leur enthousiasme sur les perspectives ouvertes par une telle découverte deux semaines plus tard (Daily Science du 2 Février, détail sur ce blog, page du 18 mars).
20 mars : René Cagnat, Ambassadeur de France au Kyrgyzstan, m'apprend que le Président Turkmène, Gourbangouly Berdimouhammedov, a promis à Vladimir Poutine le cadeau de 2 paires de léopards, en vue de la réintroduction de l'espèce dans le Caucase (information confirmée par les russes) .
Hier 4 Avril, une amie russe m'a informé que lors d'une émission sur Radio Rossya du 28 février dernier, un chasseur Udeghe s'était spontanément exprimé sur les tigres, la protection et le culte qui leur était rendu par son peuple. La situation générale des tigres dans la région - qui est devenue de facto une terre de colonisation chinoise - est catastrophique (celle des léopards de l'Amour est encore pire malgré des efforts locaux méritoires de sensibilisation) . Mais en zone Udeghe, et bien que le chasseur préfère dire à ses interlocuteurs que les tigres sont en voie d'extinction, il indiqua incidemment à son interlocutrice que leur nombre était en forte augmentation, en lien avec la prolifération des sangliers en ce début d'année...

Nicolas Baïkov est mort desespéré, et pourtant le tigre de Sibérie est toujours vivant, ce qui signifie que le tigre de la Caspienne l'est également.
L'Eurasie peut guérir de son vide intérieur. Nous allons, très bientôt, lui proposer une thérapie qui a fait ses preuves.
une thérapie par LA BEAUTE.
 


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28 mars 2009 6 28 /03 /mars /2009 13:17
En Août 2007, j'avais rédigé, dans le cadre de la publication de mon site "4 continents pour les tigres" une page dévolue aux Etats - Unis, ses 10 000 tigres captifs, ses grands espaces et les potentialités induites pour l'avenir.
En Avril 2008, j'avais précisé la question sur une page consacrée également à la Russie et la communauté européenne, et  les perspectives d'avenir des  dizaines de milliers de grands félins captifs sur leurs territoires respectifs.
Ceci avait  également donné lieu  à la publication d'un article dans la lettre de la SECAS (association du Jardin des Plantes liée au Museum d'Histoire Naturelle de Paris) en Novembre 2008.
Le 7 février dernier, sur ce blog (page: "tigre et bison"), j'avais souligné le dynamisme américain à travers la spectaculaire réexpansion des bisons,  réparatrice d'ecosystèmes complexes, générateurs à la fois de paysages magnifiques et  d'un imaginaire collectif épanouissant, socialement rédempteur.
Aujourd'hui, il me paraît utile de rappeler ou de préciser, après l'annonce par le gouvernement Obama d'une nouvelle orientation en matière de politique environnementale, le rôle particulier de RECONSTRUCTEUR PRIORITAIRE que peut jouer un loup ou un tigre sur ces plans indissociables que sont l'écologique et l'humain, à travers les exemples, pour les premiers, du parc de Yellowstone aux USA et de la steppe Olon Bulag, en Mongolie chinoise, et pour les seconds, de certaines zones ripuaires d'Asie centrale.

LES USA CHOISISSENT LA PROTECTION DE GRANDS ESPACES NATURELS
(Source: Agence Reuters)
Le Congrès américain a donné mercredi 25 mars 2009 son accord final à un ensemble de lois de protection de l'environnement, salué par les associations écologistes comme l'un des plus importants de l'histoire du pays.
Ces 160 lois accordent notamment un statut privilégié à plus de 800 000 hectares de parcs, rivières, déserts ou forêts répartis dans neuf états, qui ne bénéficiaient d'aucune protection légale jusqu'alors. L'exploitation du gaz naturel et du pétrôle, entre autres ressources, y sera interdite.
La mesure, approuvée une semaine auparavant par le Sénat, a été votée mercredi à la Chambre des Représentants par 285 voix pour et 140 contre, au terme d'une bataille législative de plusieurs années.
Le Président Obama devrait promulguer rapidement cette loi.
"Je n'ai pas souvenir d'une autre loi qui ait fait davantage pour les zones sauvages et les sites historiques" a indiqué le sénateur démocrate Jeff Bingaman, Président de la Commission de l'Energie et des Ressources Naturelles.
Les adversaires de la loi, républicains pour la plupart, lui reprochent d'empêcher l'accès à des gisements d'hydrocarbures.
Les 800 000 hectares concernés se situent dans les Etats de Californie, Idaho, Utah, Colorado, Oregon, Virginie, Virginie Occidentale, Nouveau - Mexique et Michigan.
Qui plus est, les nouvelles lois étendent le statut de protection dont bénéficiaient déjà plus de 10 millions d'hectares de zones historiques ou de paysages spectaculaires, comme le Canyon des Anciens dans le Colorado ou celui du Rocher Rouge près de Las Vegas.
"Les générations futures regarderont ce jour comme une étape primordiale dans l'histoire américaine de la protection de l'environnement" s'est réjoui William Meadows, Président de la Widerness Society.

ET MAINTENANT, PLACE AUX REPARATEURS!
La décision des autorités américaines est d'autant plus importante que les zones mises à l'abri des activités humaines les plus destructrices connaissent rapidement un renouveau floristique, faunistique et paysager phénoménal, avec un grand prédateur comme catalyseur du cercle vertueux.

LES LOUPS DE YELOWSTONE. A la fin du 19ème siècle, les américains fondent la première réserve naturelle du monde moderne. Au début du 20ème siècle, les éleveurs y font exterminer les loups jusqu'au dernier. L'état du parc se dégrade alors, malgré la protection législative dont il fait l'objet: raréfaction des arbres, érosion des berges des rivières, raréfaction des poissons, disparition des oiseaux. AUCUN ARBRE NE POUSSE ENTRE 1930 ET 1990. Sans nourriture, de nombreux castors migrent.
En 1995, les autorités réintroduisent à Yellowstone une trentaine de loups préalablement capturés au Canada. On en compte aujourd'hui près de 200. Chacune des 16 meutes tue en moyenne un wapiti par semaine. En 2004, la population de wapitis est réduite de moitié. Du coup, les peupliers, qui disparaissaient à force d'être broutés par les herbivores, recommencent à croître. En s'élevant, ils attirent des oiseaux chanteurs qui avaient disparu. Les castors qui étaient restés se multiplient et recommencent à construire des digues. Sur les étangs artificiels qui résultent d'une telle activité, apparaissent des plantes qui attirent aussi bien les ours que les canards. Les troncs renversés favorisent les frayères des poissons, dont le nombre augmente. Le reboisement naturel stabilise aussi les berges des rivières et arrête leur érosion. L'ombre des arbres refroidit les eaux, les rendant favorables aux truites et à leurs prédateurs. Dans le même temps, la présence des loups provoque un effondrement de la population de coyotes (90% de pertes). La raréfaction considérable de ceux - ci entraîne la multiplication des petits rongeurs, dont se nourissent alors les rapaces, diurnes et nocturnes. Les carcasses abandonnées par les loups attirent des grizzlis, des pies, des corbeaux, des insectes, attirant eux - mêmes des oiseaux insectivores.
En une seule génération, grâce au loup, le parc de Yellowstone aura retrouvé son lustre d'antan.
Quant aux éleveurs, pourtant comblés par des pâtures naturelles d'une richesse jamais vue depuis un siècle, et débarassés des coyotes, ils continuent à demander l'élimination du grand prédateur...

Pour plus de détails :
 Articles de :
Jim Robbins dans "Pour la Science 323, Septembre 2004.
D.Smith. Avril 2003. Yellowstone after wolves. BioSciences 54 (4), 330 - 340.
Livre/Rapport de:
J. Halpenny. 2003. Yellowstone wolves in the wild. Riverland Publishing.
Un film sur le sujet a également été diffusé sur ARTE.

LE TOTEM DU LOUP.
Dans la steppe d'Olon Bulag, loups protecteurs de l'herbe et pasteurs mongols vivent en harmonie, jusqu'à la décision des autorités chinoises d'éradiquer les grands prédateurs, à l'époque de la révolution culturelle.
Jiang Rong évoque dans son roman (à forte connotation autobiographique) "Le totem du loup", publié en Chine en 2004 et vendu à plus de 20 millions d'exemplaires (version française 2007 chez Bourin Editeur) l'initiation d'un jeune étudiant chinois à la vie de la steppe. Il apprend que l'Empire de Gengis Khan put s'édifier parce que les pasteurs Mongols surent copier à la guerre les techniques de chasse des loups,  que les éleveurs ne sont guère plus (et se vivent comme tels) que des parasites secondaires des hordes de loups dominantes, au même titre que les renards ou les vautours noirs...
Les loups, dans un contexte climatique particulièrement difficiles, parviennent à maintenir dans la steppe une richesse floristique insoupçonnée, qui rappelle celle de l'Asie centrale à l'époque où le tigre y prospérait : roselières extrêmement denses, de conformations singulières, qui assurent des abris extrêmement protecteurs pour les grands carnivores, obstruant la course des chiens, rendant les perches à lasso inopérantes, et où les loups ont pu aménager de véritables labyrinthes. Certaines herbes finissent par former des haies cylindriques, apportant aux animaux à la fois protection et confort. Dans les marécages, poussent d'immenses étendues de pivoines sauvages blanches, à l'inflorescence gigantesque que l'on peut confondre de loin avec des cygnes! C'est l'incendie systématique de ces milieux particuliers qui détruira loups, pasteurs, et la steppe elle - même.
Les pasteurs soutiennent que tigres et léopards ne peuvent plus s'implanter dans la région parce que les loups sont devenus les maîtres incontestés de la steppe (ce qui est certainement exact). Ils disent aussi qu'autrefois, des tigres et des léopards vivaient dans la steppe, et qu'ils en ont été chassés par les loups. La vérité est ici,  de fait, assez différente. Les grands félins du Turkestan Chinois furent détruits par les hommes au cours du 19ème siècle, ce qui laissa le champ libre aux loups. En effet, on sait que les grands félins (puma aux Etats Unis, selon Marshall - Thomas, tigres en Asie centrale, selon Stroganov) sont (ou étaient) des protecteurs naturels des troupeaux des pasteurs: très prudents, ils ne s'attaquent pas à
ceux - ci ; par contre, leur présence limite indiscutablement le nombre et l'activité des loups.
Sans cesse pourchassés, les hordes de loups finissent par disparaître définitivement de la steppe Olon Bulag, et le louveteau que l'étudiant avait apprivoisé "tel un dragon d'or, chevauchait vent et neige, allait joyeusement vers Tengger - Le Ciel eternel, Divinité suprême des pasteurs Mongols- vers Sirius, vers l'espace infini où se regroupent les âmes de tous les loups de la steppe mongole morts au champ d'honneur."
Et la steppe devient un désert...

LE PARADIS ECOLOGIQUE DES ROSELIERES DU TIGRE
Tout comme celle des loups en Chine occidentale, la disparition des tigres en Asie centrale a eu des conséquences cataclysmiques. La destruction de la mer d'Aral, par exemple,  est une conséquence directe de leur massacre programmé.
Celui - ci était en effet lié au détricotage complet d'un milieu d'une richesse prodigieuse, qui a subi un processus inverse à celui dont bénéficie Yellowstone depuis 1995.
Des descriptions détaillées et précises, MAIS HALLUCINANTES, de ce que fut historiquement l'univers floristique et faunistique de ce tigre, de la Mer Noire au Turkestan Chinois peuvent être établies à partir, notamment de la lecture des ouvrages suivants :
Leo Berg. 1941.Les régions naturelles de l'URSS. Eds Payot.
F.Harper. 1945. Extinct and vanishing animals of the old world. Ocean Mountains Studies. Carson City, Nevada.
V.G Heptner & A.A. Sludskii.1992. Mammals of the Soviet Union. Volume II, Part 2. Carnivora (Hyaenas and Cats). Brill eds.
Planhol (X). 2004. Le paysage animal . L'homme et la grande faune. Une zoogéographie historique.Eds Fayard (voir notamment les chapitres "Le domaine russe", 760 et suivantes, Asie Centrale, 821 et suivantes).
H. Beaumont. Asie centrale. 2008. Le guide des civilisations de la route de la soie. Editions Marcus.

Je me bornerai ici à quelques exemples ponctuels. Un animal discret (il ne feulait pas), au pelage terne et aux nuances peu contrastées, qui n'attaquait pas l'homme ni son bétail (du moins avant l'incendie des roselières), assurait (comme le font les loups à Yellowstone depuis 1995) à la steppe une richesse végétative suffisante pour que des animaux a priori plus à l'aise dans des milieux fort différents y trouvent leur compte: ce fut le cas notamment de l'ours, des castors, de l'élan et du glouton.
Il pouvait vivre continûment à proximité immédiate des zones d'activité agricoles et pastorales sans que celà pose le moindre problème à quiconque.
Protégé par un milieu qu'il protégeait lui - même, le tigre des roselières a permis, notamment dans le delta de l'Amou - Daria, la mise en place d'une mosaïque écologique de prédateurs d'une richesse unique au monde, comptant (de façon permanente ou ponctuelle) parmi les plus volumineux d'entre eux, 7 grands félins, 4 grands et moyens canidés, une hyène, deux ours, 3 grands mustelidés, soit 17 mammifères appartenant à la mégafaune carnivore....
Sans fournir pour l'heure de plus amples informations, anciennes ou très récentes (je préciserai les choses lors d'une prochaine publication d'ici à quelques jours), je pense qu'il est d'ores et déjà clair que
l'Asie centrale a un impérieux besoin de ses tigres, comme Yellowstone de ses loups et la grande plaine de ses bisons.



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18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 09:28
EFFONDREMENT INDIEN, EVEIL EUROPEEN

Tigres indiens: la course à la mort

Le scepticisme qui avait marqué l'annonce, à la fin 2007 et au cours des premiers mois de 2008,  par le gouvernement indien, de mesures vigoureuses pour sauver les tigres sauvages sur son territoire s'avère malheureusement pertinent. La philosophie générale qui en émanait était de toute façon contestable (séparer radicalement les animaux sauvages des communautés humaines). Les choix des modalités d'application s'avèrent, en outre, souvent incohérents et parfois carrément absurdes. Le braconnage redouble d'intensité (le malheur des tigres étant aussi celui des léopards, gavials, rhinocéros, lions...). Toutes infos accessibles sur le site de Nirmal Gosh: Indian jungles.com.
De ce point de vue, l'article d'Armand Farraci "L'Inde sans tigres?", publié en 2007, était dramatiquement prémonitoire (à lire ou relire sur le blog de Martine Massot - Tigrissima -).

Europe: réouverture d'un "cold case"
Dans le même temps, la communauté scientifique se penche à nouveau sur le cas du tigre eurasien, et, cette fois - ci, dans un nouvel état d'esprit. Depuis la mise en ligne, le 14 Janvier dernier,  d'une étude de l'équipe du Conservation Research Unit de l'Université d'Oxford montrant que cet animal et le tigre de Sibérie ne représentent en fait qu'une seule lignée génétique, sa réintroduction dans des zones de son aire de distribution historique est, pour la première fois, en projet. Le Directeur du Département concerné, David Mc Donald, qui a directement participé aux recherches, est particulièrement enthousiaste, percevant l'importance d'une telle initiative pour l'avenir (lire dans Daily Science mis en ligne le 2 février). Le dr Ali Aghili, de la  Persian Leopard Conservation Society, a commencé à évaluer la faisabilité d'un tel projet dans une zone du nord - est de l'Iran.
Une telle étude pourrait même redonner sa chance, aussi, au tigre de Chine du Sud, comme l'a expliqué l'un des membres de l'équipe, Noggy Yamaguchi. Celui ci est un ami de la courageuse Li Quan, qui réalise depuis 2003 une implantation réussie de ces animaux en Afrique du Sud (voir son site "Save China's tigers.org").

De plus, aujourd'hui, en mer d'Aral, patrie des derniers tigres d'Asie centrale avant leur extinction, des agronomes ouzbeks, constatant l'impossibilité de remettre en eau la plus grande partie de ce qui fut jusqu'en 1960 la quatrième plus grande étendue d'eau salée intérieure du monde, et la salinisation consécutive, chaque année, de superficies considérables, ont opté pour le boisement des fonds asséchés par de robustes arbustes locaux tels que le saxaoul, le kandym et le tcherkez, dont les bosquets constituaient autrefois un paradis pour les tigres et les sangliers notamment. Dès 2007, au Kazakhstan voisin, 15 millions de pieds de Saxaoul avaient déjà été plantés... (Pavel Kravets dans Ferghana.ru - Moscou - à lire dans Courrier International 958,12 - 18 mars 2009, page 53).

Force et discrétion
Comme celà a pu se vérifier bien des fois par le passé, l'offre de conditions minimales de réinstallation seront suffisantes pour assurer le succès de l'opération, puis sa pérennité si celles - ci sont durablement maintenues. Rappelons simplement que l'arrivée actuelle de loups dans le Massif Central a pu s'effectuer par la traversée du Rhône. Or, la vallée de celui - ci est pour le moins inhostitâlière pour un animal sauvage, avec ses autoroutes, ses lignes de chemin de fer, sa forte densité de population,la largeur du fleuve lui - même, sans parler du trop célèbre "couloir chimique".Or, comme l'explique Daniel Véjux, spécialiste de l'animal,un loup peut parcourir 60 kilornètres en une nuit. Il peut traverser un fleuve à la nage et circuler dans les zones urbaines sans se faire remarquer ou passer pour un chien.
De même, au 19ème siècle (fait relaté par Atkinson en 1858), des tigres fuyant une terrible sécheresse qui s'était abattue sur la steppe kirghize, leur lieu de vie habituel, traversèrent l'Irtych pour rejoindre les Monts Altaï. 5 d'entre eux (c'est - à - dire probablement tous), finirent par être abattus. Les paysans de Sibérie occidentale restèrent circonspects devant cette bête inconnue si étonnante à tous égards. Quand le naturaliste leur dit comment elle s'appelait, il s'avéra qu'ils ignoraient même son nom. L'analyse stomacale montra que le bol alimentaire était exclusivement constitué d'une grande quantité de criquets et de graines sèches...



Convergences et synergies
En excluant les tigres de Sibérie, les tigres présents historiquement du bassin du Danube au Turkestan Chinois  (on en catégorisa jusqu'à 3 sous - espèces distinctes et une variété géographique) ne constituent qu'une seule lignée génétique. De même, les cultures de l'Europe à l'Inde du Nord ont les mêmes racines (Alexandre, Gengis Khan, Timur furent des eurasiens dans le plein sens culturel du terme). On sait aujourd'hui que ces racines sont pastorales, bien plus que sédentaires et horticoles. La domestication du cheval a été en effet l'un des évènements les plus déterminants de l'Eurasie protohistorique pour son histoire ultérieure. Selon une équipe internationale de chercheurs menée par l'archéozoologue Alan Outram (de l'Université anglaise d'Exeter), l'exploitation de cet animal remonte au moins au IVème millénaire avant notre ère à la fois dans le nord du Kazakhstan et sur le territoire actuel de l'Ukraine. Ceci a aussi déterminé l'acquisition de lactase permettant la digestion du lait chez les adultes dans les populations concernées. Or, si de nombreuses communautés asiatiques en sont dépourvues, elle est majoritairement présente en Europe du Nord, et à parité en Europe du Sud ( publié dans "Science" du 6 mars).
Par ailleurs, les deux cités dont l'influence sur l'Eurasie a été historiquement la plus forte, Rome et Samarkand, sont fondées à la même époque (700 avant notre ère). Les légendes liées à leurs naissances respectives évoquent le lien fondamental avec un grand prédateur. Si  Rome est fondée par deux jumeaux élevés par une louve, Samarkand voit le jour grâce à un léopard femelle venu de Pendjikent (actuel Tadjikistan) qui indique le lieu adéquat aux futurs fondateurs de la ville.



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4 mars 2009 3 04 /03 /mars /2009 12:50
 NEGATION
Notre civilisation semble pour le moment incapable de se définir autrement qu 'en lien exclusif avec  les sociétés sédentaires présentes sur son sol depuis un lointain passé.
Pourtant, comme je l'ai montré dans le document "Europe et grands félins" (téléchargeable à partir de mon site "4 continents pour les tigres"), elle est tout aussi redevable, pour sa constitution et son devenir, aux sociétés nomades, que celles ci fussent composées de chasseurs-cueilleurs - dont les roms sont aujourd'hui les derniers représentants socialement visibles -, d'éleveurs comme les samis des régions arctiques, et bien plus encore, de pasteurs des steppes: il y a, de fait, 3 sources principales qui ont irrigué et fait grandir la civilisation européenne.
Malheureusement, une tendance anthropologique lourde motive (chez de nombreux peuples sinon tous) un refus psychologique allant jusqu'au déni pur et simple de l'apport culturel et social de sociétés avec lesquelles les rapports passés furent surtout conflictuels.
Il est de ce point de vue tout à fait symptomatique que"l'oubli", dans les revues scientifiques consacrées à la grande faune européenne, du tigre, du lion, du léopard, du guépard et de la hyène striée comme membres à part entière de la Communauté historique des Prédateurs européens, correspond à une présence spatio - temporelle de ceux - ci coïncidant en quasi totalité - en tout cas depuis l'époque médiévale - avec celle de la civilisation des steppes (communication personnelle d'E.C. Dos Santos).

REDYNAMISATION
Or, depuis 1000ans, c'est toujours à partir d'une influence de la civilisation nomade que les cultures eurasiennes du tigre ont été redynamisées.
Les sociétés pastorales de l'Eurasie médiévale, quelles que soient leur "religion" ou "idéologie" officielle, étaient restées fondamentalement fidèles à celles des Scythes de l'Antiquité, qui placent l'animal sauvage comme l'élément le plus important pour la bonne marche du monde  (voir là dessus les travaux de Iaroslav Lebedynsky et ceux de Véronique Schiltz, notamment).
L'Asie centrale fut donc d'abord une matrice de la diversité biologique, mais aussi, ensuite, de la diversité culturelle.
Les cultures antiques du tigre en Europe, véhiculées d'abord par le mythe de Dionysos puis par l'action politique d'Alexandre, furent revivifiées du 14ème au 19ème siècles par la culture ottomane.

La "culture russe du tigre" est née en Asie centrale, dans ce qui fut appelé par les autorités tsaristes "le Turkestan russe".

La "culture chinoise du tigre", qui irradiait d'une force à nulle autre pareille de la préhistoire aux temps médiévaux, avait singulièrement perdu de sa vigueur depuis des siècles quand l'acquisition, au XVIIIème siècle, du "Turkestan chinois" (région immense au Nord - Ouest de l'actuelle république populaire) lui a donné, incontestablement, une deuxième jeunesse.

La "culture indienne du tigre" n'avait aucun caractère officiel avant l'invasion du pays, aux environs de l'an 1000, par des cavaliers turcs et afghans. Ce sont eux qui ont fait culturellement de l'Inde le pays du tigre.
Auparavant, sous l'influence des anciens Perses, ce pays avait le lion comme animal référent.
D'ailleurs, l'influence du bouddhisme d'origine indienne en Asie du Sud (Péninsule indochinoise, Chine méridionale, Indonésie) avait entraîné une importation massive de lions "symboliques" que l'on trouve encore aujourd'hui dans toute l'architecture monumentale politrico - religieuse de cette zone.
Au 19ème siècle, la propagande anglaise magnifiait le combat du lion britannique contre le tigre indien (Tippu Sultan, dont le tigre était l'emblême). Les "tigres" indiens combattus par les "lions" anglais furent toujours musulmans, et  turco - afghans ...
D'une façon générale, les Etats sédentaires adoptent volontiers le lion comme référent, en tant que majestueux animal social régnant sur un espace délimité.
Les nomades, quant à eux, voient le tigre des steppes comme un solitaire errant, qui suit les troupeaux, à leur propre image.

Depuis les temps médiévaux, ce sont donc les cultures nomades originaires d'Asie centrale qui ont créé ou rajeuni les cultures du tigre des civilisations "sédentaires" eurasiennes.
A cet égard, le portail de la madrasa "Chir - Dor", située au sein du Registan de Samarkand, qui est actuellement le plus vaste complexe architectural à vocation religieuse au monde, constitue un véritable phare planté au coeur du continent eurasien et irradiant l'ensemble du continent.
Cette madrasa "aux lions" représente explicitement des tigres, elle est au coeur d'un ensemble monumental islamique, d'où tout élément figuratif devrait être banni...
Elle a une puissance emblématique potentielle comparable à celle du culte de Dionysos en Grèce, institutionnalisé par ceux - là même qui avaient détruit consciencieusement les bases concrètes pour son authentique épanouissement (voir "Europe et grands félins",Daraki 1994).

Il est surprenant de constater que les transferts ne furent pas seulement culturels mais aussi biologiques.
Comme se répondent les félins de Samarkand et les tigres gardiens de la pagode d'Ivolginsky Datsan (Bouriatie), les travaux de Carlos Driscoll (références dans "Europe et grands félins" ) ont montré que les tigres de Sibérie actuels sont issus de la migration récente vers l'Est d'une petite partie des tigres d'Asie centrale...


Et en tout état de cause, c'est dans les régions où les pasteurs  furent politiquement dominants que fut préservée une mosaïque inouïe de grands mammifères prédateurs terrestres -15 espèces différentes - phénomène sans équivalent au monde.





 IMPERATIF VITAL POUR L'AVENIR DE LA CIVILISATION EUROPEENNE
 Il ne reste plus aujourd'hui que 40 lynx des Balkans (contre une centaine il y a moins de 3 ans), animal pourtant emblématique de cette région (au moins chez les numismates officiels et les philatelistes) et plus largement de l'ensemble de l'Europe (il fut souvent le "léopard" des chansons de geste).
Plus rien n'est préservé quand une péninsule continentale sans boussole s'enfonce dans un désespoir d'autant plus profond qu'il est nourri par une extrême confusion des esprits et une perte complète des chemins menant à des valeurs éclairantes et porteuses d'espoir.
Notre civilisation moderne a produit une "monoculture" déshumanisante de laideur et de médiocrité, d'infantilisme et d'insignifiance. La réinsertion de la société contemporaine dans la nature - dans tous les sens du terme - est une urgente nécessité.
Car la vocation de la nature à produire de l'humain, au sens moral, s'altère au fur et à mesure que s'étend physiquement l'Empire de l'humanité.
Au contraire, la suprématie de la nature sauvage stimule la production d'un imaginaire capable de surclasser l'égocentrisme ambiant ; une mentalité imprégnée de nature sauvage est propice à la joie.
C'est bien pourquoi, si l'Europe peut beaucoup pour le Tigre, le Tigre peut aussi beaucoup pour l'Europe.
L'Europe doit vaincre ses "oublis" pathologiques et se réconcilier avec son "Turkestan intérieur", qui, comme celui des Russes, des Chinois, et des Indiens, fut, et peut redevenir, un TIGRISTAN.

POUR SAUVER SES LYNX...ET SES HOMMES.
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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 14:11

COURAGE ET LUCIDITE AU PARLEMENT EUROPEEN
DEUX INITIATIVES COURAGEUSES ET COMPLEMENTAIRES PRISES PAR LES DEPUTES CE MOIS - CI

1.Un communiqué de France Nature Environnement nous apprend que le Parlement européen a adopté le 3 février dernier une résolution de première importance pour la protection et le développement des zones vierges de toute activité humaine.
Le parlement considère notamment que ces zones "constituent d'importants stocks de carbone, dont la sauvegarde est essentielle pour la protection tant de la biodiversité que du climat" et "doit être une priorité de la Commission dans sa stratégie de lutte contre les changements climatiques".


Il s'agit pour nous d'un élément supplémentaire de nature à pousser les autorités européennes (et  en particulier roumaines, voir à ce propos la page "Contradictions européennes, espoirs américains, publiée le 7 février dernier sur ce blog) à revoir de fond en comble la calamiteuse politique actuelle de destruction des territoires sauvages.

IMPLICATION INEDITE D'UNE TELLE RESOLUTION
Pour notre part, nous souhaitons insister sur l'aspect suivant, peu ou pas médiatisé jusqu'à présent :
en Europe occidentale, la plupart des écosystèmes ayant un fort degré de naturalité sont moins productifs et moins robustes que dans d'autres régions du monde historiquement mieux préservées, et ceci en tenant bien sûr compte des différences de proportions correspondantes aux différences de climats.
Les écosystèmes d'Europe occidentale ne possèdent plus l'intégralité du spectre faune - flore avec lequel ils ont coévolué au cours des siècles passés, certaines espèces douées d'un fort pouvoir structurant, notamment des grands carnivores comme les félins géants, ayant été artificiellement exterminés.
A nos yeux, les citoyens de l'Europe seraient dès lors bien avisés de faciliter la reconstitution progressive de ces écosystèmes, laquelle s'accomplirait d'ailleurs d'elle même au fur et à mesure que de grands animaux sauvages, notamment carnivores, aménageraient de nouveau ces territoires, à l'instar de ce que permettait la présence féconde de leurs ancêtres.
LA PRESENCE DE GRANDS FELINS SUR LE TERRITOIRE EUROPEEN SERAIT DONC AUSSI UN OUTIL NON NEGLIGEABLE DE LUTTE CONTRE LES CONSEQUENCES LES PLUS DESASTREUSES DU CHANGEMENT CLIMATIQUE.

2. Aujourd'hui mardi 17 février, les députés européens de la commission Environnement du Parlement se sont prononcés à une quasi unanimité pour des "sanctions effectives, dissuasives et proportionnées" contre les personnes ou les entreprises commercialisant du bois ou des produits dérivés du bois coupés illégalement (cette disposition doit encore être approuvée en session plénière puis acceptée par les gouvernements européens pour entrer en vigueur).
Les européens se sont ainsi prononcés sur des propositions de la Commission Européenne (loi FLEGT) faites le 15 Octobre 2008 (voir sur le site "4 continents pour les tigres", le document PDF "Europe et grands félins").
Près du cinqième des importations de bois dans l'UE proviennent de sources illégales, selon la Commission.
Actuellement, 13 millions d'hectares disparaissent officiellement chaque année. La déforestation est responsable d'environ 20% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Malheureusement, les objectifs fixés par la Commission restent  à ce jour très en dessous du minimum indispensable pour éviter une catastrophe écologique et humaine majeure. il s'agit en effet pour elle "d'arriver à réduire la déforestation tropicale de 50% en 2020 et de stopper la diminution de la couverture forestière en 2030".

Or, aujourd'hui, ces sylves humides, théoriquement ininflammables, commencent à s'assécher, sous l'influence des modifications climatiques. Elles risquent désormais de subir des incendies particulièrement destructeurs, comme ceux que l'Australie connaît actuellement. Et si elles viennent à brûler, elles deviendront des producteurs de carbone, accélérant de ce fait le changement climatique qui leur est déjà tant préjudiciable.

On voit désormais à quel point la destruction des grandes flore et faune sauvages est UNE FOLIE SUICIDAIRE.
Les forêts australiennes ont subi leurs premiers incendies dramatiques, qui ont transformé ce territoire en continent le plus aride au monde, il y a 50 000 ans, immédiatement après l'extermination, par les premiers colons humains, des herbivores et des carnivores géants qui  peuplaient et aménageaient ces espaces...


D'où l'importance cruciale de la mise en oeuvre de politiques suffisamment vigoureuses pour assurer concrètement aux forêts leur protection, réexpansion et réensemencement en animaux géants.

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7 février 2009 6 07 /02 /février /2009 07:39
CONTRADICTIONS EUROPEENNES, ESPOIRS AMERICAINS

LE MAUVAIS COTON DE L'EUROPE
L'entrée d'un pays dans l'Union Européenne serait elle synonyme de menace aggravée pour ses ecosystèmes naturels?  La Roumanie est, depuis quelques mois, engagée dans un programme de destruction systématique de la faune sauvage  de ses parcs naturels, dans le but avoué de transformer ceux - ci en zones d'activités agricoles et industrielles. C'est notamment le cas sur l'île danubienne de Letea, où se côtoient notamment pélicans et  chevaux sauvages. Cette zone du delta correspond  aux milieux fréquentés prioritairement, autrefois, par le tigre eurasien , de la mer noire à la mer d'Aral... Cette folie administrative rappelle singulièrement celle  des autorités russes dans la première moitié du siècle dernier, qui ordonnèrent le massacre méthodique des tigres, léopards, guépards, hyènes et même lions araliens relictuels avant de transformer leurs milieux de vie en champs de coton, condamnant la culture nomade à la mort et ses représentants à la misère, sans parler de la tragédie vertigineuse de la mer d'Aral... Aujourd'hui, c'est au lac Baïkal lui - même que les autorités régionales bouriates comptent s'attaquer...

La Roumanie, compte, par ailleurs, près de 6000 ours. Doit - on s'attendre, pour ces plantigrades, à un destin semblable à celui du lynx en Espagne, qui, dans les années 60, avait des populations aussi importantes que les ours roumains - certains avaient adopté l'extraordinaire comportement de prédation des sangliers, adultes inclus - avant de subir un effondrement des effectifs à moins d'une centaine d'individus en 40 ans... Toutefois, après une bonne année de reproduction en 2008, aidée par des efforts significatifs des autorités espagnoles, la population est remontée à environ 200 individus.
Un projet de réintroduction, à terme, du lynx boréal dans les Pyrénnées espagnoles, est engagé.


La vie sauvage dans l'Europe du 21ème siècle est - elle donc destinée à une présence élusive et temporaire dans quelques zones encore difficiles d'accès et sans intérêt économique aux yeux des humains?
J'ai passé mon enfance dans un petit village des Combrailles auvergnates: St Pardoux. Nous avons passé, mon frère jumeau et moi, de longs et formidables moments à arpenter collines et taillis d'un paysage mi agricole (dans le sens traditionnel du terme) mi sauvage, qui a structuré notre personnalité et notre représentation du monde. Néanmoins, j'étais loin d'imaginer qu'à quelques kilomètres de notre lieu d'habitation, les gorges de la rivière Sioule abritaient certaines zones particulièrement escarpées que ni homme ni chien n'avait foulé depuis des décennies... au moins.... (selon l'expression du naturaliste auvergnat Christian Bouchardy). En  2002, la découverte d'une hyène striée échappée d'un cirque ambulant dans des gorges de la chaîne des Rhodopes, dans le Sud - Ouest bulgare frontalier de la Grèce, m'a rappelé la visite, dans l'école de mon village, d'un cirque probablement très semblable, avec une hyène et un ours. A cette époque (années 60), on voyait encore régulièrement des nomades en roulotte passer au village...
Les gorges de quelques rivières centre asiatiques avaient été l'ultime refuge de grands prédateurs dans les années 30. Au Tadjikistan, un parc naturel fut créé dans une zone du Fergana particulièrement tourmentée, appelée "le ravin des tigres" où ces animaux parvinrent à se maintenir officieusement jusque dans les années 60...


ESPOIRS AMERICAINS
Personne n'ignore la tragédie absolue de la Nature aux Etats - Unis au cours des deux derniers siècles. Et pourtant... Les bisons, dont les immenses troupeaux recouvraient la Grande Prairie au 19ème siècle, et dont il ne restait que deux douzaines d'individus au début du siècle dernier, sont désormais 150 000, élevés, dans des zones de déprise agricole et de baisse de la présence humaine, par des passionnés d'espaces sauvages et de culture des indiens des plaines.
L'un d'entre eux, Paul Deprêt,  un indien Lakota, a décrit une scène de la vie sociale de son troupeau.
Lors d'une migration, un petit, exténué et malade, resta en arrière pour se laisser mourir. Au bout de quelques minutes, un groupe de jeunes bisons vinrent lui prêter "corne forte", s'efforçant longuement de le remettre sur ses pattes. Voyant que leur tentative était vaine, ils le tuèrent, puis repartirent. Peu après, l'ensemble du troupeau revenait sur ses pas pour que chacun, l'un après l'autre, puisse rendre un dernier hommage à leur jeune congénère.
Le Lakota expliqua alors que les bisons ne pouvaient vivre sans les indiens, ni les indiens sans les bisons. Maintenant qu'il y avait plus de bisons, le nombre d'Indiens aussi augmentait (depuis quelques années, de nombreuses personnes issues des communautés blanche et noire deviennent des membres à part entière de la communauté indienne).
Il concluait ainsi:
"Je ne sais pas si je verrai de mon vivant 50 millions de bisons sur la Grande Plaine, mais je l'espère, car c'est de celà dont ce pays a besoin".
Les Etats - Unis retrouvent les sources de leur richesse d'antan. L'Europe peut et doit en faire autant.
Car c'est bien de celà, avant tout, dont notre continent a besoin.
Ces  informations sont tirées d'une émission du 4 Février 2009, "USA: le come - back des bisons", diffusée entre 20h et 20h45 sur ARTE.







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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 09:08

« 4 continents pour les tigres »

L’Europe d’abord en 2009

(consulter le site Avenir Tigres)


En août 2007, j’éditais « 4 continents pour les tigres ».

J’avais cherché ainsi à promouvoir un redéploiement global de la distribution des tigres dans le monde, par des plans de réensauvagement ciblés d’animaux captifs dans des espaces naturels préparés à les accueillir.


Aujourd’hui, il s’agit de passer à une initiative concrète sur le terrain.

En préparation à celle – ci, le sujet doit être précisé et affiné.

Dans ce but, depuis le début de l’année 2009, j’ai réorganisé quelque peu le site, autour d’un document concernant plus spécifiquement l’Europe, son histoire et ses perspectives, en lien avec ceux, grands félins notamment, qui furent historiquement des représentants importants de sa faune de grands prédateurs.


La nouvelle présentation du site doit donc être comprise comme suit :


  1. « Qui est vraiment le tigre » (réalisé en décembre 2007), est en position initiale, inchangée.


Les documents 2 à 6 gravitent autour de la question européenne.


  1. « Ressusciter les tigres occidentaux » (réalisé en Août 2007), devient une simple introduction au document « Europe et grands félins ».

Une première actualisation de ce texte avait été publié dans la lettre de la SECAS 52 (Janvier 2008) sous le titre : « un tigre européen oublié ».

Une deuxième actualisation verra prochainement le jour sur ce blog.


  1. « Europe et grands félins " constitue désormais le véritable corps du sujet du site. Rédigé en Décembre 2008 (dernière modification en février 2009, le dossier sera régulièrement actualisé), il est, de fait, un important prolégomène à une initiative concrète sur l’Europe et sa grande faune, sous tendue par une démarche à caractère politique au sens plein du mot.

L’Europe est en effet un véritable carrefour des faunes africaine et asiatique : ainsi, le chacal afrasien est toujours présent dans les balkans. 

Des observations concernant la présence de la hyène striée dans des gorges de la chaîne des Rhodopes ont même été répertoriées en 2002. Une hyène svait été retrouvée morte sur une route traversant cette zone, qui longe la frontière bulgaro - grecque.  Mais il s'agissait peut - être d'un individu échappé d'un cirque ambulant qui avait passé dans la région deux semaines auparavant...

Le renard roux, fréquent non seulement en Eurasie ( Grande-Bretagne et Japon inclus), en Amérique du Nord et même en Australie où il a été introduit, vit aussi dans certaines régions sahariennes… Le seul continent qu’il n’ait pas au moins partiellement colonisé est l’Amérique du Sud.

Dans l’antiquité, le lion avait une distribution semblable à celle du chacal aujourd’hui. Il n’est même pas exclu qu’en outre, le lion « de Barbarie » (Afrique du Nord) ait occupé certaines régions d’Italie, d’Espagne et de France méridionale, impliquant dans cette hypothèse la présence de deux types de lions distincts sur le territoire européen.

Historiquement, l’Europe a hébergé jusqu’à 15 espèces de grands mammifères prédateurs terrestres.


  1. « Avenir des tigres captifs », rédigé en Avril 2008, devient une première annexe à « Europe et grands félins ». On peut en retrouver l’essentiel dans la Lettre de la SECAS 55 (Novembre 2008) sous le titre : « Etats – Unis, Europe, Russie et leurs grands félins captifs : la croisée des chemins ».


  1. « Le syndrome du félin géant », rédigé en août 2008, constitue la deuxième annexe à « Europe et grands félins ». Il précise et détaille un caractère essentiel de la relation au grand prédateur : la dimension spirituelle.

Certains aspects essentiels de ce texte seront actualisés sur ce blog dans « Comment sortir du syndrome de Bruno ».


Les pages qui suivent avaient toutes été éditées en Août 2007.


  1. « Sibérie… » devient une « page carrefour », à la fois conclusion pour l’Europe et introduction pour l’Amérique.


7 et 8 présentent les possibilités de redéploiement des tigres sur des terres où ils n’ont pas été officiellement répertoriés lors de la période historique.


« Amérique… » exprime le potentiel très important de ce continent, disposant (aux USA notamment) à la fois des plus fortes populations d’animaux captifs, d’immenses espaces encore largement préservés, des organisations de défense de l’espèce les plus puissantes au monde, et même, désormais, d’un président, Barack Obama, beaucoup plus attentif que ses prédécesseurs à la condition animale.

« Avenir des tigres captifs » concerne ce continent au moins autant que l’Europe et la Russie.


« Afrique : des terres australes accueillantes » évoque notamment l’expérience de sauvegarde de la souche des tigres de Chine du Sud par le transfert d’un couple dans la vallée du Laohu en Afrique du Sud initié par Li Quan, en vue d’un futur réensauvagement des prochaines générations.

Aujourd’hui (début 2009), du fait de cette initiative, 15% de la population totale (captive + sauvage) de tigres de Chine du Sud vit dans la vallée de Laohu !


9 et 10. L’Inde, dernier territoire au monde à peut – être compter plus de 1000 individus sauvages sur son sol, et la Chine, qui fut le paradis de l’espèce aux temps préhistoriques (en tant que carrefour de la Sibérie et du Sunda) ferment la marche des pages thématiques du site.

Des données actualisées sur la Chine ont été par ailleurs publiées dans les numéros 53 (Avril 2008) et 54 (Juillet 2008) de la lettre de la SECAS.

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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 09:02

LE TIGRE EN EUROPE

DEMAIN, UN JUSTE RETOUR


Ce blog rend compte d’une action politique et civilisationnelle, en tant que

support à un projet politique européen global, axé sur une refonte complète de l’occupation du territoire destiné à l’établissement d’un partage équilibré entre dynamique naturelle et activités humaines.

Cette révolution paysagère en entraîne une autre, celle des relations entre communautés humaines et faune sauvage, grands prédateurs inclus.

A ce titre, le blog fonctionne en lien avec le site « 4 continents pour les tigres », qu’il précise et complète au besoin.


Le premier texte, qui précède immédiatement celui - ci, explique et précise les derniers remaniements du site :

« 4 continents pour les tigres » : l’Europe d’abord en 2009 .

 

Par la suite, en plus d’un point régulier sur l’évolution du projet, l’actualité des grands prédateurs, etc…, seront édités des textes sur les thèmes suivants :


Histoire européenne depuis 150 ans et grands prédateurs :

                                                  chronique d’un drame familial.

L’Europe détruit tout ce qui fait les fondements de sa culture. Elle « assassine ses proches » (annihilation des milieux naturels, extermination de la grande faune sauvage, destruction des cultures pastorales) puis « se suicide » (guerre civile 1914 – 1945, destruction des sociétés agraires traditionnelles, abîme consumériste).

 

 

 

 

Civilisation européenne :

comment sortir du « syndrome de Bruno ».

Une importante rétrocession de territoires à la Nature est indispensable à l’établissement de relations harmonieuses entre communautés humaines et

celle – ci sur le sol européen.

Celle – ci ne peut s’effectuer que si l’Europe reprend conscience de ce que fut vraiment sa culture originelle et ce qu’ elle impliquait.

Sans ce puissant effort réformateur, aucune posture de façade ne permettra de nouvelles relations entre communautés humaines apaisées et Nature restaurée .

Le fait suivant est de ce point de vue tout à fait révélateur.

En 2007 en Allemagne, les autorités ont, après bien des tergiversations, finalement décidé l’abattage du premier ours présent à l’état sauvage dans ce pays depuis plus de 160 ans, (baptisé « Bruno »).

Le discours compassionnel dominant à l’endroit des animaux sauvages n’a servi à rien  : il n’y a tout simplement pas de place pour un grand prédateur sauvage dans un pays moderne, les hommes ayant investi tout l’espace, et n’en voulant pas près de chez eux.

Les gens « aiment » les loups et les ours, mais à condition de ne jamais les voir, si ce n’est à la télévision où derrière des barreaux .

Jean Saint – Josse, candidat aux élections présidentielles en France en 2002 pour le compte du parti des chasseurs (Chasse Pêche Nature et Traditions) avait su au moins éviter cette hypocrisie en déclarant : « Les animaux doivent rester à leur place, sur le territoire, c’est l’homme » (sous – entendu : qui est prioritaire).

Le conflit de représentation est encore plus explicite chez le géographe Xavier de Planhol. Celui – ci décrit la conquête du monde par l’homme comme une véritable guerre d’extermination parfaitement légitime à l’encontre des grands animaux sauvages, et dont l’issue fut longtemps indécise (selon lui en tout cas). Il conclut son article, publié dans « L’Histoire » 338 de Janvier 2009, en ces termes, qui parlent d’eux – mêmes :

«Jamais l’animal sauvage n’acceptera le partage de la Terre. Et l’homme devra, sans défaillance, non seulement monter la garde aux frontières de l’espace qu’il s’est réservé, mais au cœur de celui – ci, veiller sans relâche, et tuer sans pitié. »


Un nouveau portrait du tigre européen

(officiellement disparu depuis le siècle dernier) à la lumière de données actualisées .


Ce que fut le Monde du tigre européen

(environnement floristique, faunistique et humain) :

un trésor d’une richesse qui défie l’imagination




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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 09:01

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  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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