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4 juillet 2012 3 04 /07 /juillet /2012 08:42

DOGGERLAND : Le véritable "coeur de l'Europe", situé dans l'actuelle Mer du Nord, reliait Angleterre et continent. Il comptait plusieurs dizaines de milliers d'habitants, ainsi que des troupeaux de mammouths, des lions des cavernes, des rênes... Il a été englouti il y a  entre 18000 et 5500 ans (voir Atlantico, ce jour).

http://www.atlantico.fr/decryptage/atlantide-redecouverte-quand-coeur-europe-battait-actuelle-mer-nord-409071.html

Modernité retrospective...

 

250px-Doggerland.svg

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3 juillet 2012 2 03 /07 /juillet /2012 09:38
Summary of US Congressional Briefing on June 22nd 2012 by Smithsonian Zoo and Save China's Tigers (Source : Save china's tigers, june 28)

The Smithsonian Conservation Biology Institute's Director Dr. Steve Montfort, and Save China's Tigers' Founding Director Ms. Li Quan, co-presented at the ICCF congressional briefing on June 22nd in Capitol Hill.

Below is a summary of the briefing:


The Role of Reintroduction: Ensuring the Continued Existence of Species in the Wild

The drivers of human-wildlife conflict often place enormous pressures on entire populations of flagship species. These threats can be so severe that, once dangers have been addressed, existing populations need to be supplemented with animals raised in captivity.

Both the Smithsonian National Zoo and Save China’s Tigers are pursuing innovative means of species preservation through reintroduction.

Dr. Monfort of the Smithsonian Conservation Biology Institute outlined the ways in which zoos can leverage their resources to reintroduce species on the brink of extinction into the wild.

The Smithsonian believes this method of species conservation will be increasingly important for the future, as the number of endangered species has increased steadily over the past ten years.

Save China's Tigers is leading one of the most famous current "rewilding" programs - first introducing South China tigers in South Africa, which offers ideal conditions for the tigers to relearn to hunt, and eventually releasing them back into South China.

In 2008, the organization had observed their greatest milestone in a pair of tiger cubs born in South Africa in the wild, after four years of training the tigers' parents to adapt to the environment. 14 tigers are now under Save China's Tiger, 11 of them born in South Africa.
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12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 08:10

REVIVISCENCE PROSPECTIVE : L' EUROSIBERIE

Cet article est une actualisation et un complément à ceux déjà consacrés sur ce blog à la culture européenne du tigre comme élément clé de la survie puis du réépanouissement humain du continent. Les plus importants à cet égard furent :

1. "Europe : le tigre ou la mort" du 14 juillet 2011 (repris et illustré le 19 juillet 2011 dans "Nature Sauvage et Civilisation", le blog de Stéphane Carbonnaux, il fut à la base d'une interview accordée au magazine "Elements pour une civilisation européenne" 141 (automne 2011), pages 42 - 43).

2. "Epopée de la lumière" du 4 décembre 2011 (repris et illustré dans "Nature Sauvage et Civilisation" du 5 mars 2012).

Voir aussi "L'Alternative" du 29 Décembre 2011, "Retrouver un temps printanier" du 21 mars 2012, "Oeufs d'or" du 26 Avril 2012.

 

LA GRECE A LA CROISEE DE SES PROPRES CHEMINS

Dans cinq jours, les élections législatives en Grèce donneront peut être, si le parti Syritza l'emporte et se trouve en mesure de gouverner, une coloration nouvelle à la "crise" européenne. Ce parti souhaite, en effet, un rapprochement avec la Russie, pays sans dette et à fort excédent, héritier de la culture byzantine. Cette perspective affole les zombies du finistère extrême occidental, alors qu'il relève de la simple logique économique, culturelle et historique. Les deux prénoms les plus fréquents en Russie ne sont pas slaves, mais scandinave (Vladimir) et grec (Alexandre), révélateurs du niveau d'influence des civilisations viking et byzantine sur le pays à partir du 10ème siècle. Par ailleurs, si la Grèce de l'antiquité a bien été une des matrices majeures de la pensée occidentale, son histoire et sa géographie furent afro - eurasienne pendant l'Antiquité (comptoirs de la mer Noire et civilisation gréco - slave, puis présence en Asie centrale et civilisation gréco -  bactrienne à partir du règne d'Alexandre, et civilisation gréco - égyptienne à travers ses successeurs de la dynastie Ptolémaïque), moyen - orientale pendant 13 siècles (empires byzantin puis ottoman),  enfin plus strictement balkanique (depuis la deuxième moitié du 19ème siècle),

Peut être la Grèce va t-elle à nouveau, comme le fit Dionysos à cheval sur un tigre, traverser le pont de pampre et de lierre ... (voir "Une si récente présence" du 30 mai). 

Une présence à venir aussi, celle du furieux Zagreus épidémique...

 

ARIDITES

De fait, Europe occidentale, Grèce et Russie sont respectivement et avant tout , malades d'elles mêmes. Elles subissent de plein fouet une crise énorme de représentation et d'identité, fruit du vide abyssal issu de la progression exponentielle du mode de vie sédentaire au détriment d'autres rapports à l'environnement. Ce phénomène sécrète une peur de l'altérité en général, qui s'exprime à travers une volonté de contrôle obsessionnel du corps social et de son environnement naturel (voir à cet égard le très éclairant, et sans doute indépassable - livre de François Terrasson "La peur de la Nature").

Le fond de l'affaire, c'est le mépris et la haine de soi. Nous avons renoncé à la Liberté, la Vie Sauvage, un comportement Adulte, et donc à toute la gamme de savoir faire et savoir être qui y sont associés,   pour la  sécurité et le confort supposés d'une vie domestique scandée par une infantilisation proliférante. Et notre nullité, insignifiance, inconsistance, incompétence nous dégoutent.

Le syndrôme obsidional qui gouverne notre Psyche commune est une des manifestations les plus crues de cette impuissance sénile.

J'avais souligné l'impérieuse nécessité, pour une culture vivante et fonctionnelle, d'un équilibre et d'une complémentarité entre modes de vie urbain, sédentaire horticole, pasteur nomade, chasseur cueilleur, semi aquatique et marin, etc...,  dans mon essai écohistorique "Europe et grands félins" à l'automne 2008 (format PDF téléchargeable à partir de la page d'accueil de mon site "4 continents pour les tigres"). Ceci resta peu ou prou opérationnel jusqu'au 18ème siècle en Europe occidentale. Le collapsus coïncide évidemment avec la Révolution industrielle (qui commence en Angleterre dans les années 1720) elle - même issue d'un changement de représentation qui fait la part belle à une pensée plus qu'asservissante : réificatrice). Il avait été précédé, deux siècles auparavant, par une victoire politique des sédentaires sur les nomades en Eurasie. Il reste aujourd'hui encore quelques traces de cette complémentarité sur le territoire de l'actuelle Russie et en Asie centrale.

 

FLUX AETERNA

La "crise" ne prendra fin que lorsque la continuité du flux socio - politique sera rétabli (re ligare). Lorsque nous ressentirons clairement à quel point renouer avec le Sauvage est libérateur. Le désharnachement des fleuves induit le décorsetage de l'Âme.

Le FLUX, c'est la PUISSANCE (DERJAVA en russe, TAURUS en latin, VIÂGRÂÂ en sanskrit - qui veut dire "LE TIGRE" - ).

 

"POSER SUR LE MONDE UN REGARD SANS HAINE" (Princesse Mononoke, film d'animation de Hayao Miyazaki, 1997)

Pour retrouver trace du jeu des eaux vives du passé, les îlots de limon fertile d'une Europe libre, élusive et ubiquiste, graines à partir desquelles l'Avenir peut à nouveau prendre forme et s'épanouir, j'ai choisi quatre refuges successifs des tigres et léopards européens autant que de modes de vie alternatifs aux métastases sédentaristes (Espace Nord - Sud Polésie / Crimée du Moyen Âge, Carpathes orientales d'une part et Russie méridionale entre Don et Volga d'autre part jusqu'au 17ème siècle, Sibérie jusqu'à aujourd'hui - espace désormais réduit à l'extrême Orient russe, qui fut transbalkaïque jusqu'au 20 ème siècle, et même transvolgaïque jusqu'au 18ème siècle).

Nous allons aussi montrer l'influence politique et sociale actuelle de ces ilôts et leur puissance catalytique pour l'Avenir politique et culturel d'un Continent en mal d'identité propre.

 

DE LA POLESIE A LA CRIMEE

J'ai montré à quel point la Polésie a été capitale dans l'Histoire de l'Europe (voir "Europe coeur battant" du 12 Avril 2010, et lire : Marie Pierre Rey. Flammarion 2012. L'effroyable tragédie. Une nouvelle histoire de la campagne de Russie (qui illustre, parmi beaucoup d'autres éléments, le rôle décisif des chevaux des steppes dans une victoire russe qui va réorienter l'Histoire européenne moderne)). Une partie de la région est dans une situation paradoxale de retour  à l'état sauvage et de la montée en puissance progressive d'une profusion floro - faunistique dans un milieu fortement contaminé par les radionucléides après l'accident de la centrale nucléaire de Tchernobyl en 1986.

A lire : T.A. Khvagina. 2005. Polesye. From the Bug to the Ubort. Minsk. Vysheysha shkola.

Le nom de cette immense zone de marais vient du slave "Pod - lese" qui signifie : "Sous la forêt".

C'est au Nord de cette région, "les marais de Pinsk" - la ville actuelle a comme armoiries un arc scythe -, où Vladimir Monomaque doit affronter un tigre à la fin du 11ème siècle, alors qu'il capture des chevaux sauvages dans les marais qui sont aussi les proies du félin (voir pages des 16 et 19 août 2009), lors d'une des chasses qu'il effectue entre Turov (actuelle Turaü en Biélorussie, dont les armoiries sont un archer scythe), et Tchernigov (actuelle Tchernihiv en Ukraine).

 

800px-Marsh. Polissia

 

                           Les marais de Polésie. Huile sur toile de 1896

 

Turov et Tchernigov sont en lutte contre le pouvoir kiévien. Après la mort de Mistlav, fils de Vladimir Monomaque, la Rus kievienne s'auto - détruit, implosant en une myriade d'apanages hostiles. Kiev est détruite en 1168 par le Prince de Vladimir Souzdal Andreï Bogoloubsky (d'ascendance nomade) et ne s'en relèvera pas.

La Russie actuelle, qui le revendique pourtant ostensiblement, s'est en réalité formée à partir de la Moscovie, principauté privilégiée par les Mongols lors des dernières décennies de l'occupation de la Russie par ceux ci, et qui finit par se retourner contre eux, quand, affaiblis par leurs conflits internes, ils ne purent s'opposer durablement à la créature qu'ils avaient nourrie et armée.

Jusqu'au 13ème siècle et l'intervention d'Alexandre Iaroslavitch Nevsky soutenu par les Mongols, Novgorod constituait le "comptoir" le plus oriental de la ligue Hanséatique (comme l'a montré Jean pierre Arrignon dans son livre "La Russie médiévale" paru en 2003).

L'Ukraine est également candidate à l'héritage, et ce plus logiquement eu égard aux aspects historiques et géographiques. De plus, Ukraine et Pologne furent étroitement liées entre 15ème et 17ème siècles : l'une des  principautés importantes de la Rus "kiévienne" au 13 ème siècle  était celle de Galicie - Volhynie, l'influence de l'Empire polono - lituanien aux 15ème et 16ème siècles fut déterminante, les Cosaques furent d'abord au service de la Pologne avant d'être au service de la Russie à partir de la deuxième moitié du 17ème siècle.

Un tsar polonais fut installé sur le trône de Russie en 1610, pendant "Le temps des troubles" à l'issue duquel (1612) fut véritablement fondée la Russie moderne.

Tout ceci relève, de fait, d'un conflit civil entre slaves qui peut (et doit) être dépassé, et n'a pas grand chose à voir avec des différences essentielles de culture.

Toutefois, la culture cosaque n'est pas (du tout) de nature sédentaire ni domestique. Elle est l'héritière directe, en Europe, de la culture scythe, de sa façon d'ëtre et de son savoir faire.  Or, c'est sur cette communauté que se sont appuyés russes et polonais pour régler leurs conflits géopolitiques, ainsi que ceux avec la Perse et l'Empire ottoman, notamment.

Comme l'a magnifiquement montré Iaroslav Lebedynsky ("Les Cosaques. Une société guerrière entre libertés et pouvoirs. Ukraine. 1490 - 1790." Editions Errance - Collection "Civilisations et cultures" 2004), il s'agit d'une société d'hommes libres, guerrière et démocratique, fondatrice de la culture ukrainienne. Leur Etat se situe sur un vaste ilôt  au milieu du Dniepr, "la Sitch". Représentant la seule démocratie véritable en Europe à cette époque, ces hommes vont porter plus haut que nul autre l'étendard de la Liberté. Pas "les libertés" d'Europe occidentale, qui sont un simple octroi du Pouvoir, et peuvent être retirées à la moindre fluctuation historique sans que quiconque ait le cran de s'y opposer réellement. La VRAIE LIBERTE.

Leur rôle sera décisif dans l'Histoire de l'Eurasie moderne, de la conquête de la Sibérie à partir du 16ème siècle à la victoire sur Napoléon dans la Guerre de 1812. Leur influence se fait sentir aujourd'hui, sur un plan essentiellement symbolique (mais pas sans importance) en Ukraine et sur un plan très concret en Sibérie. Nous allons y revenir plus bas par le détail.

 

XXème SIECLE : TENTATIVE D'ERADICATION DE LA CULTURE NOMADE ET DE SON ESPRIT DE LIBERTE : "HOLODOMOR".

L'idéologie sédentariste et réificatrice utilise son bras armé industriel à pleine puissance au siècle dernier (nous pensons spontanément à la destruction des Juifs d'Europe, "Shoah").

"Holodomor", "l'extermination par la faim", évoque, chez les ukrainiens, la famine artificielle provoquée par Staline et ses sbires pour briser la communauté et détruire sa culture, et qui provoqua la mort de plusieurs millions de personnes dans des conditions atroces (lire par exemple : Georges Sokoloff : 1933. L'année noire. Témoignages sur la famine en Ukraine. Edition française. Albin Michel. 2000. (Edition originale : 33-I : HOLOD. NARODNA KNYHA - MEMORIAL, Lidia Kovalenko & Volodymyr Maniak. Edité par Anton Maniak). La mortalité (à partir d'une base de 100/1000 en temps "normal"), monte à 183/1000 sur l'ensemble de la Russie, et à 367/1000 en Ukraine. Les communautés cosaques de Russie (Kouban, Don, Basse et Moyenne Volga, notamment la région de Stavropol) sont affectées dans des proportions encore supérieures. Mais les plus touchés sont les communautés nomades traditionnelles de l'Asie centrale soviétique : leur cheptel est entièrement détruit avant qu'on les fournisse en tracteurs qui ne marchent pas. Entre 1929 et 1931, un tiers de la population du Kazakhstan disparaît.

La destruction directe des tigres d'Asie centrale (ex tigres européens), puis de leur milieu (roselières et forêts alluviales) sont soit le prélude soit le complément en simultanéité à la destruction de la culture nomade et de son esprit de liberté (lire à ce sujet : Johnson P. 1991. The Birth of the Modern World Society 1815 - 1830. Harper Collins Publishers.)

 

                                               HOLODOMOR : PROLEGOMENES.

httichmenjev

    Tichmenjev : combat près de Barnaul (Altaï, Sibérie occidentale). Huile sur toile.

 

 

DANS L'UKRAINE D'AUJOURD'HUI, SOCIETE STRICTEMENT SEDENTAIRE A SYSTEME POLITIQUE OPPRESSIF : une illustration de la survivance des principes anciens, à travers les référents symboliques de l'opposante Yulia Timoschenko.

Après des débuts en belle brune moderne et libérée, Yulia Timoshenko a adopté la blondeur et la tresse de la femme traditionnelle ukrainienne, qui est aussi celle de la Berehynia, l'ondine (ou naïade) protectrice des berges et des marais, divinité féminine de la Russie kiévienne préchrétienne, à partir de 2004 et de la Révolution Orange, dont elle devient l'égérie aux côtés de Vladimir Ioutshenko, homme politique issue d'une famille cosaque. L'ondine divine est elle même un avatar de la grande élane astrale matricielle et lactescente, qui se déplace dans le firmament aux côtés de son faon, en qui les populations d'Europe occidentale voient plutôt, depuis la Préhistoire, une Grande Ourse et sa fille...

Comme on peut le voir dans "Naissances : Renaissance", page publiée sur ce blog le 30 mai dernier, Mme Timoschenko a adopté comme mascotte et emblême une tigresse blanche. A l'époque de la Kiev préchrétienne, la divinité protectrice de la cité de Tchernigov, opposée à Kiev, était accompagnée d'un tigre...

 

LES CARPATHES ORIENTALES

Elles furent probablement l'ultime refuge occidental des léopards et tigres européens, entre les 13ème et 18ème siècles, après leur éradication en Polésie ukrainienne et polonaise (voir notamment le document PDF "Europe et grands félins" déjà cité). "La carpathe boisée" (Bukovine du Nord) se situe à l'ouest de l'actuelle Ukraine. Elle correspond à une partie de la Galicie - Volhynie de l'époque kiévienne. La Bukovine du Sud, située en Transylvanie roumaine, est très comparable quant à la structure et les activités des communautés qui la peuplent à sa voisine septentrionale - petits éleveurs de montagne -, seule la langue varie. Elle correspond à la Marmatie de l'époque kiévienne.

La nouvelle "Le signe des ancêtres" publiée en 1913, a pour cadre cette région, et se déroule au sein de la communauté Houtsoule. Elle est, structurellement, une véritable Tragédie Grecque. De celle - ci sera tiré, en 1964, le célèbre film de Sergeï Paradjanov "Les chevaux de feu". Celui - ci est découpé en douze "chapitres" dont chacun correspond à un mois. Le premier est intitulé "Les Carpates, oubliées de Dieu et des hommes, terre des Houtsoules".

Les voïvodies de Galicie - Volhynie et de Marmatie furent vidées de leurs habitants par les envahisseurs mongols à partir de 1223, et ne se reconstituèrent démographiquement que 5 siècles plus tard. Entre temps, la plupart des villages de montagne restèrent abandonnés. Les voyageurs et cartographes évoquaient les "loca deserta", "terra sine incolis" ("terre inhabitée") et même "Regnum Arctorum" ("le Royaume des Ours").

La Bukovine fut, pendant ces 5 siècles, beaucoup plus vide d'hommes que la très montagneuse Svanétie géorgienne (Caucase du Sud), riche en tigres et léopards jusqu'au début du siècle dernier...

 

ENTRE DON "PAISIBLE" ET "MERE VOLGA". L'âge d'or des Cosaques, léopards et tigres en Russie centrale.

La prévalence du mode de vie et de la culture cosaque entre Azov et Caspienne entre 15ème et 18ème siècle assure le maintien d'un milieu favorable aux tigres et léopards. Si les interactions meurtrières avec les hommes libres, la plupart du temps à l'initiative de ces derniers, sont assez fréquentes, elles ne fragilisent pas leurs populations, l'écosystème étant maintenu dans sa puissance fonctionnelle globale. Les Cosaques, comme sur le Dniepr, se livrent dans ses régions, sur leurs stougs (barques monoxyles) à la pêche à l'esturgeon géant au harpon, qui s'apparente, face à certains individus immenses (voir le Musée zoologique de Leonid Kouriakine à Rybinsk) à la chasse à la baleine franche... Ils sont aussi pirates sur la Basse Volga...

 

LA SIBERIE, C'EST L'AMERIQUE.

Mandaté par des marchands de Novgorod, le cosaque Hyermak, fils d'un célèbre pirate de la Volga, se lance dans une odyssée sibérienne "transvolgaïque" via l'Asie centrale (dans les steppes de laquelle il mentionne des créatures qui étaient peut être des descendants relictuels des rhinocéros à fourrure) jusqu'à la mésopotamie entre Irtych et Ob. C'est la terre des Khantys et des Mansis (à lire : "La chatte qui a sauvé le monde" par Roman Rouguine, Eds Paulsen 2008 pour la version française). La conquête, trois siècles plus tard, atteindra le Pacifique (deuxième moitié du 19ème siècle) .

Terre de pionniers et d'aventuriers, la Sibérie est véritablement, pour la Moscovie, ce que l'Amérique est pour l'Angleterre (A lire : "La Russie et la tentation de l'Orient" par Lorraine de Meaux, Fayard 2010, "Histoire de la Russie d'Amérique et de l'Alaska", par Michel Poniatowski, 1978, Librairie Académique Perrin, et aussi  (livre pour les plus jeunes), "Le Cosaque au Tigre", nouvelle de Guth Joly, écrivaine et illustratrice à Montpellier, Editions Belin 2008, Collection "Terres Insolites").

L'AVENTURE, C'EST LA LIBERTE OU LA MORT.

En 1989, devant le Congrès des députés du peuple de l'URSS, l'écrivain sibérien Valentin Raspoutine, auteur (notamment), dans les années 60,  de "l'Adieu à l'Île", dans lequel il décrit la destruction d'une communauté par l'édification d'un barrage sur l'Angara, fit scandale en déclamant :

"Faire au Sibérien le reproche

D'avoir un couteau dans sa poche?

Le Russe est un chat de gouttière,

Le Sibérien, une panthère."

Il y a quelques semaines, le magazine moscovite Kommersant publiait, sous la signature d'Olessia Guerassimenko, un article nourri et circonstancié sur les revendications autonomistes des sibériens. Il en fut traduit de larges extraits, très édifiants, dans le Courrier International 1126 paru le 31 mai dernier (pages 18 à 20) sous le titre : "Marre d'engraisser Moscou" : la Sibérie réclame l'autodétermination. La coloration générale est fort différente de celle de l'opposition urbaine de Russie occidentale, moscovite et  petersbourgeoise en particulier. La manière d'être et de penser évoque plus la tradition libertarienne américaine. Il est dit notamment que "La Horde nous prenait 10%, Poutine nous prend 70%"...

Il ya une très forte intrication entre défense de l'environnement et dimensions socio - politiques. La défense victorieuse de la vallée de la rivière Bikin l'an dernier, celle de la Chilka cette année, ont été les premiers et principaux catalyseurs de la contestation sociale et territoriale (voir les manifestations "Live Taïga" du 5 Juin au 20 Août 2012 puis en 2013, sur le site du WWF Russia - publication du 6 Juin 2012 -).

Si le Russe est un chat, le Sibérien est une panthère. Si le premier est un ours, le second est un tigre des neiges, qui met assez fréquemment le premier à son menu. Et qu'il chasse avec un talent consommé, attendant son heure, allant jusqu'à rendre les indices olfactifs ou matériels de sa présence indifférents "non repulsive" pour sa proie, laquelle va jusqu'à partager son antre (comme l'ont montré Yudakov et Nikolaev en 2004).

Il existe même des ours parasites "satellite bears" qui suivent méthodiquement le tigre pour profiter de ses restes... (Voir Dale Miquelle et ses collaborateurs dans "International Bear News").

 

"REGNUM ARCTORUM" n'est peut être qu'une formule "satellite", derrière laquelle se dissimule un élusif mais bien réel TIGRISTAN européen.

 

                                                      UNE FORET SI EUROPEENNE...

09                                       Parc National Zov Tigra, Primorye, extrême - orient russe

Du côté chinois de la frontière, dans la ville de Hulin ("La forêt du tigre"), a été bâtie sur les rives du fleuve Oussouri la statue de tigre la plus gigantesque au Monde.

Pour le visuel, voir le bandeau déroulant sur la page d'accueil du site du Gouvernement de Hulin :

http://www.hljhulin.gov.cn/


 




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2 juin 2012 6 02 /06 /juin /2012 06:28

La tigresse blanche mascotte de la campagne de Yulia Timochenko en 2009, a donné naissance, le mois dernier, au zoo de Yalta, à 4 tigreaux blancs, dont un albinos.

 

White tiger that fronted Yulia Tymoshenko's campaign to be Ukraine PM gives up life of politics to raise a family
  • Supporters hope news will cheer jailed former presidential candidate

By Sara Malm

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After a long and successful career in political spin, Tigryulia the tiger decided it was time to paws and focus on being a stay-at-home mum.

The white feline became a household name in Ukraine after being a poster cat for the now jailed Yulia Tymoshenko's presidential campaign

Tigryulia is now back in the spotlight after giving birth to four adorable little cubs, including one very rare albino one.

Talk about Tiger Mom! Tigryulia holds her newborn cub at the Skazka Zoo in Yalta, Ukraine

 Tigryulia holds her newborn cub in her mouth at the Skazka Zoo in Yalta, Ukraine

Tymoshenko's supporters hope that her tiger friend's joy of motherhood will help lift her spirit as she still remains in prison serving a seven year sentence for abuse in office.

It is widely know that Tymoshenko used the three-year-old Bengali tiger as a symbol of her determination to win the presidential campaign in 2009.

'These are really very rare tigers,' said Oleh Zubkov, head of Skazka Zoo in Yalta where Tigryulia and her family lives.

Tigryulia's path to fame started when the then four-month-old tiger was bought at a Swiss zoo and presented to Tymoshenko, the charismatic Orange Revolution heroine, at a children's festival.

Tymoshenko, who then served as prime minister and was running for president, fell in love with the tiger and made the animal a key image of her campaign, with posters of Tymoshenko tenderly holding Tigryulia dotting the country.

Afterward, Tigryulia was placed in the Yalta zoo and a Tymoshenko ally brought in her six-year old partner Patrice, from France to keep her company.

Adorable: The three white tiger cubs cuddle with their albino sibling shortly after being born. The zoo has launched a competition to find names for all of them inspired by Yulia Tymoshenko

 The three white male cubs cuddle with their albino sister shortly after being born. The zoo has launched a competition to find names for all of them inspired by Yulia Tymoshenko

 

Their first meeting: Yulia Tymoshenko is presented with Tigryulia as a cub in 2009 at the beginning of her campaign

Their first meeting: Yulia Tymoshenko is presented with Tigryulia as a cub in 2009 at the beginning of her campaign

Perhaps not unsurprisingly the fierce tigress and the Frenchman did not get off to the best start and in the beginning zoo workers had to separate the animals with a metal fence.

However after seeing her man being put behind bars, Tigryulia changed her mind about Patrice and finally the tigers mated.

While Tigryulia settled in marital bliss, her fellow campaigner faced darker days.

Tymoshenko lost the 2010 presidential election to President Viktor Yanukovych and was sentenced to prison last October in a trial which has widely been condemned as a politically motivated show trial.

For nearly three weeks, Tymoshenko was on a hunger strike after prison officials allegedly beat her.

 

 

She ended it on Wednesday when a German doctor was allowed to supervise her treatment for severe back pain at the clinic in the city of Kharkiv.

Yanukovych has resisted strong pressure from the European Union and the United States to release Tymoshenko, and she has become the target of new charges and investigations.

Back in Skazka Zoo, Oleh Zubkov and his colleagues has launched a contest to name the four cubs with each name containing the sound 'Yu' to honour Yulia Tymoshenko.

In the meantime, he has sent photographs of Tigryulia and her cubs to Tymoshenko in prison.

He said that he hopes that Tymoshenko 'will enjoy these photos at such a difficult period of her life and that they will cheer her up.'

The poster with Tymosneko and a Tigryulia reads: 'Tear for Ukraine'. The tigress was the symbol of Yulia Tymoshenko's presidential election campaign, representing her ferocious resolve

Fierce ladies: The poster with Tymosneko and a Tigryulia reads: 'Tear for Ukraine'. The tigress was the symbol of Yulia Tymoshenko's presidential election campaign, representing her ferocious resolve



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30 mai 2012 3 30 /05 /mai /2012 09:24
LE LEOPARD ETAIT ENCORE PRESENT EN EUROPE (ET PAS SEULEMENT DANS LA REGION CAUCASIENNE DE CELLE - CI), DANS LA PERIODE CONTEMPORAINE.
UKRAINE : Mehmet Ertüzün ( voir son site "The last anatolian leopard"), spécialiste du léopard, indique que celui-ci était présent, au début du XXème siècle, sur la côte Nord Ouest de la Mer Noire. Des individus erratiques en provenance de Turquie pouvaient donc hanter les environs d'Odessa il y a un siècle.

 

GRECE : à la fin du 18ème siècle, un léopard de Turquie occidentale se retrouva accidentellement sur l’île grecque de Samos après avoir traversé le bras de mer,  où ses interactions avec les habitants défrayèrent la chronique. Il fut appelé "Kaplani" par les habitants de l'île (du turc "Kaplan" qui veut dire "le Tigre"). Son corps fut embaumé et cédé au Museum d’Histoire Naturelle de la mer Egée où il est toujours exposé aujourd’hui (voir article Wikipedia sur "Anatolian leopard") . Plus récemment (années 1980),  un guide nommé Vedat Palendoken affirmait que huit à dix léopards étaient vus chaque année du côté de Hakkari et que des gens en avaient aperçu sur la péninsule de Dilek, en face de Samos, et dans des zones proches, dont un de couleur noire. Au début des années 90, le biologiste Tansu Gurpinar estimait qu’une dizaine de ces léopards habitaient les montagnes côtières de l’Ouest de la Mer Noire dans la partie Nord de la Turquie et au Sud des MontsTaurus (voir Yves Christen, Le peuple léopard, 2000, Eds.Michalon).

 

 

UN GRAND FELIN FONDATEUR DE LA CIVILISATION EUROPEENNE.

 Dionysos le Zagreus  va vers l’Ouest, sous la forme d’un tigre, ensemencer la Grèce : il séduit la nymphe Alphésibée qui traverse le Stollax juché sur son dos. Celle – ci se retrouve enceinte sur l’autre rive, et le fleuve change d’hydronyme pour devenir le Tigre. Par la suite, Dionysos repart vers l’Est (jusqu’en Bactriane). En chemin, il fonde Damas, puis franchit l’Euphrate sur un pont de pampre et de lierre, à cheval sur l’animal. Parfait reflet écologique du grand fauve, il est à la fois "celui qui aime la chair crue" et "le protecteur des arbres".

Le tigre restera européen au moins jusqu'au 12ème siècle en Ukraine, au 15ème sur la Volga, au 19ème dans le Caucase.

 

LA SITUATION EUROPEENNE ACTUELLE N'EST QU'UN HYATUS TRES PROVISOIRE.                                                                                                                            

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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 16:34

DOULEURS AFRICAINES.

Panthera tigris sudanensis est supposé être une sous espèce africaine de tigre, découverte en 1951 par Paul. P. Deraniyagala, à partir d'une peau de l'animal sur le marché du Caire. Ayant demandé au marchand d'où provenait cette peau, celui - ci lui répondit que l'animal avait été abattu au Soudan (Ex Nubie)...

Le peintre Jean Léon Jérôme, 80 ans plus tôt, avait illustré une scène étrangement similaire. Le tableau concerné s'intitule "Marchand de peaux, Le Caire" 1869. On peut voir des reproductions de ses oeuvres sur les sites qui lui sont consacrés ou via Wikipedia.

Le même artiste illustra un "Tigre mort" en 1885. Il se faisait l'écho pictural, cette fois, du poème de Victor Hugo : "La douleur du Pacha", que voici.

 

La douleur du pacha

- Qu'a donc l'ombre d'Allah ? disait l'humble derviche ;
Son aumône est bien pauvre et son trésor bien riche !
Sombre, immobile, avare, il rit d'un rire amer.
A-t-il donc ébréché le sabre de son père ?
Ou bien de ses soldats autour de son repaire
Vu rugir l'orageuse mer ?

- Qu'a-t-il donc le pacha, le vizir des armées ?
Disaient les bombardiers, leurs mèches allumées.
Les imans troublent-ils cette tête de fer ?
A-t-il du ramazan rompu le jeûne austère ?
Lui font-ils voir en rêve, aux bornes de la terre,
L'ange Azraël debout sur le pont de l'enfer ?

- Qu'a-t-il donc ? murmuraient les icoglans stupides.
Dit-on qu'il ait perdu, dans les courants rapides,
Le vaisseau des parfums qui le font rajeunir ?
Trouve-t-on à Stamboul sa gloire assez ancienne ?
Dans les prédictions de quelque égyptienne
A-t-il vu le muet venir ?

- Qu'a donc le doux sultan ? demandaient les sultanes.
A-t-il avec son fils surpris sous les platanes
Sa brune favorite aux lèvres de corail ?
A-t-on souillé son bain d'une essence grossière ?
Dans le sac du fellah, vidé sur la poussière,
Manque-t-il quelque tête attendue au sérail ?

- Qu'a donc le maître ? - Ainsi s'agitent les esclaves.
Tous se trompent. Hélas ! si, perdu pour ses braves,
Assis, comme un guerrier qui dévore un affront,
Courbé comme un vieillard sous le poids des années,
Depuis trois longues nuits et trois longues journées,
Il croise ses mains sur son front ;

Ce n'est pas qu'il ait vu la révolte infidèle,
Assiégeant son harem comme une citadelle,
Jeter jusqu'à sa couche un sinistre brandon ;
Ni d'un père en sa main s'émousser le vieux glaive ;
Ni paraître Azraël ; ni passer dans un rêve
Les muets bigarrés armés du noir cordon.

Hélas ! l'ombre d'Allah n'a pas rompu le jeûne ;
La sultane est gardée, et son fils est trop jeune ;
Nul vaisseau n'a subi d'orages importuns ;
Le tartare avait bien sa charge accoutumée ;
Il ne manque au sérail, solitude embaumée,
Ni les têtes ni les parfums.

Ce ne sont pas non plus les villes écroulées,
Les ossements humains noircissant les vallées,
La Grèce incendiée, en proie aux fils d'Omar,
L'orphelin, ni la veuve, et ses plaintes amères,
Ni l'enfance égorgée aux yeux des pauvres mères,
Ni la virginité marchandée au bazar ;

Non, non, ce ne sont pas ces figures funèbres,
Qui, d'un rayon sanglant luisant dans les ténèbres,
En passant dans son âme ont laissé le remord.
Qu'a-t-il donc ce pacha, que la guerre réclame,
Et qui, triste et rêveur, pleure comme une femme ?... -
Son tigre de Nubie est mort.

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23 mai 2012 3 23 /05 /mai /2012 05:23

L'ARDECHE DU NORD - EST.

 

En 1989, dans la station Cherskii en République de Sakha (Yakoutie), Sergeï Zimov lançait le projet du "Pleistocene Park", reconstitution progressive d'une steppe à mammouth. Le plan s'étale sur des dizaines d'années. Les premières étapes ont consisté en l'introduction de grands herbivores (rennes, bisons, boeufs musqués). Le but ultime est d'assurer la fonction prédatrice des lions des cavernes de la préhistoire par des tigres eurosibériens, à l'endroit, aussi, in fine, de mammouths reconstitués. 

En 2005, il publia un article sur le sujet dans la revue Science. "Pleistocene Park: Return of the Mammoth's Ecosystem
Science, Vol 308, Issue 5723, 796-798 , 6 May 2005".

La littérature scientifique y fait régulièrement référence depuis lors, jusqu'à 2012.

 

En 2008, Evgeny Kashkarov et son équipe démontrèrent l'ampleur des migrations vers le Nord de trois grands félins, la panthère des neiges, le léopard de l'Amour et le tigre de l'Amour, en lien avec des cycles d'environ 88 ans induisant des fluctuations climatiques . Global warming and the northern expansion of the big cats of Asia. 2008. Cat News 48, 24 - 27.

 

Dans la Revue annuelle qu'Evgeny dirige (Rhytme), j'avais publié, en 2010, un article  insistant sur la nécessaire constitution, en complémentarité avec la région principale Dniepr - Volga, de plusieurs zones transfrontalières de résurgence de la grande faune, dont une zone "béringienne" (Nord du Kamtchatka et Yakoutie à l'Ouest, Alaska à l'Est). Sennepin (A). 2010. L’avenir du tigre est en Russie. Publié en russe dans traduction assurée par Olga Kluchnikov).
(Ален Сенпен. Будущее тигров – в России // Rhythm Journal-журнал РÍТМ, 2010 (5), 96-104.

 

En Mars et Avril 2012, lors d'une étude de terrain, Evgeny a constaté, à sa grande surprise, la vraisemblable présence en Yakoutie (région de la Chukotka) de panthères des neiges et de tigres eurosibériens. Il est impossible en l'état de trancher entre une migration très poussée vers le Nord où une survivance depuis le Pleistocene. Les clichés des empreintes que lui a transmis Rodion Visolobov, qui vit au bord de la mer de Behring, sont sans équivoque. Rodion recueille des témoignages sur le "big snow cat" depuis les années 60. Il publiera son article dans "Rhytme" cet été.

 

Dans les années 1980, Rodion avait transmis au naturaliste Nikolaï Vereschagin des éléments sur "l'Irkuiem", ours gigantesque (beaucoup plus volumineux que les ours bruns du Kamtchatka et de Béringie orientale, pourtant considérés comme les plus grands du monde). Dans un article publié en 1987, celui ci avait conjecturé la survie de l'ours à face courte (Arctodus simus), mammifère carnivore le plus volumineux des 20 000 dernières années, officiellement éteint à la fin du  Valdaï ("Wurm" pour les européens, Wisconsin" pour les américains), c'est à dire le dernier épisode glaciaire. D'autres hypothèses furent proposées (notamment, en 1989, celle de la constitution, dans le Nord du Kamtchatka, d'une colonie permanente d'ours polaires de dimensions extraordinaires...)

 

Le binôme ours / félin géants constitue le révélateur d'un écosystème préservé à puissante fonctionnalité, tel qu'il existait, par exemple, en Ardèche il y a plus de 30 000 ans (voir page blog "Modernité prospective" du 21 août 2011).

 

Une fois le financement assuré, Evgeny et Rodion vont réaliser une nouvelle enquête de terrain, large et approfondie.

Avec une équipe renforcée.

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 08:39

PATIENCE ET LONGUEUR DE TEMPS

 

"Invente un Empire où, simplement, tout soit fervent."

Antoine de St Exupéry

 

Constat d'évidence : le Monde est victime du vibrionisme individualiste, par lequel tout est soumis à la dictature impérieuse de l'immédiateté. Ceci  produit en tout domaine une vitesse erratique, perturbatrice et dévastatrice.

Le présentéisme nous appauvrit tous en tuant la Poule aux oeufs d'Or.

La Vie, la Mort, l'Âme s'en trouvent péjorées, voire annihilées.

La Résistance consiste à "se sauver de la dégradante servitude d'être l'enfant de son temps" (Chesterton).

 

La Sacralité est intimement liée à la Mort. Nous avons montré (voir "La vision matricielle" publiée le 10 mars 2012) à quel point l'Image animale était un paysage intérieur participant au premier chef de l'une comme de l'autre, d'une puissance particulière dans la structuration socio psychologique de l'Humanité.

Les Dieux n'étaient pas immortels à proprement parler, au même titre que lions et tigres gigantesques d'antan. Ils eurent leur crépuscule (en un siècle, diminution par 30 des populations de tigres et lions sauvages). Mais ils étaient de puissants référents de l'idée d'Immortalité.

Steward Brand, un penseur américain, travaille à l'élaboration d'une horloge monumentale destinée à fonctionner pendant 10 000 ans, que l'on pourrait visiter, et qui inciterait les gens à penser sur le long terme, au travers de cette incarnation du temps dans toute sa profondeur.

Les processus probiotiques sont les agents d'une fonctionnalité sacrée, dont les piliers sont les organismes les plus vieux et les plus volumineux (voir "La véritable force" du 2 décembre 2011, "dragon Bleu ou Requiem" du 14 mars 2012, "retrouver un temps printanier", du 21 mars 2012, et "Lion Yakoute" du 8 Avril 2012). La puissante harmonie de celle - ci s'exprime à travers une fulgurante et impérieuse Beauté.

Laisser du temps au temps,  c'est s'assurer la création et le maintien dans le très long terme d'une formidable manne, généreusement dispensée à tous et sans cesse renouvelée (esturgeons  et silures d'au moins 150 ans, moules perlières d'eau douce de 200 ans, palourdes islandaises de plus de 400 ans).

La morue a nourri quatre continents pendant cinq siècles (Marc Kurlansky, Un poisson à la conquête du Monde, J.C. Lattès 1999), et le caviar comme le homard furent longtemps des produits GRATUITS. Chasseurs - cueilleurs et animaux sauvages ont consommé et consomment encore du caviar rouge partout où les saumons étaient où sont encore abondants. Quant au caviar d'esturgeon, le plus réputé sur le plan gustatif  est le caviar blanc, produit par les femelles les plus volumineuses parce que les plus âgées (et voilà bien le seul domaine où peut s'établir une hiérarchie légitime entre noir, gris et blanc...).

L'esturgeon géant belouga, présent de l'Adriatique à la Caspienne, est appelé "le Leviathan et Mathusalem du Monde des eaux".

Le homard était offert aux nécessiteux, au 19ème siècle, en Amérique du Nord. Dans le Massachusetts, on  finit par interdire de leur en proposer plus de deux fois par semaine, car la chose devenait trop monotone... Chacun pouvait donc se délecter de homard comme de corail (caviar de l'animal). Mais là encore, on a tué "le homard aux oeufs d'or"...

TELOMERASE SACREE. Le homard est potentiellement immortel. La télomérase duplique ces cellules au fur et à mesure de leur disparition. Il ne vieillit donc jamais. S'il meurt, ce n'est jamais "de mort naturelle", mais victime de ses prédateurs préférentiels, les céphalopodes géants (poulpes et calmars). Celui pêché en Nouvelle Ecosse en 1977 pesait plus de 20 kgs. Son âge fut estimé à 65 ans. Un homard d'aquarium fut relâché à l'âge de 140 ans.

 

Les Dieux ont eu leur crépuscule. Nous avons besoin d'une nouvelle Aube, que cette Aube grandisse, que vienne leur Aurore. Où, simplement, tout est fervent.

Où s'exprime, comme l'a écrit Bernard Maris dans un beau texte sur la Beauté, "ce sentiment océanique qui s'appelle la Profusion".




 

 


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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 08:32

UNE ETOILE DES NEIGES DISPARAÎT.

Lyuti ("Féroce") est mort, à l'âge respectable de 21 ans. Animal doux et jovial, il impressionnait surtout par sa taille.

Il ne chercha à attaquer un être humain qu'à une occasion, en 2004, dans des circonstances bien particulières,  à la stupéfaction de tous.

Celui qui subit son attaque, Youri Trouch, était un officier de "L'Inspection Tigre", chargé de la gestion des conflits entre grands fauves et humains. Il avait abattu, le 21 Décembre 1997, un tigre tueur d'hommes qui sévissait dans le district de la rivière Bikin depuis plusieurs semaines. L'écrivain John Vaillant a consacré un ouvrage passionnant à cet épisode homérique (voir "Pamiat : la mémoire", publié sur ce blog le 9 septembre 2010).

Par la suite, les autochtones dirent à Trouch qu'il était marqué d'une tâche indélébile reconnaissable seulement par les tigres.

En 2004, Trouch accompagna Sacha Snow, qui tournait un film sur son histoire pour la Société de production SCANDINATURE, au centre de réhabilitation de la faune sauvage, dirigée par Vladimir Krouglov..

Quand Lyuti repéra Trouch, cet animal (qui aimait se faire gratter sous le cou par Krouglov) changea complètement de comportement. Il se jeta contre la clôture comme s'il voulait la renverser. Trouch tomba à la renverse comme s'il avait été mis au tapis par la seule énergie que ce tigre projetait sur lui.

Il expliqua par la suite : "Il existe peut - être une sorte de champ biologique . Peut être les tigres perçoivent ils des liens cosmiques."


Par ailleurs,"Lyuti Zver", "la Bête féroce", qui attaqua Vladimir Monomaque, Grand Prince Kievien, à la fin du 11ème siècle, lors d'une de ses opérations de capture de chevaux sauvages dans les marais entre Turov et Tchernigov, a fait l'objet de controverses parmi les naturalistes. Vladimir Heptner, en 1969, a conclu qu'il ne pouvait s'agir, en l'occurence, que d'un tigre eurosibérien.

 

SOURCE : PHOENIX FUND, CE JOUR

We are sorry to have to share the news that Lyuti (Ferocious), male Amur tiger, the oldest resident of the Utyos (Cliff) Wildlife Rehabilitation Centre, died on April 18.

Lyuti was 21 years of age when he died. The animal did not suffer from any disease, however Lyuti did not want to eat, drink and move for a couple of days. It is obvious that the tiger died of old age. As you may know, on average, tigers live for 10 to 15 years out in the wild and 16 to 20 years in captivity.

Lyuti was the first resident of the Utyos Wildlife Rehabilitation Centre (Khabarovsky krai, Russian Far East) and became famous for its teeth made of platinum and gold. In 1991, being a small orphaned cub, he was found by lumbermen. They tried to trap it and broke his teeth. That time Lyuti acquired artificial gilt canines. Otherwise he would have died from hunger. Since then, Lyuti has found shelter at the Utyos Centre. Local people as well as people from foreign countries fell in love with Lyuti and sent donations to provide him with food and medical care when necessary. Lyuti was often in the limelight; Russian and foreign journalists produced a series of films and articles to promote Amur tiger conservation.
 
On March 26, 2008 a team of 15 veterinarians operated Lyuti again as he had been suffering from toothache for more than a month. Despite his old age, Lyuti endured the two-hour operation quite well. A week passed, and the animal restored his high spirits and good appetite, sparkling with his brand new tooth.

We are mourning the loss of Lyuti. He will be sadly missed and always remembered.

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8 avril 2012 7 08 /04 /avril /2012 09:07

RESTORE HOPE (voir "Retrouver un temps printanier" publié le 21 mars)

Une prospective beringienne pour "Les trois mondes" : le triangle FELIN GEANT / BISON / ESTURGEON.

 

Le lion de Sibérie Orientale, qui vivait en Yakoutie et en Alaska jusqu'au Yukon au Pleistocène récent, se nourrissait notamment de bisons. Connu à travers l'étude de deux crânes recueillis dans le lit du fleuve Kolyma, cet animal était à la fois distinct du "lion des cavernes eurasien" et du lion américain.

C'est un clan de ces animaux qui tua "Blue Babe", bison retrouvé congelé dans le Yukon, bien connu des paléontologues.

A l'époque historique, son rôle écologique fut pleinement assumé par le tigre euro sibérien (en Béringie occidentale) au moins jusqu'au 18ème siècle.

 

Et voici un extrait de l'épopée Sakha :

Les épopées héroïques sakhas donnent l’idée de la mentalité et des valeurs morales de la population hunnique. Le pays des Sakhas dans leurs épopées n’est pas dans le Grand Nord mais plutôt non loin de la mer Aral :

«J’ai voulu regarder vers l’Ouest, là j’ai vu la mer Aral aux huit échappées, huit jours de marche pour la contourner sont nécessaires, grandiose elle ne cesse d’être et sonne ses lames. Cette contrée, tel le nombril de la terre, pleinement épanouie s’affirmait comme une incomparable beauté. Ce centre du monde dans sa pleine et luxuriante beauté atteignait la limite de sa perfection comme cette plaine au-delà du regard, celle dont on ne connaît pas les bords.» (Les guerriers célestes du pays yakoute-saxa. Traduit du russe et du yakoute par Yankel Karro|et Lina Sabaraikina, Gallimard, 1994, p. 45-46).

Mais ce pays est en danger. Les chevaliers sont prêts à défendre leur pays, ils sont bien armés : «Là, on pouvait trouver l’arc long, distingué parmi les plus beaux, lançant la flèche sifflant à travers les neuf ciels, il était fait de bouleau, arbre du pays Xamar Imên, renforcé par l’écorce du bouleau qui croît au pays Toumân Imên, collé avec fiel du poisson de la mort, la corde avec le tendon dorsal d’un énorme lion.» 

«On pouvait trouver aussi la flèche alerte noircie, celle qui pousse un cri et passe à travers huit ciels ; ici encore gisait la longue épée porte-mort, sur laquelle dents et lèvres de l’adolescent dressé de l’autre côté de la forêt se reflétaient. La lance à double tranchant était là, clairement s’y reflétaient les yeux et les sourcils de la jeune fille épanouie...»(Ibid, p. 53).


Les bisons forestiers réintroduits en Alaska ont montré leur capacité à rééquilibrer et enrichir un environnement perturbé et appauvri pendant des siècles par des activités humaines inadéquates (voir le détail sur le site "Large Herbivore Network").

Quant aux esturgeons, sur un immense espace allant du Dniepr à la région des Grands Lacs en Amérique du Nord, leur rôle économique et socio politique fut aussi important que celui des grands ongulés, aussi bien pour les Cosaques de la Sitch que pour les Indiens du Nord-Est (parmi de nombreuses communautés humaines).

Pour les seconds, l'entièreté de la vie des communautés riveraines des Grands Lacs Nord Américains était déterminée par cet animal, comme l'était celle des Indiens des Plaines par le bison.

 

Ce simple coup d'oeil rétrospectif aidera peut être à l'établissement d'une prospective lucide, ciblée et à juste échelle pour les espaces holarctiques et leurs habitants.


 


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  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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