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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 06:08

"Méthode Miyawaki" et paysage animal ancien.

On trouve au Japon autour des temples et des cimetières traditionnels des arbres tels que Castanopsis cuspidata, des chênes dont le chêne japonais bleu et Quercus myrsinaefolia, des châtaigniers, le Machilus tunbergii (arbre de la famille des lauracées incluant des avocatiers). Akira Miyawaki a montré qu'il s'agissait d'essences autochtones, reliques de la forêt préhistorique. Dans les mêmes temps, il a constaté qu'au contraire, des arbres tels que le cèdre dit japonais, le cyprès, le mélèze et le pin que tous les Japonais pensaient autochtones sont en réalité des arbres progressivement introduits au Japon par les forestiers depuis des siècles pour produire du bois d'œuvre. Il a calculé que seulement 0,06% des forêts contemporaines du Japon sont naturelles. Se référant à la « végétation potentielle naturelle » (concept qu’il a étudié en Allemagne), il a développé, testé et affiné une méthode de génie écologique aujourd'hui connue sous le nom de "méthode Miyawaki" permettant de restaurer des forêts indigènes à partir d’arbres natifs sur des sols sans humus, très dégradés ou déforestés. Utilisant les théories de l’écologie et les résultats de ses expériences, il a ainsi restauré avec succès, rapidement et parfois sur de grandes surfaces des boisements protecteurs sur plus de 1300 sites au Japon et dans divers pays tropicaux, de la zone pacifique notamment, sous forme de nombreux types de bandes boisées, boisements ou forêts y compris en ville ou en zone industrielle ou portuaire.

L'ancienne Japonésie abritait un grand tigre au Nord et un petit au Sud, une vache marine géante et un dugong, et, jusqu'au début du siècle dernier, un grand loup à Hokkaïdo et un petit à Honshu. Tous deux étaient des compagnons appréciés par les communautés humaines.

Pendant des millénaires, les communautés japonésiennes furent cétophages sans chercher à chasser activement les baleines, mais en accueillant comme un présent des dieux des cétacés échoués : "In olden times, such whales were called "yori-kujira" (stranded whales) in Japan. In a book entitled "Honcho Shokkan," Hitomi Hitsudai, a botanist in the early days of the Edo Period (1603-1868), wrote: "Big whales, called yori-kujira, drifted ashore in the hundreds, and died being dried by the sun, not able to return to the sea. It is reported that the villagers near the shore were delighted by this coming. People traded in whale meat and officials of the provincial government became greatly rich. Sometimes, whales were stranded after long rains and typhoons passed over the sea, carried by high waves to the shore. This means receiving gifts from heaven without exposing our lives to risk." Whale bones have been found from shell mounds of the Jomon period (circa 10000-300 BC) in various parts of Japan. But, as only a limited number of regions had the means of engaging in whaling actively, it is conjectured that stranded whales had been used as food in many places. Folklore has been handed down among the Ainu aboriginal people in Ezo (the old name for Hokkaido, northern Japan) that they had been delighted to receive stranded whales as a gift that the gods sent them to save the village. They dedicated a dance to feast on the stranded whales and used the meat with gratitude."

Whale strandings in Hokkaïdo Takashi Matsuishi (Representative Stranding Network Hokkaido) (Associate Professor Faculty of Fisheries Sciences Hokkaido University)

Surviving Ainu folklore reveals a long history of whaling and a spiritual association with whales (Carl Etter Kessinger Publishing, 2004 - 256 pages : Ainu Folklore: Traditions And Culture Of The Vanishing Aborigines Of Japan 1949).

De nombreux éléments et références peuvent être retrouvés dans "Guerre et Paix", mis en ligne sur ce blog le 26 juillet 2015.

Les japonais ont une très longue tradition de pêche aux grands cétacés et peut être même aux rhytines . Une chasse côtière très organisée, en particulier celle des baleines franches, existe depuis le XVIème siècle (1570). Les sentiments envers les proies sont très partagées. D'aucuns disent que celles ci se tournent vers le soleil quand elles meurent, comme vers la lumière du Bouddha. Et regrettent amèrement la cruauté de la chasse.

La première guerre du Pacifique, les îles du Commodore. A partir des dernières années du XVIIIème siècle, les baleiniers américains, qui poursuivent essentiellement les cachalots, lancent leurs investigations dans le Pacifique. Celui - ci sera le théâtre d'une véritable guerre entre les premiers et les seconds ("Epopée salvatrice", mis en ligne sur ce blog le 18 janvier 2015). En 1820, ils découvrent le "Japan Ground", grands troupeaux de cachalots ignorés jusqu'alors à mi - chemin entre Hawaï et les côtes japonaises. Ils y affrontent notamment Morquan, un animal exceptionnel dont le souffle figurait parfois, selon la légende, une croix blanche. Dans Moby Dick, Herman Melville décrit l'état d'esprit de ces pêcheurs d'un genre particulier. Ils se considèrent comme l'aristocratie du genre humain, à laquelle les deux tiers du globe appartiennent, et rien ni personne ne saurait les empêcher de se livrer à leur chasse où bon leur semble. C'est ce fanatisme sectaire qui infectera en profondeur la culture nationale, où l'exécration du cachalot combattant induira Hiroshima et Nagasaki. Mais le Japon, recroquevillé sur lui même, n'autorise pas les étrangers à venir se ravitailler dans ses ports. La surexploitation des cachalots du "Japan Ground" provoque un effondrement du nombre de ceux rejoignant saisonnièrement les côtes japonaises, entraînant ruine, pénurie et disette pour les nombreuses communautés dépendantes de cette ressource. A partir de 1848, les Américains vont jusqu'à la Mer de Bering, où ils découvrent un animal gigantesque et beaucoup moins combatif que le cachalot : la baleine franche boréale. Ils en font un grand massacre (2750 tuées par 220 navires pour la seule année 1852) qui évoque celui des rhytines par les russes un siècle plus tôt sur "les îles du Commandeur" (île Bering et île du Cuivre). Ayant "épuisé les stocks", ils ravagent la mer d'Okhotsk avec le même résultat, remontent à nouveau vers le Nord... Gens impérieux, ils font valoir vigoureusement à leur gouvernement que la première industrie du pays est gênée dans son développement par l'absence de coopération des japonais. Après tout, les Anglais n'avaient pas pris de gants avec les Chinois 12 ans plus tôt... C'est ainsi que le Commodore William Perry, au nom du gouvernement américain, arrachera aux japonais, en terrifiant ses interlocuteurs avec ses bateaux noirs menaçants, des "accords" commerciaux qui furent des diktats..."In fact, when the US naval officer Commodore Matthew Perry docked in the Edo Bay (now Tokyo bay), he was believed to be seeking a whaling base for the USA in the northwest region of the Pacific Ocean." ( History of Japanese whaling).

http://www.facts-about-japan.com/whaling-history.html

La BAKE KUJIRA, fantôme d'une baleine transmué en esprit vengeur ("Mononoke"), qui apparaît, lors de nuits pluvieuses, suivie d'oiseaux effrayants et d'étranges poissons, et apporte aux villages côtiers de baleiniers devant lesquels elle a surgi la mort et la désolation, est-elle en lien avec la baleine franche suitée tuée le 24 décembre 1878?

La première malédiction, Bake - Kujira. Entre 1804 et 1876, l'industrie baleinière a tué 410 000 grandes baleines (220 000 cachalots et 190 000 baleines franches). 80% de ces prises ont été réalisées par les Américains. Dans ce contexte, le 24 décembre 1878, des baleiniers côtiers japonais, qui savent fort bien qu'il ne faut pas donner la chasse à une femelle suitée, décident malgré tout de le faire, leurs familles ne mangeant plus à leur faim depuis longtemps. Partant à bord de nombreux petits bateaux, ils tuent la mère, mais sont dispersés par une tempête. Sur 258 intervenants, entre 111 et 130 périront noyés. Beaucoup d'autres, qui ont pu rejoindre des îlots ou des récifs çà et là, mettront jusqu'à trois mois pour rentrer chez eux. Le traumatisme collectif est immense. De nombreux survivants s'exilent, au Canada, aux Etats - Unis, au Mexique. L'endroit se transforme en ville fantôme.

"Iles du Commodore" en 1853, le Japon devient lui - même un massacreur colonial au XXème siècle. Il extermine les baleines grises de la mer d'Okhotsk en deux décennies et vide la péninsule coréenne de ses tigres ("Invictus" mis en ligne sur ce blog le 17 février dernier).

En 1941, année où débute la seconde Guerre du Pacifique, un manuel scolaire destiné à promouvoir le métier de harponneur (au canon lance harpon) auprès des jeunes élèves, le fait d'une bien étrange manière. Il raconte l'histoire d'un jeune harponneur de 13 ans, particulièrement efficace, et apprécié comme tel. Après quoi, il arrive à l'âge adulte, se marie et a un enfant. Confronté à un mâle, une femelle et son petit, il tue ce dernier sur ordre de son capitaine, mais voit la femelle se rapprocher du petit corps et l'asperger de lait. Il voit alors l'image de sa propre femme allaitant son fils nouveau né. Son capitaine lui demandant de tuer la femelle, il prie, habité par un terrible conflit intérieur, puis obéit. Peu après, il abandonne le métier....

En 1947, plus de la moitié de la viande consommée sur l'archipel était de la viande de baleine. Mc Arthur avait autorisé, et même encouragé, la reprise de la chasse à grande échelle. Il n'est en effet pas exclu que la famine ait provoqué PLUS de morts au Japon que pendant la guerre. A l'automne 1945, le ministre de la Santé avertissait que si aucune mesure vigoureuse n'était prise, 10 millions de personnes mourraient au cours de l'hiver...

La politique US des années 1820 aux années 1940 ("Ubi solitudinem faciunt, pacem appelant") a bouleversé l'évolution culturelle des cachalots de fond en comble , puis celle du Japon lui -même, d'une famine baleinière à une famine généralisée, et un profond traumatisme démographique, sociologique et culturel.

La seconde malédiction. Fukushima et le viol d'Okinawa. Comme le séisme généré par la croix blanche de Morquan et les bateaux noirs de Perry (1848 - 1853) connait une terrible réplique de la baleine franche suitée (1878), Hiroshima et Nagasaki (1945) sont prolongés par Fukushima Daiichi (2011)... Et à Okinawa, où sont concentrées 14 des 16 bases américaines sur le territoire japonais, la minuscule population de dugongs* est directement menacée par celles - ci (Ames élevées. La bataille d'Okinawa n'est pas terminée. Mis en ligne sur ce blog le 6 juin 2010).

Tout comme les jeunes japonaises...

https://fr.sputniknews.com/international/201603161023424073-japon-usa-viols/

*Les dugongs des îles Riu Kyu sont les représentants les plus septentrionaux des dugongs australasiens. Leur situation actuelle est comparable à celle des tigres présents dans ces mêmes îles au Pleistocène, représentants les plus septentrionaux d'une lignée australasienne...

LE VENT SE LEVE. Une "méthode Miyawaki" adaptée au paysage animal. Ceci fait suite à "Refermer la blessure", mis en ligne sur ce blog le 10 mars. Le Sommet du Tigre de l'Amour, qui s'est tenu à Vladivostok en décembre 2015, a ouvert de nouvelles perspectives aux yeux des scientifiques japonais. Il permet notamment d'envisager un renforcement des populations de grands félins en Corée septentrionale, une réintroduction en Corée méridionale et à Hokkaïdo. Avec le triton géant, le Ketoupa de Blakiston, la baleine et le dugong, la culture japonaise, qui se soulage par le Shinri - Yoku (le "bain de forêt"), peut se guérir par l'immersion dans le "courant animal". Une ablution réparatrice, expression du Respect de soi - même et de la Politesse à l'égard d'autrui.

Actualisation au 4 Avril. LE PROTOCOLE DE KYOTO. Le respect des vaches dans un abattoir nippon, "relique" d'une culture millénaire. Yves - Marie le Bourdonnec, boucher atypique (et médiatique), très soucieux du bien être animal, était l'invité, ce jour, de l'émission de radio "Un jour dans le Monde", diffusée sur France Inter de 18h10 à 18h50. Il a été fort impressionné par les pratiques de l'abattoir de Kyoto. A mille lieues de l'enfer sur terre que vivent les vaches des abattoirs français et allemands, il a vu des vaches abattues avec un respect "incroyable", au point que celles - ci ne semblaient même pas stressées (observation de plusieurs étapes et précautions diverses). Cette attitude sourd d'une culture ancienne, incompatible avec notre barbarie "faustienne", et dont la filière viande a été absente jusqu'au siècle dernier...

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