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6 décembre 2016 2 06 /12 /décembre /2016 07:26

CE QUI RESTERA DE CE QUINQUENNAT.

Ceci fait suite à "La Chute" mis en ligne le 19 octobre dernier.

"Au bout du système actuel, je défie qu'on trouve une autre issue que celle de l'extermination, et les plus logiques de nos faiseurs militaires l'avouent eux - mêmes. Il est évident, en effet, qu'en passant sur le pays à coups de razzias, nous ferons une pacification momentanée... Il faudra recommencer la razzia, perpétuer la razzia, c'est à dire exterminer en détail." Conquête de l'Algérie : la guerre totale. Dans : Le Massacre, objet d'Histoire. David El Kenz (sous la Direction de). Folio Gallimard, 2005.

"Car si notre espèce doit périr, elle périra de dégoût, d'ennui. La personne humaine aura été lentement rongée, comme une poutre par ces champignons invisibles qui, en quelques semaines, font d'une pièce de chêne une matière spongieuse que le doigt crève sans effort. Et le moraliste discutera des passions, l'homme d'Etat multipliera les gendarmes et les fonctionnaires, l'éducateur rédigera des programmes - on gaspillera des trésors pour travailler inutilement une pâte désormais sans levain".... 

"Les trois ou quatre lapins faisaient au fond du carnier un tas de boue sanglante et de poils gris, horrible à voir.. Je voyais à travers le réseau de cordelettes, parmi cette fourrure hérissée, un oeil encore humide, très doux, qui me fixait."...

"Je pensais à ce blaireau cloué au sol d'un coup d'épieu, et qui agonisait, percé de part en part, dans le fossé, abandonné même des chiens." Georges Bernanos. Journal d'un curé de campagne. Editions Plon. 1936.

Le texte suivant a été rédigé par mon frère Michel le 1er septembre dernier. Je le reproduis ici, in extenso.

L'EFFACEMENT DE LA VIE SAUVAGE. Actualité d'une psychose française.

LE CAS DES BETES LIBRES. Le 5 août 2016,  la Direction Départementale des Territoires de l'Oise publie son rapport relatif à la consultation du public sur l'autorisation de tirs de nuit du renard. Après avoir analysé les commentaires reçus, la DDT assène ses réponses : ainsi, elle avance la nécessité d'exercer une régulation sanitaire, en évoquant tour à tour :

- la rage (qui n'existe plus en France ni dans aucun pays frontalier)

- la gale du renard (qui ne se transmet ni à l'être humain ni à d'autres mammifères)

- la leptospirose (qui ne concerne pas le renard, mais le surmulot ou rat gris, dit "rat d'égout")

- et même la maladie de Lyme, (transmises par les tiques!).

Pauvre renard, comme il doit être malade! Mais, à (pseudo) malade, malade et demi : ainsi, la DDT écrit sans trembler que "la chasse du renard s'inscrit dans une démarche de préservation de la biodiversité." Et cerise sur le gâteau : l'absence de prédateurs  naturels du renard dans l'Oise, tels que l'ours* (sic!), le loup et l'aigle royal rend nécessaire une régulation par l'homme. Serait - ce un appel implicite à la réintroduction de ces espèces dans l'Oise?!

J'ajoute qu'il est bien connu depuis déjà plusieurs années que les massacres de renards, toujours et partout, augmentent la vigueur et l'étendue des zoonoses (rage autrefois, échinococcose alvéolaire aujourd'hui).

Bien - sûr, la motivation principale, c'est - à - dire soustraire le petit gibier à ses prédateurs naturels, n'est pas oubliée, mais en la noyant dans tout ce fatras d'insanités, et sans préciser qu'il s'agit d'abord et avant tout de gibier d'élevage payé par les sociétés de chasse!

Et c'est pour cela que le préfet de l'Oise, comme tant d'autres en France, astreint les lieutenants de louveterie à des cadences infernales afin de prêter main forte aux chasseurs pourtant déjà autorisés, au titre de l'arrêté "nuisibles", à exterminer ce magnifique animal** pratiquement tout au long de l'année. 

Ainsi, l'arrêté préfectoral du Loiret, daté du 11 août 2016, qui prend acte d'une permission de lâchers de perdrix d'élevage inscrite dans le "schéma départemental de gestion cynégétique", document entièrement rédigé par la fédération de chasse et ratifié en commission administrative CDCFS (tu parles!) par les mêmes représentants des chasseurs. Et le code de l'environnement dans tout ça? chiffon de papier!

Les consultations du public préalables à la décision du préfet sont souvent purement et simplement escamotées. Lorsqu'elles sont organisées, elles donnent 9 fois sur 10 une écrasante majorité aux opposants à ces crimes contre - nature, que la DDT s'empresse de contrecarrer systématiquement : les arrêtés meurtriers sont publiés dans la foulée, la plupart du temps sans modification, ou, exceptionnellement, à la marge. Dans le cas de l'Oise cité ci - dessus, le rapport de forces entre opposants et partisans était inversé (une fois n'est pas coutume), ce qui a bien - sûr pu encourager la DDT à multiplier avec gourmandise les salves d'arguments débiles.

Et maintenant, zoom arrière : cela fait maintenant plusieurs années qu'une nouvelle phase de bouffées délirantes (phénomène malheureusement récurrent dans l'histoire de notre pays) s'est emparée des pouvoirs publics Français au détriment des fleurons de la faune sauvage, toutes espèces confondues et quel que soit les statuts respectifs de celles - ci : "protégé", "gibier", ou "nuisible", avec toujours les mêmes litanies à la clé : priorité aux lâchers de gibier d'élevage, monoculture du maïs, état sanitaire du bétail, et autres assertions plus ou moins loufoques invoquant la sacro - sainte sécurité.

Depuis fin 2002, de furieux coups de boutoirs avaient déjà nettrement fragilisé la législation d'une part, la volonté de protection d'autre part. Mais depuis 2013, les observateurs ne peuvent que déplorer l'orchestration par les pouvoirs publics d'une débauche de sauvagerie sans précédent depuis la création du ministère de l'environnement (1971), à l'exception de l'effroyable épisode de "lutte contre la rage" (1968 - 1988).

Pour l'essentiel, je m'en tiendrai ici (et seulement à gros traits) à la période touchant directement notre génération (j'ai 54 ans) et pour le reste, je renvoie au fort édifiant : "Du paléolithique au CPNT", recueil d'articles parus  au cours des premières années de ce siècle, et dont l'auteur (Alain Sennepin, architecte du projet "Dragon Vert" et responsable du blog "Retour du tigre en Europe") annonçait en détail les modalités de la crise actuelle après en avoir décortiqué les racines historiques (voir en particulier le 6ème volet : "Les racines du mouvement CPNT", paru dans "Naturallier" N° 85, du 3ème trimestre 2002).

Alors que la "lutte contre la rage" battait son plein, à la fin des années 70 et au début des années 80, le rapport de forces entre partisans et adversaires de la faune sauvage avait pourtant commencé à évoluer, irrégulièrement et de façon chaotique, mais sensiblement en faveur des premiers jusqu'aux environ de l'orée 2000, et ce, bien que les seconds conservaient encore un très net avantage.

Le blocage de toutes les politiques de protection et ce surcroit d'intolérance qui ravagent aujourd'hui si violemment les petits peuples libres, commencèrent dès la fin 2002, suite à environ 15 années de tintamarre grotesque orchestré par CPNT (Chasse Pêche Nature et Traditions), mais largement relayé dans les médias ainsi que par de nombreux politiciens, pas fâchés de donner une bonne raclée à "ces mauviettes d'écolos".

Du coup, la législation protectionniste, encore flambant neuve, et qui avait juste commencé à produire ses effets au compte - gouttes, se vit déjà détricotée. A la longue, cela coïncidera, d'autre part, avec un essoufflement et une péjoration continus des institutions européennes, rendant largement inopérante la féconde stratégie juridique servie avec panache par nos associations durant plus de 2 décennies.

A ce stade, et alors que la Vème république française reste, de très loin, de tous les régimes politiques en Europe, et probablement aussi dans le monde, le plus hypnotisé à la fois par le lobby agricole et le lobby des chasseurs, certaines parmi nos associations, désormais constamment sur la défensive, se détournèrent de ces dossiers pourris, puant la charogne. D'autres, jouant sur leurs capacités d'expertise, adoptèrent une "positive attitude" à l'égard du public, tout en appliquant à ces mêmes dossiers pourris une stratégie de la discrétion, laquelle devait s'avérer calamiteuse à la longue. En effet, nos partenaires institutionnels ne firent preuve à notre égard que d'une politesse de façade (dans le meilleur des cas!) tandis que nos partisans s'éparpillèrent, désespérés par l'image d'astre mort que renvoie logiquement cette stratégie de la discrétion.

Et les quelques associations qui assument encore avec vaillance ce fardeau de plus en plus lourd sont fatalement dépassées par l'ampleur et l'ingratitude de la tâche.

Nous en sommes là. Pensons donc d'abord à prendre soin de nos partisans, notamment en défendant nos convictions haut et clair.  Quant aux commanditaires de ces horreurs, ils feraient bien de réfléchir à toutes les conséquences de leurs actes : à force de déchiqueter impunément les petits peuples libres, eux aussi sont attendus au coin du bois...

Michel SENNEPIN, 1er septembre 2016.

Un temps et un espace NORMAUX. * Des ours, tels qu'ils apparaissaient autrefois dans une Amérique sauvage : "J'ai vu des ours noirs aussi blancs que neige, et j'ai vu des grizzlys aussi noirs que le plus noir des ours noirs. J'ai vu des ours noirs et des grizzlys de couleur brune. J'en ai vu de dorés et de jaunes des deux espèces." James Oliver Curwood. Le Grizzly.

** Des renards roux, tels qu'ils apparaissaient en Sibérie centrale (Museum de Novosibirsk).

 

 

 

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