LA SYMBIOSE ANHISTORIQUE
La relation entre communautés humaines et carnivores sauvages ont été très variées et fluctuantes au
long de leur cohabitation. Comparons simplement ce qu'il en fut entre homme et renard en Jordanie il y a 16500 ans (voir ci - dessous) et en France aujourd'hui (voir le blog de Stéphane
Carbonnaux "Nature Sauvage et Civilisation" du 27 janvier).
Relatée fin janvier dans la revue PLoS One, la découverte, par des archéologues britanniques, dans le nord de la Jordanie, d'une tombe recélant les restes d'un homme et ceux d'un renard, suggère l'existence d'un lien particulier entre les deux.
Dans une tombe, outre les restes d'une femme, quelques os ayant appartenu à un homme, ainsi que le crâne et l'humérus droit d'un renard. Dans une tombe adjacente, la dépouille du même homme, et le reste des os du renard : c'est le mystère sur lequel ont planché les chercheurs qui étudient, depuis 2005, cet ancien cimetière, datant d'il y a environ 16.500 ans, à Uyun-al-Hammam, en Jordanie.
"Ce que nous semblons avoir trouvé, c'est un cas où un renard a été tué et enterré avec son propriétaire. Plus tard, la tombe a été rouverte pour quelque raison et le corps de l'homme a été déplacé. Mais, parce que le lien entre le renard et l'homme avait été significatif, le renard a été déplacé aussi, pour que la personne continue d'être accompagnée par l'animal dans l'au-delà", explique le Dr Lisa Maher, du Centre d'études sur l'évolution de l'homme à l'Université de Cambridge.
Un cas unique, puisque, jusque là, la plus ancienne sépulture mêlant des restes humains et ceux d'un animal domestique, trouvée en Israël, était plus récente de 4.000 ans. Il s'agissait d'un chien.
Cette symbiose "préhistorique" est en fait récurrente dans l'histoire humaine, tout autant que les phases d'antibiose mutilantes et mortifères. Notre époque a pourtant du mal à imaginer un équilibre mutualiste (alors que celui ci n'est pas si ancien dans de nombreux cas) parce que l'époque contemporaine nous a fait perdre artificiellement toute confiance en nous mêmes, en nos capacités à vivre en bonne intelligence avec les autres.
L'EFFET BOULE DE NEIGE SALE
Les deux derniers siècles font résonner en nous leur fracas industriel disloquant les corps et les âmes.
Il y a des millénaires, les agriculteurs sédentaires des sociétés protohistoriques avaient payé d'un coup exorbitant leur "victoire" sur les grands prédateurs, par leur asservissement à des
structures sociales totalitaires, et la perte de toute forme d'autonomie, c'est - à - dire leur propre DOMESTICATION. LA GUERRE CONTRE LA NATURE LIBRE IMPLIQUAIT LA
CHUTE DES HOMMES EN SERVITUDE.
La soumission impérieuse à l'objet technique, au cours des derniers siècles, induisait inévitablement une artificialisation toujours plus rapide des comportements humains. La guerre industrielle fut, de ce point de vue, un puissant agent catalytique de cette évolution. Qu'elle qu'ait été l'ampleur des dommages infligés à la nature jusqu'au 18ème siècle, la densité de ceux ci n'est guère comparable à ce qui s'est produit après 1850.
Il est facile de démontrer que la destruction de la quasi totalité de la grande prairie nord américaine en quelques années et le massacre industriel de sa faune a atteint son niveau de densité hallucinant, notamment lors des années 1872 - 1874, parce qu'il était le fait d'hommes nouveaux, forgés par la Guerre de Sécession 1861 - 1865 qui avait bouleversé leurs comportements et leurs pratiques. Un tel écocide était tout simplement impossible avant la guerre civile américaine.
La destruction des roselières d'Asie centrale et l'éradication des grands carnivores s'y abritant fut d'une intensité comparable à l'exemple précédent. Quelques années auparavant, la Russie, soumise aux pressions de l'Empire Britannique dans cette région (dans le cadre du jeu diplomatico - guerrier international de l'époque, le "Big Game") avait choisi, pour éviter l'encerclement, une formule entièrement nouvelle dans son histoire : la guerre éclair. Ceci a révolutionné les représentations spatio temporelles des russes. Désormais esclaves du temps, ils devinrent les bourreaux du territoire, qu'ils démembrèrent "à marche forcée".
La fin des bisons en région néarctique et celle des tigres en région paléarctique fut immédiatement suivie de déchirures sociales et politiques atroces à l'échelle mondiale.
QUAND NOUS DETRUISONS LA NATURE, NOUS NOUS DETRUISONS.
Nous allons commencer à nous restaurer, nous reconstituer, nous réconcilier.
NOUS ALLONS REPRENDRE DU POIL DE LA BETE.