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22 avril 2011 5 22 /04 /avril /2011 07:28

LES POISSONS DE L'APOCALYPSE

"Et Tchernobyl fume,

Pour qui brûlent ces feux...

Et la mémoire éternelle

Est chantée par les oiseaux de Dieu." 

Stepan Roudianskiy, 1857 

 

Alors que le dernier réveil du NAMAZU ( poisson - chat géant des mythes originels japonais, qui dort sous l'archipel, et dont les soubresauts provoquent des séismes) a entraîné une catastrophe nucléaire majeure, le poumon vert de l'Europe, qui hébergea autrefois ours, bisons, chevaux sauvages, chameaux réensauvagés, silures et esturgeons géants, et même léopards et tigres, s'apprête à célébrer, le 26 Avril, le 25ème anniversaire de l'explosion de la centrale nucléaire de Tchernobyl. 

 

UNE REALITE SINGULIEREMENT CONTRASTEE

Depuis cette époque, la "zone d'exclusion" est redevenue, de façon très spectaculaire, le territoire des bouleaux, loups, élans et chevaux sauvages. Plusieurs reportages, dont certains présentèrent une analyse détaillée, approfondie et circonstanciée, ont illustré ce phénomène, et de façon éclatante. Les organismes les plus résistants occupent le terrain, et la quasi absence d'activités humaines leur simplifie la tâche.

Concernant le réseau hydrologique, d'une importance fondamentale pour l'ensemble de la région, des rivières importantes, comme le Pripiat, l'Ouj, le Sakhan, la Braguinka, la Glynnitsia, passent par la zone d'exclusion. A l'intérieur de celle - ci, leurs eaux restent fortement contaminées aujourd'hui. Le troisième plus grand bassin hydrographique d'Europe (après Volga et Danube), celui du Dniepr, continue à recevoir des eaux chargées en radionucléides. Les plans d'eau sont les plus affectés par le phénomène.  La situation la plus préoccupante est celle du réservoir de Kiev et du lac Glyboké.

Le réservoir de Kiev, d'une superficie d'environ 23km2, était destiné à stocker l'eau nécessaire au refroidissement de la centrale. En 2010, la radioactivité des végétaux, mollusques et poissons de ce réservoir restait importante. Celui - ci, du fait de l'arrêt de l'activité industrielle, est en train de s'assécher, faisant courir le risque prochain d'une sévère contamination par voie atmosphérique. Quand cette zone sera envahie par l'herbe et les arbres, ceux - ci seront aussi considérablement infectés.

La radioactivité des fonds vaseux du lac Glyboké est beaucoup plus intense que partout ailleurs dans la région. Ses eaux sont considérés par les autorités comme un déchet radioactif.

En Ukraine, la population est grande consommatrice de poissons de rivière. Brêmes, gardons, silures (ainsi que d'autres poissons - chats) sont vendus en grande quantité sur les marchés, frais ou fumés.

Dans l'écosystème aquatique, les radionucléides sont en migration biogéochimique permanente et perpétuelle. Celà affecte, particulièrement dans les plans d'eau, aussi bien les prédateurs comme les sandres, brochets et silures, que les cyprinidés omnivores et les herbivores comme les rotengles. Les perches des eaux vives sont, en revanche, beaucoup moins concernées.

 

LE VARROA DES PHRAGMITES.

Depuis 2000, pour la première fois en Ukraine, on a signalé un phénomène de contamination massive des roseaux dans la zone d'exclusion. Attaqués par un tarsonème (acarien), les roseaux contaminés ont muté en réaction à cette agression parasitaire, perdant leur capacité à se reproduire. Or, le roseau commun reste, pour une large part, la pierre angulaire de la flore polésienne, comme l'était le roseau panaché en Asie centrale jusqu'aux années 1920. Les deux régions avaient d'ailleurs subi leurs premiers drainages en même temps, au tout début des années 1870.

Il est difficile d'imaginer à quel point la tragédie de Tchernobyl continue d'avoir une influence quotidienne sur l'écosystème de la Polésie, et au delà sur l'ensemble du bassin hydrographique du Dniepr, bassin vital pour l'Ukraine d'aujourd'hui.

(Source : Article de Viktor Romanenko et Mikhaïl Kouzmenko dans Dzerkalo Tyjnia, hebdomadaire de Kiev).

 

Dans le Sud de la Biélorussie, la situation est également complexe. Les radionucléides des villages abandonnés sont disséminés un peu partout. En particulier,la majorité des maisons sont démolies et le bois récupéré est vendu comme combustible, notamment en Russie.  Les autorités nient la réalité, assurant que la région s'est purifiée par elle - même. 

(Source: Polityka, Varsovie. Article conjoint de la journaliste biélorusse Ekaterina Tkatchenko et de sa consoeur polonaise Agnieszka Wojcinska).

 

L'évolution de cette région au cours des décennies à venir (aussi bien sur le plan des activités humaines que des conséquences biologiques de la radioactivité) sera déterminante pour l'organisation d'un plan d'ensemble pour un réseau de "Tigrovaya Balka" européennes au 21ème siècle (voir "L'Europe, enfin" sur ce blog, page du 11 Avril).

Des tigres de l'Amour captifs sont présents plus au Sud, sur la mer Noire, en Crimée. Au zoo de Yalta, ils se reproduisent régulièrement. Une naissance a eu lieu fin mars, et des triplés sont nés en Avril. Tous bénéficient d'un suivi particulier. Certains d'entre eux rejoindront ultérieurement  un "safari parc" du district de Belogorsk,  dans la même région. Celui ci pourrait devenir, à terme, un centre de préparation au retour à la vie sauvage.

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