Cet article a été actualisé au 10 octobre 2022. Voir en fin d'article.
Les Femmes et les Enfants d'abord. Quand les femelles se font "Lionnes", et que même leurs "Lionceaux" participent activement à la chasse...
POUR RAPPEL. Dans l'Océan Pacifique, les populations de cachalots sont confrontées depuis fort longtemps à des meutes d'orques prédatrices [alors que dans l'Atlantique, ces dernières sont généralement piscivores et n'agressent pas les cétacés]. La psychologie et les techniques d'attaque/défense des uns et des autres en sont donc profondément affectées. Whitehead (Hal), Antunes (Ricardo), Gero (Shane), Wong (Sarah N.P.), Engelhaupt (Daniel), Rendell (Luke). 2012. Multilevel societies of female sperm whales (Physeter macrocephalus) : Why are they so different ? International Journal of Primatology, octobre 2012, 33 (5), 1142 -1164.
Dans l'Océan Arctique, les cachalots mâles, habituellement solitaires, présentent une réponse sociale lors de la détection des vocalisations d'orque et ils initient une stratégie anti-prédateur de groupe. Curé (Charlotte), Antunes (Ricardo), Alves (Ana Catarina), Visser (Fleur), Kvadsheim (Petter H.), Miller (Patrick J. O.) 2013. Responses of male sperm whales (Physeter macrocephalus) to killer whale sounds : implications for anti-predator strategies. Sci. Rep. 3, 1579.
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3613802/
Et selon les livres de bord des baleiniers, dans l'Océan Austral, 65% des cachalots capturés avaient des marques de dents d'orque(s) sur le corps...
L'issue de ces confrontations est manifestement liée au rapport de forces que les uns ou les autres parviennent à établir. Quand, de façon délibérée ou non, il s'établit un certain équilibre numérique entre prédateurs et proies, il est rare que les orques parviennent à leurs fins, les cachalots pouvant même assurer occasionnellement une certaine protection à des globicéphales... En revanche, s'ils sont en surnombre, les prédateurs peuvent mettre en danger la survie du troupeau de leurs proies dans son ensemble, femelles et jeunes à l'attaque pendant la quasi intégralité de la séquence, les mâles restant à l'arrière et n'assurant que la phase conclusive de l'assaut... Voir ci-dessous quelques éléments relevés dans : Pitman (Robert L.), Ballance (Lisa T.), Mesnick (Sarah L.), Chivers (Susan J.). Juillet 2001 (« first published 26 august 2006 »??). Killer Whale predation on Sperm Whales : Observations and Implications. Marine Mammal Science, 17 (3), 494-507.
21 août 1989. 1100Kms au SE d'Acapulco. 65 globicéphales et 15 dauphins Tursiops truncatus sont poursuivis par 6 orques, puis arrivent 8 cachalots qui forment une rosette, qu'ils ouvrent dans un second temps et à l'intérieur de laquelle les globicéphales cherchent à se réfugier, mais apparemment pas les dauphins... Dans l'Atlantique Nord, tout au contraire, où les orques sont plutôt piscivores, ce sont les globicéphales qui peuvent faire fuir celles-ci (observations réalisées au sud de l'Islande)...
https://sciencepost.fr/islande-orques-globicephales/
26 octobre 1997. Californie centrale. A l'issue de ce qui apparaît comme une technique de regroupement croisé des uns et des autres pour faire masse, une trentaine d'orques et de cachalots se retrouvent face à face, et les choses ne vont pas plus loin.
Mais 5 jours auparavant (21 octobre 1997) dans le même secteur, il en était allé tout autrement... Un troupeau d'environ 35 orques attaqua un groupe de neuf cachalots à 130 km au large des côtes de la Californie centrale. Pendant les quatre heures d'observation, des épaulards femelles adultes, dont certaines avec des baleineaux, ont attaqué par vagues de quatre à cinq animaux dans ce qui était apparemment une stratégie de « blessure et retrait ». Lors de la dernière heure, les très jeunes orques ont même participé activement à la curée aux côtés de leurs mères. Les épaulards mâles adultes sont restés inactifs jusqu'à la toute fin lorsque l'un d'eux a chargé et rapidement tué un cachalot (une grande femelle ou un grand subadulte mâle, l'un des plus grands individus du groupe) grièvement blessé qui avait été séparé du groupe. Les cachalots semblaient largement impuissants : leur principal comportement défensif était la formation d'une rosette (« marguerite », protection plus qu'insuffisante dans ce contexte).
/image%2F0554765%2F20220827%2Fob_127be6_marguerite-formation.png)
Lorsque les épaulards réussissaient à extraire un individu de la rosette, un ou deux cachalots s'exposaient à une attaque accrue en quittant celle-ci, flanquant l'individu isolé et le ramenant dans la formation, au prix de sérieuses blessures pour chacun. Malgré ces efforts, un grand individu a été tué et mangé et plusieurs autres (peut-être tous) ont été grièvement, peut-être mortellement, blessés...
Il est possible que la structure particulière des clans de cachalots du Pacifique soit une résultante adaptative à la pression des orques.
http://www.livescience.com/19632-sperm-whales-clans-orcas.html
Actualisation au 10 octobre. Une étude mise en ligne ce jour décrit une observation effectuée en 2012 où, au large des côtes méridionales du Brésil, 4 orques femelles assaillirent un troupeau de 12 cachalots (femelles et baleineaux), en vain...
