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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 05:23

JEREMIAH REYNOLDS, OU : LE SILLAGE DU POLAR BULL.

viathan laisse derrière lui un sillage lumineux. Livre de Job. 41, 23.

 

Ceci fait suite à « Le mirage de l' ESSEX , ou : une chronique de la nuit des temps » mis en ligne le 20 novembre dernier, « A travers les temps » mis en ligne le 30 du même mois, et à « L'impossibilité d'une île » mis en ligne le 14 décembre ...

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/11/le-mirage-de-l-essex-ou-une-chronique-de-la-nuit-des-temps.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/11/a-travers-les-temps.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/12/l-impossibilite-d-une-ile.html

et conclut ainsi la thématique des 4 articles : « Des transformations de l'âge glaciaire à un « Antarctic Bull » méconnu.

Pour rédiger cet article, nous nous sommes largement inspirés de l'ouvrage de Christian Garcin : "Les vies multiples de Jeremiah Reynolds" (2016).

Christian Garcin. 2016. Les vies multiples de Jeremiah Reynolds. Stock.

https://www.editions-stock.fr/auteurs/christian-garcin

https://www.editions-stock.fr/printmail/88838

https://www.editions-stock.fr/contactez-nous

(sujet : Rencontre avec un auteur)

Site de critique du livre : Moby Dick au centre de la Terre.

https://www.onlalu.com/livres/roman-francais/les-vies-multiples-de-jeremiah-reynolds-christian-garcin-17562/

Sans le savoir, Reynolds parcourt le territoire principal du Polar Bull, avant d'apprendre son existence sous le dénominatif de « cachalot blanc ».

Etrange voyage inconscient, qui « prépare » le chef d'oeuvre de Francisco  Coloane : El Camino de la ballena (1962). Coloane (Francisco). 1962. El camino de la Ballena (édition originale). Edition française : « Le sillage de la baleine », éditions du Seuil, 2000.

Début 1829 : avec Nathaniel B. Palmer comme capitaine, 9 ans après que celui-ci se soit approché des côtes du continent antarctique... Jeremiah Reynolds est à bord de l'USS Peacock (endommagé 2 ans plus tôt par un cachalot) pour lancer une expédition vers le pôle Sud... Fin 1829 : il est peut-être le premier homme blanc à poser le pied sur le continent antarctique où il admire des "icebergs-cachalots" janvier 1829, le Président des Etats-Unis John Quincy Adams, décide, par l'entremise du secrétaire au trésor Richard Rush et du secrétaire à la Marine Samuel L. Southard, que Reynolds avait maintes fois rencontrés et fini par convaincre l'un et l'autre, de faire en sorte que le Congrès (devant lequel Reynolds prononce un long discours) permette à celui-ci d'affrêter sur fonds publics un navire en partance pour le Pôle Sud, dont le but affiché était de promouvoir le commerce et protéger les investissements américains dans l'industrie de la chasse au phoque et à la baleine. Le navire est presque instantanément trouvé. C'est l'USS Peacock (navire de guerre chargé de la protection des baleiniers américains, qui avait été endommagé par un cachalot en 1827 (voir par exemple sur ce sujet « Moby-Dick » d'Herman Melville, chapitre 45). L'affaire « tombe à l'eau » dès le mois de mars, le nouveau Président Andrew Jackson ayant pris ses fonctions annulant la décision du gouvernement de John Quincy Adams.

A la fin du printemps, Reynolds fonde la « South Sea Fur Company and Exploring Expedition ». iIl est financé par un riche New-Yorkais, John F. Watson, qui l'accompagne à bord de l'Annawan (un petit ravitailleur : le Penguin, participe aussi à l'expédition. Le capitaine de l'Annawan est Nathaniel B. Palmer : en 1820, celui-ci, après le russe Fabian Gottlieb von Bellingshausen, puis le britannique Edward Bransfield, avait aperçu le continent antarctique. L'Annawan quitte le port de New York en octobre 1829. Dans l'océan austral, Reynolds découvre, avant Ishmael dans le premier chapitre de « Moby-Dick », de Grands Fantômes Encapuchonnés : « les énormes montagnes de glace, les îles flottantes qui s'élèvent jusqu'aux nuages et atteignent des profondeurs insondables : « L'amour de l'aventure, que nous éprouvions avec force et intensité, était devenu la passion maîtresse de nos âmes. Air doux et climats tempérés n'avaient que peu d'attraits pour nous. Depuis longtemps, nous attendions avec impatience de pouvoir admirer le royaume de la neige et de la « glace épaisse »...

 

Les explorateurs parviennent à accoster après de nombreuses difficultés, puis se nourrir en tuant une femelle éléphant de mer « dont la graisse permettait d'allumer un feu admirable, sa langue, par ailleurs, constituant un mets absolument délicieux » (on pense aux descriptions enjouées et admiratives de Georg Wilhelm Steller concernant les rhytines de Steller 87 ans auparavant).

Le reste du troupeau avait fui, laissant derrière lui une petite grotte dans la falaise, dans laquelle ils s'abritèrent.

Dans la matrice originelle. Trois jours passèrent. Le temps ne s'arrangeait pas, et les provisions allaient manquer. Reynolds éprouvait par moments un sentiment de sérénité quasi mystique. Il se disait qu'il était arrivé au bout du monde et de lui-même, qu'il avait posé le pied là où peut-être personne ne l'avait jamais fait, mais que personne ne le saurait jamais, que ce serait donc comme s'il n'était jamais venu, comme si rien nulle part ne s'était jamais passé, qu'il vivait sans doute ses derniers instants dans cette solitude blanche et glaciale, que le vent et la neige recouvriraient tout, et que c'était très bien ainsi.

Les explorateurs, après une phase de désespoir, parviennent finalement, de façon quelque peu miraculeuse, à rejoindre l'Annawan, suivi du Penguin « comme un dauphin dans son sillage ».

Début 1830 : il est dans les fjords de la Patagonie occidentale (« L'Antre de la Bête »), où il admire des « fjords-calmars » : la tête (fjord) est connectée à de multiples tentacules (chenaux labyrinthiques) . Rentré à Valparaiso, il repart avec le capitaine Philip Parker King (explorateur et membre de la Royal Navy, qui avait effectué entre 1817 et 1822 quatre circumnavigations de l'Australie afin d'en établir une carte côtière précise) à bord du HMS Adventure, vers la côte sud-ouest de la Patagonie, qui s'émiettait en un réseau inextricable d'îles presqu'îles, canaux, fjords et autres pièges à la navigation formant de redoutables labyrinthes dont il était impossible de s'extirper. Pendant trois mois, ils longent le sud de la côte jusqu'à l'entrée du détroit de Magellan et du canal de Beagle, sillonnent des fjords argentés qui serpentent entre des myriades d'îlots, s'égarent dans des canaux labyrinthiques qui, s'entremêlant de manière extravagante, se divisent en dizaines de bras... Il y rencontre des Kawesqars (Alakalufs).

En mars de la même année, il apprend l'existence d'un cachalot blanc invaincu ou supposé tel aux environs de l'île Mocha (un peu au Nord des îles Chiloé, qui marquent la limite septentrionale du labyrinthe côtier du Chili occidental qui vient d'être évoqué).

Le 2 avril au matin, son rêve de poursuivre l'animal s'effondre. Il le tue virtuellement sur le papier, dans une nouvelle qu'il finit en 1832 (il la modifie légèrement en 1837), et qui sera publiée en 1839.

Le grand cachalot blanc n'était en réalité présent aux alentours de l'île Mocha (voire parfois plus au Nord, au large des côtes péruviennes, et même des Galapagos, que saisonnièrement, à l'époque de la reproduction, puis, de façon croissante, pour participer activement à la protection des communautés cétacéennes à l'ouest de l'Amérique méridionale. Mais son preferendum naturel se situait dans les glaces de l'océan austral et son continuum septentrional de fjords et labyrinthes marins de la Terre de Feu aux îles Chiloé.

Ce cachalot apparemment albinos sera abusivement nommé « Mocha Dick » par Reynolds, dénominatif fallacieux qui fera pourtant florès...

Comme je l'ai démontré dans mon livre « L'incroyable victoire des cachalots dans leur guerre contre les baleiniers au XIXème siècle » et contrairement à ce qu'écrit Christian Garcin, se fiant, après d'autres, au récit farfelu publié à la fois dans le Chicago Tribune et le Detroit Free Press le 3 avril 1892, ce cachalot (entre 21 et 22 m selon Reynolds c'est-à-dire selon Lewis) n'a pas été capturé par un baleinier suédois au large du Brésil en 1859, presque sans combat, l'animal en question (un super géant de plus de 33,50m, de couleur blanche) étant épuisé et probablement valétudinaire... Cet épisode a d'ailleurs vraisemblablement été purement et simplement inventé (voir par exemple « A travers les temps » mis en ligne le 30 Novembre, référencé en haut de page).

Et même au cas où  ces évènements avaient eu un fond de réalité quelconque, l'animal capturé aurait alors été un autre grand mâle, appartenant probablement au « clan blanc » des Açores, au sein duquel des individus gigantesques n'étaient pas rares à l'époque : en juillet 1902, au Sud de cet archipel, un cachalot blanc de plus de 27m sera capturé par l'aquinnah Amos Smalley à bord du baleinier « Platina »-...

L'animal réel dont Reynolds fit le héros de sa fiction est donc probablement resté invaincu jusqu'à sa mort, au milieu des glaces, lorsque, dans son très grand âge, il n'a plus effectué de migration saisonnière vers le nord, devenant ainsi un « Polar Bull » permanent.

OLD TOM . C'est très probablement le seul sobriquet dont le cachalot blanc ait été jamais affublé par les baleiniers. On n'en connaît qu'une seule référence écrite (Emerson 1834, qui a recueilli un témoignage de deuxième main). Dans d'autres cas (certainement fort nombreux), il est innommé et simplement décrit par sa couleur (Lecomte 1837)... Le nom de « Mocha Dick » que lui attribue Reynolds est donc purement fictif et littéraire. Samuel Lewis, le marin qui a parlé de l'animal à Reynolds en mars 1830, ne lui donne jamais de nom. Simplement indique t-il qu'on lui avait donné la chasse dès avant 1810 aux environs de l'île Mocha...

Pour les baleiniers, cet animal couleur de linceul, qui mettait en échec leurs assauts avec intelligence et vigueur, a peut-être été perçu comme le fantôme d'un autre cachalot combattant qui avait particulièrement marqué les esprits quelques années auparavant : « New-Zealand Tom » (Pour Herman Melville, chaque cachalot tué sécrète son fantôme -« Moby-Dick », chapitre 69-)... New-Zealand Tom est mentionné à cette époque par 3 auteurs : Thomas Beale en 1839, Frederick Bennett l'année suivante, et Herman Melville dans Moby-Dick. Bennett ne l'évoque que très brièvement, indiquant simplement qu'il était célèbre pour les ravages qu'il infligeait aux flottes envoyées contre lui. Beale et Melville évoquent sa mort. Le second le fait selon un code légendaire classique à l'époque (voir « A travers les temps » mis en ligne le 30 novembre dernier) : l'animal est finalement tué par un vaillant capitaine qui avait levé l'ancre dans ce dessein précis (« Moby-Dick », chapitre 45). Beale, quant à lui, précise que « many harpoons of the various ships that had from time to time been sent out against him were found sticking in his body. » Or, le cachalot blanc, que Reynolds fait mourir dans son récit fictif, est présenté par celui-ci comme ayant une vingtaine de harpons fichés dans le corps...

Si Beale donne des précisions sur les exploits phénoménaux du cachalot néo-zélandais (en 1804, mise en échec d'une flotte de plusieurs navires baleiniers -dont l'un se nomme « Adonis »- après la destruction de 9 baleinières), ce n'est en aucune façon le cas pour la mort du grand cétacé (ni date ou autre indication temporelle, ni circonstances et modalités particulières)... Par contre, il note que le grand animal fut nommé « New-Zealand Tom », et que la tradition en est soigneusement préservée par les baleiniers... Les exploits prodigieux du cachalot blanc évoquent donc spontanément ceux d'un illustre prédécesseur...

Dans son Journal, à la date du 19 février 1934, Ralph Waldo Emerson mentionne le témoignage d'un marin à propos d'un cachalot blanc connu pour endommager les navires, et que les baleiniers nomment Old Tom. Fidèle à la lettre aux codes légendaires en vigueur chez les baleiniers, celui-ci évoque un navire spécialement armé à New Bedford dans le but d'en finir avec le grand cétacé, le Winslow. Et l'animal aurait été finalement capturé au large du Pérou... Nous avons fait litière de cette hypothèse fort peu crédible, relevant de la simple convention langagière, dans « A travers les temps » mis en ligne le 30 novembre dernier : le capitaine du Winslow était Owen Chase, second à bord de l'ESSEX... Si celui-ci s'est lancé dans une odyssée vengeresse, préfigurant ainsi le Achab de Melville, c'était, de toute évidence, à l'encontre du cachalot à peau sombre dont la vigoureuse initiative du 20 novembre 1820 avait entraîné des souffrances indicibles pour Chase et ses compagnons, et non pour persécuter un animal inconnu à peau claire... Et à l'issue de ses deux campagnes baleinières à la tête du Winslow, Owen Chase ne fit en aucune façon état d'une éventuelle capture du naufrageur de l'ESSEX, pas plus que celle d'un cachalot blanc* (alors même que « Through countless retellings, the sinking of the ESSEX was ultimately attributed to Mocha Dick » (Kevin Hayes. 1980. Melville's folks roots, page 78. Kent State. University Press).

Melville attribuera à son « Moby Dick » une bosse blanche, qui était l'un des signes distinctifs les plus remarquables de New-Zealand Tom...

Aujourd'hui, « New-Zealand Tom » est complètement oublié en Nouvelle Zélande, où son nom n'évoque strictement rien à qui que ce soit...

Le cétacé de référence à l'historicité bien attestée dans l'esprit des citoyens de ce pays est Pelorus Jack, un dauphin de Risso accompagnateur des navires, qui fut protégé à titre personnel en 1904...

Par contre, on y célèbre volontiers « Mocha Dick » comme archétype de défenseur indestructible de l'océan mondial (Ian Wedde 1986 : Symmes Hole).

Le seul « Old tom » bien connu dans la région est un orque épaulard australien qui, avec son clan, chassait les rorquals en partenariat avec des baleiniers entre les dernières années du XIXème siècle et la fin des années 1920...

 

En 2013, le jeu de cartes « Moby-Dick » nomme « Old Tom » la « terreur des navires au large du pays des tatouages », formule retenue par Melville au chapitre 45 pour présenter New-Zealand Tom...

* La « Fake News » a aussi sa charge d'ironie : si un « Old Tom » avait été capturé au large du Pérou par l'équipage du Winslow, ceci se serait nécessairement produit entre le début du mois d'aout 1825 et le 20 juillet 1827 (durée de la première expédition), ou entre juillet 1828 et l'été 1830 (durée de la seconde et ultime campagne d'Owen Chase au commandement de ce navire). Du même coup, Samuel Lewis, en mars 1830, aurait décidé de poursuivre un animal déjà mort... En tout état de cause, c'est lui qui décèdera le 1er avril (et ce ne fut pas un poisson).

En résumé : LES DEUX « MOCHA DICK ».

1. Le seul combattant correspondant à cette dénomination (tardive et littéraire). Couleur blanche. Gardien du secteur du Pacifique Sud-Est. Exploits répertoriés dès avant 1810. Parfois nommé Old Tom (il sera connu sous ce SEUL nom par les baleiniers lors des premières décennies du XIXème siècle). Un autre cachalot blanc a été mis à mort dans le même secteur, le 21 août 1951 (News of Norway, volume 9, 7 février 1952, page 24 « News in Brief »).

2. Le « balafré », « Météore victorieux ». Couleur gris-noir avec une grande balafre cicatrisée, blanche, sur la hure. Exploits répertoriés dans le Sud-Est du Pacifique (Juillet et Août 1840) puis dans l'Atlantique Sud en Mai 1841 (ouest des îles Falklands, zone probablement atteinte à travers le lacis des chenaux du Détroit de Magellan ; à cette occasion, l'animal est atteint par un harpon pour la première fois...). Quelques mois avant cet épisode (début 1841), il avait été désigné comme ennemi public n° 1 par les représentants de l'industrie baleinière à la Seamen's Bethel de New Bedford, qui décrétèrent à cette occasion une politique systématique d'assassinats ciblés, ce qui se révéla vain le concernant.

Le Blanc avant 1810 et le Balafré en août 1840 sont tous deux repérés non loin de l'île Mocha... Or, certains odontocètes, comme les Bélougas , aiment à revenir sur leur lieu de naissance et de prime jeunesse...

https://www.dauphinlibre.be/les-belugas-valorisent-la-culture/

Comme je l'ai précisé dans mon livre « L'incroyable victoire des cachalots contre les baleiniers au XIXème siècle », Melville s'inspire directement de l'action finale du cachalot balafré (qui fait basculer la Première Guerre du Pacifique en faveur des cétacés), reliant celle-ci directement à Fedallah et son équipage d'Asie du Sud-Est (de fait, Fedallah sera le seul membre du Pequod subissant un assassinat ciblé direct de la part du cachalot héros du roman). Melville lui a simplement ajouté la blancheur et le halo légendaire de Old Tom, en lui attribuant un dénominatif proche de « Mocha Dick » , qui brouille ainsi les pistes.

Le cachalot melvillien est le Gardien du Japan Ground, en filiation fonctionnelle directe d'un autre cachalot (probablement fictif) cité au chapitre 45 du roman : « Morquan », mort depuis des décennies au moment du récit.

Ceci est à mettre en miroir avec le « balafré », dont l'exploit ultime a peut être poussé Melville à faire de lui, abusivement, un gardien du triangle de Corail, qui aurait étendu son champ d'intervention à partir du Nord des Philippines (Mindanao)...

Celui- ci, dans l'esprit de l'écrivain, aurait donc été en filiation fonctionnelle directe avec un autre cachalot réel, mort depuis longtemps lui aussi, « Timor Jack », inscrit dans une dynastie connue des hommes depuis le XVIème siècle, et remontant probablement à des dizaines de milliers d'années. Celle-ci continue d'ailleurs à vivre aujourd'hui (Voir « Corail blanc », mis en ligne sur ce blog le 26 juillet 2020) :

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/07/corail-blanc.html

CONCLUSION. Black Hollow, Electric Mist.

ESSEX, troglodyte marin.. Les américains, perdus dans un trou noir paradigmatique et tâtonnant dans la brume électrique, ont la mémoire qui flanche. Je n'ai retrouvé aucune référence au naufrage de l'ESSEX il y a 200 ans le 20 novembre, si ce n'est un twitt d'un collaborateur du New Bedford Whaling Museum :

https://twitter.com/whalesorg/status/1329744711708454912/photo/1

PENDANT CE TEMPS, L'AVENTURE CONTINUE. Don Pancho . Après le sacrilège des norvégiens modernes (voir « A travers les temps » mis en ligne le 30 novembre dernier, et référencé en début d'article).

Le sillage lumineux du Polar BULL sublimé. Francisco Coloane, écrivain chilien originaire de l'archipel des Chiloé, connaît bien la légende de « Mocha Dick » et son intégration tardive dans le « Trempulcahue », culte des ancêtres des Lafkenches (Mapuches de la côte Pacifique et de l'île Mocha) - C'est sans doute lui qui a fait découvrir ce récit à Luis Sepulveda (qui le nomme avec affection et respect « Don Pancho »)-.

Dans « Le sillage de la baleine » (1962), il substitue au « Polar Bull » un rorqual bleu mâle de 35m...

Aujourd'hui, nouvelle inflorescence : l'éclatante revanche de Don Pancho :

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/11/201119103058.htm

Blue whales Balaenoptera musculus at South Georgia were heavily exploited during 20th century industrial whaling, to the point of local near-extirpation. Although legal whaling for blue whales ceased in the 1960s, and there were indications of blue whale recovery across the wider Southern Ocean area, blue whales were seldom seen in South Georgia waters in subsequent years. We collated 30 yr of data comprising opportunistic sightings, systematic visual and acoustic surveys and photo-identification to assess the current distribution of blue whales in the waters surrounding South Georgia. Over 34000 km of systematic survey data between 1998 and 2018 resulted in only a single blue whale sighting, although opportunistic sightings were reported over that time period. However, since 2018 there have been increases in both sightings of blue whales and detections of their vocalisations. A survey in 2020 comprising visual line transect surveys and directional frequency analysis and recording (DIFAR) sonobuoy deployments resulted in 58 blue whale sightings from 2430 km of visual effort, including the photo-identification of 23 individual blue whales. Blue whale vocalisations were detected on all 31 sonobuoys deployed (114 h). In total, 41 blue whales were photo-identified from South Georgia between 2011 and 2020, none of which matched the 517 whales in the current Antarctic catalogue. These recent data suggest that blue whales have started to return to South Georgia waters, but continued visual and acoustic surveys are required to monitor any future changes in their distribution and abundance.

DON PANCHO : 

A la porte d'entrée qui mène au cœur du Monde... Patience et longueur de temps...

Roule ton sombre azur, ô profond océan,

Mille chasseurs de lard te sillonnent en vain. Moby-Dick, chapitre 35.

Herman Melville, comme tout homme sensé, reconnaît que, pour les petits êtres que nous sommes, la « Vérité » est inapprochable et ineffable. Dans le chapitre 76 de « Moby-Dick », il la dit réservée aux « Géants Salamandres »...

Iceberg photographié par Laurent Ballesta en 2015, Terre Adélie, Antarctique :

 

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