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24 avril 2018 2 24 /04 /avril /2018 14:54

Chaque jour les inspecteurs du service de surveillance de chasse patrouillent les forêts du Primorski Kraï, soit environ 600 opérations par trimestre qui concernent l'ensemble de la faune et en premier lieu les ongulés et les oiseaux. Face à ce rouleau compresseur, la délinquance écologique est en recul significatif au premier trimestre 2018. Voir le détail sur "Amur Tiger Centre", ce jour.

http://amur-tiger.ru/ru/press_center/news/1040/

ОХОТНАДЗОР НА СТРАЖЕ ЛЕСНОГО ПОРЯДКА

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23 avril 2018 1 23 /04 /avril /2018 06:58

BLANC COMME LA VAGUE. Ceci fait suite à "Le retour de Don Miguel" mis en ligne le 29 septembre 2017, et  "Le Sel de la Vie" mis en ligne le 18 mars 2018.

Après ma Résurrection, vous connaîtrez que je suis dans mon Père, Dieu comme lui, tout - puissant comme lui, une même substance avec lui ; et que je suis en vous par ma grâce et, par le secours que je vous donne, comme vous êtes en moi par la foi et l'obéissance que vous me rendez. Vous comprendrez alors que je ne vous ai point abandonnés, et que je n'ai jamais été séparé de vous ; et que comme vous êtes mes membres, je suis aussi votre chef ; que je vous anime et vous soutiens. Evangile selon St Jean, Chapitre 14, Psaume 20.

Le mois dernier, dans la revue de la Melville Society "Leviathan", Anna Brickhouse a introduit une forme de dialogue en miroir entre Herman Melville et le chroniqueur péruvien du XVIème siècle EL Inca Garcilaso de la Vega. Les deux décrivent des "catastrophes naturelles" et la réaction des populations à leur égard.

Garcilaso de la Vega évoque le tremblement de terre du 9 juillet 1586, d'une magnitude de 8,6 sur l'échelle de Richter, qui provoqua un tsunami avec des vagues de 24M de hauteur et l'inondation de la ville de Callao. L'évènement fit l'objet, à l'époque, de rapports beaucoup plus fournis au Japon, où les vagues n'avaient pas dépassé deux mètres de hauteur...  ("Morquan, la Grande Vague", dans "Une révolution bleue" mis en ligne le 13 février 2017).

Melville évoque un tremblement de Terre tsunamique animal : la Grande Baleine Blanche... (Voir aussi : Baird (Alison). 1999. White as the wave. Tuckamore books. Ou la Baleine blanche "White as the Wave" lutte pour la survie de son groupe après les massacres subis par celui - ci et la mort de sa compagne "Moon Tail"...). Brickhouse (Anna). Earthquake and whale. Leviathan 20 (1), Mars 2018, 85 - 102.

Inca Garcilaso de la Vega, ou El Inca Garcilaso, de son vrai nom Gómez Suárez de Figueroa, est un chroniqueur amérindien de langue espagnole, né le 12 avril 1539 à Cuzco, dans la vice-royauté du Pérou et mort le 23 avril 1616 à Cordoue en Espagne (le jour de l'enterrement de Don Miguel Cervantes à Madrid).

Gómez Suárez de Figueroa est un métis, fils d'un noble conquistador espagnol, Sebastián Garcilaso de la Vega y Vargas, et de la princesse inca Isabel Chimpu Ocllo , descendante de l'Inca Huayna Capac. Il réside à Cuzco, ancienne capitale de l'Empire inca, jusqu'en 1560, date de la mort de son père, année durant laquelle il quitte définitivement le Pérou pour s'installer en Espagne.

C'est le premier grand écrivain péruvien. Ce fut aussi le premier latino-américain à écrire sur l'Amérique depuis l'Europe. Ce sont les Comentarios Reales de los Incas (Commentaires royaux des Incas), qu'il conçoit en deux parties : la première est l'histoire de ses ancêtres maternels, la seconde celle de la conquête du Pérou, qu'il publie au crépuscule de sa vie en 1609. Ce livre est un témoignage unique sur l'histoire des Incas avec une vision moins européenne que les autres ouvrages publiés à cette époque.

400 ans après lui, le meilleur connaisseur de la physiologie des grands cachalots du Pacifique du SE est une péruvienne, OBLA PALIZA.

https://www.books.fr/femme-a-perce-secrets-cetaces/

LE SEISME. DON MIGUEL DE LA MOCHA, LE PASSEUR.

Dans Moby-Dick, Melville articule son récit sur le principe jungien de la Nekuia (rituel sacrificiel lié à la mythologie grecque, que Jung considère comme une chute dans l'abîme permettant la restauration de l'homme.

Qui fait l'Ange fait la Bête, mais qui fait la Bête fait l'Ange. Ainsi, les fanatiques les plus délirants s'avèrent être les plus lucides. Au chapitre 71, un malade mental, membre d'une secte de quakers particulièrement extremistes, devient le gourou du baleinier "Jeroboam" (1er roi d'Israël du Nord - après la scission avec le royaume de Juda, et adorateur du veau d'or...).

Se faisant appeler "L'Ange Gabriel", il interdit toute manifestation d'hostilité à l'encontre de la baleine blanche, en qui il voit le "Dieu Secoueur" (les "Quakers" sont des "Trembleurs"). Son influence augmente après que le second de ce navire, passant outre son interdit, affronte l'animal, qui éxécute celui - ci dans ce qui apparaît comme un véritable assassinat ciblé... "L'Ange Gabriel" jette l'Anathème sur Achab pour son projet sacrilège...

 

 

Cercueils matriciels et passeurs. La Nekuia (qui dure trois jours et trois nuits) traverse le roman à travers un véritable défilé de "cercueils" (matriciels ou non). La "Nekuia" joue son rôle fonctionnel rédempteur dans les cas de la baleine de Jonas, le tombeau du Christ (non mentionné mais dont la présence centrale est aussi irradiante que celle de Mocha Dick), le tombeau de Queequeg, qui bénéficie matériellement comme spirituellement à Ismaël).

Elle n'est qu'un simulacre dans le cas de la tête ouverte du cachalot dans laquelle Tashtego manque de se noyer, avant d'être tiré d'affaire par Queequeg, mais sans modifier son état d'esprit. Quequeeg le Tatoué est un Passeur, qui échoue avec Tashtego et réussit avec Ismaël.

Fedallah, incarnation du Diable (de facto, Achab n'est pas beaucoup plus que sa marionnette), est précipité dans l'Abîme par le grand cachalot blanc, sur le corps duquel il est attaché par les filins embrouillés. Ce dernier prend soin  de remonter à la surface avec son passager pour que celui- ci, même mort, fasse signe à Achab de le rejoindre.

Le cercueil d'Achab est son navire, le Pequod. Sa véritable Nekuia est bien antérieure à la scène finale du roman et même au commencement de l'action de celui - ci. Et c'est une Nekuia négative, car Achab n'est pas originellement un homme mauvais. Après avoir eu la jambe broyée par Moby-Dick au large du Japon, il reste pendant trois jours et trois nuits entre la vie et la mort au large du Cap Horn, et devient fou. 

Don Miguel, héritier et passeur. Le premier cercueil évoqué dans le roman est celui de l'hippopotame momifié dans une pyramide égyptienne. Comme nous l'avons vu le 18 mars dernier, l'hippopotame est BEHEMOTH ("La Bête des Bêtes", susceptible de détruire le Pouvoir de Pharaon, et de tuer celui - ci). Le Livre de Job le présente comme "La Première des Oeuvres de Dieu". L'Egypte antique redoute particulièrement le "Taureau Rouge" (hippopotame mâle albinos). Celui - ci peut sécréter en outre un produit dermique rouge au fur et à mesure que le combat se prolonge et s'intensifie... Don Miguel, le vieux cachalot sud - américain recouvert, comme Queequeg, de signes énigmatiques, est associé à la pyramide. Il est l'héritier et le corps glorieux du Behemoth qui a fusionné avec son tombeau. Masque poétique et littéraire de Mocha Dick, il est  LE PREMIER PASSEUR, le SurBehemoth, le cerveau des cerveaux (ch 80), dont les énigmes du grand front firmament (ch 79) s'étendent jusqu'à la bosse (ch 45). Son « assistant» nippon est Morquan. Avec lui, il englobe l'ensemble de "la carrière de Mocha Dick" (Free Detroit Press du 3 avril 1892).*  Après lui, il n'y a plus que Moby – Dick (page blanche plus "illisible" encore que les glyphes de Don Miguel, évoquant irrésistiblement le cadeau fait aux philosophes navigateurs par Micromegas...) qui vient à bout des Pharaons modernes. Et que, un siècle plus tard, Francisco Coloane ("Don Pancho" comme l'appelaient ses amis), étendra à l'échelle de l'Antarctique : LE CONTINENT BLANC... Celui - ci apparaît déjà, pour Melville, comme l'Axe du Monde dans la Première Guerre du Pacifique. En effet, si les 4 cachalots combattants magnifiés par l'auteur (ch 45) semblent "appartenir" à l'espace Pacifique, ce n'est le cas ni de Moby - Dick  ni de son "rabatteur atlantique secret" (ch 51) qui ne peuvent être confondus l'un avec l'autre, eu égard à la structure fort différente de leurs jets respectifs (voir celui de MD  au chapitre 36). Un "troisième larron" élusif mais efficace s'invite dans l'Océan indien (ch. 96). Véritable hacker invisible, il fait perdre à Ismaël son équilibre mental et aurait provoqué le naufrage si le marin n'avait finalement brisé l'envoutement de cette hallucination nocturne. Ces deux - là combattent à l'échelle de l'Océan Mondial, et passent probablement par l'Antarctique pour aller directement de l'Afrique à l'Australie... 

  

 

LA MERE DES PASSEURS, PASSEUR ELLE -MÊME. Sarah Morewood, poétesse à l'effervescence magnétique, fut probablement, pour Melville, la véritable femme de sa vie à tous points de vue, et la véritable Mère de « Moby-Dick ». Elle fut la Muse de l'écrivain, et plus encore. La journaliste Laura Schultz  note que "Throughout his trials and tribulations, Melville was both inspired and sustained by the magnetic effervescence of Sarah Morewood". Dans son ouvrage "Melville in love" publié en 2016, Michael Shelden va jusqu'à considérer " that Moby-Dick, which was largely written in the months following the novelist’s move to the Berkshires, was inspired in part by Melville’s passion for Sarah, an obsession that drove him to manic extremes in a manner similar to Ahab’s pursuit of the whale." Elle a probablement permis à l'auteur de vivre, entre 1850 et 1852, la période la plus riche de sa vie. A partir du début de l'année 1850, lors de la rédaction de son roman dans sa résidence d'Arrowhead ("la pointe de flèche"), Melville, de sa fenêtre, pouvait admirer le Greylock, dont le sommet (le plus élevé du Massachusetts) évoque la bosse d'un cachalot ("Baleine verte, corps et âme" mis en ligne le 27 mars 2016).   Le Songe d'une nuit d'été. Melville achève le manuscrit de "Moby-Dick" en juillet 1851. Et passe une nuit avec Sarah  "sur la bosse du cachalot".

 Chesney (M.M) Thesis. March 1972. Herman Melville's mighty, misty monster : a device of literary art

https://esirc.emporia.edu/bitstream/handle/123456789/2620/Chesney%201972.pdf?sequence=1

L'année suivante (1852), l'écrivain dédicace son ouvrage "Pierre ou les ambiguités" à "The most Excellent Purple Majesty of Greylock". Dans ce livre, Pierre rêve à la défaite du géant tellurique Encelade, terrassé par la lance de Pallas Athena, alors qu'il montait à l'assaut "sur la paradisiaque montagne des Titans". La Déesse bénéficiait du soutien de la divinité primordiale Océan. Sarah Morewood est peut - être figurée, dans ce roman, à la fois à travers Pallas Athena et Isabelle.  ​​​​​ « Et des doigts d'Isabelle s'échappa une fiole vide — tel un sablier épuisé — qui se brisa sur le sol. Elle-même s'affaissa tout d'une masse, tombant sur le cœur de Pierre ; sa longue chevelure se répandit sur lui et lui fit une treille de ses vignes d'ébène. »

SARAH.

Sarah Morewood décède de tuberculose le 16 octobre 1863, "still married to John Rowland Morewood, and still on close terms with her neighbor Herman Melville. During the early years of the American Civil War she was so active and generous in her support of local regiments that two military camps were named after her. At her death the Pittsfield Sun, where some of her poems were published in the 1850s and early 1860s, praised her as “a lady of superior literary accomplishments."

Prophètes et martyrs. Moby-Dick recèle donc 3 "Jonas" : Tashtego (pantin désarticulé d'une Tragedia dell Arte), Queequeg (mais son cercueil s'avère inutile pour lui - même), et Ismaël.

Mais on y découvre aussi 4 prophètes : Elie (ch.19), mais aussi "l'Ange Gabriel" cité plus haut, Fedallah (qui annonce à Achab leur destin commun), et même Stubb (ch. 119, dans le même mode parodique que Tashtego en Jonas) qui veut voir dans les mats enflammés du Pequod au milieu du typhon un augure de prospérité à venir, et qui n'annonce que l'incendie de Nantucket de juillet 1846, alimenté par l'huile de baleine (c'est en fait Le Célibataire qui a déjà raflé la mise sur le Japan Ground (ch.115). Tout était joué dans l'Océan indien (ch.96), lors de la fonte des plaques de lard, où le navire apparaissait comme un îlot de l'Enfer dans la nuit "du fauve océan". 

Si les prophètes sont tous humains, les 3 martyrs du roman sont tous cétacéens. Le premier est tué par Stubb (ch.61) dans des conditions particulièrement atroces. Son calvaire s'apparente à une véritable Passion. Nous ignorons si son coeur, comme celui du Christ dans les livres de prière de nos grands mères, était "un Océan de Bonté et une Fournaise d'Amour", mais à l'issue du carnage, il finit par éclater. Après son dépeçage et sa décapitation (ch. 68), «Un fantôme lui survit et plane au - dessus de lui.  A distance, la masse blanche qui flotte au soleil, et l'écume blanche qui rejaillit haut contre lui sont perçus comme un phénomène naturel dangereux. Pendant sa vie, la baleine peut avoir été une véritable terreur pour ses ennemis. Morte, son fantôme devient une panique sans effet sur tout un monde (ch.69). Sa tête est alors présentée comme celle du Sphinx (ch.70), c'est - à - dire le gardien du tombeau de Behemoth ("Le sel de la vie" mis en ligne le 18 mars dernier). Son front firmament plissé d'énigmes (ch.79) qui s'est déplacé parmi les fondations du Monde et en a assez vu pour faire éclater les planètes (ch.70) ne peut éclairer un Achab qui sait, sans l'admettre explicitement, qu'il y a quelque chose de pourri dans son royaume...

Le second martyr, déjà évoqué à plusieurs reprises sur ce blog (par exemple, "Le sel de la Vie" mis en ligne le 18 mars, où il est associé à l'ORCAFERON de Stefano d'Arrigo) est un vieux mâle épuisé, aveugle, manchot, torturé par une plaie énorme plaie ulcéreuse provoquée par une pointe de lance en pierre (ch.81). Incarnation spectaculaire de la cétacéanité souffrante, il suscite "une immense pitié" à tout individu normalement constitué, l'auteur évoque aussi "l'effroi" du grand animal... Et dans un passage à l'humour swiftien, il souligne que "Mais la pitié n'était pas de mise. Car malgré son grand âge, son bras unique et sa cécité, il devait être mis à mort, afin d'éclairer les noces joyeuses et autres réjouissances des hommes, et aussi d'illuminer ces églises solennelles où l'on prêche la douceur inconditionnelle de tous envers tous." Le vieil animal reçoit le coup de grâce sadique de la part de Flask, imbécile aussi bête que méchant qui vibre d'une haine recuite contre les cétacés dans leur ensemble. Celui ci lui perce volontairement sa plaie ulcéreuse, lui infligeant ainsi une mort lente : "Son dernier souffle fut la chose la plus pitoyable qu'on puisse imaginer. telle une fontaine jaillissante que des mains invisibles font, par degrès, cesser de sourdre, et dont les ultimes élans s'abaissent peu à peu jusqu'au sol avec des gargouillis à demi étouffés et mélancoliques - ainsi le cachalot à l'agonie rendit-il longuement son dernier souffle". Mais il met aussi, involontairement, fin aux tourments qui assaillent le géant depuis des années, qui est finalement recueilli par l'Océan en son coeur, le Pequod ayant dû renoncer à lui faire subir les derniers outrages, sous peine d'être entraîné avec lui au fond de l'eau...     

Le troisième martyr est, comme l'hippopotame rouge égyptien ("Le sel de la vie" mis en ligne le 18 mars dernier), le miroir subaquatique du Soleil couchant, et se tourne vers lui avant de mourir. Ainsi, Soleil et cachalot meurent de concert (ch. 116). ET INTERFUSIONNENT.

Sol Invictus. La Re - Surection de l'Ange de la Lumière et de la Vengeance. Le produit de cette fusion est, au fond de l'Océan,  une tâche blanche de la taille d'une belette qui s'èlève avec une célérité merveilleuse (ch. 133), puis un immense cétacé étincelant, bondissant à l'assaut du ciel pour inséminer celui - ci*, et visible à plus de 11 kms (ch. 134), qui met fin à l'odyssée du Pequod (ch. 135, "La résurrection des lucioles géantes" mis en ligne le 21 juin 2017).

Lors de cette apocalypse, les trois mâts du navire en train de couler, auxquels sont accrochés les harponneurs (les trois "tigres" qui s'étaient propulsés à l'assaut du "deuxième martyr") figurent la CRUCIFIXION (avec Tashtego, au centre, en Christ parodique, comme il avait été un Jonas parodique auparavant...). Mais bien avant (ch.56), Melville fabrique un prototype littéraire de cet évènement, dont on peut supposer qu'il s'agit aussi, implicitement, d'une vigoureuse prise de position dans l''affaire de la mutinerie de l'USS Somers ( ce qui lui vaudra plus tard les foudres du Commodore Perry, et le report de publication de "Billy Budd" longtemps après sa mort). Si Luther Fox, jeune marin à bord du Nassau, meurtrier du second du navire, que Melville avait rencontré en mai 1843 à Honolulu, a été une source d'inspiration explicite pour l'auteur, force est de constater qu'un premier "Golgotha" pour trois mutins apparaît dans ce chapitre. Et l'un d'entre eux, qui a juré de se venger de son capitaine, n'aura pas besoin de le faire. C'est "un monstre très blanc et très fameux, terriblement meurtrier, un monstre immortel...[qui] saisit le nageur entre ses mâchoires, se dressa dans l'eau de toute sa hauteur et, le tenant toujours, replongea et s'enfonça dans les profondeurs." ... "tandis que les hommes maussades regardaient d'un oeil torve, le juron à la bouche, la stupéfiante beauté de cette énorme masse laiteuse qui se mouvait et scintillait sous les feux pailletés du soleil horizontal, telle une opale vivante"...

* Un Ange de la Lumière mangeur d'Arc-en-ciel.  Vu par Coloane dans "Le sillage de la Baleine" : Soudain, dans ce vaste silence, une masse blanche et bleue creva la surface des eaux, dans un bruit monumental de verre brisé...C'était un mâle d'une taille vraiment colossale, dont la peau couverte par endroits d'une croûte de coquillages et de parasites brillait comme un manteau incrusté de pierreries... Une écume irisée moussait au coin des lippes comme si la bête mâchait un arc - en - ciel". Cet auteur décrit, en l'occurence, un rorqual bleu mâle de 35m, dans les eaux antarctiques. Le cachalot dévore plutôt l'arc-en-ciel  à de grandes profondeurs. Il  avale l'immense régalec multicolore, qui peut s'imposer, pour lui échapper,  l'autotomie (comme peut le faire le lézard avec sa queue) d'une partie considérable de son corps... 

   

Une chasse "préhistorique", à l'épieu, d'un grand mammifère terrestre... Behemoth magnifié, c'est - à - dire "hippopotame albinos marin", Moby-Dick est aussi interprété comme un mastodonte (Zoellner (R). 1973. Salt sea Mostodon : a reading of Moby-Dick . University of California Press),  un bison blanc agressé par un pack de loups (Yukiko Oshima , 2013, dans The Japanese Journal of American studies 24. "Herman Melville's "Pequot trilogy": the Pequot war in Moby Dick, Israël Potter and Clarel ).  Voir aussi la remarquable enquête de Daniel Fisher dans le Michigan qui met en lumière le massacre qui va jusqu'à l'extermination locale, par les communautés de la culture de Clovis, des mastodontes et des immenses mammouths de la région, 11000 ans avant le tsunami nantucketer sur les mers du Globe... dans :

Ward (Peter D.). 1997. The call of distant mammoths. Springer-Verlag editions.

Natsuki Ikezawa l'associe explicitement à un éléphant ("qui ne cherche pas la comparaison avec le rhinocéros ou le tigre"...) et plus encore au grand sanglier blanc divin, qui provoque la maladie à celui qui lui manque de respect... (Ikezawa (Natsuki). 2016. Literature of the quest. Melville and Pynchon . Leviathan 18 (1), mars 2016, 94-105).

Au Japon, les sangliers étaient appelés autrefois les baleines de montagne. Ce qui signifiait (pour les aborigènes de l'archipel nippon ) qu'ils avaient un gout délicieux. Car les Japonais consomment baleines et sangliers depuis la préhistoire.  A partir du VIIIème siècle, le Japon entre dans l'aire culturelle sinisée, y compris sur le plan des pratiques horticoles. Du même coup, paysans et sangliers entrent en conflit. Les scènes spectaculaires de "Mononoke Hime" ne sont pas le produit des rêveries de Miyazaki. Au cours de la période Edo, l'île de Shodoshima, dans la mer intérieure de Seto, a été divisée en deux parties par une barrière de pierre destinée à protéger les cultures contre les sangliers, de 100 kms de longueur. En 1749, dans le Nord Est du pays, 3000 personnes sont mortes de fin à la suite de la compétition trophique que leur imposèrent des hordes de sangliers parasites (Walker 2001a). Le personnage d'Okkotonushi, dans Mononoke Hime, devient une véritable BakeKujira de montagne. Comme celle - ci finit apaisée par Gran Mamare, Déesse de la Mer, il l'est par Shishigami, l'Esprit de la forêt...

Okkotonushi, revenu du pays des morts pour sauver la Forêt. Comme Dostoïevski... Nekuia...

* Revenu du pays des morts... Et qui sait si ce ne fut pas aussi le cas de Timor Tom le blanc (à la fois "Mocha Dick des années 1800 et suivantes et Don Miguel") et de NZ Tom le balafré (à la fois Mocha Dick des années 1840 et suivantes et Morquan)... Ralph Waldo Emerson, dans ses carnets (1834) évoque un grand cachalot blanc particulièrement redouté des équipages, qui aurait finalement été tué au large de l'Amérique du Sud... Ses adversaires le nommaient "Old Tom"... 

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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 09:07

Ceci fait suite à "Un rituel pour chasser Bonita" mis en ligne le 6 avril dernier.

Après au moins cent jours de traque, Bonita a été capturée avant - hier à Indragiri - Hilir (Riau). La tigresse de 4 ans a reçu deux doses de tranquillisant. Bonita s'était toujours singularisée sur le plan comportemental. Elle préférait les chemins aux fourrés, et une fois captive, elle a montré beaucoup de calme. The Jakarta Post, ce jour. Rizal Harahap. 

http://www.thejakartapost.com/news/2018/04/22/sumatran-tiger-captured-after-100-days-of-hunting.html

Actualisation au 25 avril. The Jakarta Post, Rizal Harahap.

http://www.thejakartapost.com/news/2018/04/24/rescued-sumatran-tiger-is-improving-says-conservation-group.html

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22 avril 2018 7 22 /04 /avril /2018 08:52

Le léopard qui a tué deux petites filles de 18 mois et 5 ans au cours des deux dernières semaines dans la région de Gir (patrie des lions asiatiques) a finalement été capturé hier à Sutrapada, avec beaucoup de difficultés... The Times of India, ce jour. TNN.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/rajkot/leopard-that-killed-two-girls-caged-in-sutrapada/articleshow/63861999.cms

Plus au Nord (arc himalayen), la prédation du bétail par tigres et léopards est massive pendant la mousson. The Hindu, ce jour. Omar Rashid.

http://www.thehindu.com/sci-tech/energy-and-environment/tiger-attacks-against-humans-spike-in-winter-in-ups-conflict-ridden-terai-region-report/article23635937.ece

 

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 08:43

Sans la forêt, le tigre va au village. Un tigre a dévoré cinq chiens dans le village de Kubuk Tabun (Kerinci, Jambi, Sumatra). Après avoir étudié les déplacements de l'animal, les responsables du parc National de Kerinci Seblat n'ont pas jugé utile de capturer celui - ci. The Jakarta Post, ce jour. Jon Afrizal.

http://www.thejakartapost.com/news/2018/04/20/tiger-roams-jambi-village-haunts-villagers.html

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 08:33

LA MARQUE DE MAFIAS TRANSFRONTALIERES. La réserve de Pilibhit (Uttar Pradesh, Inde himalayenne) vient de perdre son troisième tigre en trois semaines... The Times of India, ce jour. Keshav Agarwal.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/bareilly/pilibhit-tiger-reserve-loses-3rd-big-cat-in-21-days/articleshow/63838322.cms

Le tigre semble avoir été tué par 7 villageois. Voir le détail dans "The Hindustan Times", ce jour. 

https://www.hindustantimes.com/lucknow/villagers-kill-tiger-in-pilibhit-reserve/story-HAgAuNF2XNBnizdhN5Eo3N.html

Actualisation au 23 avril. Dans la même région biogéographique, côté népalais, 4 tigres sont morts courant mars... Daily Sabah.

https://www.dailysabah.com/environment/2018/04/23/4-rare-bengal-tigers-dead-in-1-month-in-nepal

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 08:03

LES ABEILLES ESSAIMENT. Ceci fait suite à "Ranthambore victime de son succès", mis en ligne avant - hier 18 avril. Deux tigreaux sont nés il y a trois mois et demi.  dans dans le sanctuaire de vie sauvage de Kailadevi (district de Karauli, Rajasthan). Leur découverte a été réalisée ces derniers jours. Au préalable, leur mère et leur père avaient quitté la réserve de Ranthambore, surpeuplée. C'est la première portée de tigreaux constatée à Kailadevi depuis 30 ans. The Hindu, ce jour. Mohammed Iqbal.

http://www.thehindu.com/news/national/other-states/kailadevi-tiger-births-a-pointer-to-space-crunch/article23608248.ece 

D'autre part, un mâle et une femelle ont quitté Ranthambore mardi soir, le premier souhaitant s'accoupler avec la seconde loin du "tohu bohu tigréen" de la réserve... The Times of India, ce jour. TNN.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/jaipur/big-cats-stray-out-of-rbore-keep-officials-on-their-toes/articleshow/63837315.cms

Et après le transfert d'un tigre de Ranthambore à Mukundra, un second sera envoyé à Sariska avant la fin de ce mois...  The Hindustan Times, hier. Sachin Saini.

https://www.hindustantimes.com/jaipur/male-tiger-to-be-relocated-to-sariska-this-month/story-tpdXT0myGDkgc0Mqwpq8SO.html

Actualisation au 21 avril : Le tigre de Mukundra a été relâché dans un espace forestier plus vaste. the Hindustan Times. 

https://www.hindustantimes.com/jaipur/mukundra-tiger-released-into-larger-forest-area/story-tz2ObzN78EfNJ8pQDNDJgP.html

Actualisation au 27 Avril. Les spécialistes demandent désormais un couloir écologique entre Ranthambore et Mukundra. The Hindustan Times. Aabshar  H Quazi.

https://www.hindustantimes.com/jaipur/experts-want-tiger-corridors-between-ranthambhore-mukundra-reserves-in-rajasthan/story-jannwHXDCeTB13Mc4Yt2zH.html

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20 avril 2018 5 20 /04 /avril /2018 07:49

J'AI LA RATE QUI SE DILATE. Les Banjaus indonésiens, nomades de la mer, ont évolué physiologiquement depuis un millier d'années, pour s'adapter à la plongée en grande profondeur. Ils ont ainsi acquis une rate surdimensionnée. Metro, hier. Jasper Hamill. 

http://metro.co.uk/2018/04/19/tribe-of-fish-people-evolved-huge-spleens-so-they-can-dive-to-the-bottom-of-the-ocean-7481734/

The genetic change discovered in the Bajau tribe is the first known example of a human adaptation to deep diving.

For more than 1,000 years, the Bajau – known as ‘Sea Nomads’ – have wandered the seas of southern Asia in houseboats, catching fish by free diving with spears. Now settled around the islands of Indonesia, they are famous for their extraordinary breath-holding ability. Members of the tribe can dive up to 70 metres (230ft) aided by nothing more than a set of weights and a pair of wooden goggles.

The spleen plays a key role in the ‘human dive response’ that puts the body in survival mode when it is submerged under cold water for even brief amounts of time. As the dive response kicks in, heart rate slows, blood is directed to the vital organs, and the spleen contracts to inject oxygenated red blood cells into the circulation. Spleen contraction can boost oxygen levels in the body by 9%. The new study found that the spleens of the Bajau people are 50% larger than those of their land-dwelling neighbours, the Saluan. Lead scientist Melissa Ilardo, from Cambridge University, who embarked on the research as a PhD candidate, said: ‘There’s not a lot of information out there about human spleens in terms of physiology and genetics, but we know that deep diving seals, like the Weddell seal, have disproportionately large spleens. ‘I thought that if selection acted on the seals to give them larger spleens, it could potentially do the same in humans.’

Ms Ilardo spent several months in Jaya Bakti, Indonesia, taking genetic samples and conducting ultrasound scans of people from the Bajau and Saluan tribes. The evidence showed that Bajau spleens were permanently enlarged, and did not get bigger simply as a response to diving. DNA analysis showed that the Bajau have a gene called PDE10A that is lacking in the Saluan. The gene is thought to alter spleen size by adjusting thyroid hormone levels. Ilado said: ‘We believe that in the Bajau they have an adaptation that increases thyroid hormone levels and therefore increases their spleen size.

 

 

 

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19 avril 2018 4 19 /04 /avril /2018 15:58

Dans une vallée reculée de la cordillière Sikhote - Alin, la tigresse Mira a mis au monde, à l'automne dernier, deux tigreaux mâles, à l'abri des regards et des caméras. Leur existence n'a été découverte que tout récemment. C'est en toute discrétion que la population tigréenne montagnarde s'étoffe*. Amur Tiger Programme, hier.

http://programmes.putin.kremlin.ru/en/tiger/news/25726

Trail cameras in the Sikhote-Alin Biosphere Reserve have captured video of Mira the Amur tiger and her two cubs. Experts estimate the cubs’ age at around five months, which means that Mira was hiding them in the remote parts of the reserve where there are no motion-sensor cameras. The two cubs are males.

 

“The fact that there are new cubs in the reserve is proof that the tiger population is doing well. The tigers have enough food, and nobody is bothering them so that they can safely bring up their cubs,” said Svetlana Sutyrina, deputy director for research at the Sikhote-Alin Biosphere Reserve.

* C'est cette discrétion dans cet environnement à la topographie particulière qui avait permis aux tigres russes de multiplier leurs effectifs par deux entre 1930 et 1950 (de 25 à 50), sans que quiconque s'en aperçoive à l'époque.   

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18 avril 2018 3 18 /04 /avril /2018 17:18

Plus de 30 tigreaux de Sibérie sont nés ce mois - ci au centre de reproduction de Qiqihar (Province de Heilonjang, Chine du NE). Une centaine naîtront cette année, selon toute vraisemblance, comme les années précédentes.

Le centre a ouvert ses portes en 1986 avec 8 tigres. Il en compte aujourd'hui plus de 1000. Il serait plus que temps qu'une partie des pensionnaires fassent l'objet de plans d'apprentissage de la vie sauvage en vue d'un retour dans une nature mandchoue restaurée... China Daily, ce jour. Xinhua.

http://www.chinadaily.com.cn/a/201804/18/WS5ad72c88a3105cdcf6519167.html

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  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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