Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
14 juillet 2009 2 14 /07 /juillet /2009 08:47
AU COEUR DES TENEBRES
La 58ème session générale de la Convention de Washington sur le Commerce des espèces animales (CITES) s'est tenue du 6 au 10 Juillet à Genève.
A cette occasion, le lobby des "fermes à tigre", promoteur de la légalisation du commerce des produits issus de l'animal, est, après son échec de 2007,  à nouveau monté au créneau, notamment par la bouche de Hank Jenkins, ancien président de Commission à la CITES, exemple typique du haut fonctionnaire totalement dévoyé, qui livre une caution militante à la politique du pire. Sa proposition a été confrontée à une forte opposition, aussi bien par le WWF que par le représentant de la Banque Mondiale, et ne sera pas endossée officiellement par la CITES.
Mais les adeptes de la multiplication de véritables élevages en batterie de tigres de boucherie ont en réalité déjà gagné sur le terrain.
Un grand merci à Martine Massot, responsable du site Tigrissima, pour sa transmission grâcieuse de la dépêche AFP du 10 Juillet donnant accès à l'information.

2007, TOUT AVAIT ETE DIT
Les industriels des produits du tigre en pièces détachées et leurs affidés institutionnels et médiatiques ont, depuis 2007, un discours rôdé qui est en substance le suivant.
 "Les fermes à tigre sont écologiques, elles participent à la protection des tigres sauvages, les gens achèteront des produits légaux et se détourneront de ceux du braconnage, qui n'aura plus de raison d'être. La disparition des tigres dans la Nature est donc désormais à imputer à ceux qui refusent cette légalisation, s'appuyant sur des protocoles irréalistes, dépassés et inefficaces".
En 2007, cet argumentaire avait fait mouche et seule, la vigueur de Valmik Thapar dans son plaidoyer pour le tigre sauvage et sa dénonciation d'une inertie perverse avait évité le pire.
Quelques semaines plus tard, Nirmal Gosh avait définitivement enfoncé le clou en démontrant point par point le caractère puissament aggravateur de la logique des élevages concentrationnaires de grands fauves.
Grâce à cette intervention, Barun Mitra, idéologue zélé des "centres de reproduction", coqueluche des medias jusqu'alors (il est indien),  adepte du "neolibéralisme en matière d'écologie" , qui promettait 100 000 tigres en 2020 en cas de légalisation des "fermes" (élevages concentrationnaires), fut définitivement discrédité.
J'ai pour ma part précisé tout celà l'an dernier sur mon site, ainsi que dans un article détaillé dans la Lettre de la SECAS (association du Jardin des Plantes associée au Museum d'Histoire Naturelle) N°53, Avril 2008, "Au Royaume du Tigre...en batterie", pages 19 - 21.
Le paravent écologique servi à toutes les sauces est là pour masquer une entreprise anti écologique et anti humaine,  achevement du processus d'extermination de la Nature sauvage et de la déshumanisation définitive de la société.
Parmi les buts réels: assurer une nouvelle "coquetterie" aux "nouveaux riches"  de tous les pays, après celle offerte par les industriels de la fourrure des 16ème au 18ème siècles, et les plumassiers des 19ème et débuts du XXème.

LE "TIGRE DE BOUCHERIE", STADE SUPREME DE LA REIFICATION
Pendant des millénaires, le tigre fut un Dieu dans d'immenses espaces du continent asiatique, et même la Divinité par excellence plus que tout autre, liée à la concentration dans un seul être de la plus vigoutreuse esthétique et puissance mortelle (voir sur mon site, page "Le syndrôme du Félin géant").
Au XXème siècle, les Européens (anglais, russes, français) l'ont progressivement fait passer à l'état de "vermine", (voir la page du 30 juin sur le présent blog). C'est en ces termes que le définissent certains villageois en extrême orient russe depuis le début de ce siècle, lors de conflits de survie intervenant entre lui et eux (film: le dernier feulement du tigre, Scandinature 2004). Dans certains districts d'Inde du Nord Est, il est vécu comme un agent et un complice des autorités oppressives.
Accepter la contension de milliers de tigres dans des hangars géants où ils sont destinés à la consommation humaine via des abattoirs  revient à se suicider en tant qu'être humain : le Dieu tigre change de statut: de vermine, il devient objet dans le regard humain. L'Homme perd ainsi définitivement son âme, et devient un gnôme nauséabond et gluant, rouage zélé de l'extermination de masse, qui interdit définitivement, par sélection sociale, toute possibilité de réenchantement ultérieur, le matériau humain  bénéficiaire d'un "anima" ayant lui aussi été rejeté par le corps social.
Les fermes à tigre constituent l'étage ultime de la réification, c'est à dire de la transformation des êtres en objet.
Elles doivent être rejetées pour des motifs moraux et  sotériologiques.
Si le Tigre est dans le regard de l'homme, l'homme est dans l'Oeil du Tigre.


POURQUOI ILS TIENNENT LE HAUT DU PAVE
Pourquoi cette nouvelle offensive en 2009?
Pour deux raisons.
D'abord, le fric. La Chine a de plus en plus de moyens de convertir ses voisins et d'influer sur le reste du Monde, qui est de plus en plus spontanément perméable à son "argumentaire": tout le fonctionnement des Institutions occidentales repose en effet sur la lâcheté, le mensonge, la duplicité.
Aujourd'hui, il n'y a pas de politique alternative à celle proposé  par la mafia internationale des "centres de reproduction".
Les tigres sauvages disparaissent inexorablement.
La plus grande réserve à tigres de l'Inde, Panna, qui compta jusqu'à 40 individus, est désormais vide (constat établi le mois dernier).
Le "temple du Tigre" thaïlandais, où moines bouddhistes et tigres orphelins vivent en symbiose, trafique ses vieux tigres avec une "ferme" laotienne, et récupère une partie significative de ces jeunes via le braconnage de portées sauvages, constat officiel établi depuis l'an dernier.
Beaucoup plus largement, Europe, Etats Unis d'Amérique, Afrique du Sud et CEI sont très largement partie prenante, via des initiatives privées mais aussi au niveau institutionnel, et parfois dans des proportions supérieures à celles de l'Asie du Sud, dans le trafic des animaux (souvent abattus sciemment à cette fin) en pièces détachées. (Voir la page de mon site "Avenir des tigres captifs", et mon article dans la  Lettre de la SECAS  55 (Novembre 2008), "La croisée des chemins" pages 16 - 17).
Les "ranchs à tigres" états - uniens, les "zoos" européens n'ont trop souvent rien à envier, dans leurs pratiques effectives, à celle des fermes à tigres du Sud - Est asiatique.
En 2009, le trafic des produits des grands prédateurs (tigres, mais aussi ours, lions, requins) est généralisé.
Les "protecteurs" institutionnels font valoir des "stratégies" mediatiques velléitaires et incantatoires.
Ils sont tout simplement très largement dépassés par les événements, quand ils ne sont pas sérieusement infectés par les arguments des réificateurs les plus radicaux.

LA VERITABLE ALTERNATIVE : LE DRAGON VERT
Les seuls "centres de reproduction" qui vaillent sont ceux gérés par des soldats incorruptibles de la cause de la Nature Sauvage, dans le cadre de protocoles de réensauvagement supervisés par les meilleurs zootechniciens.
J'ai expliqué il y a deux jours sur le présent blog, page"Free Tigristan: vers la guerre des barrages" ce qu'était la solution (un "chemin vert" transcontinental, sous la forme d'une forêt alluviale solidaire du réseau hydrologique eurasien, chargée sacralement par une faune de grands prédateurs avec laquelle elle interagit en protection croisée). Les tigres seront les écailles du Dragon.
J'en développerai les dimensions concrétes détaillées après ma rencontre (en principe avant la fin du mois) avec un important Responsable du réseau des rivières eurasiennes.
Il s'agit d'une guerre, face à une mafia mondialisée hyperinfluente, hyperactive, hypernuisible, hyperviolente.
Nous les vaincrons.
Partager cet article
Repost0

commentaires

M
Merci Alain d'avoir réagit si promptement à cette absurdité, le fait d'élever des tigres en captivité ne fera qu'augmenter le braconnage comme cela c'est déjà vu pour d'autres espèces.<br /> Comment feront-ils la différence entre un animal sauvage et un animal d'élevage ? la seule pensée que l'on puisse faire du commerce de ce magnifique représentant de la faune en voie de disparition est une ignominie afin de pourvoir aux portefeuilles de quelques nantis.<br /> Si nous n'arrivons pas à sauver cette espèce du commerce, elle disparaîtra à jamais, ne laissons pas une porte ouverte aux dérives du mercantilisme <br /> <br /> Martine
Répondre

Présentation

  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
  • Contact

Recherche

Liens