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20 mars 2016 7 20 /03 /mars /2016 06:08

"Méthode Miyawaki" et paysage animal ancien.

On trouve au Japon autour des temples et des cimetières traditionnels des arbres tels que Castanopsis cuspidata, des chênes dont le chêne japonais bleu et Quercus myrsinaefolia, des châtaigniers, le Machilus tunbergii (arbre de la famille des lauracées incluant des avocatiers). Akira Miyawaki a montré qu'il s'agissait d'essences autochtones, reliques de la forêt préhistorique. Dans les mêmes temps, il a constaté qu'au contraire, des arbres tels que le cèdre dit japonais, le cyprès, le mélèze et le pin que tous les Japonais pensaient autochtones sont en réalité des arbres progressivement introduits au Japon par les forestiers depuis des siècles pour produire du bois d'œuvre. Il a calculé que seulement 0,06% des forêts contemporaines du Japon sont naturelles. Se référant à la « végétation potentielle naturelle » (concept qu’il a étudié en Allemagne), il a développé, testé et affiné une méthode de génie écologique aujourd'hui connue sous le nom de "méthode Miyawaki" permettant de restaurer des forêts indigènes à partir d’arbres natifs sur des sols sans humus, très dégradés ou déforestés. Utilisant les théories de l’écologie et les résultats de ses expériences, il a ainsi restauré avec succès, rapidement et parfois sur de grandes surfaces des boisements protecteurs sur plus de 1300 sites au Japon et dans divers pays tropicaux, de la zone pacifique notamment, sous forme de nombreux types de bandes boisées, boisements ou forêts y compris en ville ou en zone industrielle ou portuaire.

L'ancienne Japonésie abritait un grand tigre au Nord et un petit au Sud, une vache marine géante et un dugong, et, jusqu'au début du siècle dernier, un grand loup à Hokkaïdo et un petit à Honshu. Tous deux étaient des compagnons appréciés par les communautés humaines.

Pendant des millénaires, les communautés japonésiennes furent cétophages sans chercher à chasser activement les baleines, mais en accueillant comme un présent des dieux des cétacés échoués : "In olden times, such whales were called "yori-kujira" (stranded whales) in Japan. In a book entitled "Honcho Shokkan," Hitomi Hitsudai, a botanist in the early days of the Edo Period (1603-1868), wrote: "Big whales, called yori-kujira, drifted ashore in the hundreds, and died being dried by the sun, not able to return to the sea. It is reported that the villagers near the shore were delighted by this coming. People traded in whale meat and officials of the provincial government became greatly rich. Sometimes, whales were stranded after long rains and typhoons passed over the sea, carried by high waves to the shore. This means receiving gifts from heaven without exposing our lives to risk." Whale bones have been found from shell mounds of the Jomon period (circa 10000-300 BC) in various parts of Japan. But, as only a limited number of regions had the means of engaging in whaling actively, it is conjectured that stranded whales had been used as food in many places. Folklore has been handed down among the Ainu aboriginal people in Ezo (the old name for Hokkaido, northern Japan) that they had been delighted to receive stranded whales as a gift that the gods sent them to save the village. They dedicated a dance to feast on the stranded whales and used the meat with gratitude."

Whale strandings in Hokkaïdo Takashi Matsuishi (Representative Stranding Network Hokkaido) (Associate Professor Faculty of Fisheries Sciences Hokkaido University)

Surviving Ainu folklore reveals a long history of whaling and a spiritual association with whales (Carl Etter Kessinger Publishing, 2004 - 256 pages : Ainu Folklore: Traditions And Culture Of The Vanishing Aborigines Of Japan 1949).

De nombreux éléments et références peuvent être retrouvés dans "Guerre et Paix", mis en ligne sur ce blog le 26 juillet 2015.

Les japonais ont une très longue tradition de pêche aux grands cétacés et peut être même aux rhytines . Une chasse côtière très organisée, en particulier celle des baleines franches, existe depuis le XVIème siècle (1570). Les sentiments envers les proies sont très partagées. D'aucuns disent que celles ci se tournent vers le soleil quand elles meurent, comme vers la lumière du Bouddha. Et regrettent amèrement la cruauté de la chasse.

La première guerre du Pacifique, les îles du Commodore. A partir des dernières années du XVIIIème siècle, les baleiniers américains, qui poursuivent essentiellement les cachalots, lancent leurs investigations dans le Pacifique. Celui - ci sera le théâtre d'une véritable guerre entre les premiers et les seconds ("Epopée salvatrice", mis en ligne sur ce blog le 18 janvier 2015). En 1820, ils découvrent le "Japan Ground", grands troupeaux de cachalots ignorés jusqu'alors à mi - chemin entre Hawaï et les côtes japonaises. Ils y affrontent notamment Morquan, un animal exceptionnel dont le souffle figurait parfois, selon la légende, une croix blanche. Dans Moby Dick, Herman Melville décrit l'état d'esprit de ces pêcheurs d'un genre particulier. Ils se considèrent comme l'aristocratie du genre humain, à laquelle les deux tiers du globe appartiennent, et rien ni personne ne saurait les empêcher de se livrer à leur chasse où bon leur semble. C'est ce fanatisme sectaire qui infectera en profondeur la culture nationale, où l'exécration du cachalot combattant induira Hiroshima et Nagasaki. Mais le Japon, recroquevillé sur lui même, n'autorise pas les étrangers à venir se ravitailler dans ses ports. La surexploitation des cachalots du "Japan Ground" provoque un effondrement du nombre de ceux rejoignant saisonnièrement les côtes japonaises, entraînant ruine, pénurie et disette pour les nombreuses communautés dépendantes de cette ressource. A partir de 1848, les Américains vont jusqu'à la Mer de Bering, où ils découvrent un animal gigantesque et beaucoup moins combatif que le cachalot : la baleine franche boréale. Ils en font un grand massacre (2750 tuées par 220 navires pour la seule année 1852) qui évoque celui des rhytines par les russes un siècle plus tôt sur "les îles du Commandeur" (île Bering et île du Cuivre). Ayant "épuisé les stocks", ils ravagent la mer d'Okhotsk avec le même résultat, remontent à nouveau vers le Nord... Gens impérieux, ils font valoir vigoureusement à leur gouvernement que la première industrie du pays est gênée dans son développement par l'absence de coopération des japonais. Après tout, les Anglais n'avaient pas pris de gants avec les Chinois 12 ans plus tôt... C'est ainsi que le Commodore William Perry, au nom du gouvernement américain, arrachera aux japonais, en terrifiant ses interlocuteurs avec ses bateaux noirs menaçants, des "accords" commerciaux qui furent des diktats..."In fact, when the US naval officer Commodore Matthew Perry docked in the Edo Bay (now Tokyo bay), he was believed to be seeking a whaling base for the USA in the northwest region of the Pacific Ocean." ( History of Japanese whaling).

http://www.facts-about-japan.com/whaling-history.html

La BAKE KUJIRA, fantôme d'une baleine transmué en esprit vengeur ("Mononoke"), qui apparaît, lors de nuits pluvieuses, suivie d'oiseaux effrayants et d'étranges poissons, et apporte aux villages côtiers de baleiniers devant lesquels elle a surgi la mort et la désolation, est-elle en lien avec la baleine franche suitée tuée le 24 décembre 1878?

La première malédiction, Bake - Kujira. Entre 1804 et 1876, l'industrie baleinière a tué 410 000 grandes baleines (220 000 cachalots et 190 000 baleines franches). 80% de ces prises ont été réalisées par les Américains. Dans ce contexte, le 24 décembre 1878, des baleiniers côtiers japonais, qui savent fort bien qu'il ne faut pas donner la chasse à une femelle suitée, décident malgré tout de le faire, leurs familles ne mangeant plus à leur faim depuis longtemps. Partant à bord de nombreux petits bateaux, ils tuent la mère, mais sont dispersés par une tempête. Sur 258 intervenants, entre 111 et 130 périront noyés. Beaucoup d'autres, qui ont pu rejoindre des îlots ou des récifs çà et là, mettront jusqu'à trois mois pour rentrer chez eux. Le traumatisme collectif est immense. De nombreux survivants s'exilent, au Canada, aux Etats - Unis, au Mexique. L'endroit se transforme en ville fantôme.

"Iles du Commodore" en 1853, le Japon devient lui - même un massacreur colonial au XXème siècle. Il extermine les baleines grises de la mer d'Okhotsk en deux décennies et vide la péninsule coréenne de ses tigres ("Invictus" mis en ligne sur ce blog le 17 février dernier).

En 1941, année où débute la seconde Guerre du Pacifique, un manuel scolaire destiné à promouvoir le métier de harponneur (au canon lance harpon) auprès des jeunes élèves, le fait d'une bien étrange manière. Il raconte l'histoire d'un jeune harponneur de 13 ans, particulièrement efficace, et apprécié comme tel. Après quoi, il arrive à l'âge adulte, se marie et a un enfant. Confronté à un mâle, une femelle et son petit, il tue ce dernier sur ordre de son capitaine, mais voit la femelle se rapprocher du petit corps et l'asperger de lait. Il voit alors l'image de sa propre femme allaitant son fils nouveau né. Son capitaine lui demandant de tuer la femelle, il prie, habité par un terrible conflit intérieur, puis obéit. Peu après, il abandonne le métier....

En 1947, plus de la moitié de la viande consommée sur l'archipel était de la viande de baleine. Mc Arthur avait autorisé, et même encouragé, la reprise de la chasse à grande échelle. Il n'est en effet pas exclu que la famine ait provoqué PLUS de morts au Japon que pendant la guerre. A l'automne 1945, le ministre de la Santé avertissait que si aucune mesure vigoureuse n'était prise, 10 millions de personnes mourraient au cours de l'hiver...

La politique US des années 1820 aux années 1940 ("Ubi solitudinem faciunt, pacem appelant") a bouleversé l'évolution culturelle des cachalots de fond en comble , puis celle du Japon lui -même, d'une famine baleinière à une famine généralisée, et un profond traumatisme démographique, sociologique et culturel.

La seconde malédiction. Fukushima et le viol d'Okinawa. Comme le séisme généré par la croix blanche de Morquan et les bateaux noirs de Perry (1848 - 1853) connait une terrible réplique de la baleine franche suitée (1878), Hiroshima et Nagasaki (1945) sont prolongés par Fukushima Daiichi (2011)... Et à Okinawa, où sont concentrées 14 des 16 bases américaines sur le territoire japonais, la minuscule population de dugongs* est directement menacée par celles - ci (Ames élevées. La bataille d'Okinawa n'est pas terminée. Mis en ligne sur ce blog le 6 juin 2010).

Tout comme les jeunes japonaises...

https://fr.sputniknews.com/international/201603161023424073-japon-usa-viols/

*Les dugongs des îles Riu Kyu sont les représentants les plus septentrionaux des dugongs australasiens. Leur situation actuelle est comparable à celle des tigres présents dans ces mêmes îles au Pleistocène, représentants les plus septentrionaux d'une lignée australasienne...

LE VENT SE LEVE. Une "méthode Miyawaki" adaptée au paysage animal. Ceci fait suite à "Refermer la blessure", mis en ligne sur ce blog le 10 mars. Le Sommet du Tigre de l'Amour, qui s'est tenu à Vladivostok en décembre 2015, a ouvert de nouvelles perspectives aux yeux des scientifiques japonais. Il permet notamment d'envisager un renforcement des populations de grands félins en Corée septentrionale, une réintroduction en Corée méridionale et à Hokkaïdo. Avec le triton géant, le Ketoupa de Blakiston, la baleine et le dugong, la culture japonaise, qui se soulage par le Shinri - Yoku (le "bain de forêt"), peut se guérir par l'immersion dans le "courant animal". Une ablution réparatrice, expression du Respect de soi - même et de la Politesse à l'égard d'autrui.

Actualisation au 4 Avril. LE PROTOCOLE DE KYOTO. Le respect des vaches dans un abattoir nippon, "relique" d'une culture millénaire. Yves - Marie le Bourdonnec, boucher atypique (et médiatique), très soucieux du bien être animal, était l'invité, ce jour, de l'émission de radio "Un jour dans le Monde", diffusée sur France Inter de 18h10 à 18h50. Il a été fort impressionné par les pratiques de l'abattoir de Kyoto. A mille lieues de l'enfer sur terre que vivent les vaches des abattoirs français et allemands, il a vu des vaches abattues avec un respect "incroyable", au point que celles - ci ne semblaient même pas stressées (observation de plusieurs étapes et précautions diverses). Cette attitude sourd d'une culture ancienne, incompatible avec notre barbarie "faustienne", et dont la filière viande a été absente jusqu'au siècle dernier...

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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 08:11

Le tigre voyageur du district de Khabarovsk, qui avait fini par se fixer dans les environs de Komsomolsk sur Amour à la fin de l'an dernier ("Le Voyage" mis en ligne sur ce blog le 3 février dernier), est toujours bien présent dans le secteur, environné de zibelines, wapitis, sangliers... Amur Tiger centre, ce jour.

В ХОДЕ ЗИМНИХ МАРШРУТНЫХ УЧЕТОВ ОБНАРУЖЕНЫ СЛЕДЫ ТИГРА

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18 mars 2016 5 18 /03 /mars /2016 06:56
MON ÂME EST AILLEURS

L'ordre du Mapungubwe est la plus haute distinction de la République d'Afrique du Sud. Ceci est un complément à "INDOMITUS", mis en ligne sur ce blog le 8 mars dernier.

MON ÂME EST AILLEURS

Son référent animal est un rhinocéros d'or. Il correspond à une figurine plaquée or (14cm) découverte sur le site de Mapungubwe en 1932, où furent mis à jour les témoignages archéologiques d'une brillante civilisation médiévale.

L'objet est constitué de feuilles d'or martelées et clouées sur ce qui devait initialement être une âme de bois, ce que confirment les pointes, également d'or, retrouvées au tamisage du sédiment des sépultures. La queue de l'animal est un fin cylindre d'or plein, les oreilles de délicates coupes ovales éversées, les yeux deux petits demi - globes en "clous de tapissier", la corne un cône à la feuille d'or. Avec une seule corne, l'animal figuré n'est donc pas un rhinocéros africain. Placage et martelage ont vraisemblablement été effectués sur place, à partir d'une âme de bois importée, probablement de Chine par des intermédiaires arabes ou persans. Celle - ci représentait un rhinocéros de Java, présent en Chine à cette époque, aux côtés du grand rhinocéros indien, et du rhinocéros bicorne de Sumatra du Nord, dominant démographique de la région. Voir François - Xavier Fauvelle - Aymar. 2013. Le rhinocéros d'or. Histoires du moyen âge africain. Alma éditeur. Pages 175 - 183.

MON ÂME EST AILLEURS

Une Chine profuse et bariolée...

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16 mars 2016 3 16 /03 /mars /2016 17:10

Le Kremlin propose désormais des compensations financières pour la perte d'un animal tué par un grand félin. Avec 562 tigres et 80 léopards, l'an dernier, dans le sud de l'extrême - orient russe, ceci est un outil pour réduire les conflits entre villageois et grands prédateurs sauvages, et donc maintenir l'acceptabilité sociale de ces derniers. Les léopards, notamment, attaquent plus souvent le bétail. Voir l'article détaillé, ce jour, du Siberian Times. "New insurance scheme offers compensation for big cat attacks".

http://siberiantimes.com/ecology/casestudy/news/n0614-new-insurance-scheme-offers-compensation-for-big-cat-attacks/

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15 mars 2016 2 15 /03 /mars /2016 06:23

La lutte contre la criminalité passe aussi par l'identification effective des victimes.

L'Inde s'applique à un profilage génétique des tigres, dans le but de mieux comprendre (et donc tracer) l'identité et l'origine géographique des victimes dans la lutte contre le commerce illégal.En 2012, ce fichage avait concerné les grands fauves de 14 réserves. La seconde partie concernera les 34 réserves restantes, commencera le mois prochain et s'étendra jusqu'en 2018. Hindustan Times, hier. Nihi Sharma Sahani. "U'khand : DNA profiling of tigers in 34 reserves to begin in April".

Dehradun-based Wildlife Institute of India (WII) will begin DNA profiling of remaining tigers in 34 tiger reserves from April this year. The profiling will help in understanding the origin of tiger parts during criminal offences.

In the first phase of project ‘Panthera tigris genome: Implications in forensics and conservation’, 14 tiger reserves were studied-Kanha, Pench, Panna, Palamau, Bandhavgarh, Ranthambore, Corbett, Rajaji, Dudhwa, Pakke, Kaziranga, Sunderban, Sariska and Buxa. In the second phase, remaining tiger population from southern, eastern and northeast India would be studied for two years.

“The first phase was done in 2012 in which we did DNA profiling of tigers in 14 reserves. We plan to cover remaining 34 tiger reserves in the second phase so that our database could help in identifying the origin of tiger parts seized during offences across the world,” Dr SP Goyal, scientist and co-investigator of the project at WII told Hindustan Times.

The project will incur Rs 19.16 lakhs, - Rs 9.58 lakh each for two years- 2016-17 and 2017-18. The project is initiated, managed and undertaken by the institute. “It is very important for proper conservation planning, to find which sex and population of tiger is more vulnerable to poaching. Thus, requires identifying geographic origin of various tiger poaching cases which will be significant to plan better measures in controlling poaching,” said the proposal urging its need.

The first phase study reveals that Northern, Western and Central India has major source of tiger population ‘which can assure effective and viable tiger conservation if problem of poaching is addressed’ states the report. In addition, 36 tiger seizure samples were also studied during the phase in which majority was of the skin and bone samples. In all the analyzed 36 cases, 70 % are male and 30% are females.

Tracking tigers

Reserves to be covered in Phase 1

Kanha, Pench, Panna, Palamau, Bandhavgarh, Ranthambore, Corbett, Rajaji, Dudhwa, Pakke, Kaziranga, Sunderban, Sariska and Buxa.

Reserves to be covered in Phase 2

Bandipur, Manas, Melghat, Simlipal, Periyar, Indravati, Namdapha, Kalakad-Mundanthurai, Valmiki, Tadoba-Andhari, Dampa, Bhadra, Nameri, Satpura, Anamalai, Udanti-Sitanadi, Satkosia, Achanakmar, Dandeli-Anshi, Sanjay-Dubri, Mudumalai, Nagarhole, Parambikulam, Sahyadri, Biligiri Ranganatha, Kawal, Sathyamangalam, Mukandra Hills, Nawegaon-Nagzira, Nagarjunsagar-Srisailam, Amrabad, Pilibhit, Bor.

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14 mars 2016 1 14 /03 /mars /2016 02:38

En Hommage à Valentin RASPOUTINE, décédé il y a juste un an aujourd'hui (Voir "Adieu à l'île", mis en ligne sur ce blog le 23 mars 2015).

http://europe-tigre.over-blog.com/2015/03/adieu-a-l-ile.html

IMMORTELS

Les Géants (20 à 40m de hauteur) du Man Pu Pu Nyor, gardiens marmoréens de la plus grande forêt vierge d'Europe (République des komis, Russie du Nord - Ouest). "Mes guerriers, revenus du pays des morts pour sauver la forêt!" Okkotonushi, dans Mononoke Hime, Hayao Miyazaki 1997.

IMMORTELS

L'Armée de l'Arctique. Guerriers de 10 à 20m de hauteur, Nord de la république de Sakha, Nord de l'Extrême - orient russe. Photographiés pour la toute première fois ce mois - ci.

http://siberiantimes.com/other/others/news/n0609-like-ancient-arctic-warriors-on-the-march-suddenly-petrified-by-a-magic-spell/

IMMORTELS

A leur image, Valentin Raspoutine fut et reste le Gardien de l'Angara.

"Il n’a pas vu, mon camarade, le nord du Baïkal dans sa beauté rude et primitive qui vous fait perdre tout sens du temps et des affaires humaines, tant une éternité radieuse règne ici en maîtresse généreuse sur l’antique eau lustrale.

Il n’est pas allé non plus dans la Baie des Sables où l’ensoleillement annuel est meilleur que dans les stations balnéaires du Midi ; il ne s’est pas baigné dans le golfe de Tchivyrkouï où en été l’eau est aussi chaude que dans la Mer Noire.

Il ne connaît pas le Baïkal l’hiver, quand la glace transparente balayée par les vents paraît si mince que l’on voit, comme à travers une loupe, l’eau vivre et se mouvoir, et que l’on hésite à y poser le pied, alors qu’elle est épaisse d’un mètre et plus. Il n’a pas entendu, mon camarade, le Baïkal fracasser sans peine avant le printemps cette glace où il creuse des crevasses insondables et infranchissables, et où il érige ensuite dans un nouvel effort des cathédrales énormes taillées dans la merveilleuse banquise bleue.

Il n’a pas vécu ce conte féerique : c’est un voilier qui se précipite sur toi, toutes voiles de neige blanche déployées, puis un château fort qui plane dans les airs et descend doucement, comme pour se poser, ou alors des cygnes tout proches, aux têtes fièrement dressées..." "Baïkal", 1999.

"S'ils devaient tous être conduits au cimetière, les cercueils, alors, se redresseraient et avanceraient pour défendre leur terre." "Douleur de l'Âme", 2007 (à partir de conversations recueillies par le journal Sovetskaya Rossiya.)

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11 mars 2016 5 11 /03 /mars /2016 07:45

Ceci fait suite à "Un rêve français. Le Lion, l'Avenir", mis en ligne sur ce blog le 9 septembre 2015.

Maléfices de la Pierre Philosophale, malédiction du Lion Noir, cauchemar flaubertien.

"Nous étions comme une engeance malfaisante qui se détruit elle - même". Franz Marc, lors des premiers jours de la bataille de Verdun.

"Nous devenons chaque année plus petits et plus bêtes". Okkotonushi, Seigneur des sangliers, dans "Mononoke Hime", Hayao Miyazaki, 1997.

La France est parvenue à imposer, à partir du XVIème siècle, sa "Modernité" au monde entier, pour le plus grand malheur de tous. Certains (Russie, Corée... "Refermer la blessure", mis en ligne hier sur ce blog) commencent à se dégager de cette gangue. Pendant ce temps, le (si) doux pays de notre enfance, géant devenu nanoparticule, persiste et signe. Prisonnier d'un filtre d'amour narcissique qu'il s'est lui - même administré, se croyant détenteur de la Pierre Philosophale photophore, il fonce vers l'Abîme en klaxonnant. Les coréens perçoivent l'ébrouement d'une crinière leur indiquant la sortie du labyrinthe. Les français tournent en rond dans leur cage jusqu'à épuisement, ressassant leur "gloire" passée ( "Si donc la lumière qui est en toi est ténèbres, combien seront grandes ces ténèbres!" Matthieu, 6 : 22).

Comme indiqué le 9 septembre dernier, Flaubert (la crucifixion des lions sur la route de Sicca) et Rosny -Aîné (Le Félin géant) ont eu l'instinct d'ouvrir une route pour un jour futur, où une autre France décidera de vivre, et saura trouver son "chemin de Seoul" (et celui - ci passera par Ahmedabad et Gandhinagar), pour une "Opération Androclès" résolutrice...

Concernant le second, j'avais établi (un peu à l'instinct, moi aussi) que le lion des rocs était une sublimation du lion à crinière noire d'Afrique du Nord (voir aussi le lien entre félin "préhistorique" et tigre de Corée, dans "Refermer la Blessure" cité plus haut). J'en ai récemment trouvé, sinon une preuve, du moins un indice solide :

Une source possible de Joseph Henri Rosny Ainé.

Colonel Corneille Trumelet (1817-1892) :

« Blida : Récits selon Légende, la Tradition et l’Histoire », t. I

« Bien qu’il y fût (c’est-à-dire : le lion noir) beaucoup plus rare que le lion fauve et le lion gris, le lion noir se rencontrait pourtant assez fréquemment, avant l’occupation française, dans les montagnes des Bni-Salah [Aït Saleh]. Le fond de la robe du lion noir est bai-brun jusqu’à l’épaule, où commence la crinière, qui est noire, longue et épaisse. »

« un rugissement terrible vint ébranler la montagne, […] grognements roulant dans les vallées comme la foudre dans les nuages noirs, alternaient avec les rugissements ; les feuilles frissonnèrent sans que pourtant le vent souffle et des arbres se brisèrent avec d’épouvantables craquements ; les broussailles gémirent fracassées ; en même temps, un lion noir de taille colossale déboucha dans la clairière en éventrant un massif de chênes-lièges ; ses yeux, cloués dans une tête énorme, paraissaient deux tisons ardents soufflés par un impétueux vent du sud ; sa gueule ouverte laissait voir deux rangées de dents sortant menaçantes de ses mâchoires sanglantes, […] ».

DE SALAMBÔ à MME BOVARY, CAUCHEMAR DE FLAUBERT, DESTIN DU PAYS ? Le grand écrivain, qui avait pris un grand plaisir à la composition de l'épopée antique, fut mis au défi par ses amis de réaliser un chef d'oeuvre sur l'insignifiance, qui fut pour lui un véritable pensum. Faiblesse insigne des sentiments, présentéisme, inconséquence, incohérence, intempérance, insignifiance, incompétence, un portrait éclairant, aussi, de la France d'aujourd'hui. Sur la route de Sicca, les mercenaires se moquent volontiers des lions crucifiés. Mais eux mêmes finissent dans la même situation, et c'est seulement à cet instant qu' Autharite le Gaulois, dans un éclair de lucidité tardif et vain, s'exclame : "C'étaient nos frères". Le destin collectif se noue dans le défilé de la Hache, véritable Vallée des Larmes, de la Mort et de la Dévoration :

"Les bêtes féroces, les lions surtout, depuis trois ans que la guerre durait, s'étaient multipliés. Narr'Havas avait fait une grande battue, puis courant sur eux, après avoir attaché des chèvres de distance en distance, il les avait poussés vers le défilé de la Hache ; - et tous maintenant y vivaient, quand arriva l'homme, envoyé par les Anciens pour savoir ce qui restait des Barbares.
Sur l'étendue de la plaine, des lions et des cadavres étaient couchés, et les morts se confondaient avec des vêtements et des armures. A presque tous le visage ou bien un bras manquait ; quelques-uns paraissaient intacts encore ; d'autres étaient desséchés complètement et des crânes poudreux emplissaient des casques ; des pieds qui n'ayaient plus de chair sortaient tout droit des cnémides, des squelettes gardaient leurs manteaux ; des ossements, nettoyés par le soleil, faisaient des taches luisantes au milieu du sable.
Les lions reposaient la poitrine contre le sol et les deux pattes allongées, tout en clignant leurs paupières sous l'éclat du jour, exagéré par la réverbération des roches blanches. D'autres, assis sur leur croupe, regardaient fixement devant eux ; ou bien, à demi perdus dans leurs grosses crinières, ils dormaient roulés en boule, et tous avaient l'air repus, las, ennuyés. Ils étaient immobiles comme la montagne et comme les morts. La nuit descendait ; de larges bandes rouges rayaient le ciel à l'occident. Dans un de ces amas qui bosselaient irrégulièrement la plaine, quelque chose de plus vague qu'un spectre se leva. Alors un des lions se mit à marcher, découpant avec sa forme monstrueuse une ombre noire sur le fond du ciel pourpre ; - quand il fut tout près de l'homme, il le renversa, d'un seul coup de patte.
Puis étalé dessus à plat ventre, du bout de ses crocs, lentement, il étirait les entrailles.
Ensuite il ouvrit sa gueule toute grande, et durant quelques minutes il poussa un long rugissement, que les échos de la montagne répétèrent, et qui se perdit enfin dans la solitude."




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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 08:04
REFERMER LA BLESSURE

Scène finale du film "Dae - Ho", sorti dans les salles coréennes le 16 décembre dernier.

UN FILM AUTHENTIQUEMENT MIYAZAKIEN. Cette oeuvre émouvante et remarquable, où transparaissent les travaux de Lim Sun -nam, les manhwas d'Ahn Soo - gil, et bien sûr le "Dersou Ouzala" d'Akira Kurosawa (1975), est plus encore influencée par "Le Grand Van, histoire d'un tigre de Mandchourie" de Nicolas Baïkov (dont le héros appartient à une lignée de tigres de Corée septentrionale, où il passe d'ailleurs plus de la moitié de son existence). Le "vieux chasseur" évoque à la fois Dersou Ouzala et Toune Line, le trappeur chinois du Grand Van...

REFERMER LA BLESSURE

Comment les coréens se représentent leur pays.

BLESSURE. "Dae - Ho" présente le tigre (Goryeobeom) comme l'emblême de la Corée opprimée et résistante à l'occupant japonais. Lim Sun - nam avait compris explicitement le rôle politique de l'extermination des grands fauves coréens pour briser la culture de ce pays : "L'envahisseur multipliait alors les exactions pour briser la population. Non content de planter des piquets de fer dans nos montagnes pour éteindre symboliquement notre force spirituelle, il décréta l'extermination de cet animal emblématique si cher au peuple coréen." (dans "Tigre. Panthera tigris". 2012. Page 6). A titre de comparaison, le lieutenant - colonel A. Locke, note, concernant le nord de la péninsule malaise, que "les tigres, ainsi que d'autres animaux sauvages, s'étaient beaucoup multipliés au cours de l'occupation japonaise" (dans "Tigres de Malaisie" 1954, éditions France Empire). Les Japonais confisquaient les armes à feu des habitants des pays qu'ils occupaient (comme le firent les allemands en France) ce qui entraînait une augmentation des populations d'animaux sauvages. Il y a donc bien eu un ciblage particulier de la Corée par les japonais.

De plus, les coréens de la partie méridionale de la péninsule souffrent non seulement de la division politique de leur pays, mais tout autant de leur mutilation culturelle, les tigres ayant été éradiqués au sud, mais présents encore aujourd'hui au Nord, coeur de la civilisation coréenne... A ce jour, il n'y a pas eu de suite à l'accord passé en 2012 entre russes et sud - coréens pour la réintroduction d'une trentaine de tigres sur le territoire des seconds...

MALAISE. Les japonais qui harponnaient les montagnes et abattaient les tigres se détruisaient eux - mêmes par des actes sacrilèges aux yeux de leur propre civilisation traditionnelle, pour laquelle la montagne est le lieu sacré par excellence, temple divin (et la baleine qui s'offre d'elle même, donc sans être harponnée, est une bénédiction des Dieux sur la communauté - voir "Guerre et Paix" mis en ligne sur ce blog le 26 juillet 2015 -).

GUERISON. Avec la Russie comme pourvoyeuse et facilitatrice, un plan de réintroduction aux vertus diplomatiques et culturelles doit donc concerner à la fois et simultanément la Corée et le Japon. Les géants de la faune de l'extrême - orient russe sont également présents sur l'île septentrionale d'Hokkaïdo (sur terre : l'ours brun, dans les airs : le ketoupa de Blackiston, dans les eaux : la truite de Sakhaline). Et le tigre y a toute sa place, Hokkaïdo s'inscrivant dans le continuum septentrional de la "Japonésie", jusqu'à Sakhaline (où les tigres étaient encore présents dans les années 50 du siècle dernier). L'animal peut aussi être un catalyseur de sacralité de la Montagne hokkaïdienne (voir le film époustouflant "La balade de Narayama" 1984). En permettant à chacun de se rapprocher de son équilibre intime, il peut favoriser un adoucissement des relations entre coréens du Sud et du Nord, entre Japonais et coréens, entre Aïnous et japonais.

DEUX VISAGES, UN SEUL COEUR. Dans la nouvelle de Baïkov, le père de Van va mourir dans le cratère du mont Paek - Du san, qui est aussi la demeure d'un dragon noir. Pierre - Olivier Combelles (communication personnelle) m'a fort judicieusement fait remarquer que le "Grand Tigre" (Dae - Ho) figurait peut être la réminiscence d'un grand félin préhistorique. Baïkov relie celui - ci au tigre de Mandchourie (nous reviendrons ultérieurement sur la permanence identitaire et les mutations phénoménologiques). Le "Grand Van" d'Ahn Soo - gil est porteur d'une crinière (Tigre (T2), 2012, Editions Clair de Lune, Chapitre 11 : "La mort du roi", pages 250 - 251). Et les généticiens coréens travaillent à la reconstitution de la faune ancienne de Yakoutie (voir "Nul ne meurt jamais", mis en ligne sur ce blog le 4 mars dernier).

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 08:58

Evidence poétique. Les populations traditionnelles protègent la grande faune. La communauté Soliga, qui vit en Inde du Sud - Ouest, entretient un haut degré de symbiose avec son environnement, et vénère le tigre. Dans la réserve BRT (Karnataka), la seule (!) en Inde où une population traditionnelle est autorisée à cohabiter avec le grand fauve, la popultion de celui - ci a doublé en quelques années... The Hindu, 13 Décembre 2015. K. Venjateshwarlu. Tribal people's presence helps protect tigers.

http://www.thehindu.com/news/cities/Hyderabad/tribal-peoples-presence-helps-protect-tigers/article7982525.ece

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 16:36
HIGHWAY TO HELL

UN TIGRE SUR UNE AUTOROUTE PARTICULIEREMENT FREQUENTEE, A DOHA... Hindustan Times, ce jour. Tiger on highway : Big cat on the loose in Qatar gives drivers a fright.

http://www.hindustantimes.com/world/tiger-on-highway-big-cat-on-the-loose-in-qatar-gives-drivers-a-fright/story-SAd827aR1uW1e8R1o4DAAN.html

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  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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