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23 avril 2015 4 23 /04 /avril /2015 06:00

Un recensement global des lions indiens commencera le 2 Mai prochain. Uniquement présents dans la forêt de Gir (Gujarat), ces animaux étaient officiellement 411 en 2010. Leur avenir passe par l'élargissement de leur distribution à d'autres régions d'Inde. Voir l'article circonstancié de Vicky Croke, dans Wbur, hier. "The secret lions of India . The only wild Asiatic lions in the world have survived, and now they have a chance to thrive", qui illustre aussi les différences éthologico - culturelles entre ces populations et celles de lions africains.

http://thewildlife.wbur.org/2015/04/22/the-secret-lions-of-india/

L'enjeu est d'importance pour ce siècle car les lions de Gir, pour des raisons à la fois historiques et génétiques, constituent un noyau qui peut réensemencer une bonne partie de l'Asie et même de l'Afrique du Nord (comme les tigres de l'Extrême Orient russe représentent la matrice de réensemencement de larges espaces eurasiens).

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18 avril 2015 6 18 /04 /avril /2015 19:44

Le gouvernement indien étudie la possibilité de remplacer le tigre par le lion comme Animal National. Ceci n'est pas surprenant après les années de promotion du lion du Gujarat par Narendra Modi quand celui - ci était gouverneur de cet Etat, puis sa déclaration d'intention, rendue publique le 15 février dernier, d'engager pour cet animal un plan de renforcement à hauteur de ce que fut le Projet tigre à partir de 1972. India TV, ce jour. Lion to replace Tiger as national animal. La question peut avoir un sens si - et seulement si -, elle sous - tend une politique vigoureuse permettant le déploiement progressif de lions dans au moins 10 à 15 secteurs de la Confédération, et ce sans amoindrir les efforts concernant le tigre, le rhinocéros, le requin baleine et d'autres animaux.

New Delhi: Narendra Modi-led BJP government is reportedly considering a proposal to make lion, in place of tiger, the national animal of the country.

Tiger has enjoyed the coveted status of national animal since 1972. The idea has not gone down well with the wildlife activists who have expressed concerns that the move would dilute the campaign to save tigers.

Rajya Sabha MP from Jharkhand Parimal Nathwani, an industrialist, sent the proposal to environment ministry which forwarded it to the National Board for Wild Life (NBWL). NBWL functions under environment ministry and according to reports, it is packed by members from Gujarat.

It is worth noting that tigers are found across 17 states in India while lion is found only in the Gir forest of Gujarat.

A standing committee of the board, chaired by environment minister Prakash Javadekar, discussed the issue in March. "The committee requested the ministry to consider wider consultations on the matter," Raman Sukumar, a member of NBWL, told Times of India.

NBWL member H S Singh told the newspaper that several issues have to be taken into account before considering the proposal. "Tigers are found across 17 states in India, whereas lion is found in only one," said Singh.

Nathwani had made the same proposal in 2012, but the then forest minister, Jayanthi Natarajan, said in Rajya Sabha that it was not even under consideration. In December last year, he again put a question in Parliament (No 2861) whether there was a proposal to make lion the national animal. In response, Prakash Javadekar replied that there was no such proposal. However, the issue was discussed at a committee meeting chaired by Javadekar, on March 14, 2015, where it was listed as agenda item No. 4.

In a recent countrywide assessment, it was found that India is home to more than 2,200 tigers, whereas the Asiatic lion population, estimated at 411, is confined to Gujarat's Gir.

In a 1972 meeting of the Indian Board for Wildlife (now NBWL), tiger was adopted as the national animal in view of its "worldwide importance, existence in the entire country and the need for its protection".

Wildlife activists as well as former members of NBWL have hit out at the government for considering the proposal. They suggest that the Asia lion is only found in Gir whereas tiger is found all over across the country.

The activists said that the move could pave the way for clearance of industrial projects near tiger sanctuaries. Prime Minister Narendra Modi’s ambitious industrial campaign ‘Make in India’ features lion on its logo.

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16 avril 2015 4 16 /04 /avril /2015 10:38

DE VERITABLES AMIS

Ce matin, Vladimir Poutine a échangé directement avec les russes, répondant aux questions les plus diverses (vie privée...) étonnantes (Réintégration de l'Alaska...).

A une question sur la nature humaine: "Nous vous avons souvent vu avec des tigres, des léopards et des baleines, et vous aviez l'air plus heureux qu'en compagnie de vos ministres. Est-ce juste une impression ou est-ce que c'est vraiment comme ça?"

"Si je ne me trompe pas, Fréderic le Grand, le roi prussien, disait: plus je connais les hommes, plus j'aime les chiens".

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13 avril 2015 1 13 /04 /avril /2015 03:23

Le texte en anglais à suivre est issu d'un travail, rédigé dans la même langue, amorcé il y a un an, à 2 jours près (15 avril 2014). Depuis lors, j'ai eu accès à de nouvelles données, et j'ai eu la chance de pouvoir échanger avec le Dr Daryl Domning, qui travaille depuis plus de 50 ans sur les Dugongidae en général et les rhytines de Steller en particulier. J'ai ainsi pu achever cette version actualisée il y a 3 jours, le 10 avril.

Il en ressort que :

1. La "culture de la baleine" du Pacifique Nord, dans laquelle celle du tigre est enchâssée (voir sur ce blog : "L'Amour est éternel", 17 février, et "Russie : enlumineurs réinclus" , 5 avril),est originellement, dans la majorité des cas, une culture des rhytines de Steller.

2. L'extermination progressive des rhytines, qui s'est étalée, du sud - est au nord - ouest de l'arc du Pacifique septentrional, sur plus de 20 000 ans, constitue un "overkill préhistorique" parachevé dans la deuxième moitié du XVIIIème siècle. Celui - ci est fréquemment à l'origine de la chasse "traditionnelle" à la baleine. Au moins dans un premier temps, les proies de substitution furent des baleineaux, avec TOUTES les conséquences culturelles que ceci implique.

3. Il y a au moins analogie entre ce processus et celui qui s'est déroulé en Russie centrale et orientale il y a des dizaines de milliers d'années, à savoir le remplacement "de vive force" des grands carnivores terrestres par des communautés de chasseurs - cueilleurs, dans le rôle des superprédateurs, avec toutes les conséquences de cette prise de fonction par de notoires incompétents en la matière : "Quand le tigre n'est plus là, les singes sont les rois de la montagne" dit fort bien un proverbe chinois... (voir Zimov 2014, dans "Une grande prairie en Russie centrale", sur ce blog le 13 décembre 2014).

4. Une approche culturelle dynamique pour le futur nécessite de croiser les données anthropologiques accumulées par Jean Malaurie, illustrées notamment dans son projet de revivification civilisationnelle (à l'Institut Polaire de St Petersbourg), avec les données écobiologiques accumulées par Daryl Domning d'une part, Sergeï Zimov de l'autre. Elle doit s'appuyer sur les liens puissants avec le Grand Animal et le paysage dans lequel il s'inscrit, ce qui peut permettre à cette grande Culture de guérir progressivement des blessures de la Modernité, et même de réorienter l'onde de choc sismique issue du meurtre originel, dans un parcours résolu et rédempteur, de la rhytine du passé à celle de l'Avenir.

PAR DELA L'ESPACE ET LE TEMPS. Le combat de Mocha Dick, défenseur de la veuve et de l'orphelin, chevalier blanc face au Massacre des Innocents (Blog du 18 janvier : "Epopée salvatrice") fut peut - être une expression spectaculaire de la résonance perpétuelle des liens cosmiques tissés par les organismes vivants entre eux, comme les connections synaptiques à l'intérieur d'un cerveau (John Vaillant :"Le tigre" 2011, eds. du Noir et Blanc, page 398, blog du 1è février : "L'Amour est éternel", 3ème partie). Présent dans le détroit de Béring pendant l'été 1848, à la fois point nodal et vecteur de Lois Cosmobiologiques qui confluèrent en lui, Mocha a sans doute lutté et souffert pour quelque chose qui dépassait, de très loin, son espèce, son espace et son temps.

Dans sa nouvelle "le phoque blanc", Rudyard Kipling évoque "le tunnel des vaches de mer" que des rhytines survivantes utilisent pour accéder à une plage inaccessible où elles vivent en toute discrétion, attendant l'opportunité d'un retour sans danger à la vue des Hommes. Par ailleurs, la cordillère de Sikhote - Alin, dans l'extrême orient russe, abrite des ifs du Japon dont certains sont plusieurs fois millénaires, et cotoyèrent les rhytines en des temps très anciens. Ils sont des figures tutélaires de ces lieux, comme le mélèze géant indestructible de la nouvelle de Valentin Raspoutine "L'Adieu à Matiora" (blog du 23 mars : "Adieu à l'île"). En ces lieux, les tigres, "qui ont le goût de la Beauté", selon les termes d'une spécialiste russe, se postent sur des promontoires rocheux en surplomb de la mer du Japon, et restent ainsi pendant des heures, à contempler l'immensité du Pacifique*. A quoi, à qui pensent -ils? Que regardent - ils vraiment? QUI ATTENDENT - ILS ?

* C'est aussi probablement aussi le cas juste au Sud, dans les Monts Chilbo -San, en Corée du Nord, sur le roc "Hogu" ("La gueule du tigre")...

L'AVATAR. Des hippopotames en processus de rhytinisation? Les travaux de Daryl Domning ont mis en évidence l'existance, à la période Eocène, d'ancêtres tétrapodes des Siréniens, qui ressemblaient à des hippopotames dans leur morphologie comme leur mode de vie (Pezosiren, Palaeoparadoxia, Demostylus...). Il existe aujourd'hui des populations semi - marines d'hippopotames : dans l'Atlantique (îles Bijagos en Guinée Bissau, Casamance, Gabon) et l'océan indien (îles Zanzibar et Mafia) Peut être certains d'entre eux sont -ils entrés dans un processus évolutif qui aboutira, dans 50 millions d'années, à un animal taxonomiquement différent des rhytines, mais convergent morphologiquement avec elles... Les plus proches parents des hippopotames sont officiellement les cétacés. Les ancêtres de ceux - ci étaient des quadrupèdes carnivores et ils ont conservé ce type de choix alimentaire. Les hippopotames, comme les siréniens et les ancêtres quadrupèdes de ceux - ci, sont herbivores... L'ARBRE AUX SABOTS. Munie d'une peau noire très épaisse, aussi dure que l'écorce d'un vieux chêne, tellement rugueuse qu'elle peut difficilement être percée à l'aide d'un crochet ou d'une hache, la Rhytine de Steller a un crâne qui évoque celui du cheval, de même que son crottin, et l'extrêmité de ses mains est couverte de bourrelet de peau indurée figurant un sabot. Elle s'aide beaucoup de ses mains pour se déplacer dans l'eau : comme l'hippopotame, elle marche plus qu'elle ne nage. En eau douce, le cheval du fleuve (Hippopotamus), parfois appelé la baleine terrestre (Cetosedaphos) et dans l'Océan, le cheval de mer (Hippothalassus).

STELLER'S SEA COWS : BURIED TRUTH, DYNAMICS FOR FUTURE

1. PAST. WHAT WAS THE REALITY OF LIFE FOR STELLER'S SEA COWS DURING THE THREE LAST MILLENIAS ?

What type of relationships had they with :

- Aleutian hunters ? Do archaeological elements of « Steller's Sea cows alley(s) » (like « Whale alleys » discovered by Mikhaïl Chlenov and Igor Krupnik in August 1976 in islands of Chukchi sea - Bowheads on Yttigran and Arakamchechen, many more calves of gray wales 100 kms nothermost, Mechigmensky Bay* - ( Malaurie 2003) or other cultual expressions exist amongst aleutian as well as chukchi cultures (from hypothesis by Domning in 1972, strenghtened through Domning, Thomasson & Corbett in 2007) ? Domning considered that widespread distribution of giant sea cows in the North Pacific in ancient times inevitably implicated their hunting had a profound influence in the development of whaling . Giant sirenians were progressively exterminated, then hunters began to attack « bigger and more dangerous sea cow like animals ». He emphasized the presence of rhytinas's bones intermingled with those of whales in some coastal middens. Moreover, the particular texture of their ribs probably implicates they were good material for work as cultual (or other uses) tools. Perhaps some of them had already been sold with (and as) walrus or mammoth tusks**... The ear bones may have been used as charms.

- Sea otters, big pinnipeds and cetaceans of medium size ?

- Big cetaceans, and particularly bowhead and blue whale for one part, spermwhale for another one ?

Who were their marine predators (orcas, pacific sleeping sharks, occasionally pilot whales and arctic bears) ?

What was their true geographical distribution ? Beyond aleutian sea west to east as shown by Lorelei Crerar and her team in 2014, and probably northernmost areas in Chukchi sea, do palaeontologic elements inducing presence of these animals in Southern Hemisphere exist, for instance, in linkage with « californian » populations ?

What was their true volume ? Estimated by Steller (concerning adult individuals) from 6 to 12m, with 4metric tonnes for 6m long individuals. So, 32metric tonnes for 12m, as much as big cetaceans like humpback or gray whales ? (24t for maximal estimations by Steller, mathematic basis of which non understood by me).

What was their true diet ? If californian giant sea cows were strictly vegetarians, like dugongs of tropical and subtropical areas, what about animals of cold regions like Northern Pacific ? 'As dugongs leaving in Southern Pacific are known as being omnivorous, particularly in southern areas of both western and eastern Australia, with evidence that they actively seek out both small, medium up to relatively large invertebrates ( work of Lawler & al. in 2002. Dugongs in the Great Barrier Reef : Current State of Knowledge. Cooperative Research Centre (CRC) for The Great Barrier Reef World Heritage Area ).

What were their true population dynamics ? Ordinary strongly underestimated in regard to illuminating elements given by Turvey and Riley in 2006, particularly on huge numbers of their losses since tardive dates (more than 530 catches in 1754, more than 300 in 1762, themselves considered as very defective historical data so with a true level of hunting still much higher...

2. PRESENT. ARE STELLER'S SEA COWS ELUSIVELY STILL AMONG US ?

After 1768, official date (no more credible for specialists like Daryl Domning or Arkady Savinetsky of their extinction, survival of sea cows has been emphasized in various regions of their historical distribution (California, British Colombia, Kamtchatka and Bering sea, Chukchi sea...).

As far as I know, last recorded witnesses have been realized between 1951 and 1976.

But perhaps are they more recent indications of presence...

Klumov (S.K) related observations realized between 1951 and 1956 in Commander Islands (were they had been studied by Steller in 1741 during Bering's expedition), with results published in 1962 in Priroda, N° 8, 65 – 75.

Moreover, Berzin (A.A), Tikhomirov (C.A), and Troïnin (V.I) mentioned actually perturbing observations by members of the Buran (whaler boat), in 1962, in coastal zone of Chukchi Sea : Navarin Cape (southern corner of Anadyr Gulf), about a herd of these animals. Their work was published in 1963 in Priroda 8, 73 – 75 : « Has sea cow become extinct ? » (in russian). The great naturalist Vladimir G. Heptner, which was perhaps intellectually hurted by these credible witnesses, hardly reacts against these assertions and answers in Priroda 7, 91 – 94, in 1965 « Still one time about Steller's sea cow » (in russian), with many more psychological tropisms determining dogmatic postures («speach of Authority ») than strong scientific argues. Ironically,, a few years later, the same one proposed a much more audacious hypothesis about presence of tigers in swampy areas of eastern Europe, with strong and rigorous scientific argues, He particularly deduces that the « fierce beast » mentioned by Great Prince Vladimir Monomaque in his « Instructions » was a tiger (O lyutom zvere Monomakhova « Poucheniya detyam ». in Okhota i Okhotn. 5, 42 – 43. 1969).

Furthermore, Vladimir Maliukovich recorded, in 1976, a disturbing witness by Ivan N.Tchetchulin, a kino projectionnist from the Karaga cultural animation brigade, in a salmon fishery of Anapka Bay (Northern Kamtchatka). He published it in the Kamtchatsky Komsomolets in january 1977 : « Where are you, Steller's Sea Cow ? » (in russian).

3. FUTURE . HOW « THE RETURN OF THE RUSSIAN TIGER » (Sennepin 2014a, pages 2 – 4) CAN BRING SEA COWS TO LIFE AGAIN THROUGH « THE WHALE STREAM » (Sennepin 2014a, pages 12 – 15).

What has occured for tigers in russian far – east between 1995 and today is not only a good instance of successful restoration a a top predator, but also a model for other feline, whales, and, perhaps, even Steller's sea cows. The first and crucial step to save Amur tigers was the antipoaching Amba operation.

Feline : a genetic study that had illustrated proximity between Amur tiger and extinct Caspian congener was an important step towards the reconstruction of the second one in central Asia that will begin in 2014 (see Driscoll & al. 2009. Mitochondrial phylogeography illuminates the origin of the extinct caspian tiger and its relationship to the amur tiger. PlosOne 4 (1)) : the final step of preparation in tiger restoration plan in Kazakstan will occur from 21 to 28 may 2014. Then, 2 or 3 tigers will be introduced each year during 15 years. The goal is a stable population of more than 100 and less than 200 tigers. If successful, a similar initiative could be engaged in two or three decades in the Uzbek side of Aral sea boarders. In the long term (centuries to come), central Asia could host as many tigers as in past centuries : several thousands, more than all wild tigers in the world today.

Since then, a similar study has been realized concerning Sunda tigers, with the goal of opening a way of restoration for relictual Java and extinct Bali tigers (Driscoll C. Personal communication, April 11th 2014). The same process is engaged for extinct Atlas lions, in regard to their proximity with indian congeners ("Revealing the maternal demographic history of Panthera leo using ancient DNA and a spatially explicit genealogical analysis". Ross Barnett, Noboyuki Yamaguchi, Beth Shapiro, Simon YW Ho, Ian Barnes, Richard Sabin, Lars Werdelin, Jacques Cuisin, Greger Larson. BMC Evolutionary Biology 14 (70). Published on April 2nd 2014). Since then, on 15 february 2015, Prime Minister Narendra Modi in India announced an ambitious plan for restoration of lions in India, challenging Tiger Project of Indira Gandhi in 1973...

Whales. Restoration of biggest animals of the world is a major challenge concerning, beyond them and through their ecological role, the equilibrium of the whole planet. Strenghtening cetaceans induces, of course, multifactorial modalities, that will be detailed in a much denser paper (to come) than this present short one. We only briefly mention here the most evident first step, and the ultimate goal.

FIRST STEP : if compared to « tiger process » since the end of last century, with a key initial action to stop direct destruction of animals (« Amba operation »), the decision, in January 2014, of environment ministry of Senegal Haidar El Ali to work with Sea Shepherd, association of the famous « pirat of seas » Paul Watson, to fight against illegal fishing with more efficiency, might be the beginning of a « privateerisation »process by other countries in the same defensive way.

ULTIMATE GOAL : if compared to restoration of thriving populations of tigers in central Asia in the future, blue whales of southern Ocean (with presently no more than 2000 or 3000 individuals) were 100 times more numerous in 1900 in this area. Austral Ocean hosts also animals bigger than congeners of northern zones. Here are the biggest blue whales of the world, as well as sea elephants, sleeping shaks, colossal squids... and could become a true « planetarian wild show - case ».

Steller's Sea cows. Even if we don't know if relictual groups of sea cows are still elusively present somewhere in Bering or Chukchi seas, as traditional autochtonous hunters say from time to time up to now, perhaps there is possibility of reconstitution of these animals from DNA found in their corpses. A similar protocol concerning mammoths is nowadays well engaged ( « Siberian scientists announce they now have a "high chance" to clone the woolly mammoth », Siberian Times ,Anna Liesowska, March 13th 2014) from both works of Sergeï Zimov in the field (Cherskii station), since 1989, and South Korean geneticist Hwang woo – Suk.

Perhaps something could be done from bones (1 scapula, 3 vertebrae, 56 ribs collected by Alexander Burdin during his field « gathering » on Bering Island in 2011 ( as established in 12 pages Progress report by Burdin , Potgieter and O'Corry-Crowe in 2012.

Reconstruction of the animal, followed by reconstitution of populations in the Northern Pacific could open the possibility, in a deeper future, to introduce familial nuclei in southern Ocean, with potential apparition after several generations of very big animals (several dizains of metric tons) like were, perhaps, the biggest individuals in northern Pacific during epochs of maximal prosperity.

* From the hypothesis of Domning (1972), it could even be emphasized that 1500 gray whale calves' alley on Chukchi Mechigmensky Bay as well as many remains of right whale calves in middens of canadian inuit whalers (Krupnik 1993) result from a phasis of « easy whaling » in first step of substitution to giant sea cows. Domning (personal communication, April 10th 2015), considers « that any easier alternatives to harpooning a full – grown pelagic whale would have been seized on first by early hunters – whether whale calves or sea cows, depending on what was locally available. »

** But for Daryl Domning (personal communication, April 8th 2015), « the greater concern today is that arifacts made of bones of protected marine mammals (such as walruses and whales) can be sold illegally by claiming they are bone of Hydrodamalis – which is not legally protected because it is extinct ! »

Here joined personal communications of Dr Daryl Domning, on April 6th and 7th 2015, and my personal reflexions they induced.

Dear M. Sennepin,

Your questions about Steller's sea cow are good ones; those are things we would like to know more about. You could add further questions such as: How many pairs of ribs and how many caudal vertebrae did they have? What did the bones of their manus look like? ... plus many other details about their morphology and biology. However, there is no evidence they ever lived south of the Equator, nor would it make ecological sense to introduce them there even if we could -- they were never part of those ecosystems.

Furthermore, I can say with very high confidence that there are no more of them alive today, or at any time in the past century or more. Even a small population of such large animals would have been noticed by now (given their coastal, shallow-water habitat), and none of the alleged sightings has been accompanied by physical evidence or stood up to critical examination.

As for re-creating them from DNA and reintroducing them into the wild, this has not yet been accomplished even for mammoths (for which whole frozen carcasses exist, as well as live elephants that could be potential surrogate mothers). Even if we had an intact sea cow genome (of both sexes and multiple individuals), there are no living animals that would be remotely capable of gestating and birthing a Hydrodamalis. I'm afraid this is destined to remain a dream.

Sincerely,

Daryl Domning

For the following one, he considers that North Pacific hunters have probably exterminated Steller's sea cows (like it seems it has been the case millenias before concerning California coasts, then successively those of Japan, Kuril & Sakhalin, Kamtchatka. Aleutians whalers had the most primitive technique of the whole region, in adequation to his thesis proposed in 1972 ). In margin of these considerations, the « Whale culture » of Northern Pacific, from Mechigmensky Bay to Korea and Japan is originaly a « Giant Sea Cow » one, that envelops the « tiger culture » of its meridional part.

« As for the origin of whaling, I have no idea which or how many North Pacific cultures started by hunting sea cows; but I would guess that any group that lived for any length of time on a coast where sea cows were present would have taken to hunting them almost as quickly and as easily as Bering's crew did (over the course of one winter!). Only the abundance of other food sources would have delayed them, and probably not by much. » The destruction of Hydrodamalis, followed by slaughter of whale calves, seems to be homologous to first consequences of competitive substitution of big carnivores by prehistoric hunters / gatherers as top predators (Zimov 2014, Sennepin 2014b). The linkage can even be pushed farther, as Igor Krupnik, who had, with his collegue Mikhaïl Chlenov, already illuminated the eye of european civilization, discovering chukchi whale alleys in August 1976 (and most of all, understanding what it was really, as this site has been seen by many explorers in the past but NEVER recorded - Malaurie 2003 - ), has also shown, in 1993, in a study on whale calves' slaughter by traditional whale hunters, that « eskimo whaling and bone utilization resemble the strategies used by upper Paleolithic mammoth hunters in central russian plain. »

From these different considerations, a (far) future reconstitution which will be founded on a strong cultural meaning perhaps implicates progressive selection of big dugong individuals (some of those living in large number in Gulf of Carpentaria, northern Australia, or in Moreton Bay, eastern Australia, could convenient) besides vigorously protecting and continuously helping for comeback from brink a group strongly appreciated by present human community of the ancient Seacow/Whale culture. Those of southern islands of Japan, now in very small number, were ancient cultural icons for the Okinawan people, with particular cultual monuments (« utaki ») built onto their devotion. They are listed as an object of national cultural significance under Japan's Law for the protection of cultural properties (see also Takahashi 2004, Sennepin 2010, as well as presence of dugongs off cape Henoko, city of Nago, and the opposition of Mayor Susumu Inamine to US base in May 2014). These cruised actions could, perhaps, constitute in the long term a convenient matrix for rhytinas' rebirth, (after selection of biggest individuals through many generations). In the same time DNA research from rhitinas' bones might be toroughly managed - inducing extended field searches to ancient coastal middens of aboriginal whalers -, as well as an explicite cultural project for inscription of present and future far eastern culture in dozens of millenias « chronocircular » process from rhytina to rhytina...

Nowadays, more in the south, graveyards devoted to whales are flourishing in Vietnam. In Ba Ria -Vung Tau province, one of them has several hundreds of whales, with many tombs built in 2010, and several temples.

http://english.vietnamnet.vn/fms/vietnam-in-photos/87648/in-pictures--largest-cemetery-for-whales-in-vietnam.html

See also : Jennifer Viegas, February 23, 2010. Thousands Mourn Dead Whales in Vietnam.

http://news.discovery.com/animals/thousands-mourn-dead-whale-in-vietnam.htm

In another district of the same province, the first « dugong festival » has been realized on 30 November 2014.

http://www.thanhniennews.com/travel/vietnam-to-host-first-dugong-festival-on-phu-quoc-island-34508.html

Moreover, in Va Phong Bay, whales and whale sharks are coming between April and July. Temples are devoted to them as Sacred Animals, and between Marsh and April, Ceremonies of welcome to "Sir Fish" (Ca Ong) are organized.

Alain SENNEPIN, April 10th 2015.

Bibliography

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10 avril 2015 5 10 /04 /avril /2015 06:29

AVEC UNE DYNAMIQUE VIGOUREUSE DE LEURS POPULATIONS (effectifs doublés depuis le début du siècle), les tigres de l'Amour disposent d'un espace suffisant en Chine du Nord - Est pour continuer leur croissance démographique dans les prochaines années (jusqu'à 130 individus, contre une quarantaine aujourd'hui et moins de 20 dans les années 90). Les grands félins commencent donc à s'éloigner de la zone de danger immédiat, dans ce qui fut à la fois, il y a peu de millénaires, le Royaume du million de tigres (de toutes les variétés eurasiennes) et du million de rhinocéros (de différentes espèces, dont l'une à trois cornes... La majorité d'entre eux étaient des rhinos appelés depuis ces derniers siècles "de Sumatra", présents au Nord - Est jusqu'aux côtes du Golfe de Bohaï 1200 ans avant notre ère, et qui furent détruits par centaines de milliers à l'époque des Royaumes combattants, leurs peaux carapaçonnées servant alors d'armures aux soldats innombrables... Puis des lions d'Asie Centrale furent introduits à l'époque de la dynastie Han...) China Daily, ce jour. "Amur tigers come back from the brink."

The population of the endangered big cats is rising again in northeast China, as the animals travel south for prey.

Li Gang has had two close shaves with rare, wild tigers.

As a forest ranger in Heilongjiang province, he has spent the last six years patrolling the protection zones for big cats, removing poachers' traps and checking on the monitoring cameras.

"Once, after I collected a memory card from a camera, I checked the footage and discovered a tiger had passed by just a minute before I arrived," said the 35-year-old. "If I'd have been just a few moments earlier, I'd have come face to face with it."

Despite not seeing one in the flesh, Li has developed an attachment to the big cats through photographs and videos. "I miss them if I don't see them on camera for a while. I think about where they go, or if it snows, about whether they have enough food."

Li, who patrols his native Dongning county, is among the many villagers of Heilongjiang and Jilin - two provinces in northeast China with long traditions of hunting - who are devoted to protecting Siberian tigers, also known as Amur tigers. And their efforts appear to be paying off.

Wildlife studies show the endangered species, which all but disappeared from China for decades, is making a comeback in the northeast.

Breeding hope

The Amur tiger is the largest cat living in the wild. Before the 1960s it was abundant in China's northeastern region, but by the 1990s it was estimated that fewer than 20 still remained in the wild.

That trend has been slowly reversing. According to the latest official data, the number in Jilin has now risen to 27, with 12 to 14 roaming the wilds of Heilongjiang. Combined, the population is roughly double that reported in 2010.

A study to evaluate the potential habitat in northeast China discovered the area could accommodate up to about 130 Amur tigers. Experts from the World Wide Fund for Nature, the Wildlife Conservation Society, northeast Normal University in Changchun, wildlife NGO KORA and the University of Montana contributed to the study, which ran from 2008 to 2010.

Shi Quanhua, senior manager of WWF China's Asian big cats program, said long-term monitoring had shown two major trends: First, the tigers have been moving from the China-Russia border to inner areas of northeastern China; and second, they are breeding.

"The first activity we monitored was about 50 kilometers from the border. Now the area covered by the tigers reaches to about 300 km from the border," she said, explaining that the expansion indicates the population is increasing, as each tiger claims its own territory.

In February, the WWF recovered video footage of an Amur tigress with two cubs 30 km from the Russian border. John Barker, Asian programs leader for the WWF, told The Guardian newspaper that the footage confirms the animals are not just coming in and out from Russia, and that signs indicate the big cats are breeding in China.

Shi echoed the opinion: "At the beginning, with our cameras we could see single tigers traveling between China and Russia. In the past two years, we monitored families of tigers."

New families have also been spotted in the Wangqing area of Jilin, Shi added.

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9 avril 2015 4 09 /04 /avril /2015 19:18

Au Brésil, on envisage de protéger les cultures efficacement contre les déprédations des peccaris à lèvres blanches. En favorisant le développement des jaguars et des pumas dans les plantations. Voir l'article roboratif du Scientific American, ce jour. Brendan Borrell (sur Mongabay.com le 7 avril). Farmers urge return of jaguars to protect crops.

http://www.scientificamerican.com/article/farmers-urge-return-of-jaguars-to-protect-crops/

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8 avril 2015 3 08 /04 /avril /2015 10:30

Un intéressant article de la section états - unienne du China Daily, sur l'évolution en cours dans la représentation des animaux sauvages au sein de la société chinoise actuelle, et les traductions politiques de celles - ci. China Daily USA, ce jour. Chris Davis. China knows how to save endangered species, it's the tiger turn.

China's 1989 Law on the Protection of Wildlife — which is now online in English and available for the world to see — was created, it says, for the purpose of "protecting and saving the species of wildlife which are rare or near extinction; protecting, developing and rationally utilizing wildlife resources, and maintaining ecological balances."

The law lists 42 articles detailing the care and protection of "wildlife resources", which are owned by the state, for their survival, including enforcement and penalties for violators.

In an interesting op-ed piece that went online Sunday, Mang Ping, a professor of ecological ethics at the Central Institute of Socialist Studies inBeijing, points out that the "language" of the law plainly implies that another of its goals is to "fairly use" the wild animals that are considered resources, and that is what has been causing some animal conservationists concern.

"The relationship between man and nature is increasingly fused with a new ethical consideration," Mang writes. "Wild animals for instance are no longer viewed simply as a useful resource for humans to exploit. They are considered to have their own intrinsic value as part of the Earth's biological community."

Of the 580 species of mammals in China, about 30 percent are defined as "wild", Mang says, citing research. And some of those "rare and endangered" ones seen as having "important economic or scientific value are domesticated, bred and commercially utilized". In other words, farmed.

When it comes to tigers, however, the plan of farming them to save them has an alarming backlash.

Tiger bone and tiger bonewinewas for centuries a component of traditional Chinese medicine's pharmacopeia (it was thought to help heal broken bones and ease arthritic pain).

Author J.A. Mills (Blood of the Tiger: A Story of Conspiracy,Greed, and the Battle to Save a Magnificent Species), who has devoted her life to helping endangered species, said that for 20 years she never appreciated the fact that China's wildlife protection law called for the farming and consumption of species like tigers. Or that a 1993 ban on tiger and rhino trade did not supersede that law.

"I wasn’t alone," she said. "I think the whole conservation community didn't get it."

In 1993 the US certified China for trade sanctions because of its trade in tiger bone and rhino horn. "Then, not necessarily in response," Mills said. "China banned all trade in tiger bone and rhino horn and took both ingredients out of the official pharmacopeia and stopped all the manufacturing of medicines and it was a very comprehensive ban put out by the State Council." In response, Bill Clinton put the sanctions on hold, where they remain today.

Everyone, including the President of the US, at the time thought that that ban meant that trade in tigers would stop and they would be given a respite and be able to come back in the wild. The world had already seen what happened when China decided that trade in pandas and panda products was banned. "People were executed for it," Mills said, "and the trade virtually stopped."

"China demonstrated that it could thoroughly stop illegal trade in wildlife if it wanted to," she said.

While the conservationist community breathed a sigh of relief, however, Mills was jumping up and down about the rise in the number of tiger farms in China. No one took it seriously. They thought it couldn’t go anywhere because of the ban.

As a side note, Mills pointed out that China's tiger farms were not started with tigers from the wild but with tigers from American zoos. By 2005, there were thousands of tigers on the farms, bred to be sold to zoos or released into the wild.

The problem is, tiger farming stimulates demand for tiger products, which in turn stimulates poaching of wild tigers because products from wild tigers are considered "superior, more prestigious and exponentially more valuable," Mills said. She compared it to the difference between cubic zirconia and a flawless diamond.

But, someone could argue, we in the US farm cows and pigs and chickens and it's horribly inhumane, which is "true," Mills said, "but farming those things doesn't endanger any species in the wild."

There is hope. In both 2012 and 2013, National People's Congress deputies Jing Yidan and Luo Shenglian proposed changes to China's Law of Protection of Wildlife to prohibit the commercial use of wildlife. This year their proposals finally made the agenda, according to Mang.

"The protection of wild animals and their habitats is an important responsibility of mankind," Mang wrote. "In China, the scale of this mission is particularly urgent and daunting."

Contact the writer at: chrisdavis@chinadailyusa.com.

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5 avril 2015 7 05 /04 /avril /2015 09:30

"Ce qui sort de l'abîme est plein de la force que donne un long repos". Rainer Maria Rilke.

"L'identité est l'actualisation de l'héritage". Martin Heidegger ("Parole d'Anaximandre").

LE GRAND ANIMAL SAUVAGE, INCARNATION DU SALUT.

Du dernier épisode glaciaire au Moyen – Âge médian, l'espace eurasien correspondant à l'actuelle Russie était peuplé d'un milliard d'ongulés (Sergei Zimov, « Wild field manifesto », 15 Octobre 2014, et Sennepin 2014c). Des créatures éteintes partout ailleurs survécurent tardivement dans cet espace (Cerf Megaceros jusqu'au 6ème millénaire avant notre ère, mammouth à fourrure nain jusqu'au 2ème, rhinocéros à fourrure nain jusqu'au Moyen – Âge, tigres en Russie européenne probablement jusqu'au début du 17ème siècle, rhytines géantes au moins jusqu'àu 18ème siècle). Les anciens slaves intégrèrent certains d'entre eux dans leur Panthéon (le Rhinocéros « Edinor », l'Esturgeon originel, l'ours, le tigre... Sennepin 2015c). A la fin du 10ème siècle, la Russie s'est convertie au Christianisme au sein de ce « paysage animal » où de nombreux « sédentaires » avaient une existence, des pratiques, une alimentation, assez proches de celles des ours, et où de nombreux « nomades » entretenaient la même proximité avec tigres et léopards, ce qui donnera à la « nouvelle » religion une couleur et un goût particuliers.

Des scientifiques russes du 19ème siècle, comme Nicolas Jadrincev sur le culte des ancêtres chez les ours des cavernes, antérieur à celui pratiqué par les êtres humains, ou de l'époque soviétique, comme Boris Porchnev en 1968 sur la survie d' « hommes sauvages » dans l'espace soviétique au XXème siècle, continuèrent à exprimer cette sensibilité particulière à travers leurs thématiques de recherche et la nature de leurs hypothèses émises. Pour la période post - soviétique, il y a eu identification entre le tigre de l'Amour et la Russie elle même, taillés en pièces et vendus à l'encan dans les années 90, redressant corps et âme de concert depuis lors (Sennepin 2013, 2014a, 2015b, 2015c).

Dans son ouvrage « La Dignité de la Nation » (2006), Masahiko Fujiwara a écrit: « le Japon est la seule civilisation basée sur l’émotion et l'identité nationale car ne disposant pas de religions de grande envergure telles que le Christianisme ou l'Islam. » Il a manifestement oublié la Russie,dont la religion nationale est architecturée sur la profusion préexistante au pays, où les espaces naturels sont autant d'arches grouillant de vie...

UNE MATRICE POUR L'ECLOSION NATIONALE.

La Rus' kiévienne, fruit d'échanges intenses entre balto - slaves et finno - scandinaves d'une part, peuples de la steppe de l'autre, développe une culture originale qui va perdre sa relative cohérence politique et sombrer dans l'anomie à partir de la seconde moitié du XIIème siècle. Pendant plus de 80 ans, le pays compte des dizaines de principautés indépendantes et fréquemment en conflit les unes avec les autres. La religion pratiquée dans cette « Rus' des apanages » reste fortement teintée de rituels préchrétiens. Le pays est englouti dans la Pax Mongolica à partir des années 1240. Les « hommes - ours » fuient leurs villages et constituent des communautés sylvestres, steppiques, et alluviales. Dans cette nouvelle situation, la religion devient un référent identitaire solide, sa structuration administrative en cohésion à l'échelle du pays étant, de plus, favorisée activement par un occupant soucieux de relais clairement identifiés (Arrignon 2003). A partir des dernières décennies du XIVème siècle, l'emprise de la Horde d'Or s'effrite progressivement, notamment sur l'apanage moscovite dont elle avait fait son auxiliaire préférentiel. La nouvelle liberté d'expression s'incarne alors notamment dans les œuvres d'une force et d'une subtilité spirituelle incomparable de l'iconographe Andreï Roublev. La Moscovie affirme sa prééminence complète au XVIème siècle. Souveraineté nationale et christianisme orthodoxe confluent en une seule entité légitime dans la psychologie collective. Le phénomène atteint son point d'orgue au début du XVIIème siècle quand la première est remise en cause lors du « Temps des Troubles ». Le pays sombre dans l'anomie à l'extrême fin du XVIème siècle. Au même titre que l'Amérique du Nord, il est considéré par des puissances comme la Hollande ou l'Angleterre comme un simple comptoir à fourrures pillé à l'envi de ses plus grandes richesses (Vianey 2013). Il est, à partir de 1610, sous administration polonaise directe. Cette période, qui ne s'achèvera réellement qu'en 1619, connaît une étape cruciale - et révélatrice - entre 1610 et 1613. C'est en quelque sorte la société civile et ses forces vives, avec à leur tête le boucher Kouzma Minine, qui prennent la direction des opérations pour redonner sa pleine Souveraineté à la Moscovie, et imposent, à l'issue de leur victoire, l'élection de Michel Romanov en tant que Tsar : Vox Populi, Vox Dei. « … le sentiment religieux diffus... a subi une métamorphose... il s'est progressivement identifié à une entité bien définie, qui n'est ni le christianisme, ni la confession orthodoxe, ni même l'Eglise russe, mais ce que les documents appellent « la vraie foi chrétienne » et qui coïncide en réalité avec les frontières de la Moscovie » (Berelowitch 2001, page 125). Tous ceux qui participent à la lutte pour l'indépendance y sont accueillis, musulmans et païens inclus qui prêtent serment « selon leur foi, de se battre à nos côtés pour la défense de la foi chrétienne orthodoxe et de la sainte Eglise de Dieu » (Berelowitch 2001, page 126).

RUPTURE RELIGIEUSE ET DENATIONALISATION, DEPLOIEMENT GEOPOLITIQUE.

A partir de 1652, le Patriarche Nikon lance une réforme de la liturgie destinée à unifier l'Eglise russe et celles des autres pays orthodoxes d'Europe orientale. Continuateur spirituel, d'une certaine façon, de Kouzma Minine, Avvakoum tente de s'y opposer, sans succès (il est brûlé vif en 1682). Profond admirateur de la Nature, Avvakoum était aussi un génie littéraire. Son autobiographie et sa correspondance sont considérées comme des chefs d'oeuvre de la littérature russe du XVIIème siècle. Une proportion significative des habitants fuient dans les forêts, steppes et marais pour vivre selon la « vraie foi », comme à l'époque mongole, malgré l'enchainement du paysan à sa terre, décidée quelques décennies auparavant pour des motifs « d'efficacité fiscale ». L'Eglise perd alors l'essentiel de sa consistance spirituelle pour devenir un simple appareil politico - administratif au service du pouvoir tsariste, comme cela avait été le cas à Rome au IVème siècle. Comme à Rome, le seul culte véritable est celui de l'Empereur, préalable indispensable à l'européanisation à marche forcée et le remplacement de la Nation par l'Empire au siècle suivant. Les autorités imposent brutalement au pays une « Modernité » réificatrice d'inspiration à la fois cartésienne et luthérienne qui entame et abîme la substance de la civilisation russe. A l'inverse des regards émerveillés à l'intensité lumineuse de Roublev puis d'Avvakoum, la promotion du comportement d'Emprise fait coïncider découvertes et destructions, qui auraient été perçues comme des actes sacrilèges auparavant (au XVIIIème, l'éradication, en moins de trois décennies, d'une espèce de mammifères marins géants, les rhytines, à l'issue de la découverte d'îles au large du Kamtchatka par V. Bering et G. Steller en 1741, est de ce point de vue, symptomatique - voir par exemple Genevois 2012 -) : le grand animal sauvage devient un Tiers Exclu des représentations collectives des russes.

RESUBSTANTIATION : LITTERATURE, LA VRAIE FOI.

A partir du XIXème siècle, en réaction organique à la statolâtrie officielle, la littérature abrite et redynamise la religion . F. Dostoïevski poursuit, dans une forme renouvelée, les textes sacrés (Colosimo 2008), où il exprime une sensibilité particulière à la souffrance des êtres, humains ou non. Il prolonge, de ce fait, Avvakoum. L'ultime Vérité : « La Beauté sauvera le Monde » est prononcée par « L'Idiot » : le Prince Michkine, avatar du fol en Christ archétypal, à travers lequel Dieu s'exprime...

Au cœur des ténèbres du siècle dernier (destruction des communautés traditionnelles et de la nature sauvage, plus de martyrs donnés au christianisme entre 1918 et 1940 que toutes les autres réunies en vingt siècles - Colosimo 2008 -), Mikhaïl Boulgakov endosse subtilement « l'héritage Dostoïevskien » (assumé plus explicitement dans la seconde moitié du siècle par Alexandre Soljenitsyne, Igor Chafarevitch, Valentin Raspoutine) tandis que le naturaliste Lev Kaplanov pratique une approche - étudier les tigres sans les tuer - en opposition totale à celle suivie depuis Bering. « Les manuscrits ne brûlent pas » (Boulgakov 1939), Lux Aeterna...

TIGRE ET BALEINE : TEMOINS DE LA VERITE, ECLAIREURS DU CHEMIN .

TIGRES : VOLCAN ORIENTAL, RESACRALISATION EXPANSEE. Les derniers tigres de Russie occidentale, centrale et méridionale avaient disparu, selon toute probabilité, dans la première moitié du XVIIème siècle. Leurs congénères du Turkestan russe furent anéantis au cours de la première moitié du siècle dernier, et ceux de l'orient russe (Transbaïkalie) ont vu une première fois la mort en face à la même époque, puis une seconde lors des années 90. On assiste depuis lors à une restauration progressive de l'espèce, de nature aussi politique que l'avait été leur éradication. J'ai déjà montré précisément en quoi, après 1994, la sauvegarde de ces animaux a été, pour les russes, une façon de se sauver eux - mêmes, dans une situation où leur pays, comme leurs grands fauves, tendait à être découpé en morceaux et vendu à l'encan. Les destins du tigre et de la Russie ont fusionné : ils ont failli disparaître, puis se sont reconstitués de concert. Aujourd'hui, cette dynamique s'étend à la Chine du Nord, et à l'ancien Turkestan russe où des grands fauves seront réimplantés dans quatre ans. L'intégration du tigre comme îcone de l'identité nationale russe résulte, par ailleurs, du transfert, au début du siècle dernier, d'un élément pivot de la culture coréenne, dimension puissamment spirituelle incluse (voir le détail dans Sennepin 2013, 2014a , 2015b, 2015c).

BALEINES : SENTIMENT OCEANIQUE DE PROFUSION, MAËLSTRÖM DE NORVEGE.

Jean Malaurie, dans une interview donné au Courrier de Russie le 2 février 2015, a présenté la Sibérie comme « le cœur, la fortune, l'âme de la Russie» , en insistant notamment sur l'influence bienfaisante de la civilisation traditionnelle d'Asie septentrionale sur son grand voisin de culture européenne . Il avait montré, par ailleurs, dans « L'Allée des Baleines », en 2003, qu'il y avait continuité culturelle des Tchouktches aux Aïnous. On sait depuis les travaux de Sangmog Lee (2011) que cette grande « culture de la baleine » s'étend même jusqu'au sud de la péninsule coréenne, et au Japon central. Celle – ci, se juxtapose en partie avec la « culture du tigre » qui s'est étendue à la Russie ces dernières années.

Or, à l'autre extrêmité du continent eurasiatique, les relations « russo – scandinaves » (balto - slaves et fenno - scandinaves) ont été d'une très grande intensité depuis une époque très ancienne (Cornillot 1998), avec une intrication indissociable des « Histoires » respectives en région arctique ( Vianey 2013), la civilisation lapone jouant un rôle important, et sous estimé, de « diffuseur culturel » à ses différents voisins... Ce sentiment de proximité est toujours puissant aujourd'hui : A Vardø et Mehamn, sur les côtes arctiques du Finmark, les habitants ont dit à la chanteuse Birgitte Grimstad: «Nous aimons les Russes. Nous entretenons d'excellentes relations avec eux et vivons en bon voisinage» (fr. Sputnik, 26 mars 2015). Depuis le 13ème siècle au moins, le rorqual commun est considéré par les pêcheurs norses comme un protecteur et nourricier conditionnel (apport lié au respect de la paix sociale) (Szabo 2012). Les paysans – pêcheurs du Finmark bénéficient de la conduite des capelans par les baleines vers les fjords. Hommes, grands cétacés, mais aussi oiseaux et morues venus pour l'occasion se partagent cette manne. De plus, les villageois capturent aussi des morues. Le « poisson - baleine « russe, qui porte cités et territoires sur son dos (Sennepin 2015c) est -il en lien avec cette culture du Finmark ?

En 1873, avec la mise en pratique de la révolution industrielle de Svend Foyn (qui fut le Henry Ford de la pêche baleinière), les habitants de cette région réclamèrent, en vain, la protection totale des baleines (Lauhakangas 1996), notamment à Varangerfjörd, limitrophe de la péninsule russe de Kola. Les tensions s'intensifieront jusqu'à une crise politique majeure, avec, en 1903, la destruction complète du centre baleinier de Mehamn, la structuration du Parti travailliste sur cette thématique et cette sociologie, la protection totale des baleines de 1904 à 1924 (Lauhakangas 1996). Comme le montre l'auteur, l'affaire est violemment passionnelle dans la mentalité collective norvégienne, et il est possible que le tribut particulièrement lourd payé au siècle dernier par les rorquals communs soit lié pour une part à leur dimension sacrée passée, devenu objet d'exécration. Symétriquement, au Japon, la consommation de viande de baleine a commencé à se répandre à partir de 1900, après l'introduction de la méthode de chasse norvégienne. Mais ce système ne faisait pas l'unanimité. En 1911, à Hachinohe, dans le Nord, où les cétacés étaient vénérés comme des dieux, près d'un millier de pêcheurs se sont révoltés contre une compagnie baleinière, un incident qui a fait plusieurs morts et de nombreux blessés. Des mouvements de protestation ont également été observés dans d'autres lieux, comme Chiba plus au sud, et Ishikawa à l'ouest (Akada et Utano 2008). Les populations concernées à Hachinohe sont liées aux Emishi, à la culture très spécifique (ils ont été popularisés par Hayao Miyazaki dans le dessin animé « Mononoke Hime » 1997, voir Sennepin 2015b).

Du fait de sa réforme, le Norvégien Svend Foyn parvient à donner une seconde jeunesse à une activité en train de péricliter et propulse son pays à la première place dans ce domaine (certains chasseurs particulièrement réputés, comme Einar Bornik, compteront plus de 5000 baleines à leur actif - Blond 1953 -). Celle – ci est, aussi, une réponse à « la bataille du Pacifique Sud » menée par une dizaine de « cachalots combattants » (selon la terminologie adoptée par leurs adversaires eux - mêmes) contre les navires baleiniers entre 1810 et 1860 (Sennepin 2015a). Foyn donne d'ailleurs une coloration « religieuse » explicite à son action (« Merci mon Dieu. Vous seul avez tout fait »). Lors du quasi - anéantissement des grands cétacés au XXème siècle, conséquence directe de cette réorganisation, et qui sera surtout le fait des Norvégiens dans un premier temps, des Soviétiques et des Japonais dans un second, le plus grand nombre de victimes se compteront parmi les rorquals communs (874 000), les cachalots (761 500) et les baleines bleues (350 000). Concernant les seconds (et peut être même les premiers pour les Norvégiens, comme indiqué précédemment) le motif économique est secondaire, car il s'agit probablement, plutôt d'une vengeance et d'une croisade d'extermination. Les Soviétiques, qui connaissaient bien le comportement des mâles protecteurs de troupeaux, détruiront « discrètement » les derniers grands cachalots combattants dans les années 60, assassinats ciblés qui prolongent ceux décidés par les Américains après 1841 (Sennepin 2015a). Au total, les Soviétiques détruisirent plus de 530 000 grands cétacés, dont près de 180 000 en toute illégalité ( Empting the Oceans . Report. A summary of industrial whaling catches in the 20th century, Marine Fisheries Review 76 (4), 37 – 48, Mars 2015). Après la destruction du Japon, le proconsul McArthur, futur destructeur de la Corée et véritable continuateur d'Achab ( capitaine du Pequod « Amérique en miniature », Sennepin 2015a), encourage les Japonais à reprendre la chasse, ce qui généralise la consommation de viande dans tout le pays. Celle – ci représentera plus de la moitié de la viande consommée en 1947...

Aujourd'hui, les Russes peuvent aider les Norvégiens à se réconcilier avec eux – mêmes, avec l'aide des Lapons, comme les peuples de Sibérie l'ont fait avec eux. Et renforcer leur équilibre interne par une Grande Prairie qui nettoiera les blessures des trois derniers siècles en buvant la Modernité « comme un buvard boit l'encre » (Zimov 2014 dans Sennepin 2014c). Avant une reconstruction des rhytines et toutes ses conséquences sociales, religieuses et politiques (Domning 1972, Domning et coll. 2007, Burdin et coll. 2012, Crerar et coll. 2014, Sennepin 2014b).

Le combat du cachalot à partir de 1810 (Sennepin 2015a) puis celui du tigre en 1997 (Sennepin 2015b) se font écho à travers de nombreuses et troublantes ressemblances (physiques, comportementales, perceptions des humains les concernant, pouvoirs surnaturels dans l'espace et le temps, selon une interprétation de type religieux au sens plein du terme (voir le détail dans Sennepin 2015c, paragraphe « Behemoth, l'étrange pérégrin »). Leur impact explicitement sismique sur les communautés humaines directement impliquées s'est progressivement dilaté dans l'espace et dans le temps à travers la littérature (Herman Melville : Moby Dick 1851, John Vaillant : The Tiger 2010). Ces ouvrages, en secrétant un champ métanoïaque de réinclusion du grand animal sauvage dans l'espace de la sacralité, peuvent désormais être vus, lus, et vécus (aux côtés du Mahabharata, de la Bible, du Coran et de la Chronique de Nestor, mais aussi des frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski, du Journal d'un curé de campagne de Georges Bernanos et du Maître et Marguerite de Mikhaïl Boulgakov) eux – mêmes comme des textes sacrés.

Au cours des 200 dernières années, Cachalot et Tigre sont « venu(s) dans le Monde pour rendre témoignage à la Vérité » (Saint Jean, XVIII, 37). Ils se sont battus, « selon leur foi, pour la défense de la Sainte Eglise de Dieu ».

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30 mars 2015 1 30 /03 /mars /2015 08:21

COSMOLOGIE, COSMOPHANIE : quelques animaux sacrés dans les représentations du pouvoir et des rapports entre sédentaires et nomades chez les anciens slaves, qui éclairent présent et avenir : ours, rhinocéros, esturgeon, simargl’, tigre. CADRE GENERAL. La figure emblématique du pouvoir légitime des Slaves est empruntée aux Scythes. C’est le draconicide igné solaire, libérateur des eaux (Cornillot 1994 & 1998, Galezowski 2008). Avatar du Dieu Indra (Inde du Nord), il est figuré soit comme un cavalier sur un cheval blanc, soit le cheval lui –même. Animal sacré dans la civilisation indienne, étroitement lié au roi dont il est le double, le cheval blanc subit le sacrifice le plus complexe dans l’histoire du monde, tel que décrit dans le Mahabarata (pour accès facile et illustratif, voir Calasso 1996). C’est Kalki, un cavalier chevauchant cet animal, qui doit mettre fin au Kali Yuga, le cycle historique actuel. Du draconicide Scythe découle Svarog, le Soleil slave resplendissant, qui triomphe du dragon Zmeï. En Russie, Saint Georges est représenté en cavalier draconicide. Sa monture est blanche. Mais le chevalier serbe Milos Obilic, héros de la bataille de Kosovo Polje où il parvint à tuer le sultan Murat au prix de sa vie, est présenté dans un poème épique comme le fils du dragon. Au moins une dizaine de héros serbes se voient attribuer cette filiation. A travers l’Ordre du Dragon de St Georges, l’animal démoniaque devient lui même un protecteur de la chrétienté contre l’islam ottoman. Les chevaliers de l’Ordre de St Georges ont constitué la garde rapprochée du Tsar jusqu’à la révolution de 1917. Dans le film « Andreï Roublev » du cinéaste Andreï Tarkovski, un cheval chutant d’un escalier, transpercé par une lance, et une vache en feu (donc ignée) illustrent le chaos politique et moral d’une cité russe détruite par un imposteur à la tête d’une bande de tatars. A l’inverse, quatre chevaux gambadant sous la pluie accompagnent les icônes de l’artiste lors de l’Epilogue, après la rédemption de celui – ci, qui s’apparente à une véritable résurrection, à la fois spirituelle et artistique. Pendant au moins 11 siècles, du 6ème avec les Avars, jusqu’aux Khans de Crimée au 17ème , les relations entre les peuples nomades de la steppe et les slaves sédentaires ont été majoritairement celles d’une pression des premiers sur les seconds. Celle – ci était vécue par les assaillants comme une activité de capture pour la constitution d’un cheptel (Gengis Khan évoque les « peuples patrimoine » qu’il offre à ses fils – dans Lebedynsky 2013 -). Les victimes la percevaient comme un rapport de proie à prédateur. Bien après la fin du « joug tatar », Moscou fut détruite en 1571 par le khanat de Crimée, entraînant la mort de 80 000 personnes et la capture de 150 000, lors d’une invasion destinée à l’annexion totale de la Moscovie d’Ivan le Terrible. La dernière invasion du pays par ce khanat eut lieu en 1688…

ANIMAUX PORTEURS DES REPRESENTATIONS DES SLAVES ANCIENS .

L’OURS. Etres humains et plantigrades entretiennent une relation particulière depuis des dizaines de milliers d’années. Un chercheur russe a même émis l’hypothèse que le culte des ancêtres était pratiqué par les ours antérieurement aux hommes ( dans Jadrincev ). L’animal occupe la même niche écologique forestière que celle des premiers slaves, baltes et finnois. Homme et ours mangent les mêmes produits, poisson, miel, baies (Arrignon 2003). L’animal est considéré comme l’ancêtre tutélaire de la communauté. C’est un esprit céleste et protecteur. Dans le golfe de Finlande, des cérémonies lui sont dédiées où son crâne est placé à la cime d’un pin, au moins jusqu’au XIVème siècle. Sur l’Ob, c’est un protecteur des communautés et un libérateur des eaux (Rouguine 2008). Le sentiment de parenté des slaves orientaux avec cet animal n’a jamais cessé. Les conflits opposant l’Empire tsariste à l’Empire ottoman étaient ceux de «l’ours russe contre le tigre turc" (dans la bouche des diplomates).

LE RHINOCEROS. A priori, il peut sembler particulièrement farfelu d’intégrer cet animal dans un tel sujet. Et de lui offrir une place de choix dans le dispositif, qui plus est. En effet, les seuls rhinocéros eurasiens actuels vivent en Asie du Sud – Est. D’autres espèces, présentes sur l’ensemble du continent eurasien à l’époque paléolithique, se sont officiellement éteintes il y a des milliers d’années. La réalité est bien différente. Parmi des ballades probablement en lien avec Novgorod la Grande, et indépendantes des cinq Chroniques de cette cité, le « livre des profondeurs » (Glubinnaia kniga) évoque un monstre bienfaiteur : Indrik (appelé aussi, parfois, Indra, Beloiandrikh, Kondryk, Edinrog,  Edinor). Il est la Force de Vérité etde Droiture. Il combat « les lions », creuse des puits avec son immense corne frontale et sauve le monde de la sécheresse (Russell 2009). Il correspond donc parfaitement au combattant libérateur des eaux, aussi bien dans son comportement que dans son nom. Celui ci évoque l’indien Indra, dont le draconicide est un avatar scythe, mais signifie précisément « une seule corne » (Russell 2009). Selon les cas, il est représenté avec le corps d’une chèvre ou d’un cheval. Il est à la fois le père et la mère de tous les autres animaux, à qui ceux ci doivent rendre des comptes. Le rhinocéros laineux européen du puits de la grotte Lascaux (Dordogne, France) était déjà une figuration du principe paternel, selon Picard (2003). Fonctionnellement, il est un véritable « Behemoth » (« bête – monde ») septentrional. La présence de descendants d’une ou plusieurs espèces de rhinocéros au Moyen Âge est crédible (Planhol 2004), dans les zones steppiques d'Europe orientale. Au 10ème siècle, Ibn Fadlan en fait une description précise et détaillée (voir le texte intégral dans Ibn Fadlan & Frye 2005). Beaucoup plus récemment, lors de l’hiver 1560, particulièrement rigoureux, il semble que plusieurs de ces animaux aient été découverts parmi les nombreuses bêtes mortes de froid dans les steppes d’Otchakov et de Savran (dans l’actuelle Ukraine méridionale, côte Nord Ouest de la mer noire) (Broniovius 1630, Kirikov 1955). Il est possible que les derniers représentants de l'espèce aient disparu au temps des troubles (début du XVIIème siècle), en même temps que les derniers tigres volgiens, les cornes des uns et les peaux des autres étant exportées en Europe occidentale via la "Novgorod orientale" : le comptoir de Mangazeïa, en Sibérie du sud - ouest. De qui descendent ces « fossiles vivants » ? (Planhol 2004 ). Ce ne sont pas des rhinocéros laineux du type de celui de Lascaux (Coelodonta antiquitatis). Il s’agirait plutôt d’ animaux du genre Elasmotherium, qui possédaient une gigantesque et unique corne frontale. Deux espèces peuvent être concernées ici, et de façon non exclusive. Elasmotherium caucasicus, semi aquatique, est peut être l’une des figures originelles d’Indrik libérateur des eaux, tout comme l’hippopotame pour Behemoth. Elasmotherium sibiricum, beaucoup plus massif et velu, également présent en Europe orientale, avait une aire de répartition beaucoup plus vaste, jusqu’à la Yakoutie, et comparable, en cela, à celle de l’aurochs. Il exprime toute la puissance du combattant titanesque. Parfois victime du tigre, l’Elasmotherium préfigure le Grand Prince Slave libérateur des eaux, proie potentielle puissante et dangereuse pour les razzieurs nomades. L’aurochs Bos primigenus (dont les troupeaux, au Moyen Âge, régulent les populations de tigres, et non l’inverse) et le sanglier géant Sus scrofa attila, lui sont assimilés. D’autre part, le « rhinocéros – monde » conflue, dans les représentations, avec le cheval solaire. Notons ici que rhinocéros et cheval sont les seuls membres, aux côtés du tapir, du groupe des ongulés périssodactyles :. Ils sont donc très proches, sur le plan taxonomique. Celui - ci est ensuite assimilé à son cavalier protecteur, qui combat le tigre dans un conflit entre pasteurs dont l’enjeu est la maitrise des troupeaux de chevaux sauvages, capturés vivants par le Grand Prince en vue d'un dressage ultérieur, dévorés par le tigre (Sennepin 2013). Certains contes russes évoquent même la capture précautionneuse de "l'auroch bai", la "bête féroce" (le tigre) et le "sanglier sauvage" par les bogatyrs qui ramènent ces animaux vivants à Kiev auprès du Grand Prince...

Enfin, on ne peut exclure l'existence d'un rhinocéros pontocaspien, survivant tardif des rhinocéros "chinois" (et probablement eurasiens du Fleuve Jaune au Danube) massivement présents en Chine du Nord jusqu'au IIème millénaire avant notre ère, et qui aurait survécu et même prospéré plus à l'ouest (au moins jusqu'à l'optimum climatique médiéval, entre le Xème et le XIVème siècle) dans des milieux qui restèrent longtemps fort peu anthropisés. Ce rhinocéros européen des temps médiévaux serait alors au Rhinocéros "de Sumatra" (dominant en Chine pendant des millénaires) ce que le tigre européen est à celui de l'Amour : une variété géographique isolée secondairement de ses congénères orientaux.

Avatars historiques possibles. 1. L’aurochs : en 1361, le prince transsylvain Dragos est entraîné par son gibier, lors d’une chasse à l’aurochs, jusqu’en Moldavie où il fonde son royaume. 2. Le sanglier. Celui - ci est étroitement associé au chêne. Le culte de Perun (Dieu slave de l'orage, comparable au Zeus grec) s'exprime fréquemment à travers la vénération d'un chêne gigantesque et aux formes atypiques où sont encastrés, à une hauteur bien définie, plusieurs (neuf pour un tronc découvert dans le lit du Dniepr en 1975) maxillaires inférieurs de sanglier (voir les travaux de Francis Conte sur l'héritage païen chez les Slaves). Comme l'Aurochs, le sanglier est une proie préférentielle du tigre comme du Grand Prince kiévien. Ces animaux pouvaient (et peuvent encore,voir Sputnik.fr du 23 novembre 2015) excéder une demi tonne. Question subsidiaire : antérieurement, ou dans le même temps mais dans des régions différentes, un culte était -il rendu à une divinité ancienne associant un chêne et des cornes de rhinocéros? 3. Le libérateur de Kiev. En 1362, la capitale de la Russie ancienne est libérée du « joug tatar » par le Grand Prince lituanien Algirdas lors de la bataille des Eaux Bleues. Tchernigov avait été libérée auparavant par ses soins. 4. La baleine blanche Beluga. Le "cheval blanc", "troisième compagnon" fondateur du monastère des Solovki en 1436, est parfois considéré comme un beluga nouveau - né :

http://www.helsinki.fi/~lauhakan/whale/petroglyph/whitesea/whitehor.html

Déclinaison possible en Europe de l’ouest : Animal « aux 5 couleurs » en Asie centrale (Sinon 1960), Elasmotherium évoque la « Pan – Thera » (« bête des bêtes ») des bestiaires du moyen – âge occidental, au pelage tâcheté des couleurs de l’arc – en – ciel, homologue du Behemoth comme animal – monde (Sennepin 2013). Le libérateur des eaux slave peut aussi être, parfois, un inondeur. C’est aussi le cas, dans la mythologie d’extrême occident, d’un « Behemoth négatif », un monstre aquatique velu appelé Afang Du (« le castor noir ») (Markale 1969). Par ailleurs, selon le mythe européen de la licorne, cet animal indomptable, qui ravage le pays et provoque aussi des inondations, ne peut être arrêté que par une jeune femme, qui découvre sa poitrine devant lui. L’animal pose délicatement sa tête sur celle – ci, en signe de soumission. La culture de l’amour courtois associe évidemment le chevalier fougueux à la licorne. Abélard signait certaines de ses lettres à Héloïse « Rhinoceros indomitus » (le rhinocéros (licorne) indompté(e) - Clanchy 1997 -). La mutation secondaire du monstrueux « castor noir » en une belle licorne blanche est homologue à celle de l’Elasmotherium Indrik / Edinor en cheval solaire. La « Dame à la Licorne » a donc aussi les traits de la protectrice de Tchernigov, parèdre du draconicide kiévien (voir Sennepin 2013). Au XIXème siècle, le cachalot Mocha Dick prolonge Edinor. Par son volume, son comportement, sa blancheur, sa corne frontale "bosse pyramidale", il est la licorne ultime qui ferme le cycle historique ouvert par Indrik (Blog du 18 janvier : "Epopée salvatrice").

L’ESTURGEON : l’esturgeon géant est historiquement l’animal clef de voûte de l’économie de l’espace slave, du Dniepr à la Volga. Dans la région de Rybynsk, certains individus atteignaient des proportions colossales, comparables à celles des plus grands poissons marins actuels. Il est l’ancêtre tutélaire des premiers slaves (Cornillot 1998), personnalisé sous le nom de Kara. Il est une sorte de « Leviathan du Nord », déclinaison aquatique du « Behemoth » Indrik . Les légendes d’esturgeons titanesques inondeurs abondent de l’Ob (Sibérie) à la Gironde (France).

LES TROIS MONDES DES SLAVES ANCIENS. L’ours céleste, le rhinocéros / cheval solaire , ainsi que l’esturgeon aquatique et chthonien, sont les 3 ancêtres des Slaves, maîtres respectifs de chacun des 3 espaces qui structurent l’Univers. Comme Moby Dick prolonge Edinor, le "poisson - baleine", porteur de villages et de territoires, popularisé dans les contes de Piotr Erchov au XIXème siècle, est à la fois un avatar du celui - ci et de l'Esturgeon géant, et apparaît comme la cosmophanie d'une île, d'une cité, voire d'une arche, un espace sacral et sanctuarisant (voir sur ce blog, le 23 mars : "Adieu à l'île").

Les Slaves intègrent également à leur panthéon d’animaux sacrés deux entités du monde nomade : le Simargl’ et le Tigre.

LE SIMARGL’ : Organisme chimérique ailé gigantesque, il est la seule des entités présentées ici qui n’ait pas d’expression biologique réelle dans la Russie médiévale. Il est directement issu du Semourgh d’Asie centrale, équivalent du Phoenix chinois, du Garuda indien, de l’oiseau Rokh moyen oriental et du griffon occidental. Celui - ci est le protecteur du représentant du pouvoir légitime, dans de nombreux contes. Il est le frère du tigre, et même son double sur les portes des madrasas du Régistan de Samarkand d’une part, de Boukhara d’autre part (Sennepin 2013). Le Simargl’ slave est dans une situation un peu différente. Il devient l’auxiliaire du libérateur des eaux à Kiev, alors que le tigre est le partenaire de la parèdre de celui – ci à Tchernigov (Galezowski, communication personnelle 2011). Il est habituellement représenté sous la forme d’un chien ailé, mais peut l’être aussi sous celle d’un tigre ailé (Arrignon 2003). Les semourghs prédateurs de la porte de la madrasa Divan Begi à Boukhara sont, quasiment à l’identique, des paons, sur le trône du même nom de l’indien moghol Shah – Jahan. Le Simargl’ connaît sa déclinaison symbolique la plus célèbre dans l’aigle bicéphale russe. Avatars historiques possibles : Protecteur dominant : la Horde d’or, à l’ombre de laquelle la Russie se structure, ce qu’elle n’avait pu réaliser auparavant, autour de l’Eglise orthodoxe, bénéficiant pour ce faire de la Pax Mongolica, après avoir repoussé le danger catholique romain germanique avec l’aide précieuse de son suzerain oriental (Arrignon 2003, Lebedynsky 2013). Protecteurs auxiliaires : les cosaques. Déclinaisons culturelles : L’oiseau de feu, le cygne blanc.

LE TIGRE. Essentiellement lié, historiquement, à la civilisation nomade, il est souvent perçu par les Slaves comme un antagoniste, contrairement à son frère Simargl ‘. Sa proie la plus fréquente est le cheval sauvage, la seconde est l’aurochs. Or, ces deux animaux renvoient à deux figures fondamentales (et intimement liées) de la représentation du pouvoir légitime chez les anciens slaves : le rhinocéros Indrik / Edinor et le cheval solaire. Le tigre est le compétiteur direct du Grand Prince kiévien, captureur de chevaux et chasseur d’aurochs, dont le représentant le plus emblématique à cet égard, Vladimir Monomaque, se fait appeler Vladimir le Blanc. Comme le cheval est une déclinaison du rhinocéros, le "loup féroce" des contes de Piotr Erchov, ami, conseiller et protecteur du tsarévitch Ivan, est une déclinaison de la "Bête féroce" mentionnée par Vladimir Monomaque dans ses "Instructions", et que Vladimir Heptner (1969) identifia comme étant un tigre. Sa figuration mythologique la plus occidentale est celle du Dieu Radgost, en Moravie et Silésie (République tchèque). La ville de Retre y hébergeait un temple en son honneur jusqu'à la deuxième moitié du XIème siècle. Le tigre se maintient (au moins) jusqu'au 12ème siècle dans le golfe de Finlande, et au début du XVIème dans les marais de Polésie. Les peaux des derniers spécimens présents dans l'estuaire et sur le cours inférieur de la Volga sont probablement envoyés en Europe occidentale via le comptoir sibérien de Mangazeïa lors du Temps des Troubles, au début du XVIIème siècle. Après la disparition progressive de toute forme d’autonomie effective pour les cosaques (Lebedynsky 2004), puis l’annexion du khanat de Crimée par la Russie en 1783, et enfin les destructions physiques simultanées d’une partie significative de la population kazakhe entre 1929 et 1931 (soit la population nomade numériquement la plus importante au monde jusqu’à cette date), de la quasi totalité de son cheptel équin, et de milliers de tigres dans les roselières environnantes, la Russie est amenée à réorganiser les représentations de son Histoire dans son ensemble, et donc à réaménager ses mythes fondateurs. L’érection de facto du Tigre (image historique de l’antagonisme le plus radical) comme emblème national de la Russie (Sennepin 2013) à égalité avec l’Ours (image historique de la symbiose endogène) en constitue, semble t-il, un puissant signal, tant sa charge symbolique est importante : c’est un nouvel « aigle » bicéphale qui est en train de naître.

TIGRE EUROPEEN : QUI TIRE LE CHAR DE FREYJA ? Le char céleste de la déesse germano - scandinave est tiré par deux "chats", "TENDRESSE" et "AMOUR MATERNEL" aussi volumineux que des lions, et tellement lourds que Thor lui - même ne parvient pas à les soulever. Le "champ d'action" de la divinité coïncide avec l'aire d'influence viking, qui va jusqu'au golfe de Finlande, à la péninsule de Kola et Novgorod... Clin d'oeil, énigme, étrangeté, parallélisme culturel? Le Shanshui chinois, perception du paysage, fait de la montagne le lieu des génies (chimei). Par monts vont les chi, qui prennent l'apparence de tigres, par vaux vont les mei, qui prennent l'apparence de sangliers (Berque 2012). Freyja utilise volontiers comme monture Hildisvini, le sanglier combattant. Celui - ci serait il son "mei" terrestre, et ses "chats" ses "chi" célestes?

BEHEMOTH, L'ETRANGE PEREGRIN. Une tigrification blottie dans la gueule du temps. Comme nous l'avons vu plus haut, Edinor / Indrik, le rhinocéros velu, véritable Behemoth du Nord (et authentique "Jardinier d'Otchakov" avant la lettre!), s'évapore vraisemblablement avec les derniers tigres volgiens dans le chaos du Temps des Troubles, pendant lequel la Russie est dépecée et vendue à l'encan. Il resurgit au XIXème siècle dans les mers du Sud sous les traits du cachalot Mocha Dick, "gentleman courageux, rayé, tâcheté et marbré", exactement comme un tigre (Epopée salvatrice, blog du 18 janvier 2015). Magnifié et même cosmisé dans "Moby Dick" par Herman Melville, il apparaît au fond de l'eau comme "une tache vivante blanche, pas plus grande qu'une belette, s'élevant avec une célérité merveilleuse". Quelques instants plus tard, il devient un immense fécondateur du ciel à l'assaut duquel il se lance "comme un saumon", les vagues figurant "sa crinière", visible à plus de 11kms de distance... L'ensemble a une dimension authentiquement sismique, que l'on retrouve à l'identique dans "The Tiger", le livre qu'a écrit John Vaillant en 2010 pour décrire les évènements tragiques et stupéfiants qui se sont produits en décembre 1997 dans la Province maritime de l'Orient russe ("L'Amour est éternel", troisième partie: Approche magico - religieuse et implication d'un "chi" caché derrière le "mei" Nago d'Hayao Miyazaki, blog du 17 février 2015 ). L'animal semble surgir des entrailles du sol, les impacts acoustiques et visuels de sa surrection sont vécus comme un tremblement de Terre, il s'identifie à l'Egoule, monstre mythique si énorme que l'on peut construire une demeure avec sa peau et ses os, comme les bisons, mammouths et baleines... Il a la tête "grosse comme la Lune", et absorbe "les balles comme Moby Dick les harpons"... Entre 1927 et 1939, dans "Le Maître et Marguerite", écrit en pleine terreur stalinienne, Boulgakov, malade et désespéré, avait inventé un "Behemoth" luciférien, nom dont était affublé un immense chat noir auxiliaire du Diable, avec lequel il finira par mettre le feu à Moscou, évènement dont la dimension heureuse est perceptible. En 1997, quelques mois avant "les évènements de Décembre" décrits par Vaillant, H. Miyazaki évoque "L'esprit vengeur" et "le destin du monde qui repose sur le courage d'un seul guerrier" A la fin de la même année, "Behemoth" resurgit en robe héraldique, et sauve la Russie... (Blog du 17 février, "L'Amour est éternel", Approche magico - religieuse). Un pays cristallise ses saints comme une montagne ses diamants...

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27 mars 2015 5 27 /03 /mars /2015 21:42

Le ministre indien de l'écologie, Prakash Javadekar, a déclaré aujourd'hui que son pays était prêt à aider d'autres pays à protéger efficacement les tigres, et même à en donner si d'importantes garanties de suivi de leur adaptation existent. Il a précisé que son gouvernement était d'ores et déjà en discussion avec plusieurs pays intéressés. Le ministre a également précisé que les résultats définitifs du recensement 2015 (en principe publiés à la fin de ce mois) indiqueraient un nombre d'environ 2400 individus sauvages sur le territoire (les chiffres provisoires indiqués le 20 janvier étaient 2226, avec un minimum de 1945 et un maximum de 2491). The Economic Times, ce jour. India ready to impart training to conserve tigers : Prakash Javadekar.

Peut - être les lions indiens seront - ils dans la même dynamique d'ici à quelques décennies, permettant un réensemencement de l'Iran, du Pakistan, d'autres pays de l'Organisation de Shangaï, voire l'Afrique du Nord (voir sur ce blog, 15 février : "Lions indiens, Modi va mettre le paquet).

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  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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