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21 avril 2023 5 21 /04 /avril /2023 08:12

Ceci fait suite à « Croissance en trompe l’oeil et influence renforcée » mis en ligne le 9 avril dernier.

https://europe-tigre.over-blog.com/2023/04/croissance-et-influence-continues.html

Dans le cadre de la réflexion sur l'avenir des tigres indiens, engagée depuis la Conférence Internationale de Mysore qui s'est conclue il y a 10 jours, Rajesh Gopal  s'oppose clairement à Ullas Karanth (qui envisage la présence future de 10 000 à 15 000 tigres sauvages), et avance son argumentaire pour une population optimale de 4000 individus, qui éviterait notamment à celle-ci d'être perçue comme une nuisance à éliminer... "I pity people who advocate 10 000 or more tigers for their lack of understanding about ground reality and landscappe transformations*", indique t-il.

Voir le détail dans l’article de Vishwa Mohan (TNN) mis en ligne ce jour sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/india/cap-tiger-numbers-at-4k-dont-make-them-a-pest/articleshow/99652813.cms

* Il convient aussi d'évaluer les équilibres au sein de la guilde des grands félins sauvages indiens. Si les lions gujaratis ou les guépards du Madhya Pradesh ne sont pas censés entrer en interaction avec des tigres dans un avenir prévisible, ce n'est certes pas le cas des léopards et des panthères des neiges, qui pâtiraient inévitablement d'une croissance rapide des grands félins lancéolés...

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17 avril 2023 1 17 /04 /avril /2023 06:27

Si le tigre de Turan*, qui a disparu au siècle dernier (du moins officiellement, il a de façon très ambivalente été retiré de la liste des "espèces nuisibles" en 2004 en Turquie), et qui devrait retrouver une partie de son milieu d'origine dans le Sud-Est du Kazakhstan dans la deuxième moitié de la décennie 2020, par l'implantation de tigres de l'Amour génétiquement voisins,  c'est dès la décennie 1880  qu'il a subi ses pertes les plus considérables, dans le cadre de raids menés par l'armée russe... Ceci fait suite à « Qezel Shir » et « Un Delta en Spectre large » respectivemement mis en ligne les 29 octobre et 30 novembre 2017.

https://europe-tigre.over-blog.com/2017/10/les-perses-et-le-lion-rouge.html

https://europe-tigre.over-blog.com/2017/11/un-delta-en-spectre-large.html

Au XIXème siècle, les deux grandes puissances européennes en compétition explicite et directe pour le contrôle d'une grande partie du continent asiatique sont la Grande-Bretagne et la Russie. Les britanniques ont peur que la Russie ne s'empare de l'Inde, les Russes s'inquiètent de la capture de l'Asie centrale** par le Royaume-Uni. Contrairement à leur habitude historique, les russes mèneront donc un véritable blitzkrieg "de précaution préventive" au milieu du siècle. Le conflit sera particulièrement dense en Afghanistan, avec un accord final sur le découpage de frontières apparemment baroques pour ce pays, qui avaient pour seul but que russes et britanniques "n'aient pas de frontière commune"...  Dès cette époque, la région est qualifiée de "chaudron du diable"...

https://www.babelio.com/livres/Hopkirk-Le-grand-jeu/1416805

Une fois l'annexion solidifiée concrètement, les russes, qui ne peuvent plus importer de coton américain à la suite de la Guerre civile dans ce pays, décident de lancer leur propre production en remplaçant les immenses roselières des fleuves Amu-Darya et Syr-Daria par des champs destinés à cet effet. Dans ce cadre, le tigre est officiellement classé parmi les "vermines" à exterminer en toute priorité. Présence des tigres en Asie centrale (Turkestans russe et chinois) et au Moyen-Orient au XIXème siècle :

Dans leur somme "Mammifères de l'Union Soviétique (Vol.II, part.2., 1972, en russe, j'ai pour ma part consulté l'édition en langue anglaise, Brill 1992), Heptner et Sludskii font référence à ces évènements : 

Page 113. Tigers lived in southwestern Turkmenia, evidently only up to 1880 or 1890 years. Their disappearance was directly linked with their persecution, mainly as a result of russian colonization.

Page 115. The disappearance of tigers on the Murgab and Kushka (southeastern Turkmenia, afghani frontier) is associated with destruction of tugais but even more than any other cause with ruthless persecution, even in the pre-Revolutionnary period, especially by hunting parties of the army and some military sportsmen-officers.

Pages 116/117. : Pyandzh Valley and the uppermost reaches of the Amu- Darya and its right tributaries (Tadlikistan/Afghanistan borders). This region was the richest in tigers in Middle Asia. On Urta-tugai island (400km2) on the Pyandzh at Parhar, some four to five litters were discovered annually according to some accounts. Even toward the end of XIXth century their decline had begun. Changes in habitat played a decisive rôle only in the recent perriod from the 1920 years and especially the 1930 years. The main reason, however, was the extermination of the animal by military game hunters. Some of them had in their possession several tens of tiger skins (Masal’skii 1913). Vladimir Ivanovich Masal’skiĭ, Rossiya: Polnoe geograficheskoe opisanie nashego otechestva XIX. Turkestanskiĭ kraĭ (Russia: a complete geographical description of our motherland XIX. region of Turkestan), Saint Petersburg, 1913.

Le chasseur naturaliste Evgeny Timmofeevich SMIRNOV écrivit plusieurs articles sur les grands félins des roselières, en particulier "Chasse aux tigres dans le Syr Darya" (1875), et "Tigres près de Tachkent" (1879). Il rédigea également une "Expédition contre les tigres" (article non répertorié dans Heptner,& Sludskii mais nécessairement postérieur à 1882/83, comme nous allons le voir ci-après...)
Smirnov organisa à partir de 1882 de grandes rafles de tigres avec la participation de résidents locaux et de troupes régulières près de Tachkent (actuel Ouzbekistan).  OPERATION MILITAIRE SPECIALE. Le 27 février 1883, le chef d'état-major des troupes du district militaire du Turkestan, à la demande des résidents locaux,  ordonna un raid d'extermination sur les tigres apparus entre Tachkent et Chinaz À cette fin, furent mobilisées des unités militaires régulières (et notamment le 12e bataillon du Turkestan).

Puis, en 1890, E. T. Smirnov lança l'organisation d'une société de chasse à Tachkent, ce qui contribuerait à rationaliser et optimiser cette pratique.

Au coeur des roselières, les tanières des félins étaient à peu près introuvables dans bien des cas car dans ces zones centrales, les roseaux s'associaient en une conformation particulière***. L'un des rares zoologistes à avoir étudié la biologie du tigre touranien, le docteur en biologie Sergueï Stroganov, avait réussi à inspecter la tanière d'un tigre.  Pour l'atteindre, il avait dû ramper près de 200 mètres en suivant la piste de l'animal dans un tunnel de végétation luxuriante. A l'ombre des arbres; elle était tapissée d'herbe damée ; en bordure il y avait un petit
terrain d'environ 40 mètres carrés, le tout estampé, aplati et parsemé d'os d'animaux. 
Stroganov terminait ses observations par la caractéristique suivante : « Le tigre touranien est
particulièrement discret. On pourrait vivre de nombreuses années dans la région habitée par les tigres
et ne jamais les voir."
Au XXème siècle, les incendies délibérés de ce milieu furent de plus en plus fréquents, puis quasi-systématiques. Dans de nombreux cas, les tigres fuyaient alors l'endroit, attendus par les tireurs. Certains félins étaient en feu et continuaient à courir... La photographie suivante a été prise dans les années 1930 au Kazakhstan...

Entre la décennie 1870 et les années 1950, on peut estimer à 50 000 le nombre de tigres tués dans les roselières d'Asie centrale ou à proximité immédiate de celles-ci. Entre le quart et la moitié a été massacré au cours des deux dernières décennies du XIXème siècle.

Le tigre de Turán (tigre de Transcaucasie) se distinguait par une couleur de pelage rouge vif ( d’où son appellation de Qezel Shir : lion écarlate), ainsi que par le nombre et la longueur des rayures - qui avaient une teinte brunâtre (les taxonomistes lui donnèrent comme dénominatif de sous-espèce « virgata », qui signifie « tressé » en latin). De fait, il s’agit du seul tigre intégralement strié (tous les autres ne le sont véritablement que sur l'avant du corps jusqu'aux épaules, les motifs présents sur le reste de leur fourrure (queue exceptée, qui est annelée), étant des marbrures lancéolées ressemblant plus ou moins nettement, selon les cas, à des feuilles de menthe)Sa fourrure d'hiver atténuait la brillance du rouge et certaines parties de celle-ci, parfois très importantes, tournaient à un brun-grisâtre, voire kaki...

 Il y a des millénaires, lors de l'Optimum néolithique humide, le félin était non seulement présent au proche et moyen orient, mais aussi, selon toute probabilité, en Afrique orientale, de la Méditerranée (tigre nilotique, en immédiate proximité des hippopotames dans les forêts de papyrus)  au lac Victoria (Voir l'article que j'ai rédigé pour La Lettre de la Secas (Bulletin de l'Association des Amis du Jardin des Plantes) 52, Hiver 2007-2008, 20-22 : "Un Tigre Européen Oublié"). Lors de l'aride post-néolithique (disparition du "Sahara Vert"), l'animal disparut progressivement d'Afrique, et le flux génétique avec ses congénères orientaux fut interrompu par l'apparition du désert du Taklamakan (Chine occidentale).  L'animal était bien connu des grecs qui le représentait sur leurs poteries au VIIIème siècle avant JC, soit à l'époque à laquelle Homère composait ses poèmes épiques :

http://aguillon.info/2022/02/28/tigre-et-autres-felins-dans-lantiquite/

Le tigre fut présent en Europe orientale en provenance de Ciscaucasie au moins jusqu'au Moyen_Âge comme nous l'avons évoqué sur ce blog à de nombreuses reprises.  Jusqu'au XIIIe siècle au moins, il était présent sur le territoire de l'ensemble du Caucase et de la Ciscaucasie , et il est possible que des individus migrateurs aient pu  pénétrer sur le territoire de l'actuelle l'Ukraine centrale (région historique de la Principauté de Tchernigov, comme l'a démontré Vladimir Heptner dans un article publié en 1969, référencé dans Heptner & Sludskii 1972 mentionné plus haut), et peut-être même beaucoup plus récemment (début du XVIIème siècle, selon Anne Galezowski, dans une communication personnelle du 27 juin 2011). Voir aussi :

https://www.bsmu.edu.ua/blog/tygry-na-prostorah-ukrayiny/

Les tigres habitaient principalement les régions centrales et méridionales des terres slaves. Plus tard, lorsqu'il a fait plus froid au centre, les animaux  se sont déplacés vers le sud, en particulier vers les steppes de Tauride (Crimée).  Ce prédateur est mentionné comme une "bête féroce" dans "l'Enseignement" du grand-duc de Kiev Volodymyr Monomakh. L'habitat du tigre  au Moyen Âge (Xe-XIIe siècles), atteignait les cours inférieur et moyen du Dniepr et  aussi loin au nord que la steppe forestière de la Principauté de Tchernigov. 

Il est resté présent dans le Caucase jusqu'au siècle dernier. Timbre azerbaidjanais, 1994.

 

Avant l'invasion russe, les habitants d'Asie centrale considéraient généralement que les tigres ne constituaient pas une menace pour la vie humaine, ou du moins, ils supportaient leur existence près de chez eux. Selon les témoignages de chasseurs, le tigre touranien évitait de rencontrer des gens, était très secret et prudent. Il a semble t-il subi le même regard évolutif que celui des japonais vis-à-vis du petit loup de Honshu, à l'aune des modifications des pratiques culturales dans le premier cas, d'élevage dans le second...

Plus à l'ouest, la disparition du tigre de Turan est encore plus récente. Jusqu'aux années 1950 au moins, iol était reconnu comme habitant les régions de Siirt, Sirnak, Uludere et Cukurka (Hakkari), et dans les montagnes et les vallées à la frontière irakienne jusqu'à récemment. Un de ces animaux a été abattu en février 1970. Sa peau a été présentée en 1973 au Dr Turan Baytop (1920-2002), qui publia ses observations l'année suivante dans une revue scientifique allemande, Säugetierkundliche Mitteilungen , notant dans son article qu'il avait entendu des villageois que 8 tigres avaient été abattus dans les régions d'Uludere et de Şırnak au cours des années précédentes.  

Turhan Baytop (1974) La présence du vrai tigre, Panthera tigris (Linné 1758) en Turquie. Säugetierkundliche Mitteilungen., 22 (3): 254–256. 

Une empreinte de pas de 17 cm de large fut découverte en 1974 par le zoologiste Paul Joslin dans une région du nord de l'Iran proche de la frontière turque. Selon certains témoignages, l'animal  serait encore parfois observé par ceux qui vivent dans les zones rurales de la Turquie orientale.... Officiellement disparu depuis 1974, le léopard anatolien**** a pour sa part été photographié en 2021. Le ministre  de l'agriculture a annoncé "son retour" en mai 2022.

https://www.sabah.com.tr/gundem/2022/05/24/bakan-kirisci-duyurdu-anadolu-leopari-48-yil-sonra-tekrar-goruldu

Le triomphe de Bacchus. Mosaïque de Sousse. Musée archéologique de Sousse, Turquie.

 

** Il s'agit de la partie occidentale de cette région (qui fut nommée, à l'issue de l'invasion par l'Empire tsariste, le "Turkestan russe"), sa partie orientale, le "Turkestan chinois", correspondant à l'actuelle Chine du Nord-Ouest, ayant  été intégrée à l'Empire du Milieu dès le XVIIIème siècle.

*** L'une des descriptions les plus illustratives et vivantes de cette conformation "en cylindre" qui constitue une véritable trame labyrinthique de tunnels végétaux a été écrite par Jiang Rong dans son livre "Le Totem du Loup" (2004) qui relate la destruction des roselières de Mongolie intérieure chinoise et l'extermination des loups qui ont remplacé les tigres dans cet écosystème, en 1967, lors de la "Révolution culturelle". L'adaptation cinématographique de l'ouvrage, réalisée en 2015 par Jean-Jacques Annaud, sous le titre "Le dernier loup", sera (re)diffusée le 1er mai prochain de 21h10 à 23h15 sur CSTAR (Canal 17).

https://www.babelio.com/livres/Jiang-Le-totem-du-loup/61586

https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=171577.html

Quelques années auparavant, lors du "Grand Bond en Avant", le Hunan, province chinoise du centre-sud, avait connu des évènements révélateurs (la sous-espèce visée était le tigre de Chine du Sud)  : La destruction des sangliers et des taureaux sauvages de montagne dans le Hunan  au cours des années 1950 entraîne une véritable confrontation guerrière avec les tigres. Ces derniers subissent de plein fouet la destruction de leurs territoires et de leurs proies, en particulier les sangliers qui sont tués par dizaines de milliers, mais aussi les taureaux de montagne, les uns et les autres devenant, aux yeux des agriculteurs, des parasites de leurs terres en expansion... Dès la fin des années 1940, des équipes de chasse au tigre, considéré comme un « bandit à quatre pattes », avaient été constituées. Au cours des années 50 et 60, les exploits de certains de leurs membres seront glorifiés. En 1952, les tigres affamés tuent et dévorent 121 personnes, dont 32 en une seule journée. Ceci amène, en novembre de la même année, une conférence d'une ampleur sans précédent, à Fuyang, qui décide l'extermination systématique des tigres de la Province ... Le conflit perdure officiellement jusqu'en 1963, les déprédations des tigres étant particulièrement spectaculaires dans le village de Baihuwei en 1957. Les gens, horrifiés, constataient que les tigres étaient devenus complètement fous furieux et ivres de haine. Au total, ils auront semé la terreur dans une centaine de villages et une ville (Changcha). Le bilan officiel des morts victimes de ces onze ans de guerre est de 817 tigres, près de 2000 villageois, et des dizaines de milliers de chiens, cochons, vaches, chevaux. Mo (Yabai). 2008.法制周报 . 27 mars 2008. En chinois.

http://news.ifeng.com/history/zhongguoxiandaishi/detail_2011_01/01/3856099_0.shtml

C'est dans cette même province du Hunan qu'avait vu le jour Mao Tsé-toung, le 26 décembre 1893, dans un village de la vallée de Shaoshan, où ses ancêtres vivaient depuis plus de 500 ans, un monde à l'antique beauté, contrée humide et tempérée, dont les collines brumeuses, ondulantes, étaient couvertes de forêts où poussaient près de 300 essences d'arbres -érables, camphriers, metaséquoias, gingkos- et offraient un refuge aux tigres, léopards et sangliers. En l'absence de route et de rivière navigable, ces collines coupaient le village du reste du monde. Yi-chang, le père de Mao, fut fiancé en 1880, alors qu'il avait 10 ans, à une fille de 13 ans originaire d'un village situé à une dizaine de kilomètres, au delà du Col du Tigre au Repos, nommé ainsi car les grands félins avaient coutume d'aller s'y chauffer au soleil...  Extrait de "Mao", Jung Chang & Jon Halliday, VF biographies Gallimard, 2006.

https://www.babelio.com/livres/Chang-Mao--Lhistoire-inconnue/26721                                                  Historiquement, les tigres de 5 sous-espèces étaient présents sur le territoire chinois. Les tigres de l'Amour dans la plupart des trois provinces du nord-est et dans certaines parties du nord-est de la Mongolie intérieure ; les tigres du Bengale dans l'ouest du Yunnan et le coin sud-est du Tibet, et même quelques-uns dans le sud-ouest du Sichuan. ; Les tigres d'Indochine principalement dans la province du Yunnan ; Les tigres d’Asie centrale dans l’arrière pays du Xinjiang central***** ; le tigre de Chine méridionale dans le sud de la Chine, mais aussi le sud-ouest, le centre, l'est et même le sud du Shanxi.

https://baike-baidu-com.translate.goog/tashuo/browse/content?id=e8676af1a21eb9b8aa1c62bf&_x_tr_sl=zh-CN&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

 

 

 

**** EUROPE : SAMOS KAPLANI. Au cours de la décennie 1870-1880 - le plus vraisemblablement en 1875-, l'un de ces animaux avait dû se rendre en catastrophe à la nage sur l'île grecque de Samos, distante d'un peu moins de 2kms de la côte turque, contraint d'agir ainsi soit par une crue de la rivière Maiandros (Méandre), soit par un incendie. Sur l'île, il fut confronté aux fermiers et bergers dont il attaquait les troupeaux de chèvres. 

https://www.liquisearch.com/anatolian_leopard/the_kaplani_of_samos_island_in_greece

http://thierry.jamard.over-blog.com/2017/08/samos-09-le-musee-paleontologique.dimanche-31-aout-2014.html

Il a établi ses pénates sur les collines au-dessus du village de Mavratzeï (Μαυρατζαίοι), à sept ou huit kilomètres au nord-ouest de Pythagorio, d’où il allait procéder à des razzias dans les troupeaux ou avec les animaux domestiques. Les humains eux-mêmes avaient peur de se faire dévorer. Les villageois se sont efforcés de le pourchasser, jusqu’à ce qu’il se réfugie dans une grotte qui, depuis lors, a pris le nom de Kaplanotrypa (“Trou du Kaplani”), dans laquelle  deux  frères particulièrement braves ont fini par l'affronter. Dans un premier temps, les villageois bouchèrent l'entrée avec de grosses pierres, et laissèrent les choses en l'état pendant trois mois, espérant que l'animal finisse par mourir de faim et de soif. Mais celui-ci survécut en mâchant les restes de ses anciennes proies qu'il avait accumulées en ces lieux, et en buvant l'eau qui s'accumulait goutte à goutte via les concrétions de la grotte.

KAPLANI CONTRE CYCLOPE...   Finalement, souhaitant vérifier si leur plan avait fonctionné, les villageois retirèrent une pierre ce qui créa un puits de lumière, par lequel, attaché à une corde reliée à un pin, descendit l'un d'entre eux, Gerasimos Gliarmis, habillé d'une cape mais sans arme. Attaqué par le félin, Gerasimos tenta d'étrangler son agresseur, alors que celui-ci  essayait de déchirer la cape et lui ouvrir la poitrine  à coup de griffes, d'une part, et de lui écraser le bras par pression maxillaire, d'autre part. Malgré les appels à l'aide de l'homme, personne n'osait s'approcher de l'entrée. Peu de temps après, le frère de Gerasimos, Nikolaos, surnommé "Le Cyclope" car il était borgne, de très grande taille avec un corps massif, et doué d'une force surhumaine, attrapa la corde et descendit dans la grotte. L'animal lâcha alors Gerasimos et se jeta sur son nouvel ennemi, maid le cyclope l'étrangla à mort de la main gauche, avant même d'avoir eu à se servir de son couteau. Gerasimos, blessé à la poitrine, mourut peu de temps après de l'infection de sa blessure... LION CONTRE HERAKLES... Etrangement, ceci évoque par bien des aspects le premier des 12 travaux d'Héraklès : Eurysthée, roi de Tirynthe, avait demandé au héros de tuer un lion, Le LION DE NEMEE, qui aurait vécu dans une grotte du mont Triton, l'une des trois montagnes qui formaient l'ancienne vallée de Némée (au sud de Corinthe, dans le Péloponnèse). Il dévorait les animaux et les hommes qu'il rencontrait sur son chemin. Héraklès bloqua une entrée de la grotte avec un rocher, puis combattit l'animal au corps à corps et parvint à l'étouffer...

Voir aussi le témoignage que la fille de Gerasimos, Katerina, a donné à Nikos Orfanos, journaliste au "Samiakon Step" le 13 juin 1967, alors qu'elle était âgée de 103 ans, dans une version un peu différente sur certains points de ce qui précède, témoignage que le journaliste publia pour la première fois en octobre 1994 dans le journal "Syndesmos tou Syllogo Mavratzotes" (page 53) puis republia dans le magazine "Methorios tou Eigai" (numéro 53, sept. 2014).

http://www.samiakonvima.gr/2020/05/m.html#.ZFtCxnZBy3A

Un tel animal, qui avait marqué la vie de la région, a été empaillé selon les méthodes rudimentaires de l’époque, par des gens qui n’étaient pas formés à la taxidermie. Une famille du nom de Nikolareisi l’a acheté et a fait faire la vitrine où il est encore aujourd’hui, pour le placer dans leur salle de séjour. Lorsqu’est morte la dernière héritière de l’animal, Melpomène Nikolareisi, il est devenu propriété de la Municipalité de Samos qui a trouvé judicieux, lorsque le musée paléontologique de Mytilinii (Μυτιληνιοί) a été créé, de le lui donner.

Alki Zei. Wildcat under glass (Greek: Το καπλάνι της βιτρίνας, a.k.a. The Tiger in the Shop Window, 1963). Άλκη Ζέη (Alki Zeï) était une écrivaine Grecque  célèbre, décédée le 28 février 2020. Elle était athénienne, mais a passé une partie de sa jeunesse à Samos et, fort impressionnée par le Kaplani,  en a tiré son premier roman publié en 1963, Το καπλάνι της βιτρίνας (Le kaplani de la vitrine), qui a été traduit dans de nombreuses langues et lui a valu des prix littéraires éminents, comme le Premio Andersen (Italie) ou le Mildred Batchelder (USA). Le dessin de couverture du livre, publié par l’auteur, représente  un tigre, le public  ignorant naturellement le dialecte local de Samos, très largement oublié aujourd’hui par les Samiens eux-mêmes pour qui le Kaplani est uniquement l’animal du muséum d’histoire naturelle, et non plus “une espèce de tigre d’Asie”.

http://www.samiakonvima.gr/2020/05/m.html#.ZFtCxnZBy3A

 

***** Le tigre d'Asie centrale, quant à lui, a officiellement disparu de Chine occidentale (Bassin du Tarim, Xinjiang) au début de la décennie 1920, et plus probablement plus tardivement, à tout le moins dans la décennie 1930, si ce n'est plus  récemment... Cette population vivant dans des conditions très particulières (Tigre du Xinjiang, tigre Tarim, Tigre Rob) a été le plus adapté de son espèce aux conditions désertiques les plus dures (désert du Taklamakan), à l'égal du lion du Namib, à un degré tel que certains lui ont attribué le statut de sous-espèce indépendante de celle du tigre de la Caspienne [Wen Rongsheng.Revisiter la distribution des tigres au Xinjiang dans la période historique[J].Sichuan Animals,2016,35(02):311-320 ]. Cet animal était petit pour un représentant de son espèce (un quintal tout au plus) Cette population constituait une survivance relictuelle tardive de celle, très prospère, vivant à l'époque antique dans le Royaume de Loulan, une période où les conditions écoclimatiques étaient beaucoup plus favorables.

https://baike.baidu.com/item/%E6%96%B0%E7%96%86%E8%99%8E/974732

À cette époque, le cours inférieur de la rivière Tarim était couvert de lacs et de marécages, et des deux côtés de la rivière se trouvaient des roseaux denses et des forêts luxuriantes de Populus euphratica et de saules rouges. "Des forêts denses recouvrent les roseaux, les tigres et les loups prospèrent, et par des sentiers isolés recherchent des orignaux et des wapitis", comme l'a évoqué le géographe suédois Sven Hedin. Tigre du Xinjiang. Dessin de Sven Heding.

Le peuple Luobu qui vit ici depuis des générations a planté d'immenses peupleraies et a fabriqué des pirogues monoxyles , "kaplans", équivalant aux "stougs" des kosaks pêcheurs d'esturgeons géants sur la Volga comme sur l'Amour, en creusant le tronc d'immenses peupliers qui dérivent sur les rivières et les lacs et vivent de la pêche et de la chasse. C'est aussi le royaume originel des tigres du Xinjiang. Ils hantent les forêts et les roseaux de Populus euphratica, et se nourrissent  surtout de sangliers, mais aussi de cerfs rouges Tarim , d'antilopes à gorge d'oie et de lapins Tarim . Cependant, lorsque la nourriture est rare, les tigres du Xinjiang chassent et tuent également les bovins et les moutons des bergers. Les tigres du Xinjiang courent parfois vers les vallées sur les pentes nord des monts Altun et les versants sud des monts Tianshan , où ils sont actifs dans la forêt et les roseaux. LES TIGROPHAGES. Les Rob piégeaient les tigres dans des pièges à mâchoires..  Une fois le tigre attrapé, il se débattait désespérément. Les  chasseurs, qui n'avaient pas d'armes tranchantes, ne peuvent que le regarder de loin.  Après plus d'une semaine, il mourait de faim, à moitié mort, et n'avait plus la force de résister. À ce moment, le chasseur se précipitait pour le tuer, éplucher la peau du tigre et manger sa viande.  

En 1980, Taier, un chasseur de 92 ans à Robzhuang, a expliqué comment il avait tué une tigresse et son petit quand il était jeune. En 1887, alors que l'explorateur russe Przevalsky enquêtait sur le bassin du Tarim, il arriva un jour à la rivière du même nom à Alar, au sud d'Aksu. Lorsqu'il passa la nuit, il entendit le feulement d'un tigre et son cheval fut pris d'effroi. Il a écrit dans son journal : « Il y a beaucoup de tigres dans la rivière Tarim, tout comme les loups dans notre rivière Volga. » On peut voir qu'il y avait beaucoup de tigres dans la rivière Tarim à l'époque ! Dans son livre "Vers le Lop Nor", il a enregistré en détail les caractéristiques écologiques des tigres du Tarim. Selon son enquête, les tigres étaient également répartis dans les montagnes de l'Altaï du Xinjiang, la vallée de l'Ili des monts Tianshan et Manas à cette époque.  

"OGRES INFANTICIDES" : TRES BONS PARENTS, GESTIONNAIRES RAISONNABLES ET EFFICACES D'UNE FAMILLE FORTE. Comme il n'y a pas de grottes dans les plaines du bassin du Tarim, les tigres doivent construire leurs nids dans l'herbe épaisse de la forêt. Ils donnent naissance à une portée par an, ou 1 portée après 1 à 2 ans. Chaque portée compte généralement 2 à 4 petits, et, si toutefois il y en a  6 comme ceci se produit parfois, 2  petits sont dévorés et d'autres naitront au printemps et en été, les 2 parents en prenant soin conjointement. 

Au cours de l'été 1921, la rivière Tarim, qui coulait vers le sud depuis plus de 1 500 ans, s'est détournée vers le nord en raison de la sédimentation, provoquant l'épuisement de la source d'eau de son cours inférieur, l'assèchement du lac et la mort des forêts de roseaux  de Populus euphratica, rendant le cadre de vie des tigres extrêmement  âpre . Lorsque Sven Heding est venu enquêter à nouveau en 1930, le nombre de tigres au Xinjiang avait été fortement réduit par rapport à  30 ans auparavant.

LES FOURMIS, surinfection secondaire supposée. En ce qui concerne la raison de la forte baisse des tigres au Xinjiang, Sven Heding a interviewé les Rob locaux, et un vieux Rob a répondu : "Il y a eu une sorte de fourmi en grand nombre ces années-là. Quand les tigresses portaient le placenta, les fourmis grouillaient et se portaient sur les bébés tigres nouveau-nés pour les mordre, et les bébés étaient dévorés vivants par les fourmis. En mars 2010, lorsque l'équipe d'expédition sur l'environnement écologique et la civilisation des oasis de Tarim, dirigée par l'historien Yang Lian, a visité Shaya, certains aînés ouïghours survivants se sont souvenus : "À cette époque, je ne savais pas d'où cela venait. Avec tant de fourmis, quand un tigre donnait naissance à un petit, des groupes de fourmis grimpaient  jusqu'au museau de la tigresse et celle-ci a fini par tuer le petit, qui a ensuite  été mangé par les fourmis."

Wen Rongsheng .Revisiter la distribution des tigres au Xinjiang dans la période historique[J].Sichuan Animals,2016,35(02):311-320 

A l'inverse, l'immense et blanc "Tigre du Gobi", inventé par Pierre Benoit (1941)

https://www.babelio.com/livres/Benoit-Le-desert-de-Gobi/168761

vit dans un univers rocheux et non sableux comme celui du Taklamakan. Eu égard aux réalités biogéographiques du Gobi, il est impossible de déterminer précisément s'il s'agit d'un individu (aux caractéristiques très particulières) appartenant au Tigre de l'Amour,  Tigre d'Asie centrale ou Tigre du Bengale, l'un des 2 premiers mentionnés étant hautement probable. La région de ce désert évoquée dans le roman (dont l'intrigue est censée se dérouler  en 1926) : "Mongolie", tend à indiquer qu'il s'agirait d'un tigre de l'Amour... L'auteur, évoquant certains ouvrages scientifiques de son époque (Nicolas Baikov à propos des tigres de l'Amour et Bengt Berg à propos de ceux du Bengale) y ajoute 2 oeuvres fictives concernant des tigres du Xinjiang : "Panthères et tigres de l'Altaï", attribué au"colonel Rechid Tabriz", et "Les grands félins du Koukou Nor", à un certain"Dr Julius Accarias"... Procédé littéraire déjà appliqué 90 ans auparavant par Herman Melville dans le chapitre 45 de "Moby-Dick", où il "étoffe" la liste des cachalots combattants historiquement attestés à cette époque ("Timor Jack" et "New-Zealand Tom") d'un chilien "Don Miguel" et d'un japonais "Morquan"...

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13 avril 2023 4 13 /04 /avril /2023 07:29

Dans le Sud du Primorjé (extrême-orient russe), la réserve de Sikhote-Alin (dans la cordillère du même nom) reste un lieu privilégié pour les tigres de l'Amour. La réserve, comme de nombreuses autres zones de l'aire de répartition du tigre, a subi une épizootie de peste porcine africaine, qui a entraîné une baisse significative du nombre de sangliers. Néanmoins, le nombre de cerfs rouges, de chevreuils et de cerfs sika, s'est avéré suffisant pour que le tigre non seulement survive, mais aussi pour se reproduire et élever sa progéniture en toute sécurité. Ainsi, alors que les naissances interviennent ordinairement en avril-juin, c'est en janvier, au coeur de l'hiver, que "Princesse", une tigresse expérimentée qui avait déjà mis bas à trois reprises au cours de son existence, a accouché de trois tigreaux. Ceux-ci viennent d'être photographiés pour la première fois par une caméra à déclenchement automatique.

 

Voir le détail dans l’article mis en ligne ce jour sur le site du Centre Alekseevka (Primorsky Krai) de Réhabilitation et de Réintroduction du Tigre de l’Amour.

 

http://amur-tiger.ru/ru/press_center/news/1831/

В СИХОТЭ-АЛИНСКОМ ЗАПОВЕДНИКЕ ПОПОЛНЕНИЕ: ТИГРИЦА ПРИНЦЕССА – ПОДОПЕЧНАЯ БОКСЁРА МЕЙВЕЗЕРА-МЛАДШЕГО – ВНОВЬ СТАЛА МАМОЙ

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13 avril 2023 4 13 /04 /avril /2023 07:21

Dans la réserve de Bandhavgarh (Madhya Pradesh), qui abrite une quarantaine d'éléphants, un éléphanteau âgé de deux ans, vraisemblablement séparé de son troupeau, a été récemment tué, traîné au bord d'une mare où ses restes ont été découverts le 9 avril, et partiellement dévoré par un tigre mâle. Deux autres tigres ont, semble t-il, participé au repas à un moment ou à un autre. Voir le détail dans la dépêche d’Agence de ¨resse TNN mise en ligne hier sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/bhopal/tigers-kill-partly-eat-elephant-calf-in-bandhavgarh/articleshow/99418511.cms

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9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 19:36

Ceci fait suite à « Tigery Softpower » mis en ligne le 25 mars dernier.

https://europe-tigre.over-blog.com/2023/03/tigery-soft-power.html

Par ailleurs, le présent article a été successivement actualisé au 10, 14 et 17 Avril.

Il y avait officiellement, l'an dernier, 3167 tigres sauvages en Inde, contre 2967 quatre ans auparavant. Le Premier Ministre vient de l'annoncer lors du premier jour de la Conférence internationale sur le tigre qui se tient jusqu'à mardi à Mysore (Karnataka). Celui-ci va officiellement mettre sur les fonds baptismaux  l'Alliance Internationale pour les Grands Félins, destinée à briser le braconnage et les trafics dans toute l'Asie. Modi fait valoir que l'Inde, représentant 2,4% des terres émergées, abrite 8% de la biodiversité, dont, en plus des tigres, 675 lions d'Asie concentrés dans le Sud du Gujarat, seul endroit où l'animal a survécu en Eurasie, des léopards dont la population a augmenté de 60% au cours des 4 dernières années (soit probablement plus de 15 000 individus), 20 guépards (dans le Madhya Pradesh) depuis janvier dernier*, ainsi que 30 000 éléphants et 3000 grands rhinocéros unicornes**.  Voir le détail dans l’article de Niranjan Kaggere (TNN), mis en ligne cet après-midi sur le site du Times of India. 

https://timesofindia.indiatimes.com/india/indias-tiger-population-up-from-2967-to-3167-in-2022-pm-modi/articleshow/99356138.cms

VIE ET DESTIN. De fait, la progression démographique des tigres indiens est relativement faible au cours de ces quatre dernières années, et peut s'apparenter à un faux plat***. On peut constater que l'évolution des effectifs tigréens dans le sous-continent au cours du dernier demi-siècle peut être figurée en courbe sinusoïdale, selon une périodicité de 16/17 ans. En 1973, la mise en place du Tiger Project par Indira Gandhi répondait à un déclin continu du félin au cours du XXème siècle. Il restait alors moins de 2000 individus en tout état de cause, et probablement à peine 1500. Les mesures énergiques mises en place (reposant sur un défaut ontologique par ailleurs****) permirent un quasi triplement des effectifs en 16 ans (4400 en 1989). S'ensuivit une nouvelle période de déclin, avec un recensement de 1411 individus en 2006, le plus faible dans l'histoire du pays. Cette époque fut terriblement traumatisante pour tous les amoureux du félin, professionnels ou amateurs, mais la cause profonde de l'effondrement ne fut pas mis en lumière, à une exception près (Galhano Alves****). Plusieurs ouvrages et de nombreux articles exprimaient un désarroi et un désespoir face à une situation partiellement décrite et insuffisamment comprise... Le grand spécialiste Valmik Thapar  intitula "The Tiger's Destiny" son ouvrage publié en 1992, richement illustré de photographies prises entre 1989 et l'année de publication. Après la sortie de son ouvrage, il considéra que tous les félins photographiés étaient vraisemblablement morts depuis lors, et que le tigre indien s'éteindrait avant la fin du XXème siècle... Depuis lors, les protocoles du Tiger Project ont été renforcés, élargis, étoffés, et la population tigréenne a donc plus que doublé au cours des 17 dernières années. Narendra Modi parviendra t-il à réensemencer une partie de l'Asie du Sud, Cambodge en premier lieu, en félins lancéolés, comme l'avait initié Vladimir Poutine en 2010 pour la Haute Asie, et plus encore, obtiendra t-il des chinois une coopération suffisante pour une baisse significative du trafic sur le continent, comme le président russe y est parvenu avec les tigres du Nord? Ou la sinusoide va t-elle à nouveau entamer une pente descendante périodique? Il est pourtant admis, depuis des années, qu'il y a place, sans difficulté si les choses sont un tant soit peu pensées et organisées, pour 10 000 à 15 000 tigres sauvages sur le territoire indien, comme le montre le spécialiste K. Ullas Karanth, dans un article mis en ligne hier sur le site du Mangalorean :

https://www.mangalorean.com/tiger-biologist-ullas-karanth-for-science-based-plan-to-lift-big-cat-count-to-10000-15000/

Actualisation au 14 avril. D’autres sont cependant d’un avis différent. Voir le détail dans l’article de Vijay Pinjarkar (TNN), mis en ligne sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/india/rather-than-set-10000-target-better-to-have-a-viable-tiger-population/articleshow/99479117.cms?from=mdr

* Cette réintroduction a d'ailleurs engagé un débat au Népal voisin sur la pertinence  d'envisager une initiative homologue. Voir le détail dans l’article d’Abhaya Raj Joshi, mis en ligne le 3 avril dernier sur le site de Mongabay.

https://news.mongabay.com/2023/04/cheetah-births-in-india-has-nepal-asking-whether-it-too-should-get-some-fast-felines/

** En addendum à "la liste de Modi". Outre sa guilde de grands félins unique au monde (entre 400 et 700  panthères des neiges sont présentes dans les régions himalayennes de la fédération), les herbivores géants sont en fait représentés par 3 espèces. Le Gaur, qui est le plus grand bovidé sauvage au monde, y compte 20 000 individus, soit 90% de la population mondiale de l'espèce. Appelé parfois "le bison indien", il est en réalité un véritable Aurochs asiatique.

 

*** (Actualisation au 10 Avril).  Certains secteurs ont une population en baisse, comme la zone frontalière entre Goa et le Karnataka, dans les Ghats occidentales, qui abritait l'an dernier 824 individus, nettement moins que les 981 recensés en 2018, ou, à une moindre échelle, les collines du Nord-Est et les plaines du Brahmapoutre (194 contre 219 quatre ans auparavant... A l'inverse (Actualisation au 17 avril), l'Uttar Pradesh (Nord himalayen du pays) abritait  804 individus, contre 646 quatre ans plus tôt... Voir le détail dans l’article de Keshav Agarwal (TNN) mis en ligne sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/bareilly/increase-in-tiger-population-a-matter-of-concern-for-farmers/articleshow/99566561.cms

Dans ce contexte, Valmik Thapar propose des initiatives originales pour atteindre, dans 10 ans, un effectif à l'échelle nationale de 5000 individus.  Voir le détail, respectivement, dans les articles de Gauree Malkarnekar, Kangkan Kalita et Amit Bhattacharya (les 3 pour l'Agence de Presse TNN) mis en ligne sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/goa/tiger-numbers-down-in-mhadei-mollem/articleshow/99365265.cms

https://timesofindia.indiatimes.com/city/guwahati/north-eastern-hills-and-brahmaputra-plains-record-194-tigers/articleshow/99365597.cms

https://timesofindia.indiatimes.com/india/genuine-team-effort-needed-to-take-numbers-to-5000/articleshow/99368740.cms

****  Le Tiger Project repose sur la séparation entre communautés humaines et Nature Sauvage, dans le but de protéger cette dernière. Le vice de fond d'une telle démarche, produit de la pensée anglo-saxonne dont tous les dirigeants indiens de la période post coloniale sont pétris, est de provoquer la perte des savoir-être relationnels établis depuis la nuit des temps par les membres des communautés forestières vivant en proximité régulière avec le félin (voir à ce sujet la Thèse de Joao Pedro Galhano Alves, unique à ce jour) :

https://www.theses.fr/2000AIX32055

Qui plus est, le tigre devient alors non seulement un objet de peur, et de colère eu égard aux pertes économiques qu'il peut provoquer, mais aussi de ressentiment politique, symbole d'un pouvoir persécuteur ("relocalisation des villages") qui chasse les humains pour que le tigre prenne toute la place. Les mouvements de guérilla maoïstes actifs dans le centre et le  nord-est du pays ont connu un franc succès sur ce sujet auprès des populations locales... Au contraire, la Russie a su associer étroitement les "petits peuples" de son extrême-orient à la protection du tigre de l'Amour. Ceux-ci n'ont pas perdu leur culture, et dans certains cas ont pu la retrouver...

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8 avril 2023 6 08 /04 /avril /2023 10:16

Le Bonheur des uns... La politique de renforcement des populations tigréennes népalaises n'a pas que d'heureuses conséquences. L'animal a vu ses effectifs tripler en 12 ans. Dans le panel de favorisation de l'espèce, sont incluses des mesures vigorisant les populations d'ongulés, proies préférentielles du félin, par des incendies des prairies naturelles où les herbes rases finissent par prédominer. Ceci complique la vie du lapin de l'Assam, qui préfère les herbes hautes et touffues, alors qu'il était d'ores et déjà en déclin dans toute son aire de distribution (contreforts himalayens méridionaux : zones méridionales du Népal et du Bhoutan , zones septentrionales des Etats indiens de l'Uttar Pradesh, Bengale occidental et Assam, et du Bangladesh).

Au Népal, un individu avait été observé en 2016 pour la première fois depuis 1984...  Des preuves indirectes de survie ont par ailleurs été établies pour une période plus récente (2021).

Voir le détail dans l’article d’Abhaya RajJoshi mis en ligne hier sur le site de Mongabay.

 

https://news.mongabay.com/2023/04/rare-hispid-hares-feel-the-heat-from-nepals-tiger-conservation-measures/

 

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7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 07:20

CHEVAL ABATTU, TIGRE EMISSAIRE. 

À la mi-mars 2023, les propriétaires d'une ferme du village de Poyma, district de Khasansky, Primorsky Krai, ont signalé que 5 animaux étaient morts sur leur territoire à cause d'un tigre. Comme "preuve", la partie lésée a fourni des vidéos et des photos. Les experts ont procédé à un examen et ont constaté que le tigre n'était pas responsable de l'incident.

Le 18 mars, le message suivant est apparu dans Primorsky publics. 

« Attention à tous les agriculteurs et propriétaires de parcelles familiales ! Dans le district de Khasan, les tigres agissent impunément sur les terres agricoles. J'aime ces animaux et respecte le travail des gens qui s'en occupent. Mais qui des structures administratives et des représentants de l'exécutif respectera le travail d'un agriculteur qui travaille la terre et nourrit les gens ? À partir du 15 mars, nous avons avisé tous les services qui se trouvent dans la région, y compris la police. Pendant ce temps, 5 animaux sont morts - 1 cheval, 1 poulain, 2 chiens, 1 chèvre. Le dernier cheval est à 100 mètres de l'immeuble. Pour l'instant, silence."

La chèvre et le cheval ont disparu le 15 mars. La chèvre n'a jamais été retrouvée et la jument morte et son poulain nouveau-né ont été retrouvés le 18 mars. Cette même nuit, le dogue a disparu. 15 jours auparavant, un Doberman avait disparu. De plus, la ferme a déclaré qu'un bélier avait été blessé, qui, après avoir pâturé, est revenu avec un museau ensanglanté. Les propriétaires ont trouvé des blessures sous sa fourrure, qui, à leur aviqs, auraient pu être laissées par un tigre.

Les employés de la ferme ont écrit  à la police et se sont également tournés vers l'Amur Tiger Center. Pour preuve, la partie lésée a publié des vidéos et des photos sur les réseaux sociaux. Après les avoir analysées, les experts se sont interrogés sur le fait que cela ait pu être fait par un animal, mais n'ont pas prématurément donné de conclusion définitive.

"A en juger par les photographies des marques sur le cou d'un cheval mort, il y a des doutes qu'il s'agisse d'un tigre - les animaux n'ont tout simplement pas une bouche aussi large. Mais les photographies peuvent être trompeuses, il est donc prématuré de prendre une décision avant l'arrivée des spécialistes et de procéder à un examen », a commenté Sergey Aramilev, directeur général du Amur Tiger Center, sur les informations parues sur Internet à propos de l'incident. "Si l'analyse confirme néanmoins que les animaux sont morts à la suite d'une attaque de tigre, alors le Centre du tigre de l'Amour, bien sûr, indemnisera le propriétaire pour les pertes subies."

Le bélier blessé, selon le directeur de la ferme, était mort au moment où ce texte a été écrit. Il n'a pas été possible de savoir ce qu'il était advenu de la chèvre disparue, du doberman et du dogue espagnol. Le cheval mort a été envoyé pour examen à l'Académie agricole d'État de Primorsky.

Au cours de l'étude, il s'est avéré que deux trous sur le cou d'une jument morte n'étaient pas des marques de dents, mais de coups.

"Le cheval a été tué. Elle a des blessures par balle au cou. Il y a un avis d'expert.  Les animaux domestiques divaguent, il est fort possible qu'ils aient été conduits par des chiens. Mais les corps des chiens disparus n'ont pas été retrouvés. Si les animaux avaient été soignés, cela ne serait pas arrivé », a déclaré Alexey Surovy, premier vice-ministre des forêts et de la chasse du territoire de Primorsky, au portail Novosti VL.ru.

En outre, Aleksey Surovyi a déclaré que ce n'était pas le premier cas de meurtre de chevaux dans la zone spécifiée. Une situation similaire s'est produite il y a un mois et demi, les forces de l'ordre s'occupent déjà de cette affaire.

Le texte intégral de l'avis d'expert, ainsi que les photographies et vidéos prises lors de l'étude, ont été transférés aux organes de l'intérieur pour enquête, leur publication est interdite. L'expert qui a mené l'étude a signé un accord de non-divulgation.

« La situation est controversée, je n'ai pas vu l'examen. Maintenant, je nie qu'il s'agisse d'un meurtre par  arme à feu. Si c'est une blessure par balle, pourquoi n'y avait-il pas de trous de sortie, pourquoi la balle n'a-t-elle pas été retrouvée ? Il y a beaucoup de questions et pas de réponses jusqu'à présent. Le premier cas de blessure par balle chez un cheval s'est également produit dans notre ferme, une enquête est en cours, donc les documents n'ont pas encore été soumis au tribunal », a également déclaré le propriétaire de la ferme au portail Novosti VL.ru.

Le programme de compensation des dommages causés par le tigre de l'Amour aux animaux agricoles et domestiques des riverains est une composante importante du travail visant à minimiser les situations conflictuelles entre l'homme et le rare prédateur.

Le programme est non gouvernemental, l'Amur Tiger Center compense les pertes des propriétaires d'animaux morts grâce au soutien d'organismes parrains qui transfèrent leurs propres fonds pour la conservation du tigre de l'Amour.

L'utilisation de fonds privés est soumise à une responsabilité stricte et, afin d'exclure les tentatives de tromperie dans le but d'obtenir une indemnisation, des spécialistes mènent une enquête sur chaque situation de conflit avec l'implication présumée d'un tigre, qui peut inclure un examen vétérinaire d'un animal mort.

L'Amur Tiger Center indemnise les dommages du prédateur, quel que soit le responsable de l'attaque : le tigre lui-même ou l'animal qui en est devenu la victime. Cependant, il ne compense naturellement pas les dommages causés par les personnes. Voir le détail dans l'article mis en ligne ce jour sur le site du Centre Avdeevka (Primorsky Krai) de Réhabilitation et de Réintroduction du Tigre de l'Amour.

http://amur-tiger.ru/ru/press_center/news/1830/

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2 avril 2023 7 02 /04 /avril /2023 08:19

Ceci fait suite à « Tigery Soft Power » mis en ligne le 25 mars dernier. Le présent article a été, par ailleurs, actualisé au 3 avril (voir en bas de page).

https://europe-tigre.over-blog.com/2023/03/tigery-soft-power.html

Une semaine avant le dévoilement des dernières données numériques sur les tigres indiens par le Premier Ministre Narendra Modi, le Karnataka compte bien redevenir officiellement, à cette occasion, l'Etat de la Fédération abritant le plus grand nombre de grands félins lancéolés sauvages (il avait été placé en seconde position derrière le Madhya Pradesh à l'issue du recensement de 2018). Voir le détail dans l’article de Niranjan Kaggere (TNN) mis en ligne ce jour sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/bengaluru/karnataka-clears-weeds-in-bid-to-reclaim-tiger-capital-tag/articleshow/99179655.cms

Dans le même temps, il est officiellement établi que la réserve à tigres de Valmiki (Etat du Bihar, en Inde du Nord-Est - la réserve se situe précisément dans le district du Champaran occidental, à l'extrême Nord-Ouest de l'Etat, tout près de la frontière népalaise -), créée le 11 mars 1994, vide de tigres au début de ce siècle, en abritant 8 en 2010, a connu depuis lors une spectaculaire croissance démographique, avec 23 individus en 2014, 31 en 2018, et 45 adultes ainsi que 8 ou 9 petits en 2021, soit une multiplication de ses effectifs par 6,5 en à peine une décennie... Voir le détail dans l’article de Piyush Tripathi (TNN) mis en ligne ce jour sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/patna/5-time-jump-in-number-of-tigers-at-bihars-valmiki-tiger-reserve-in-13-years/articleshow/99179820.cms

La réserve est contigüe au Parc National Chitwan, de l'autre côté de la frontière népalaise, et bénéficie probablement de la prospérité de la population tigréenne au sein de celui-ci (128 individus recensés l'an dernier - contre 25 lors de sa création en 1973, puis une fluctuation entre 70 et 100 au cours des 3 décennies 1980-2010 -).

https://tigerencounter.com/package/tiger-encouonter-in-chitwan-national-park/

https://www.iucn.org/news/202207/nepal-achieves-global-commitment-double-tiger-1

Actualisation au 3 avril. Plus généralement, les tigres du Nord de l'Inde furent historiquement plus volumineux en moyenne que leurs congénères plus méridionaux. Ceci étant, dans un Sous-Continent en bonne santé écosystémique, il y eut des colosses partout. Au XIXème siècle, la masse d'un individu septentrional fut estimée à 247kgs, et celle d'un autre à 272kgs ; un tigre d'Inde centrale atteignit la masse faramineuse de 255kgs pour cette zone, et un tigre méridional, 203kgs. En mars 1932, c'est au Sud que le tigre indien le plus long jamais répertorié fut abattu (11 pieds de longueur, 4 pieds de hauteur à l'épaule...) Voir le détail dans l’article de Syed Akbar (TNN) mis en ligne sur le site du Times of India.

 https://timesofindia.indiatimes.com/city/hyderabad/south-tigers-healthier-but-archives-show-those-in-north-india-mightier/articleshow/99198932.cms 

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29 mars 2023 3 29 /03 /mars /2023 09:17

Au cours des deux derniers mois, six léopards du secteur de Bijnor (Uttar Pradesh, Inde septentrionale) ont été capturés dans des zones anthropisées où les conflits entre communautés villageoises et félins sont en hausse, puis relâchés dans la réserve à tigres d'Amanghar. Celle-ci abritait 27 tigres l'an dernier, contre 13 10 ans auparavant. Ce choix n'est manifestement pas des plus heureux. Les grands félins lancéolés ont vigoureusement expulsé leurs nouveaux voisins, qui se retrouvent tous à nouveau aux lisières de la jungle, en proximité immédiate des fermes et des villages... Voir le détail dans l'article d'Harveer Dabas (TNN) mis en ligne hier sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/meerut/tigers-at-reserve-push-out-rescued-leopards/articleshow/99047243.cms

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25 mars 2023 6 25 /03 /mars /2023 10:27

Lors d'une Conférence internationale sur le Tigre qui se tiendra à Mysore (Karnataka, Inde du Sud-Ouest) pendant 3 jours à partir du 9 avril prochain, le Premier Ministre indien Narendra Modi dévoilera les données actualisées sur les effectifs de tigres sauvages présents sur le territoire de la Fédération indienne (officiellement en hausse annuelle de 6%), un demi-siècle après le lancement du Project Tiger, sous l'égide* d'Indira Gandhi (1er Avril 1973). Seront également précisées à cette occasion les modalités** d'un projet de transfert de tigres indiens vers le Cambodge, dans le cadre d'une restauration de la présence de ces félins dans ce pays, après leur disparition officielle en 2009, et, peut-être, en réalité, au cours de la dernière décennie. Voir le détail dans l’article de Vishwa Mohan (TNN) mis en ligne hier en fin d’après-midi sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/india/pm-to-release-new-tiger-population-figures-in-mysuru-on-april-9-india-looks-to-reintroduce-tigers-in-cambodia/articleshow/98973441.cms?from=mdr

* Dans la Mythologie Grecque, l'égide est un bouclier merveilleux que Zeus a confié à Athéna...

** Concernant celles-ci, les protocoles de base devraient s'inspirer de la réintroduction de guépards au Madhya Pradesh (20 individus pour l'heure, 8 en provenance de Namibie en 2022, et 12 d'Afrique du Sud au début de cette année). La Cour suprême étudie également ce cas avant de se prononcer sur le transfert de lions du Gujarat vers le Madhya Pradesh. Voir la dépêche d'Agence de Presse TNN mise en ligne ce jour sur le site du Times of India.

https://timesofindia.indiatimes.com/city/ahmedabad/lion-translocation-pending-in-sc/articleshow/98983871.cms

 

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  • : Le retour du tigre en Europe: le blog d'Alain Sennepin
  • : Les tigres et autres grands félins sauvages ont vécu en Europe pendant la période historique.Leur retour prochain est une nécessité politique et civilisationnelle.
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