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23 décembre 2020 3 23 /12 /décembre /2020 08:53

Le 22 novembre dernier, un jeune tigre blessé par un grand mâle adulte a été récupéré par des membres du groupe chargé du suivi des grands félins. L'animal souffrait de graves blessures aux membres antérieurs' ainsi que d'autres blessures externes. S'il n'avait pas été retrouvé, il serait mort dans les deux jours. Sa patte sévèrement abîmée ne laissait pas augurer d'issue favorable. La fusion osseuse intervenant rapidement en pareil cas et la transfusion sanguine étant impossible pour un animal sauvage (et plus encore pour un tigre), l'animal meurt généralement de ses blessures, et des interventions chirurgicales effectuées respectivement en 2015 et 2018 sur des animaux dans un état similaire n'avaient pas permis de sauver leur vie. Au cours de l'examen effectué après son arrivée au centre Alekseeva (Primorski Krai), il a été diagnostiqué des lésions des tissus mous et des fractures complexes de l'humérus, du cubitus et du radius de la patte avant droite, ainsi qu'une fracture de l'os métatarsien sur la patte arrière.

Les traumatologues de l'hôpital clinique n ° 2 de Vladivostok, ont effectué deux opérations chirurgicales sur le membre blessé, la première le 28 novembre, la seconde le 20 décembre, et ont non seulement empêché son amputation, mais pour la première fois au monde, assuré la restauration de la fonction motrice de sa patte à un tigre sauvage.

Le 28 novembre, a eu lieu la première opération au cours de laquelle les chirurgiens traumatologues Nikita Vereshchak et Andrey Prodan, avec l'aide de vétérinaires, ont réalisé des prothèses avec des aiguilles à tricoter  et des plaques de métal fixées en soutien de la patte blessée. Ils ont aussi recousu des tissus musculaires et cutanés du membre. Des lacérations superficielles sur le corps du tigre ont également été traitées. L'opération a duré 4 heures 30 mn.

Au cours des deux premières semaines de son séjour au centre, le jeune fauve a repris 10kgs.

Le 20 décembre, une deuxième opération a eu lieu, au cours de laquelle les mêmes spécialistes ont retiré une partie des rayons métalliques des pattes de l'animal, qui avaient été installés à titre provisoire. Les os ont été efficacement reconnectés les uns aux autres, assurant la mobilité de la patte, et ouvrant même la possibilité d'un retour à l'état sauvage ultérieur (élément à établir dans un sens ou un autre au plus tôt à la fin du premier semestre 2021). "Nous avons repositionné les fragments d'os et les avons stabilisés avec des plaques de titane maintenues par des vis et des fils. Lors de la deuxième opération, nous avons enlevé une partie des broches temporaires, qui avaient rempli leur fonction, et auraient pu par la suite interférer avec la croissance des os. On peut dire que les callosités se développent à un bon rythme, nous avons réussi à arrêter le processus inflammatoire, les plaies sont déjà cicatrisées", a indiqué le traumatologue-orthopédiste Nikita Vereshchak. 

En raison de la régénération rapide du tissu musculaire et osseux, ainsi que de la présence de plaques de métal et d'aiguilles à tricoter dans sa patte, le petit tigre a reçu le surnom de «Wolverine»...

Voir le détail sur le site du Centre de Réhabilitation et de Réintroduction du Tigre de l'Amour, ce jour :

http://amur-tiger.ru/ru/press_center/news/1527/

В ПРИМОРЬЕ СПАСЛИ ЖИЗНЬ РАНЕНОМУ ТИГРЕНКУ

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22 décembre 2020 2 22 /12 /décembre /2020 11:32

Les baleines franches de l'Hémisphère Sud ont connu un rebond spectaculaire de leurs effectifs* après avoir été conduites au bord de l'extinction par l'industrie baleinière dans les années 30 du siècle dernier.

Sculpture en souvenir de la chasse côtière en Tasmanie au cours des années 1840 et 1850 :

De nos jours, le "Whale Watching" est largement pratiqué à leur endroit :

 

Mais désormais, les organismes (parmi lesquels, en premier lieu, des copépodes, et des crevettes comme les Mysides ["oppossum shrimps"] et le Krill) dont elles se nourrissent sont en déclin du fait de la modification du régime des glaces dans l'Antarctique et l'Océan Austral, ainsi que, lié à ceci, du réchauffement des eaux océaniques... Voir le détail dans l'article de Daisy Dunne publié ce jour par "The Independent" :

https://www.independent.co.uk/environment/southern-right-whales-climate-change-b1777222.html

*La capacité de résilience de ces animaux est liée notamment à la puissance de leurs relations sociales. Par exemple, les mères adoptent volontiers des orphelins :

https://www.researchgate.net/publication/275723809_Possible_non-offspring_nursing_in_the_southern_right_whale_Eubalaena_australis

 

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22 décembre 2020 2 22 /12 /décembre /2020 10:46

Dans l'océan indien, l'étude d'un type de chant inconnu met en lumière l'existence d'une population de rorquals bleus ignorée en tant que telle jusqu'à présent. Sa zone de distribution se situe dans la région occidentale de l'Océan Indien ( de la mer d'Oman, au large du sultanat, au canal du Mozambique à l'ouest de Madagascar, en passant, dans sa partie centrale, par l'archipel des Chagos). Jusqu'alors, on classifiait les Rorquals bleus de l'Océan Indien en 3 sous-espèces, structurées en 4 populations. Voir le détail dans l'étude publiée dans "Endangered Species Resarch" :

S Cerchio, A Willson, EC Leroy, C Muirhead, S Al Harthi, R Baldwin, D Cholewiak, T Collins, G Minton, T Rasoloarijao, TL Rogers, M Sarrouf Willson. A new blue whale song-type described for the Arabian Sea and Western Indian Ocean. Endangered Species Research, 2020; 43.

https://www.int-res.com/abstracts/esr/v43/p495-515/

ABSTRACT: Blue whales Balaenoptera musculus in the Indian Ocean (IO) are currently thought to represent 2 or 3 subspecies (B. m. intermedia, B. m. brevicauda, B. m. indica), and believed to be structured into 4 populations, each with a diagnostic song-type. Here we describe a previously unreported song-type that implies the probable existence of a population that has been undetected or conflated with another population. The novel song-type was recorded off Oman in the northern IO/Arabian Sea, off the western Chagos Archipelago in the equatorial central IO, and off Madagascar in the southwestern IO. As this is the only blue whale song that has been identified in the western Arabian Sea, we label it the ‘Northwest Indian Ocean’ song-type to distinguish it from other regional song-types. Spatiotemporal variation suggested a distribution west of 70°E, with potential affinity for the northern IO/Arabian Sea, and only minor presence in the southwestern IO. Timing of presence off Oman suggested that intensive illegal Soviet whaling that took 1294 blue whales in the 1960s likely targeted this population, as opposed to the more widely distributed ‘Sri Lanka’ acoustic population as previously assumed. Based upon geographic distribution and potential aseasonal reproduction found in the Soviet catch data, we suggest that if there is a northern IO subspecies (B. m. indica), it is likely this population. Moreover, the potentially restricted range, intensive historic whaling, and the fact that the song-type has been previously undetected, suggests a small population that is in critical need of status assessment and conservation action.

 

Voir aussi le commentaire détaillé dans "Science Daily", hier :

New England Aquarium. "New population of blue whales discovered in the western Indian ocean." ScienceDaily. ScienceDaily, 21 December 2020.

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/12/201221155935.htm

 

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20 décembre 2020 7 20 /12 /décembre /2020 05:23

JEREMIAH REYNOLDS, OU : LE SILLAGE DU POLAR BULL.

viathan laisse derrière lui un sillage lumineux. Livre de Job. 41, 23.

 

Ceci fait suite à « Le mirage de l' ESSEX , ou : une chronique de la nuit des temps » mis en ligne le 20 novembre dernier, « A travers les temps » mis en ligne le 30 du même mois, et à « L'impossibilité d'une île » mis en ligne le 14 décembre ...

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/11/le-mirage-de-l-essex-ou-une-chronique-de-la-nuit-des-temps.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/11/a-travers-les-temps.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/12/l-impossibilite-d-une-ile.html

et conclut ainsi la thématique des 4 articles : « Des transformations de l'âge glaciaire à un « Antarctic Bull » méconnu.

Pour rédiger cet article, nous nous sommes largement inspirés de l'ouvrage de Christian Garcin : "Les vies multiples de Jeremiah Reynolds" (2016).

Christian Garcin. 2016. Les vies multiples de Jeremiah Reynolds. Stock.

https://www.editions-stock.fr/auteurs/christian-garcin

https://www.editions-stock.fr/printmail/88838

https://www.editions-stock.fr/contactez-nous

(sujet : Rencontre avec un auteur)

Site de critique du livre : Moby Dick au centre de la Terre.

https://www.onlalu.com/livres/roman-francais/les-vies-multiples-de-jeremiah-reynolds-christian-garcin-17562/

Sans le savoir, Reynolds parcourt le territoire principal du Polar Bull, avant d'apprendre son existence sous le dénominatif de « cachalot blanc ».

Etrange voyage inconscient, qui « prépare » le chef d'oeuvre de Francisco  Coloane : El Camino de la ballena (1962). Coloane (Francisco). 1962. El camino de la Ballena (édition originale). Edition française : « Le sillage de la baleine », éditions du Seuil, 2000.

Début 1829 : avec Nathaniel B. Palmer comme capitaine, 9 ans après que celui-ci se soit approché des côtes du continent antarctique... Jeremiah Reynolds est à bord de l'USS Peacock (endommagé 2 ans plus tôt par un cachalot) pour lancer une expédition vers le pôle Sud... Fin 1829 : il est peut-être le premier homme blanc à poser le pied sur le continent antarctique où il admire des "icebergs-cachalots" janvier 1829, le Président des Etats-Unis John Quincy Adams, décide, par l'entremise du secrétaire au trésor Richard Rush et du secrétaire à la Marine Samuel L. Southard, que Reynolds avait maintes fois rencontrés et fini par convaincre l'un et l'autre, de faire en sorte que le Congrès (devant lequel Reynolds prononce un long discours) permette à celui-ci d'affrêter sur fonds publics un navire en partance pour le Pôle Sud, dont le but affiché était de promouvoir le commerce et protéger les investissements américains dans l'industrie de la chasse au phoque et à la baleine. Le navire est presque instantanément trouvé. C'est l'USS Peacock (navire de guerre chargé de la protection des baleiniers américains, qui avait été endommagé par un cachalot en 1827 (voir par exemple sur ce sujet « Moby-Dick » d'Herman Melville, chapitre 45). L'affaire « tombe à l'eau » dès le mois de mars, le nouveau Président Andrew Jackson ayant pris ses fonctions annulant la décision du gouvernement de John Quincy Adams.

A la fin du printemps, Reynolds fonde la « South Sea Fur Company and Exploring Expedition ». iIl est financé par un riche New-Yorkais, John F. Watson, qui l'accompagne à bord de l'Annawan (un petit ravitailleur : le Penguin, participe aussi à l'expédition. Le capitaine de l'Annawan est Nathaniel B. Palmer : en 1820, celui-ci, après le russe Fabian Gottlieb von Bellingshausen, puis le britannique Edward Bransfield, avait aperçu le continent antarctique. L'Annawan quitte le port de New York en octobre 1829. Dans l'océan austral, Reynolds découvre, avant Ishmael dans le premier chapitre de « Moby-Dick », de Grands Fantômes Encapuchonnés : « les énormes montagnes de glace, les îles flottantes qui s'élèvent jusqu'aux nuages et atteignent des profondeurs insondables : « L'amour de l'aventure, que nous éprouvions avec force et intensité, était devenu la passion maîtresse de nos âmes. Air doux et climats tempérés n'avaient que peu d'attraits pour nous. Depuis longtemps, nous attendions avec impatience de pouvoir admirer le royaume de la neige et de la « glace épaisse »...

 

Les explorateurs parviennent à accoster après de nombreuses difficultés, puis se nourrir en tuant une femelle éléphant de mer « dont la graisse permettait d'allumer un feu admirable, sa langue, par ailleurs, constituant un mets absolument délicieux » (on pense aux descriptions enjouées et admiratives de Georg Wilhelm Steller concernant les rhytines de Steller 87 ans auparavant).

Le reste du troupeau avait fui, laissant derrière lui une petite grotte dans la falaise, dans laquelle ils s'abritèrent.

Dans la matrice originelle. Trois jours passèrent. Le temps ne s'arrangeait pas, et les provisions allaient manquer. Reynolds éprouvait par moments un sentiment de sérénité quasi mystique. Il se disait qu'il était arrivé au bout du monde et de lui-même, qu'il avait posé le pied là où peut-être personne ne l'avait jamais fait, mais que personne ne le saurait jamais, que ce serait donc comme s'il n'était jamais venu, comme si rien nulle part ne s'était jamais passé, qu'il vivait sans doute ses derniers instants dans cette solitude blanche et glaciale, que le vent et la neige recouvriraient tout, et que c'était très bien ainsi.

Les explorateurs, après une phase de désespoir, parviennent finalement, de façon quelque peu miraculeuse, à rejoindre l'Annawan, suivi du Penguin « comme un dauphin dans son sillage ».

Début 1830 : il est dans les fjords de la Patagonie occidentale (« L'Antre de la Bête »), où il admire des « fjords-calmars » : la tête (fjord) est connectée à de multiples tentacules (chenaux labyrinthiques) . Rentré à Valparaiso, il repart avec le capitaine Philip Parker King (explorateur et membre de la Royal Navy, qui avait effectué entre 1817 et 1822 quatre circumnavigations de l'Australie afin d'en établir une carte côtière précise) à bord du HMS Adventure, vers la côte sud-ouest de la Patagonie, qui s'émiettait en un réseau inextricable d'îles presqu'îles, canaux, fjords et autres pièges à la navigation formant de redoutables labyrinthes dont il était impossible de s'extirper. Pendant trois mois, ils longent le sud de la côte jusqu'à l'entrée du détroit de Magellan et du canal de Beagle, sillonnent des fjords argentés qui serpentent entre des myriades d'îlots, s'égarent dans des canaux labyrinthiques qui, s'entremêlant de manière extravagante, se divisent en dizaines de bras... Il y rencontre des Kawesqars (Alakalufs).

En mars de la même année, il apprend l'existence d'un cachalot blanc invaincu ou supposé tel aux environs de l'île Mocha (un peu au Nord des îles Chiloé, qui marquent la limite septentrionale du labyrinthe côtier du Chili occidental qui vient d'être évoqué).

Le 2 avril au matin, son rêve de poursuivre l'animal s'effondre. Il le tue virtuellement sur le papier, dans une nouvelle qu'il finit en 1832 (il la modifie légèrement en 1837), et qui sera publiée en 1839.

Le grand cachalot blanc n'était en réalité présent aux alentours de l'île Mocha (voire parfois plus au Nord, au large des côtes péruviennes, et même des Galapagos, que saisonnièrement, à l'époque de la reproduction, puis, de façon croissante, pour participer activement à la protection des communautés cétacéennes à l'ouest de l'Amérique méridionale. Mais son preferendum naturel se situait dans les glaces de l'océan austral et son continuum septentrional de fjords et labyrinthes marins de la Terre de Feu aux îles Chiloé.

Ce cachalot apparemment albinos sera abusivement nommé « Mocha Dick » par Reynolds, dénominatif fallacieux qui fera pourtant florès...

Comme je l'ai démontré dans mon livre « L'incroyable victoire des cachalots dans leur guerre contre les baleiniers au XIXème siècle » et contrairement à ce qu'écrit Christian Garcin, se fiant, après d'autres, au récit farfelu publié à la fois dans le Chicago Tribune et le Detroit Free Press le 3 avril 1892, ce cachalot (entre 21 et 22 m selon Reynolds c'est-à-dire selon Lewis) n'a pas été capturé par un baleinier suédois au large du Brésil en 1859, presque sans combat, l'animal en question (un super géant de plus de 33,50m, de couleur blanche) étant épuisé et probablement valétudinaire... Cet épisode a d'ailleurs vraisemblablement été purement et simplement inventé (voir par exemple « A travers les temps » mis en ligne le 30 Novembre, référencé en haut de page).

Et même au cas où  ces évènements avaient eu un fond de réalité quelconque, l'animal capturé aurait alors été un autre grand mâle, appartenant probablement au « clan blanc » des Açores, au sein duquel des individus gigantesques n'étaient pas rares à l'époque : en juillet 1902, au Sud de cet archipel, un cachalot blanc de plus de 27m sera capturé par l'aquinnah Amos Smalley à bord du baleinier « Platina »-...

L'animal réel dont Reynolds fit le héros de sa fiction est donc probablement resté invaincu jusqu'à sa mort, au milieu des glaces, lorsque, dans son très grand âge, il n'a plus effectué de migration saisonnière vers le nord, devenant ainsi un « Polar Bull » permanent.

OLD TOM . C'est très probablement le seul sobriquet dont le cachalot blanc ait été jamais affublé par les baleiniers. On n'en connaît qu'une seule référence écrite (Emerson 1834, qui a recueilli un témoignage de deuxième main). Dans d'autres cas (certainement fort nombreux), il est innommé et simplement décrit par sa couleur (Lecomte 1837)... Le nom de « Mocha Dick » que lui attribue Reynolds est donc purement fictif et littéraire. Samuel Lewis, le marin qui a parlé de l'animal à Reynolds en mars 1830, ne lui donne jamais de nom. Simplement indique t-il qu'on lui avait donné la chasse dès avant 1810 aux environs de l'île Mocha...

Pour les baleiniers, cet animal couleur de linceul, qui mettait en échec leurs assauts avec intelligence et vigueur, a peut-être été perçu comme le fantôme d'un autre cachalot combattant qui avait particulièrement marqué les esprits quelques années auparavant : « New-Zealand Tom » (Pour Herman Melville, chaque cachalot tué sécrète son fantôme -« Moby-Dick », chapitre 69-)... New-Zealand Tom est mentionné à cette époque par 3 auteurs : Thomas Beale en 1839, Frederick Bennett l'année suivante, et Herman Melville dans Moby-Dick. Bennett ne l'évoque que très brièvement, indiquant simplement qu'il était célèbre pour les ravages qu'il infligeait aux flottes envoyées contre lui. Beale et Melville évoquent sa mort. Le second le fait selon un code légendaire classique à l'époque (voir « A travers les temps » mis en ligne le 30 novembre dernier) : l'animal est finalement tué par un vaillant capitaine qui avait levé l'ancre dans ce dessein précis (« Moby-Dick », chapitre 45). Beale, quant à lui, précise que « many harpoons of the various ships that had from time to time been sent out against him were found sticking in his body. » Or, le cachalot blanc, que Reynolds fait mourir dans son récit fictif, est présenté par celui-ci comme ayant une vingtaine de harpons fichés dans le corps...

Si Beale donne des précisions sur les exploits phénoménaux du cachalot néo-zélandais (en 1804, mise en échec d'une flotte de plusieurs navires baleiniers -dont l'un se nomme « Adonis »- après la destruction de 9 baleinières), ce n'est en aucune façon le cas pour la mort du grand cétacé (ni date ou autre indication temporelle, ni circonstances et modalités particulières)... Par contre, il note que le grand animal fut nommé « New-Zealand Tom », et que la tradition en est soigneusement préservée par les baleiniers... Les exploits prodigieux du cachalot blanc évoquent donc spontanément ceux d'un illustre prédécesseur...

Dans son Journal, à la date du 19 février 1934, Ralph Waldo Emerson mentionne le témoignage d'un marin à propos d'un cachalot blanc connu pour endommager les navires, et que les baleiniers nomment Old Tom. Fidèle à la lettre aux codes légendaires en vigueur chez les baleiniers, celui-ci évoque un navire spécialement armé à New Bedford dans le but d'en finir avec le grand cétacé, le Winslow. Et l'animal aurait été finalement capturé au large du Pérou... Nous avons fait litière de cette hypothèse fort peu crédible, relevant de la simple convention langagière, dans « A travers les temps » mis en ligne le 30 novembre dernier : le capitaine du Winslow était Owen Chase, second à bord de l'ESSEX... Si celui-ci s'est lancé dans une odyssée vengeresse, préfigurant ainsi le Achab de Melville, c'était, de toute évidence, à l'encontre du cachalot à peau sombre dont la vigoureuse initiative du 20 novembre 1820 avait entraîné des souffrances indicibles pour Chase et ses compagnons, et non pour persécuter un animal inconnu à peau claire... Et à l'issue de ses deux campagnes baleinières à la tête du Winslow, Owen Chase ne fit en aucune façon état d'une éventuelle capture du naufrageur de l'ESSEX, pas plus que celle d'un cachalot blanc* (alors même que « Through countless retellings, the sinking of the ESSEX was ultimately attributed to Mocha Dick » (Kevin Hayes. 1980. Melville's folks roots, page 78. Kent State. University Press).

Melville attribuera à son « Moby Dick » une bosse blanche, qui était l'un des signes distinctifs les plus remarquables de New-Zealand Tom...

Aujourd'hui, « New-Zealand Tom » est complètement oublié en Nouvelle Zélande, où son nom n'évoque strictement rien à qui que ce soit...

Le cétacé de référence à l'historicité bien attestée dans l'esprit des citoyens de ce pays est Pelorus Jack, un dauphin de Risso accompagnateur des navires, qui fut protégé à titre personnel en 1904...

Par contre, on y célèbre volontiers « Mocha Dick » comme archétype de défenseur indestructible de l'océan mondial (Ian Wedde 1986 : Symmes Hole).

Le seul « Old tom » bien connu dans la région est un orque épaulard australien qui, avec son clan, chassait les rorquals en partenariat avec des baleiniers entre les dernières années du XIXème siècle et la fin des années 1920...

 

En 2013, le jeu de cartes « Moby-Dick » nomme « Old Tom » la « terreur des navires au large du pays des tatouages », formule retenue par Melville au chapitre 45 pour présenter New-Zealand Tom...

* La « Fake News » a aussi sa charge d'ironie : si un « Old Tom » avait été capturé au large du Pérou par l'équipage du Winslow, ceci se serait nécessairement produit entre le début du mois d'aout 1825 et le 20 juillet 1827 (durée de la première expédition), ou entre juillet 1828 et l'été 1830 (durée de la seconde et ultime campagne d'Owen Chase au commandement de ce navire). Du même coup, Samuel Lewis, en mars 1830, aurait décidé de poursuivre un animal déjà mort... En tout état de cause, c'est lui qui décèdera le 1er avril (et ce ne fut pas un poisson).

En résumé : LES DEUX « MOCHA DICK ».

1. Le seul combattant correspondant à cette dénomination (tardive et littéraire). Couleur blanche. Gardien du secteur du Pacifique Sud-Est. Exploits répertoriés dès avant 1810. Parfois nommé Old Tom (il sera connu sous ce SEUL nom par les baleiniers lors des premières décennies du XIXème siècle). Un autre cachalot blanc a été mis à mort dans le même secteur, le 21 août 1951 (News of Norway, volume 9, 7 février 1952, page 24 « News in Brief »).

2. Le « balafré », « Météore victorieux ». Couleur gris-noir avec une grande balafre cicatrisée, blanche, sur la hure. Exploits répertoriés dans le Sud-Est du Pacifique (Juillet et Août 1840) puis dans l'Atlantique Sud en Mai 1841 (ouest des îles Falklands, zone probablement atteinte à travers le lacis des chenaux du Détroit de Magellan ; à cette occasion, l'animal est atteint par un harpon pour la première fois...). Quelques mois avant cet épisode (début 1841), il avait été désigné comme ennemi public n° 1 par les représentants de l'industrie baleinière à la Seamen's Bethel de New Bedford, qui décrétèrent à cette occasion une politique systématique d'assassinats ciblés, ce qui se révéla vain le concernant.

Le Blanc avant 1810 et le Balafré en août 1840 sont tous deux repérés non loin de l'île Mocha... Or, certains odontocètes, comme les Bélougas , aiment à revenir sur leur lieu de naissance et de prime jeunesse...

https://www.dauphinlibre.be/les-belugas-valorisent-la-culture/

Comme je l'ai précisé dans mon livre « L'incroyable victoire des cachalots contre les baleiniers au XIXème siècle », Melville s'inspire directement de l'action finale du cachalot balafré (qui fait basculer la Première Guerre du Pacifique en faveur des cétacés), reliant celle-ci directement à Fedallah et son équipage d'Asie du Sud-Est (de fait, Fedallah sera le seul membre du Pequod subissant un assassinat ciblé direct de la part du cachalot héros du roman). Melville lui a simplement ajouté la blancheur et le halo légendaire de Old Tom, en lui attribuant un dénominatif proche de « Mocha Dick » , qui brouille ainsi les pistes.

Le cachalot melvillien est le Gardien du Japan Ground, en filiation fonctionnelle directe d'un autre cachalot (probablement fictif) cité au chapitre 45 du roman : « Morquan », mort depuis des décennies au moment du récit.

Ceci est à mettre en miroir avec le « balafré », dont l'exploit ultime a peut être poussé Melville à faire de lui, abusivement, un gardien du triangle de Corail, qui aurait étendu son champ d'intervention à partir du Nord des Philippines (Mindanao)...

Celui- ci, dans l'esprit de l'écrivain, aurait donc été en filiation fonctionnelle directe avec un autre cachalot réel, mort depuis longtemps lui aussi, « Timor Jack », inscrit dans une dynastie connue des hommes depuis le XVIème siècle, et remontant probablement à des dizaines de milliers d'années. Celle-ci continue d'ailleurs à vivre aujourd'hui (Voir « Corail blanc », mis en ligne sur ce blog le 26 juillet 2020) :

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/07/corail-blanc.html

CONCLUSION. Black Hollow, Electric Mist.

ESSEX, troglodyte marin.. Les américains, perdus dans un trou noir paradigmatique et tâtonnant dans la brume électrique, ont la mémoire qui flanche. Je n'ai retrouvé aucune référence au naufrage de l'ESSEX il y a 200 ans le 20 novembre, si ce n'est un twitt d'un collaborateur du New Bedford Whaling Museum :

https://twitter.com/whalesorg/status/1329744711708454912/photo/1

PENDANT CE TEMPS, L'AVENTURE CONTINUE. Don Pancho . Après le sacrilège des norvégiens modernes (voir « A travers les temps » mis en ligne le 30 novembre dernier, et référencé en début d'article).

Le sillage lumineux du Polar BULL sublimé. Francisco Coloane, écrivain chilien originaire de l'archipel des Chiloé, connaît bien la légende de « Mocha Dick » et son intégration tardive dans le « Trempulcahue », culte des ancêtres des Lafkenches (Mapuches de la côte Pacifique et de l'île Mocha) - C'est sans doute lui qui a fait découvrir ce récit à Luis Sepulveda (qui le nomme avec affection et respect « Don Pancho »)-.

Dans « Le sillage de la baleine » (1962), il substitue au « Polar Bull » un rorqual bleu mâle de 35m...

Aujourd'hui, nouvelle inflorescence : l'éclatante revanche de Don Pancho :

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/11/201119103058.htm

Blue whales Balaenoptera musculus at South Georgia were heavily exploited during 20th century industrial whaling, to the point of local near-extirpation. Although legal whaling for blue whales ceased in the 1960s, and there were indications of blue whale recovery across the wider Southern Ocean area, blue whales were seldom seen in South Georgia waters in subsequent years. We collated 30 yr of data comprising opportunistic sightings, systematic visual and acoustic surveys and photo-identification to assess the current distribution of blue whales in the waters surrounding South Georgia. Over 34000 km of systematic survey data between 1998 and 2018 resulted in only a single blue whale sighting, although opportunistic sightings were reported over that time period. However, since 2018 there have been increases in both sightings of blue whales and detections of their vocalisations. A survey in 2020 comprising visual line transect surveys and directional frequency analysis and recording (DIFAR) sonobuoy deployments resulted in 58 blue whale sightings from 2430 km of visual effort, including the photo-identification of 23 individual blue whales. Blue whale vocalisations were detected on all 31 sonobuoys deployed (114 h). In total, 41 blue whales were photo-identified from South Georgia between 2011 and 2020, none of which matched the 517 whales in the current Antarctic catalogue. These recent data suggest that blue whales have started to return to South Georgia waters, but continued visual and acoustic surveys are required to monitor any future changes in their distribution and abundance.

DON PANCHO : 

A la porte d'entrée qui mène au cœur du Monde... Patience et longueur de temps...

Roule ton sombre azur, ô profond océan,

Mille chasseurs de lard te sillonnent en vain. Moby-Dick, chapitre 35.

Herman Melville, comme tout homme sensé, reconnaît que, pour les petits êtres que nous sommes, la « Vérité » est inapprochable et ineffable. Dans le chapitre 76 de « Moby-Dick », il la dit réservée aux « Géants Salamandres »...

Iceberg photographié par Laurent Ballesta en 2015, Terre Adélie, Antarctique :

 

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19 décembre 2020 6 19 /12 /décembre /2020 07:05

Ceci fait suite à "Visite de villages" mis en ligne le 16 décembre. 

Le félin qui visitait des villages en quête de proies depuis le début du mois de décembre dans le district de Dalnerechensky, était une tigresse de 2 ans, qui s'était récemment séparée de sa mère et n'avait pas trouvé de territoire riche en ongulés sauvages. Ayant tué un chien du village de Yasnaya Polyana sans le dévorer (elle a dû fuir du fait de l'intervention de villageois), elle a été capturée dans la nuit du 17 au 18 décembre par les spécialistes de "L'Inspection Tigres" qui, dissimulés non loin de sa proie, ont attendu le retour du prédateur.

 Le bilan vétérinaire de l'animal n'a jusqu'à présent rien montré d'anormal.

Si les résultats, après réétude approfondie, se confirment, le félin peut espérer recouvrer la liberté à moyen terme, dans une zone riche en proies.

Voir le détail sur le site du Centre de Réhabilitation et de Réintroduction du Tigre de l'Amour, hier.

http://amur-tiger.ru/ru/press_center/news/1525/

В ДАЛЬНЕРЕЧЕНСКОМ РАЙОНЕ ПРИМОРСКОГО КРАЯ ОТЛОВЛЕН ТИГР

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18 décembre 2020 5 18 /12 /décembre /2020 09:24

UNE NICHE ECOLOGIQUE NE RESTE JAMAIS VIDE. Les 400 000 rorquals bleus de l'océan austral, massacrés au cours des 6 premières décennies du XXème siècle, ont été manifestement remplacés par le petit rorqual de l'Antarctique ("Minke Whale", Balaenoptera bonaerensis) dont la chasse industrielle n'a véritablement commencé qu'en 1971. A l'abri sous la glace avec laquelle ils restent constamment en étroite proximité*, les représentants de cette population sont particulièrement actifs pendant l'hiver austral, dans les zones les plus froides du globe, et au moment où il y fait le plus froid. Malgré les déprédations conséquentes de la chasse baleinière japonaise du début des années 1970 jusqu'à l'an dernier, et un possible déclin du krill (leur nourriture exclusive) ces animaux sont probablement encore 750 000 a minima aujourd'hui (ils étaient probablement encore beaucoup plus nombreux au siècle dernier). Voir le détail [cas des "baleines des glaces" de la mer de Weddell] dans l'étude publiée par la Royal Society le 7 octobre dernier : 

Diego Filun, Karolin Thomisch, Olaf Boebel, Thomas Brey, Ana Širović, Stefanie Spiesecke, Ilse Van Opzeeland. Frozen verses: Antarctic minke whales ( Balaenoptera bonaerensis ) call predominantly during austral winter. Royal Society Open Science, 2020; 7 (10).

https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.192112

Voir le commentaire dans "Science Daily", hier :

"Weddell sea: Whale song reveals behavioral patterns."

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/12/201217135315.htm

Un petit rorqual antarctique en mer de Ross : 

* LE PETIT RORQUAL BLEU. Le corps de l'animal peut être entièrement recouvert d'un film de diatomées, dont le frustule de silice protège à la fois les commensaux et l'hôte. Cette vêture schizophytique est un véritable manteau bleu, qui donna son nom au plus grand des rorquals, dans les mêmes eaux et des conditions similaires...  

https://www.researchgate.net/publication/270472635_Diatom_Fouling_of_the_Little_Picked_Whales_in_the_Antarctic_Waters

 

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16 décembre 2020 3 16 /12 /décembre /2020 09:07

REALITE ET RUMEURS

Depuis le début du mois, un tigre a parcouru nuitamment au moins cinq villages du district Dalnerechensky (Primorsky Krai) :  Rakitnoe, Orekhovo, Yasnaya Polyana, Bogolyubovka et Ariadnoe. Il a commencé par Rakitnoe, ou plusieurs chiens ont été dévorés.

Traces de tigre aux environs du village de Rakitnoe.

L'équipe de réglement des conflits entre riverains et grands prédateurs étant intervenue, le félin ne s'est plus montré dans cette localité mais a visité les 3 autres, y tuant et dévorant à nouveau des chiens. La situation est donc complexe, car l'animal est toujours en mouvement, et n'a manifestement pas l'intention, pour des raisons indéterminées, de retourner dans des zones inhabitées pour se nourrir d'ongulés sauvages. Avec l'aide de renforts, dès qu'ils le pourront, les membres de "L'Inspection Tigres" s'efforceront de capturer l'animal, et de l'envoyer au Centre de Réhabilitation pour évaluer sa santé et tenter de comprendre les raisons qui le poussent à agir de la sorte. Dans le même temps, l'hystérie sur "l'invasion anormale des tigres dans le Primorjé" se déchaîne dans les médias et sur les réseaux sociaux... Or : «En fait, il n'y a pas d '« invasion » explique Sergei Aramilev, Directeur du Centre du Tigre de l'Amour.  À l'heure actuelle, il n'y a qu'une seule situation de conflit sur le territoire de Primorye - dans le district de Dalnerechensky. Les informations sur d'autres situations de conflit sont soit de la fiction, soit une diffusion délibérée de rumeurs non vérifiées. Prenons, par exemple, le cas récent d'un tigre qui serait venu à proximité de datchas dans la région de Nightingale-Klyuch. Après avoir visité différents endroits dans le village indiqué, où auraient eu lieu des "réunions avec le tigre", les inspecteurs de la surveillance de la chasse n'ont trouvé aucune trace de félin. Dans la forêt adjacente aux datchas, des traces de tigres ont été trouvées (en lien avec les restes d'un sanglier chassé par le prédateur), mais à une distance décente des bâtiments résidentiels. Et ce n'est pas inhabituel, c'est le territoire du tigre, il a toujours vécu dans ces endroits. Les journalistes, comme les utilisateurs des réseaux sociaux, en reproduisant des faits non vérifiés ou des histoires inventées, font du tort  à la population. En effet, le service de surveillance de la chasse n'a pas des effectifs très étoffés, et alors que les inspecteurs vérifient de fausses informations, en ce moment dans un coin de Primorye leur aide est vraiment nécessaire pour résoudre une situation de conflit réel... Voir le détail sur le site du Centre de réhabilitation et de Réintroduction du Tigre de l'Amour, ce jour :

http://amur-tiger.ru/ru/press_center/news/1523/

КОНФЛИКТНЫЕ СИТУАЦИИ С АМУРСКИМ ТИГРОМ НА КОНТРОЛЕ ОХОТНАДЗОРА

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14 décembre 2020 1 14 /12 /décembre /2020 05:32

UN ACCIDENT VASCULAIRE CEREBRAL

Ceci fait suite à « Soleil couchant » mis en ligne le 11 décembre 2015, « Le Sauveur de l'Amérique » en ligne le 2 juin 2020, « Union nationale, Libération des Peuples » en ligne le 11 juillet 2020, « Conte pour enfants » mis en ligne le 14 novembre 2020 et « A travers les temps » miss en ligne le 30 novembre 2020 :

http://europe-tigre.over-blog.com/2015/12/soleil-couchant.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/06/le-sauveur-de-l-amerique.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/07/union-nationale-liberation-des-peuples.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/11/conte-pour-enfants.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/11/a-travers-les-temps.html

Un rorqual à bosse dans la rivière Hudson, 8 décembre 2020 ; photographie de Bjoern Kills (New York Media Boat) :

https://www.nbcnews.com/news/us-news/humpback-whale-spotted-hudson-river-near-statue-liberty-n1250601?fbclid=IwAR0-fV99-SF1nFW44ZAlYh8gohBGdNvzaPGU4iCbrypdQC3QvY9FaFhOFD8

Le récit du mythe fondateur américain est un corps démembré, dont les morceaux sont éparpillés, et où le cauchemar obsessionnel du cachalot victorieux dans la guerre-fantôme est omniprésent.

« Victimes d'un accident historique » particulièrement perturbant, les Etats-Unis n'ont jamais pu construire de socle identitaire. Le rêve américain, nébuleux et fragile, est soumis aux aléas des temps, et fluctue d'une Apocalypse à l'Autre...

UN TRIDENT HORS D'USAGE (Un croc brisé, 2 non assumés). Le mythe fondateur américain n'existe pas en tant que tel, car il ne s'articule sur aucun récit cohérent. Le « Moby-Dick » d'Hermann Melville est un anti-récit, adopté par défaut, dont le cœur de réalité « swims below the surface of our present »...

Au XVIIIème siècle « Atlantique », gloire populaire du baleinier, identité avec le pouvoir et identification à la nation (Schell 2013). « La Baleine Spermaceti qu'ont découverte les Nantuckais est un animal agressif et féroce qui réclame de ses pêcheurs autant d'adresse que de témérité » (Thomas Jefferson, 1778 -dans Diolé & Cousteau 1973-). On les appela bientôt les « cachalots combattants » (Diolé & Cousteau 1973). Pas de grand récit synthétique à cette époque.

Schell (Jennifer). 2013. « A bold and hardy race of men » : The lives and literature of american whalemen. University of Massachusetts Press.

Diolé (Philippe), Cousteau (Jacques Yves). 1973. Nos amies les baleines. Editions Flammarion.

Le XIX ème siècle « Pacifique » : 4 récits, dont 2 « d'une envergure de condor » (un roman de Melville -1851- et un essai de Scammon -1874-), et 2 « analphabètes & infantiles », à la gloire des chasseurs baleiniers, que nous évoquons d'abord :

The Knickerbocker 1839, un cachalot de cartoon « blanc comme laine », FDP/CT 1892. Le premier reprend les codes légendaires du début du XIXème siècle les plus classiques (Hayes 1999) sous une forme très simplifiée. Sur ces bases, il invente la mort d'un animal réel, qu'il nomme « Mocha Dick », dans un récit en complet décalage d'avec la réalité des équipages baleiniers qui, depuis plusieurs décennies, constatent leur impuissance face à un adversaire qu'ils nomment « Old Tom »... Dans le conte de Reynolds, personne n'imagine de près ou de loin la possibilité de la future victoire des cachalots ( Et pourtant, Reynolds, à la fin des années 1820 suit, sans s'en douter, le sillage de celui dont on ne lui narrera l'existence et les exploits qu'en mars 1830, dans des régions glacées, véritable royaume secret du grand POLAR BULL insoupçonné en tant que tel : voir publication à venir « Un cœur qui bat : les vies multiples de Mocha Dick » qui sera mis en ligne dimanche prochain 20 décembre)...

Le second récit, présenté sous forme d'article de journal au début des années 1890, procède d'un panégyrique déguisé pour le « second Bowhead rush », induisant une incohérence d'écriture allant jusqu'au grand n'importe quoi...

A titre d'exemple :

CHAPEAU : The five who headed the list of terrors of the Arctic seas... Les cinq à la tête des terreurs de l'Arctique (et oui, il y a aussi beaucoup d'autres Bowheads -parmi elles les Moby Dick, Hullamock et Umgallick de plus de 56m de Jules Verne (voir aussi Mangin 1864 et Bassett 1885-)... « Mocha Dick » off Valparaiso... (So what ?Arctic terror ? Five or four ? Or insane writing?)

INTRODUCTION : Entre 1840 et 1859, les baleiniers affrontèrent 5 « whales » qui devinrent célèbres comme terreurs de la mer....

Ceci est à mettre en parallèle avec un rappel de situation sur l' Epopée des bowheadiers au XIXème siècle, et sa chronologie : découverte des grounds 1843, début des captures Kamtchatka 1845, mer d'Okhotsk 1847, Détroit de Bering 1848 (Thomas Roys y rencontre un « Mocha Dick » trop gros pour son navire et ce capitaine connu pour son audace voire sa témérité abandonne la partie )...

15 octobre 1850 : An open letter to the newspaper « Honolulu Friend » by a « Polar Whale » (Bowhead) laments the « murdering in cold blood » of that whale's peers, and asks « Must our race become extinct ? » 

Shantar islands (territoire de Khabarovsk, qui hébergent le grizzly du Kamtchatka le plus méridional au monde) 1852, Beaufort 1854... Toute la zone est concernée au cours des années 1850 : mer des Tchouktches (Golfe d'Anadyr), île St Laurent...

Après 1859 : 1861 : début de la guerre civile. Que penser de cette "diversion" publiée dans "Vanity Fair" cette année là, évoquant la découverte de pétrole 2 ans plus tôt à Titusville, par Edwin Laurentine Drake?

Décembre 1861/ janvier 1862 : La « Stone fleet » (sacrifice de ses navires cachalotiers par le Nord dans une tentative de blocus des ports du Sud) est aussi une cérémonie de transfert du pouvoir des cachalotiers aux bowheadiers...

Au même moment, à l'Ouest, c'est le Déluge Apocalyptique conclusif à la Première Guerre du Pacifique. L'Océan se déchaîne, tempêtes terribles, à répétition, il pleut 43 jours sans discontinuer entre décembre 1861 et janvier 1862. TOUTE la partie occidentale du continent se retrouve sous les eaux pour plusieurs mois. La vallée centrale californienne devient une mer intérieure de 240km de longueur sur 65km de largeur...

Beaucoup d'autres Etats sont concernés (de l'Etat de Washington au Nouveau Mexique). Au Canada, la Colombie Britannique est touchée, et au Mexique, l'Etat de Sonora...

1862 est aussi l'année où la violence du conflit est en croissance exponentielle jusqu'au pic paroxystique de la bataille de l'Antietam (le 17 septembre verra mourir le plus grand nombre de soldats américains dans l'histoire du pays ; plus qu'à Omaha Beach, plus qu'à Iwo Jima...

John Keegan. 2009 (20 Octobre). The American Civil War. A Military History. Deckle Edge eds.

Plus anecdotique mais hautement symbolique, c'est aussi l'année où les phares côtiers cessent d'être alimentés en huile de cachalot...

L'EPOPEE DU « SHENANDOAH » (30 octobre 1864-28 juin 1865, 38 navires détruits, dont 4 brûlés du 3 au 10 avril à Pohnpei (Micronésie) et 25 dans le Pacifique Nord en un mois (28 mai-28 juin 1865 : mer d'Okhotsk, détroit de Bering, île St Laurent, îles Diomède...)  : Holocauste arctique (les navires capturés sont brûlés).

Il prolonge et conclut, de fait, l'épisode de la « Stone Fleet ».

Lynn Schooler. 2005 (31 mai). The Last Shot : The Incredible Story of the C.S.S. Shenandoah and the True Conclusion of the American Civil War. HarperCollins eds.

https://digitalcommons.lsu.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1996&context=cwbr

 

Tom Chaffin. 2006. Sea of Gray. The around the world odyssey of the confederate raider SHENANDOAH.472 pages. Hill and Wang. A division of Farrar, Straus and Giroux. NY.

De façon tout à fait symptomatique, c'est Nathaniel Philbrick, auteur du « In the heart of the sea » en 2000, qui narre la tragédie de l'équipage du baleinier ESSEX coulé par un grand cachalot protecteur de son clan, qui rédigera une critique particulièrement élogieuse du livre de Chaffin, en usant d'une terminologie soigneusement choisie : « How a captain and his crew coped with one of the strangest circumnavigations in American History and brought the American Civil War to the farthest reaches of the world. An absorbing and illuminating read. »

Voir aussi : Dwight Sturtevant Hugues. 15 décembre 2015. A Confederate Biography : the cruise of the CSS Shenandoah.Annapolis. Naval Institute Press.

1871 : 32 navires irrémédiablement capturés par les glaces. 1876 : 12 navires supplémentaires subissent le même sort. [Pertes arctiques de 1865 à 1876 : 69 navires]. 1877 : Mort dans la misère de Thomas Welcome Roys, initiateur du premier "Bowhead Rush" et inventeur de l'industrie baleinière moderne, au Sinaloa.                                  1886 : mort du capitaine Waddell, qui commandait le CSS Shenandoah :  l'homme est célébré par la nation. Et en 1889, invasion prédatrice de l'estuaire de la MacKenzie : le dernier spasme de la Bête. 28 septembre 1891 : mort d'H. Melville. 3  Avril 1892 : article « énigmatique », dans lequel, à aucun moment, le mot « sperm » n'est inscrit, et la seule induction que l'on puisse faire à ce sujet étant les dents manquantes ou en mauvais état du « poor old Mocha Dick dying of old age » en août 1859, dans une "conclusionaussi mal raccordée au reste de « The epic career of Valparaiso D. » que le chapeau et l'introduction... Doit-on y voir un clin d'oeil au « Mocha Dick » triomphant, dépeint dans The Knickerbocker 10 ans plus tôt, damant le pion à un Thomas Roys inactif et résigné face au volume de l'animal (qui est en réalité une bowhead whale) ?

Knickerbocker (The). 1849 (Mars). Volume 33, Editor's Table, 267-268.

Ou serait-ce un ultime « coup de pied de l'âne » à un Herman Melville mort à l'automne 1891 ?

Bassett (Fletcher Stewart). 1885. Legends and superstitions of the Sea and of Sailors in All Lands and at All Times. S. Low, Marston, Searle & Rivington publishers. Le chapitre 6 évoque les légendes de baleines attaquant des navires, inclua la légende écossaise d'une baleine invulnérable, ainsi que l'utilisation faite par Melville de cette tradition de la Baleine Blanche.

Mangin (Arthur). 1864. Les mystères de l'Océan. Alfred Mame.                                                                                        Verne (Jules). 1869/1870. Vingt mille lieues sous les mers. Editions Hetzel.                                                                         Voir aussi « A travers les temps » en ligne le 30 novembre, référencé en haut de page.

2 anti-récits structurés : les 2 « Melville ». 1851, 1874.

Le premier (« Moby-Dick », 1851) témoigne magistralement de la victoire des cachalots et annonce, 10 ans plus tard, l'engloutissement des Etats-Unis dans le maelstrom de la Guerre Civile (comme le Pequod l'est dans celui du Pacifique).

Le second (Charles Melville Scammon) établit un travail scientifique remarquable, induisant une démarche de type « repentance » à partir du massacre des baleines grises dans les lagons de Basse Californie. Cette boucherie coûta aussi beaucoup de pertes matérielles et humaines pour les agresseurs, qui tuaient les baleineaux pour capturer plus facilement les mères, comme ceci était couramment pratiqué avec les bowheads. Mais contrairement à ces dernières, les baleines grises entraient alors en furie, et dans ces eaux peu profondes, la chasse devenait une véritable « naumachie du Colisée »... Il y eut plus de pertes chez les baleiniers à cette période qu'au cours de la Première Guerre du Pacifique face aux cachalots... Scammon reconnaissait qu'au début des années 1870, seules les "lances-bombes" pouvaient être d'une quelconque efficacité dans la capture des baleines grises des lagons. Il était devenu tout à fait impossible de les atteindre avec un harpon traditionnel.

Charles Melville Scammon, et sa biographie.

In 1874 he wrote the book The Marine Mammals of the North-western Coast of North America, which was a financial failure. It is now considered a classic .

Illustrations : baleine grise, + "dans les glaces" page 32 :

L'année de parution de son travail correspond à celle où les chasseurs de bison écrivent « l'une des plus grandes pages de gloire de la race blanche » en Amérique du Nord...

Dick Russel 2004. Eye of the whale. Epic passage from Baja to Siberia.Island Press. 688 pages.

Russell's narrative interweaves the remarkable story of Charles Melville Scammon, a nineteenth-century whaling captain responsible for bringing gray whales to the brink of extinction, whose change of heart led to his becoming a renowned naturalist.

Though Scammon’s original mission was to kill as many whales as possible for money, his fascination with the animals led to meticulous notes and detailed drawings based on his observations of the whales’ behaviors and his measurements of their carcasses. Almost in

spite of himself, Scammon was the first naturalist to study the gray whale, and Russell pays homage to the man’s transformation by quoting at length from Scammon’s journals and books, which adds an invaluable historical perspective to “Eye of the Whale.”

 

Pawana, Jean Marie Le Clézio. 96 pages, ill., sous couverture illustrée par Georges Lemoine, 124 x 178 mm 
Achevé d'imprimer : 01-11-2008

C'est l'histoire authentique de Charles Melville Scammon qui, après avoir découvert au Mexique une lagune où se reproduisaient les baleines grises, décida de les exterminer. Puis, se rendant compte qu'il commettait une erreur irréparable, il consacra sa vie à leur sauvegarde, aidé par les révolutionnaires mexicains.

Aucun récit épique sur la vie et l'oeuvre (qui pourtant le furent, et ô combien) du plus grand baleinier de tous les temps : Thomas Welcome Roys.

Schmitt, Frederick; Cornelis de Jong; Frank H. Winter (1980). Thomas Welcome Roys: America's Pioneer of Modern Whaling. University Press of Virginia.

Or, celui-ci, en toute logique, aurait dû connaître un destin comparable à celui de John Davison Rockfeller, alors qu'il mourra au Sinaloa (Mexique), oublié de tous, d'un accident vasculaire cérébral...

De même, les « Bowhead rushes » (zone Béringienne et Canada septentrional des années 1840 et 50, puis estuaire de la MacKenzie à partir de la fin des années 1880) aussi importants pour les Etats-Unis que les « Golden rushes » (Californie 1849, Klondike dans les années 1880), sont, contrairement à ces derniers, complètement oubliés.

Il est, par ailleurs, peut-être symptomatique que les deux écrits ouvertement hagiographiques du XIXème siècle (1839 & 1892) ne placent pas au centre de leur récit un vaillant capitaine, mais celle, subconsciemment obsessionnelle, d'un cachalot  combattant, Héros d'une autre Nature et d'une autre Signification...

Par contre, constatons que le seul officier confédéré (il ne revint aux Etats-Unis qu'en 1870 puis fera la navette entre Frisco et Yokohama dans les années 1870 à bord du vapeur commercial City of San Francisco dont il est le capitaine ) à être élevé à sa mort en 1886 au titre de Héros Américain et qui eut des funérailles d'Etat fut James Iredell Waddell, capitaine du Shenandoah destructeur des bowheadiers à la fin de la Guerre Civile, et à ce titre, « Greatest Terror of Arctic Seas of all times »...

Gary McKay. 2009. The Sea King : The Life of James Iredell Waddell. Birlinn Ltd eds.

Voir aussi : James Iredell Waddell. CSS SHENANDOAH : the Memoirs of Lieutenant Commanding James I. WADDELL. April 1, 1996. James D. Horan eds.                                                                                                                                                                            From the rear cover of this 200 page book: "The last armed Confederate cruiser sent to sea, the C.S.S. Shenandoah was a beautiful, dangerous vessel that inflicted significant damage to Union commerce. All told she captured 38 ships, burned 32, and took 1.053 prisoners. The ship's skipper, James I. Waddell, published his account of the Shenandoah's legendary encounters and details of his own naval career a few years after the war. Nearly a century later Waddell's lively memoirs were uncovered in the National Archives by James D. Horan, who edited, annotated, and republished them in 1960. This Bluejacket Books edition reproduces the 1960 volume.

 

Au XXème siècle, un destroyer de la Marine américaine reçut même son nom : USS Waddell (DDG-24) was a Charles F. Adams-class guided missile destroyer in the United States Navy. She was named for Captain James Iredell Waddell CSN (1824-1886). The ship was commissioned in 1964 and saw service in the Vietnam War.

1956 (« Moby-Dick », film de John Huston) et années suivantes : Les USA adoptent finalement, presque sans s'en apercevoir, « Moby-Dick » comme mythe fondateur, alors même que la nouvelle assise de la Nation repose sur le tryptique : « Oublier le cachalot (pour l'Amérique, la Première Guerre du Pacifique « Antebellum » est aussi « antédiluvienne » -1862 Great Flood- et avant tout une « défaite fantôme »), pleurer la bowhead, diaboliser le requin ».

Mais ce « Moby-Dick » d'étiquette et d'apparence, tel qu'il est perçu et utilisé depuis un siècle, n'est d'aucune aide pour les Etats-Unis, contrairement au Mahabharata (« Grande Bataille ») qui unifie culturellement l'Inde.

« Il » est partout, mais ce n'est qu'un ersatz, reposant sur quelques scènes fortes du film de Huston, sans rapport avec le roman, qui est, de fait, largement ignoré...

Le récit fondateur d'une nation est, pour celle-ci, à la fois ciment et sang clair.

Plus à l'aise avec l'almanach Davy Crockett (puis les « comics » de tous poils) les américains parviendront-ils à découvrir le cœur thématique de l'ouvrage et ses conséquences, ainsi que sa véritable fonction sociale à l'époque où il fut rédigé (Colosimo 2008, Hutchins 2011, Rodman 2019, Sennepin 2020) ?... La Grande Bataille qui vient sera d'abord culturelle...

Colosimo (Jean-François). 2008. L'apocalypse russe. Dieu au pays de Dostoïevski. Editions Fayard.

Hutchins (Zacharie). 2011. Moby Dick as Third Testament : a novel "not come to destroy but to fulfill the Bible". Leviathan 13 (2), Juin 2011, 18-37.

Rodman (Howard A.). 2019. How Moby-Dick became the Rosetta Stone of the American Republic. Melville House, 1er Août 2019.

https://www.mhpbooks.com/for-herman-melvilles-200th-birthday/?fbclid=IwAR1FHMddvMH33gg6n3vWW_O_kmwPiw31XIwgAL0umtrlzLFnABW7hBWu4ro

Sennepin (Alain). 2020 (Juin). L'incroyable victoire des cachalots dans leur guerre contre les baleiniers au XIXème siècle. Editions de l'Onde.

 

A GRANDE BATAILLE, GRANDE ARMEE...

Ossements desséchés... je vous donnerai des nerfs, je ferai croître sur vous de la chair, je vous couvrirai de peau, je mettrai en vous un esprit, et vous vivrez.Et l'esprit entra en eux, et ils reprirent vie... c'était une armée nombreuse, TRES nombreuse. Ezechiel 37.

Le « White Whale Stream » EST EN PREMIER LIEU UN MANIFESTE POUR UNE RESURRECTION DES CETACES SUPERGEANTS, QUI FURENT ET PEUVENT REDEVENIR LES PILIERS DE NOTRE MONDE.

Le cœur du dispositif organisationnel de ce projet cible cet impératif.

Les animaux immenses sont les piliers du Monde. Si celui-ci se défait aujourd'hui, c'est parce qu'ils ont été enlevés. Il faut les reconstruire d'urgence pour rendre à nouveau notre Monde habitable. Refabriquer des Héros.

Voir par exemple « Plus d'espace, plus de force » mis en ligne le 6 mars 2020, « Megaprovinces, megasecteurs » le 6 août 2020  :

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/03/plus-d-espace-plus-de-force.html

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/08/megaprovinces-megasecteurs.html

Et pour rappel. Dossier « originel » (4 mars 2014) :

ESPACES MARINS. LE « WHALE STREAM ». Celui – ci est une « trame bleu marine » à l’échelle planétaire , musclée par une politique ciblée de protection et de renforcement des grands vertébrés prédateurs.

La mise en place coordonnée et vigoureuse du « Whale Stream » est une clef majeure pour la richesse à venir de Gaïa, car la croissance démographique de grands vertébrés influe positivement sur le climat. Par exemple, les excréments des cachalots dans l’Antarctique constituent un puits de carbone (Lavery et collaborateurs 2010). Ces animaux sont aussi efficaces que les grands arbres dans ce domaine.

La montée en puissance de grands vertébrés marins joue aussi, indirectement, un rôle majeur d’amortissement des effets induits par les changements climatiques. De fait, le réchauffement tend à favoriser les invertébrés marins : ceux – ci augmentent en nombre et en taille. Au contraire, les vertébrés subissent une perte de volume (consécutive, qui plus est, à celle d’ores et déjà provoquée par la surpêche) et un recul démographique. Les invertébrés tendent à devenir dominants, et donc à interdire tout rétablissement pour les populations de poissons, notamment (comme on a pu le constater, par exemple, entre méduses et morues – Kurlansky 1997 -).

Il s’agit donc de favoriser les grands prédateurs d’invertébrés particulièrement proliférants [tels que les méduses, certains céphalopodes (Dosidicus gigas) ou le crabe royal du Kamtchatka qui ravage la mer de Barents et l’Océan Austral ] . On peut citer le cachalot, grand consommateur de céphalopodes géants, et qui est aussi un référent hautement symbolique dans l’imaginaire occidental (Sennepin, livre en préparation). 

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/06/premiere-vague.html


Le cachalot est aujourd’hui le grand cétacé dont les effectifs sont les plus importants : au moins des centaines de milliers d’individus, si ce n’est des millions ( NOAA 2013) … La tortue luth et le poisson lune sont des prédateurs actifs des méduses, et leurs populations doivent faire l’objet d’un soin tout particulier. Le poisson lune peut pondre 300 millions d’oeufs, élément important dans l’efficacité d’une la lutte biologique pertinente. La reconstitution progressive des populations de morues à l’échelle mondiale (Kurlansky 1997) serait aussi particulièrement bienvenue pour un contrôle effectif des méduses. Dans l’Atlantique Nord, les Norvégiens ont mené, à partir des années 1990, une politique stricte de favorisation de ces animaux marqueurs de l’identité du pays, qu’ils nomment les SKREIS et qu’ils qualifient de « poissons merveilleux ». Ceux -ci reconstituent leurs effectifs depuis le début des années 2000 (Kulseng 2013 ) : ces poissons migrateurs entre mer de Barents et îles Lofoten représentent désormais une biomasse de 2 millions de tonnes. La taille des individus recommence également à croître.  D’autres grands poissons carnivores (requins, thons…) sont également concernés à des degrés divers.

Les connections entre océans et continents : les échanges de nutriments entre milieux terrestres et marins sont particulièrement importants et contribuent grandement à leur santé et à leur vigueur (à titre d’exemple, les saumons du Pacifique Nord fertilisent la forêt côtière (Kuhlmann 2009), et leurs populations sont dynamisées par les activités des castors (Pollock et collaborateurs 2004). Un soin particulier doit donc être apporté aux zones côtières ( Exemples français : l’archipel des Glénans :« autoroute pour requins pélerins » au large de la côte bretonne ; le canyon de Toulon qui héberge des rorquals communs, cachalots, dauphins tâchetés à museau court et poissons lunes ; le Delta du Rhône ; l’estuaire de la Gironde…) ainsi qu’aux organismes anadromes (saumons, anguilles, esturgeons…), véhicules actifs des échanges entre terre et mer.

A St Petersbourg, du 22 au 27 septembre 2014, se tiendra le 8ème Congrès international des mammifères marins holarctiques : à cette occasion, une nouvelle initiative russe de très grande ampleur, centrée sur le Pacifique Nord et la Mer Arctique, est à prévoir.  Après la création du Parc National des îles Shantar le 30 Décembre 2013, la constitution d’un espace naturel russo – américain, allant de la Chukotka à l’Alaska, prend progressivement corps, depuis les premières négociations sur le sujet en 2010 (Ria Novosti 2010). La péninsule du Kamtchatka, véritable « terre de feu boréale » fera aussi l’objet d’attentions particulières. Et un nécessaire inventaire de la biodiversité présente de la région pourrait réserver des surprises… ( Burdin et collaborateurs 2011, Genevois 2012, Kashkarov 2012, Sennepin 2013a). C’est de facto la dynamique d’ensemble du Pacifique Nord en temps que macro écosystème qui sera prise en compte.

INDUCTION LOGIQUE : une initiative symétrique et complémentaire peut être prise dans le Pacifique Sud et l’Océan austral, où la France possède la plus grande part de son espace maritime gigantesque (12 millions de km2). Les deux actions conjointes concerneraient ainsi un espace marin et côtier 10 fois plus vaste que la Russie…

Il convient donc, dans ce but, de bâtir un partenariat charpenté et actif avec l’ Australie, la Nouvelle Zélande, le Chili et l’Argentine, pour étudier les moyens les plus à même d’aider vigoureusement les cachalots, globicéphales, dugongs, etc… dans la région. Les baleines bleues doivent faire l’objet d’une attention particulière (puissance symbolique, extrême complexité de l’influence sur le milieu – Calambokidis & Steiger 1997 – y compris à l’échelle d’un seul individu – Sennepin M. 2008 -.

C’est dans l’Océan austral que vivent les individus les plus grands. Les baleines bleues de cette région ne sont guère plus nombreuses aujourd’hui que celles de l’Hémisphère Nord. Il y a moins d’un siècle, elles étaient des centaines de milliers (NOAA 2014). D’ores et déjà, des mesures spectaculaires ont été prises par les autorités des îles Palau : premier sanctuaire pour les requins au monde, en 2009, puis établissement d’un sanctuaire marin complet, avec interdiction totale de la pêche commerciale, proposé en avril 2013 et entré en vigueur en février 2014, sur une superficie de 630000km2 à l’ouest de l’espace Micronésien. Réaliste, le Président Tommy Remengesau Jr. fait observer qu’en tout état de cause, il s’agit d’une urgence vitale.

Dans certaines zones « ultrapériphériques » de l’Union européenne, il faut saluer les initiatives des autorités de Polynésie française et de Nouvelle Calédonie. En Décembre 2012, le gouvernement polynésien a interdit toute chasse et toute commercialisation des requins dans sa Zone Economique Exclusive, avec l’accord des pêcheurs locaux et en lien direct avec leur culture traditionnelle, qui permet depuis toujours de rapports harmonieux avec les squales. L’espace concerné a une superficie de 4,5 millions de km2, et constitue le plus grand sanctuaire de requins au monde. Au printemps 2013, les autorités néo – calédoniennes ont pris une décision similaire, sur un espace de près de 1,5 million de km2. Or, les autorités françaises sont restées particulièrement discrètes sur ces initiatives qui devraient en toute bonne logique, nourrir notre fierté nationale et notre espoir dans l’avenir.

D’excellentes choses, tout aussi peu médiatisées, se font également en Guyane, concernant les populations de tortues luths et, à un moindre degré, de mérous géants – ONCFS 2010 – (un plan jaguar digne de ce nom serait, par ailleurs, bienvenu ), et en Guadeloupe (7 Lamantins en provenance du Brésil y seront réintroduits en 2014, la deuxième génération devant être relâchée dans le milieu naturel)…

Plus près de nous, le ministre de la pêche du Sénégal, Haidar el Ali, mène une politique audacieuse et imaginative de protection des poissons (Nicolino 2014).  Et au siècle dernier, des baleines avaient provoqué des initiatives politiques conséquentes sur le territoire européen.

En Norvège : la création du parti travailliste est fondée sur la protection des baleines des côtes arctiques du pays. La base sociologique du parti était constituée de paysans pêcheurs qui bénéficiaient de l’activité des baleines dans les fjords de la côte arctique, et vivaient en harmonie avec celles ci depuis des millénaires. Les cétacés poussaient les bancs de

harengs et de capelans qu’ils convoitaient dans les fjords. Les grands mammifères marins pouvaient alors s’en repaitre, et de nombreuses morues (les grands skreis mentionnés plus haut) venaient se joindre au banquet, de même, jusqu’au XIXème siècle, que les grands pingouins aujourd’hui disparus . Les pêcheurs pouvaient ainsi capturer facilement de grandes quantités de poissons. Ces communautés s’opposèrent vigoureusement à l’industrie baleinière norvégienne. Le conflit culmina en 1903 par la destruction complète de la station baleinière de Mehamn. Les baleines furent intégralement protégées de 1904 à 1924 (Lauhakangas 1996).

En Allemagne : l’extraordinaire périple d’une baleine blanche dans le Rhin (à des centaines de kilomètres des côtes et sous des latitudes improbables pour cet animal) entre le 18 mai et le 16 juin 1966, provoqua une prise de conscience écologique dans tout le pays et fut le point de départ des lois environnementales en général, et de la dépollution du Rhin en particulier. Lorsque l’animal passa devant le Parlement fédéral de Bonn le 13 Juin, les députés interrompirent leurs travaux pour assister à son passage (Sennepin, livre en préparation).

Le 18 février 2014, la Russie a décidé une protection particulière des populations européennes de bélougas des îles Solovki, (Mer Blanche), où ils viennent se reproduire.

ACTUALISATION 2020 : On peut ajouter l'extraordinaire exemple de la baleine grise de Sakhaline (« Une île » mis en ligne le 21 septembre 2020) :

http://europe-tigre.over-blog.com/2020/09/une-ile.html

BIBLIOGRAPHIE 

Burdin (A), Potgieter (B), O’Corry – Crowe (G). 2011. Climate change : a view through the prism of Steller’s sea cow extinction. Progress Report. 17 pages.

Calambokidis (J),Steiger (G). 1997. Blue whales. WorldLife LIBRARY.

Estes (J.A), Terborgh (J), Brashares (J.S), Power (M.E), Berger (J), Bond (W.J), Carpenter (S.R), Essington (T.E), Holt (R.D), Jackson (J.B), Marquis (R.J), Oksanen (L), Oksanen (T), Paine (R.T), Pikitch (E.K), Ripple (W.J), Sandin (S.A), Scheffer (M), Schoener (T.W), Shurin (J.B), Sinclair (A.R), Soulé (M.E), Virtanen (R), Wardle (D.A). 2011. Trophic downgrading of planet earth. Science, July 15 2011, 301 – 306.

Hugues (B. B), Eby (R), Van Dyke (E), Tinker (M.T), Marks (C.I), Johnson (K.S), Wasson (K). 2013. Recovery of a top predator mediates negative eutrophic effects on seagrass.Comptes Rendus de l’Académie Américaine des Sciences (PNAS), 26 août 2013. Long Marine Laboratory, California University.

Kashkarov (Evgenyi). 2012. Communication personnelle, 18 mai 2012.

Kuhlmann (M.L). 2009. Fish as fertilizer : the impacts of Salmon on coastal Ecosystems. National Center for Case Study teaching in Sciences. http://www.sciencecases.org/salmon_forest/case.asp 27 mars 2009. 18 pages.

Kulseng (M.K). 2013. Spawning cod stocks in top form. Such an abundance of spawning cod (skrei)stocks has not been recorded before in modern times. Fiskeribladet Fiskaren, 14 Mai 2013.

Kurlansky (M). 1997. COD. A biography of the fish that changed the world. Walker & Company, NY.

Lauhakangas (R). 1996. Do Norwegians hate whales ?

www.helsinki.fi/~lauhakan/whale/europe/norway/mehamn.html

Lavery (T.J), Roudnew (B), Gill (P), Seymour (J), Seuront (L), Johnson (G), Mitchell (J.G), Smetacek (V). 2010. Iron defecation by sperm whales stimulates carbon export in the Southern Ocean. Proc. R. Soc. (Biol. Sci.), November 22, 2010, 277 (1699), 3527 – 3531.

Nicolino (F). 2014. Le ministre qui aimait les pirates et les poissons. Charlie Hebdo 1131, 19 février 2014.

NOAA fisheries. 2013. National Oceanic and Atmospheric Administration. Office of protected resources. 13 novembre 2013 

www.nmfs.noa.gov/pr/species/mammals/cetaceans/spermwhale.htm

NOAA fisheries. 2014. National Oceanic and Atmospheric Administration. Office of protected ressources. 7 février 2014 

www.nmfs.noa.gov/pr/species/mammals/cetaceans/bluewhale.htm

ONCFS. 2010. Le projet Mérou. Bio – écologie et exploitation du mérou géant. 7 septembre 2010. Pfeffer (P). 2010. Communication personnelle, 23 janvier 2010.

Pollock (M.M), Pess (G.R°, Beechie (T.J), Montgomery (D.R). 2004. The importance of beaver ponds to Coho salmon production in the Stillguamish river basin,Washington, USA.North Amer. J. Fish. Manag., 24, 749 – 760.

President of Russia (web site) : Amur Tiger Program, White Whale program, Polar Bear program, News archive : Novembre 2013 – Février 2014.

Ria Novosti. 2010. Russia, US, launch transborder Beringia National Park. 25 August 2010.

Sennepin (A). Livre en préparation. LE POISSON. La Résurrection et la Vie. Finalement publié en 2020 sous un autre titre : Sennepin (Alain). 2020. L'incroyable victoire des cachalots dans leur guerre contre les baleiniers au XIXème siècle. Editions de l'Onde.


 


 

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9 décembre 2020 3 09 /12 /décembre /2020 09:39

Une réalité profuse qui nage sous la surface de notre présent.

Le mois dernier (17 novembre), une équipe du Sea Shepherd a peut-être découvert une espèce non répertoriée de "baleine à bec" (cétacés à dents les plus grands après les cachalots, qui peuvent plonger pendant plusieurs heures à des milliers de mètres de profondeur) au large de la côte Pacifique du Mexique. L'allure générale de l'animal et sa façon de s'exprimer ne correspond à celle d'aucune espèce connue à ce jour.

On the morning of November 17, scientists on board Sea Shepherd vessel Martin Sheen observed three beaked whales surfacing in nearby waters. The sightings occurred 100 miles north of Mexico’s San Benito Islands, a group of three remote islands located approximately 300 miles from the US border.

The expedition was led by renowned beaked whale researchers Dr. Gustavo Cárdenas Hinojosa from the Marine Mammal Research Group of CONANP, Dr. Jay Barlow, and Dr. Elizabeth Henderson, Leader of the Whale Acoustic Reconnaissance Program of NIWC PAC.

The team set forth to identify a beaked whale species associated with an unidentified acoustic signal previously recorded in the area. Scientists and Sea Shepherd crew captured photographs and video recordings of the animals and deployed a specialized underwater microphone to record the acoustic signals emitted by the whales. The beaked whale experts, who are leading figures in their field, are “highly confident” that the photographic and acoustic evidence reveals the presence of an entirely new whale species.

“It just sends chills up and down my spine when I think that we might have accomplished what most people would say was truly impossible – finding a large mammal that exists on this earth that is totally unknown to science.” said Jay Barlow.

The discovery of a new species of beaked whale proves how much mystery there is left to discover in the oceans that our captains, crews, and research partners fight to defend.” said Peter Hammarstedt, Director of Campaigns for Sea Shepherd. 

Voir le détail sur le site de CounterPunch, hier :

https://www.counterpunch.org/2020/12/08/sea-shepherd-research-mission-discovers-possible-new-species-of-whale-in-mexico/

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6 décembre 2020 7 06 /12 /décembre /2020 08:50

Le globicéphale noir peut imiter l'orque épaulard pour lui échapper, et consommer ses reliefs de repas sans être détecté. C'est ce qu'a constaté, dans le Great Australian Bight (au sud de l'Australie) une équipe de scientifiques de la New Curtin University. Voir le détail du commentaire dans "Science Daily", avant-hier :

https://www.sciencedaily.com/releases/2020/12/201203113234.htm

Etude originale : Rachael Courts, Christine Erbe, Rebecca Wellard, Oliver Boisseau, K. Curt Jenner, Micheline-N. Jenner. Australian long-finned pilot whales (Globicephala melas) emit stereotypical, variable, biphonic, multi-component, and sequenced vocalisations, similar to those recorded in the northern hemisphere. Scientific Reports, 2020; 10 (1)

https://www.nature.com/articles/s41598-020-74111-y

Le globicéphale noir (ou globicéphale à longues nageoires) Globicephala melas avait, jusqu'à présent, surtout  fait l'objet d'études concernant ses populations d'Atlantique Nord, d'Atlantique Sud et d'Antarctique. Le globicéphale noir du Pacifique Sud possède peut-être cette caractéristique propre, dans la mesure où les orques de cette région sont plutôt (majoritairement) prédatrices de mammifères marins, alors qu'elles sont plutôt piscivores dans l'Atlantique.

Le globicéphale noir n'est pas présent, semble t-il, dans le Pacifique Nord. C'est le cas, par contre, du globicéphale à nageoires courtes :

Celui-ci a occupé la niche écologique laissée vacante par un autre globicéphale qui prospérait au large de l'archipel nippon, et qui s'est éteint entre le VIIIème et le XIIème siècle ( L. Taylor, B.; Baird, R.; Barlow, J.; M. Dawson, S.; Ford, J.; G. Mead, J.; Notarbartolo di Sciara, G.; Wade, P.; L. Pitman, R. (2011). "Globicephala macrorhynchus". IUCN Red List of Threatened Species.  On a retrouvé des restes de cet animal aussi bien dans la Préfecture de Chiba (Honshu du centre-est) que beaucoup plus au nord (île de Rebun, Nord-Ouest d'Hokkaïdo, culture Ainu). Amano M. (2012). "みちのくの海のイルカたち(特集 みちのくの海と水族館の海棲哺乳類)" (PDF). Isana 56: 60–65.

http://isanakai.web.fc2.com/journal/ (en japonais)

 

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